ENTRE AJUSTEMENT ET TRANSITION !
Le régime en place entend, vaille que vaille, redéfinir ses relations avec l’institution de Bretton Woods afin de gagner en autonomie. En conséquence, cette nouvelle approche collaborative pourrait nécessiter un temps d’ajustement avant de se concrétiser

Le point d’achoppement des tensions latentes entre les nouvelles autorités sénégalaises et le Fonds Monétaire International (FMI) semble résider dans la dépendance aux financements extérieurs, qui limite fortement les perspectives de souveraineté économique du Sénégal. Le régime en place entend, vaille que vaille, redéfinir ses relations avec l’institution de Bretton Woods afin de gagner en autonomie. En conséquence, cette nouvelle approche collaborative entre les parties prenantes pourrait nécessiter un temps d’ajustement avant de se concrétiser
L e partenariat entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) remonte aux années 1970, période durant laquelle le pays a commencé à bénéficier de programmes d’ajustement structurel destinés à pallier ses difficultés économiques. Depuis lors, la coopération entre les deux entités a été marquée par une succession de réformes économiques visant à stabiliser la dette, stimuler la croissance et améliorer la gestion des finances publiques. Cette relation a constamment oscillé entre soutien financier et contraintes structurelles. D’une part, le FMI a contribué à la stabilisation macroéconomique et à la croissance du Sénégal, facilitant par ailleurs l’allégement de la dette et un soutien financier régulier. D’autre part, les conditions strictes assorties à ces prêts ont souvent engendré des tensions économiques et sociales, tout en maintenant une dépendance excessive aux financements extérieurs, freinant ainsi l’émergence d’une pleine souveraineté économique.
Sous le magistère du Président Bassirou Diomaye Faye, redéfinir les relations avec le FMI s’avère une priorité stratégique en vue de concrétiser un projet de souveraineté économique et sociale, décliné dans la vision Sénégal 2050, tout en gérant avec discernement les risques inhérents à une telle transition. En effet, le Chef de l’État et son Premier ministre affichent un objectif clair : réduire la dépendance au FMI et mieux gouverner les ressources naturelles du pays afin de le sortir du cycle de vulnérabilité économique dans lequel il est plongé depuis plus de soixante ans. Toutefois, pour y parvenir, le FMI pose des exigences préalables, parmi lesquelles plusieurs défis majeurs à relever pour assurer la stabilité financière.
Cette volonté de souveraineté économique, bien que légitime, se heurte aux impératifs budgétaires à court terme. Comme l’a souligné le Président Bassirou Diomaye Faye dans son discours du 31 décembre 2024, les marges de manœuvre budgétaires sont étroites, rendant ardue l’application immédiate de certaines réformes ambitieuses. Parmi les mesures envisagées figurent : la réduction de l’endettement sans compromettre les investissements nécessaires au développement ; l’optimisation des dépenses publiques et l’amélioration de la transparence budgétaire ; l’augmentation des recettes fiscales par une meilleure collecte des impôts et taxes ; la rationalisation des emprunts afin d’assurer leur efficience ; la réduction progressive des subventions à l’énergie, dont le coût oscille entre 4 % et 5 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Cependant, l’application stricte de ces recommandations pourrait affecter les services publics et l’économie nationale. C’est pourquoi la nouvelle administration s’emploie à trouver un équilibre entre indépendance économique et maintien de la confiance des partenaires financiers. L’enjeu réside dans la capacité du gouvernement à amorcer une transition en douceur, afin de ne pas compromettre l’attractivité du Sénégal aux yeux des investisseurs tout en préservant sa marge de manœuvre budgétaire.
Ainsi, si la nouvelle approche collaborative entre le Sénégal et le FMI se veut ambitieuse et porteuse d’une vision souveraine, sa mise en œuvre nécessitera une gestion rigoureuse et des négociations stratégiques afin d’assurer une transition équilibrée entre rupture et continuité. L’avenir des relations entre le Sénégal et le FMI dépendra donc de la capacité des nouvelles autorités à concilier aspirations nationales et exigences des institutions financières internationales.