8 MOIS APRÈS, LA CASAMANCE TOUJOURS COUPÉE DE DAKAR
Au port de Ziguinchor, « il n'y a plus d'activité, plus de mouvement ». La route et l'avion ne sont pas des alternatives viables économiquement. L'impact est énorme, de l'ordre de milliards de francs CFA
À huit mois de la suspension des liaisons maritimes entre Dakar et Ziguinchor, décrétée en juin 2023 officiellement pour des «raisons de sécurité nationale» après des émeutes, la situation reste inchangée, au désespoir des habitants de la région du sud, rapporte un reportage de RFI réalisé sur place.
Au port de Ziguinchor, «il n'y a plus d'activité, plus de mouvement», témoigne le docker Lamine Diedhiou, qui vient chaque jour vérifier s'il y a du changement, en vain. «Quand je rentre à la maison le soir, ma femme et mes enfants me regardent, mais je n'ai plus de travail et donc plus d'argent», déplore-t-il.
Une situation également difficile pour Malamine Mané, président d'une entreprise de manutention portuaire. «En temps normal, on gérait le chargement et déchargement de produits agricoles comme le riz, le mil, l'anacarde ou la noix de cajou. On embauchait jusqu'à 300 personnes pendant la saison de l'anacarde. Aujourd'hui, c'est l'arrêt complet des activités», regrette-t-il.
Les pêcheurs sont aussi touchés, comme Kébé Samb qui voyait ses poissons et crevettes expédiés rapidement vers Dakar par bateau, mais doit désormais les vendre congelés sur place, avec des pertes financières.
La route et l'avion ne sont pas des alternatives viables économiquement, selon Jean Pascal Ehemba, président de la Chambre de commerce de Ziguinchor, interrogé par RFI. «L'impact est énorme, de l'ordre de milliards de francs CFA», estime-t-il, appelant l'Etat à soutenir la reprise des liaisons maritimes.
Lors de sa récente visite dans la région, le Premier ministre Amadou Ba avait annoncé une prochaine reprise des ferrys. Le commandant du port promet des travaux sur les bateaux et le chenal, mais sans date fixée. Les habitants de Ziguinchor croisent les doigts pour voir enfin le trafic reprendre et leur économie repartir.