JOSEPH MENDY, UN HUMANISTE PAR CONVICTION
Le neurochirurgien et spécialiste de la bioéthique, est un « soldat » dévoué à la tâche pour la cause de la santé publique. L’ancien athlète au Casa Sports de Ziguinchor, a érigé la quête de la connaissance comme principe
En ce début d’après-midi de forte canicule, Docteur Joseph Mendy a laissé son bureau climatisé, sis à la Cité Keur Korgui, pour faire un saut au quotidien national « Le Soleil ». Emmitouflé dans un joli boubou bazin violet, le médecin a pris le temps de se mettre « en mode vendredi », malgré le rythme et une charge de travail élevée. Depuis maintenant plusieurs années, il a intégré ce style vestimentaire dans ses habitudes. « J’aime bien me présenter en costume du lundi au jeudi et en boubou traditionnel du vendredi au dimanche », confie-t-il d’une voix posée. L’idée est bien intéressante dans une société où l’habit reflète le raffinement et la personnalité.
Avec son regard doux et attentif, Joseph Mendy est réputé être un grand spécialiste dans son domaine. De la neurologie à la bioéthique, il maîtrise bien son art qu’il met au service de la santé publique. Chez lui, soulager des patients a toujours été un sacerdoce ; un bonheur d’être utile à l’autre ; une générosité à toute épreuve. Dans sa conception de la vie, l’être humain est un patrimoine divin et à la fois sacré dont nul n’a le droit de porter atteinte à son intégrité physique ou morale. « Tout homme doit travailler pour le bonheur de son prochain, c’est-à-dire le bien-être de ses semblables », soutient-il. La blouse blanche semble donc faire sienne cette assertion du philosophe français René Descartes : «la générosité est la clef de toutes autres vertus ».
Expert médical dans les cours et tribunaux
La neurochirurgie fait partie des spécialités les plus exigeantes en médecine, car le praticien est tenu de lutter de manière continue contre les erreurs. La concision et la précision doivent ainsi accompagner tous les actes lors d’une intervention. « Une erreur d’un centimètre peut causer des dommages. Le malade peut être paralysé à vie. La chirurgie d’une partie du cerveau ou d’un nerf demande de la concentration, de la concision et de la précision. On dit souvent que la neurochirurgie est une surspécialisation », fait savoir Docteur Mendy. Le médecin humaniste ne jette pas pourtant la pierre aux jeunes collègues qui rechignent à servir dans les régions périphériques. Il comprend pourquoi ses jeunes confrères ne veulent pas se suffire du statut du docteur. « La réussite, elle est à la fois académique et sociale. Ces médecins ont besoin de mettre leurs enfants dans de bonne école. Il faut qu’ils parviennent à subvenir aux besoins de leur famille », argumente le médecin qui intervient en tant qu’expert médical dans les cours et tribunaux pour des dossiers nécessitant l’intervention d’un spécialiste des droits de la santé.
Docteur Mendy, c’est aussi un personnage sociable, d’une extrême disponibilité. Toutes choses qui font les qualités d’un bon médecin. Pour le cardiologue Moussa Kane avec qui il a travaillé pendant quelques années, à l’Hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff, il s’agit d’une personne « véridique qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense ».
Quand la blouse blanche déroule le fil de sa jeunesse, l’on saisit très vite le caractère d’un garçon studieux qui a toujours placé les études au premier plan de ses priorités. « Je ne dormais jamais sans avoir fait tous mes devoirs et appris toutes mes leçons. J’ai toujours fait partie des meilleurs de ma classe », renseigne-t-il. « Je voulais être gouverneur… »
Son dessein de faire carrière dans la médecine ne s’est manifesté que plus tard. Initialement, l’intention de Joseph Mendy était d’intégrer l’administration territoriale. « Au début, je voulais être gouverneur de région. Je me souviens qu’en classe de CE2, notre maître, Aliou Sagna, nous avait demandé de décliner le métier que nous souhaiterions exercer plus tard. À cette question, j’avais répondu que je voulais devenir gouverneur de région. Tous mes camarades s’étaient éclatés de rire parce que pour eux, j’étais trop ambitieux. Mais M. Sagna reprenant la parole avait dit à toute la classe que mon ambition constituerait une fierté pour lui », confite-t-il. Aussi, quand M. Mendy est arrivé à l’enseignement secondaire, son ambition était claire : devenir un professeur agrégé en anglais.
Cependant, après l’obtention de son baccalauréat, son ami, le Docteur Karamba Gassama et lui étaient à la recherche d’une foliaire d’enseignement supérieur qui leur permettrait d’être de hauts cadres et intellectuels du Sénégal et d’Afrique. « Notre ambition était d’avoir au moins un Doctorat d’État. C’est ainsi que nous sommes allés au centre d’orientation de Ziguinchor pour consulter les différents documents relatifs à l’enseignement supérieur. Parmi les documents consultés, il n’y avait que les études de médecine et de pharmacie qui étaient sanctionnées par un diplôme d’État de docteur. Ceci correspondait exactement à ce que nous cherchions », rappelle-t-il. Pour être complémentaire, Docteur Mendy choisit de faire de la médecine et son pote Gassama opte pour la pharmacie. Comme le hasard n’existe pas, son choix est également guidé par sa tante paternelle « qui a toujours voulu et prié pour qu’il fasse des études de médecine eu égard à son état de santé et des difficultés auxquelles elle fait face pour accéder aux soins de santé ». Athlète au Casa sport
Le milieu social et la famille ont façonné la personnalité de ce toubib, laquelle est caractérisée par l’amour « du travail bien fait, la fidélité, la loyauté, l’honnêteté, la franchise et la recherche de la connaissance ». Sur ce dernier aspect, Joseph Mendy est un éternel apprenti. Il n’est jamais rassasié. L’homme est bardé de diplômes universitaires dans des domaines aussi variés que les relations internationales, la justice, le droit et la bioéthique. « La possession et la maîtrise des connaissances est la base de tout développement social et économique. Et de ce point de vue, j’ai érigé la quête du savoir en principe fondamental d’action sans qu’il ne soit utile de rappeler que la polyvalence ouvre la voie à la création, l’innovation et à des responsabilités de toute nature », souligne-t-il
Né en 1967 à Ziguinchor, l’Inspecteur technique de la santé a passé toute la période de son enfance et de son adolescence dans cette ville. Il a fait ses études primaires à l’école de Djibélor Baraf puis au lycée Djignabo de Ziguinchor. Dynamique et grand sportif, le jeune homme intègre le Casa sport comme athlète. « J’étais également scout à la Mission catholique de Néma et éclaireur à la troupe Bénamon du Lycée Djignabo. Je faisais partie de la chorale de l’église Saint Benoit de Néma », se souvient-il.
Ancien vice-président de l’Ordre national des médecins du Sénégal, Joseph Mendy a été de tous les combats contre l’anarchie dans le secteur de la santé. Il s’est engagé, passion en bandoulière, avec cette structure à la protection de la profession de médecins et les usagers des services de santé, mais aussi à lutter contre l’exercice illégal de la médecine sur toutes ses formes. Spécialiste de la bioéthique, le neurologue considère, aujourd’hui, que cette discipline est à la croisée des chemins du progrès technologique, économique et social. La bioéthique, pense-t-il, n’est rien d’autre que la résolution des problèmes posés par l’application des principes et découvertes scientifiques et technologiques.