RECIT D’UNE RELATION CONFLICTUELLE PERE-FILS
Le Film ‘’Le mouton de Sada’’ de Pape Bounama Lopy évoque une relation conflictuelle entre un père et son fils Sada, laquelle découle d’une complicité entre ce dernier, âgé de neuf ans, et Dou, un mouton destiné à être sacrifié le jour de la Tabaski
Ouagadougou– Le film ‘’Le mouton de Sada’’ du réalisateur sénégalais Pape Bounama Lopy évoque une relation conflictuelle entre un père et son fils Sada, laquelle découle d’une complicité entre ce dernier, âgé de neuf ans, et Dou, un mouton destiné à être sacrifié le jour de la Tabaski.
“C’est un film sur l’amour, la famille, le questionnement de qui est membre de la famille, ou pas’’, a déclaré le réalisateur à la fin de la projection, dimanche, dans le cadre de la 28ème édition du Fespaco, qui se poursuit jusqu’au 4 mars prochain, à Ouagadougou. Il explique que ce film a été un long parcours d’écriture et de réflexion sur la société dans laquelle il vit. Pape Bounama Lopy, qui a une sensibilité envers les animaux, met en scène un mouton qui partage le premier rôle avec son ami Sada. ‘’Ce film est une réflexion sur moi-même, mon sentiment, ma sensibilité par rapport à ma société, comment elle évolue et fait les choses…’’, explique-t-il.
Cette fiction qui retrace aussi l’histoire de l’enfance du réalisateur a été tournée entre Dakar et Thiès, précisément à Pikine Dagoudane, au quartier Gazelle. C’est à cet endroit-là que la plupart des plans ont été tournés, ainsi qu’au Technopole, à la Zone A, à travers les darals (foirails), à Touba Toul, et à Ngoundiane. D’une durée de 75 minutes, le film raconte l’histoire de Badou Diop, 40 ans, qui vit avec son fils Sada, sa femme, Coumba, et un mouton qu’ils élèvent dans leur maison. L’enfant finit par tisser une très forte relation d’amitié avec le mouton, car étant toujours seul avec lui face à l’absence de ses parents, une famille modeste, occupés par la recherche de l’argent. Babou se trouve dès lors face à un dilemme, car son fils s’oppose au sacrifice du mouton à quelques jours de la Tabaski, la plus grande fête musulmane.
L’histoire, en plus de peindre cette atmosphère familiale, ce manque de communication entre un père et son fils met l’accent sur cette violence sociale qui entoure cette pratique. Pour le réalisateur, la Tabaski est un prétexte tout trouvé pour aborder tous les problèmes de société qui découlent de ce rite religieux.
L’enseignant en cinéma, Sellou Diallo, estime que ce film est ‘’bouleversant et fait peur en nous’’. ‘’Le film est dans cette relation de violence étouffante de père et fils, alors qu’ils se ressemblent et qu’ils sont sensibles tous les deux, mais ils ne communiquent pas. Il est frappé de cet autisme qui envahi notre société. On a des mots d’injonction et d’ordre entre père et fils’’, souligne-t-il.