RESTITUTION DES BIENS CULTURELS, LA SUGGESTION D’ALIOU SOW
Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique a suggéré, mardi, "une approche diplomatique et persuasive à la place de la confrontation" pour la restitution des biens culturels et la lutte contre le trafic illicite.
Dakar, 12 dec (APS)- Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow a suggéré, mardi, "une approche diplomatique et persuasive à la place de la confrontation" pour la restitution des biens culturels et la lutte contre le trafic illicite.
« Il faut une approche plus diplomatique, plus persuasive et plus coopérative au lieu de penser que c’est la confrontation qui permettra le rapatriement des biens culturels », a soutenu le ministre sénégalais.
Il s’exprimait à Dakar dans le cadre d’un atelier régional de trois jours visant à renforcer les réseaux opérationnels contre le vol et le trafic illicite des biens culturels en Afrique de l’Ouest.
« La persuasion, la sensibilisation et la collaboration peuvent nous faciliter cette tâche et c’est mieux que l’approche conflictuelle », a-t-il insisté devant plusieurs participants dont le ministre gambien de la Culture et du Tourisme, Hamat Ngai Kumba Bah.
L’atelier visait à « sensibiliser sur l’importance de la ratification de la Convention de l’UNESCO de 1970 et celle UNIDROIT de 1995 pour les Etats ne l’ayant pas encore fait ».
Il s’est aussi agi lors de cette rencontre, d’évaluer l’efficacité des dispositifs et outils de prévention, de sécurisation et de lutte contre les vols et exportations illicites en vue d’endiguer cette hémorragie culturelle au niveau des pays participants à l’atelier.
L’Organisation des Nations-Unies pour la culture, l’éducation et la science, initiatrice de cet atelier, voulait aussi renforcer et redynamiser les réseaux opérationnels des acteurs impliqués dans la lutte contre le trafic illicite des biens culturels en Afrique de l’Ouest, favoriser un échange entre paires et renforcer les capacités professionnelles des musées, entre autres.
La Convention de l’Organisation des Nations-Unies pour la Culture, l’éducation et la science (UNESCO) de 1970 exhorte les Etats parties à prendre des mesures pour interdire et empêcher le trafic illicite des biens culturels. Elle donne aussi un cadre commun aux Etats parties sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert des biens culturels.
Quand à la Convention UNIDROIT de 1995 qui complète les dispositions de droit public contenues dans la Convention de l’UNESCO de 197, elle est un instrument juridique élaboré à la demande de l’UNESCO en vue de mettre au point, un corpus minimum uniforme de règles de droit privé relatives au commerce international de l’art.
Pour Aliou Sow, « la préservation des biens culturels participe à la formation de citoyens conscients et respectueux des valeurs patrimoniales ».
Il rappelle que le trafic illicite de biens culturels génère un commerce « illégal » et « lucratif » et porte un sérieux préjudice aux potentiels qu’offre la culture en tant que vecteur essentiel de développement économique.
« Force est de rappeler qu’au cours des dernières années, la circulation des biens culturels via internet est devenue un commerce lucratif et c’est sur internet que les trafics se font le plus sentir », a indiqué le ministre sénégalais.
Il estime qu’il devient « urgent » pour les pays signataires de cette convention de prendre des mesures préventives, notamment, des campagnes d’information et formation de personnel pour mieux combattre le trafic.
Aliou Sow préconise aussi « la concertation et une synergie des actions entre les pays signataires pour une lutte plus efficace ».
Son homologue gambien de la Culture et du Tourisme, Hamat Ngai Kumba Bah a estimé pour sa part que le phénomène du trafic illite des biens culturels en Afrique est aggravé par les catastrophes naturelles et les conflits armés représentant ainsi une grave menace pour les biens culturels, mais aussi pour la mémoire collective des futures générations.
Il préconise une collaboration entre les forces de défense et de sécurité des pays, les experts, la société civile, les diplomates, sous la coordination de l’UNESCO pour la restitution des biens culturels.
L’atelier qui prend fin, jeudi, a enregistré la participation de seize pays de la sous-région, des professionnels des musées, de la police, de la douane, du patrimoine, entre autres.