LA DOUBLE PEINE DES CULTIVATEURS DANS LES NIAYES
Dans ce grenier agricole du Sénégal, les cultures ne peuvent se passer d'engrais tant les sols sont pauvres. Pourtant, leur coût ne cesse d'augmenter, fragilisant un secteur déjà dépendant des importations
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Comme le souligne l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, et à en croire un article du 2 janvier 2024 publié sur le site d'information Le Monde, les engrais représentent un enjeu majeur de sécurité alimentaire pour l'Afrique, illustrant la dépendance du continent aux importations de produits essentiels à l'agriculture mais vulnérables aux chocs planétaires. Cette dépendance se fait cruellement ressentir au Sénégal, où les sols peu fertiles des régions agricoles comme les Niayes nécessitent des apports réguliers en engrais pour rester productifs, selon Le Monde.
"Sans engrais, on ne peut pas du tout cultiver ici", témoigne Amar Sall, agriculteur de 66 ans installé à Diogo, dans la région des Niayes, comme le rapporte le journal Le Monde. En effet, comme il l'explique à ce média, "compte tenu de la nature très pauvre de ce sol, la plante ne couvre pas ses besoins, donc les apports en engrais sont décisifs".
Pourtant, le coût de ces engrais importés n'a cessé d'augmenter ces dernières années au Sénégal. "C'est allé jusqu'à 40 000, 45 000 francs CFA [environ 60 à 70 euros] le sac, c'était très difficile de s'approvisionner", rapporte Adama Beye, gérant d'une boutique d'engrais à Diogo, selon les informations publiées par Le Monde. Avant 2020, le prix tournait autour de 12 000 francs CFA pour les engrais les plus utilisés, comme l'urée et le NPK, d'après le même journal.
Les conséquences sont lourdes pour les agriculteurs sénégalais. "Quand on réduit les quantités d'engrais achetées, ça se ressent tout de suite dans les rendements", observe Amar Sall. Avec pour effet une baisse de la production agricole et donc des revenus, compliquant l'accès à l'alimentation. Face à ce défi, le Sénégal tente de développer la production locale d'engrais, comme au sein du groupe Industries Chimiques du Sénégal, ou de promouvoir les engrais organiques, plus adaptés aux sols. Mais la dépendance aux marchés mondiaux reste une réalité difficile à surmonter pour une agriculture fragilisée.