LES PAYSANS INVITENT LE GOUVERNEMENT A DEFRICHER ET LABOURER
Élu président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye Faye a vite fait de fustiger les pratiques malsaines qui privent le paysannat des intrants et équipements subventionnés qui leur reviennent de droit.
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Élu président de la République, son Excellence Bassirou Diomaye Faye a vite fait de fustiger les pratiques malsaines qui privent le paysannat des intrants et équipements subventionnés qui leur reviennent de droit. L’écho de sa déclaration s’est répandu dans toutes les contrées rurales où l’espoir d’une rectification est de nouveau nourri à quelques semaines de la saison des pluies. Nos braves paysans, revigorés par les mesures annoncées, ont de suite pris leurs haches et coupe-coupe pour défricher le maximum d’hectares en perspective d’une campagne agricole qu’ils souhaitent fructueuse et enrichissante.
Il est donc clair que le développement du Sénégal se fera par l’agriculture ou ne sera pas. Hélas, les secteurs majeurs de développement du pays semblent avoir été négligés ces dernières années, du fait de la découverte des gisements de gaz et pétrole. N’est-ce pas là une énorme erreur d’appréciation que le nouveau gouvernement doit corriger pour nous éviter un désenchantement qui exacerberait notre déficit alimentaire ? En clair, le Sénégal ne doit passe tromper de choix stratégique entre l’agriculture et les ressources énergétiques qui nourrissent l’illusion d’un processus de développement accéléré.
Heureusement que le bon sens paysan a préservé la grande masse des agriculteurs des mirages. Ces paysans sont encore foncièrement attachés à leurs exploitations familiales qui méritent d’être soutenues pour une bonne transformation structurelle accompagnée voire renforcée par des moyens d’exploitation adéquats. Et c’est justement dans ce cadre-là que les paysans invitent le gouvernement à plus d’anticipation, de coordination et de rigueur dans la mise en place, à bonne date, des semences de bonne qualité, des engrais et des machines (les semoirs, les houes sine, houes-gréco et les charrettes) qui ont quasiment disparu dans les exploitations paysannes. Ces types d’équipement qui constituent le socle de la mécanisation agricole ont pourtant largement fait leurs preuves. Ils ont encore de beaux jours dans les champs en attendant que la motorisation les remplace graduellement avec bien entendu une formation appropriée pour que le paysan d’aujourd’hui devienne un fermier accompli demain.
Semences de mauvaise qualité
Pour l’instant, il y a urgence dans la mise en place des intrants attendus au titre de la campagne agricole 2024 / 2025. Cependant, il y a un préalable auquel le gouvernement doit s’atteler, il s’agit de l’assainissement des commissions de distribution d’intrants. Lesdites commissions, routinières et placées sous l’autorité des sous-préfets, sont sous l’emprise d’opérateurs privés sans scrupule, de prétendus gros producteurs, de maires ruraux et certains fonctionnaires à la retraite. Leur modus operandi consiste à ponctionner les paysans dès qu’ils se présentent pour prendre possession des intrants au niveau des chefs- lieux d’arrondissement et d’autres centres d’éclatement où les intrants sont acheminés tardivement d’ailleurs. Ainsi, après s’être acquittés de l’impôt, les pauvres paysans soi-disant privilégiés sont contraints à un marchandage par les opérateurs privés qui leur fourguent des semences bruches et prétendument certifiées après une fumigation intense pour masquer leur mauvaise qualité. Ces graines d’arachide, du tout-venant, acheminées avec d’infimes quantités d’engrais, sont distribuées à raison de trois à quatre kilogrammes par tête d’habitant dont l’impôt est effectivement payé. Les quantités ainsi livrées sont très en deçà des moyennes requises à l’hectare, aussi bien pour les emblavures que pour la fertilisation.
A propos de fertilisation, il est impératif que le gouvernement contraigne la société Indorama, qui a repris les Industries chimiques du Sénégal (Ics) depuis 2014, à privilégier les agriculteurs sénégalais dans la livraison d’engrais complexes, comme ce fut le cas du temps de Pierre Babacar Kama (paix à son âme) fondateur des Ics avec l’appui de Messieurs Abdou Diouf alors Premier ministre du Président Senghor et Louis Alexandrenne brillant ministre de l’Industrie. Il convient d’ailleurs d’envisager la reprise en main ce complexe industriel au moyen d’une participation adéquate de l’état au capital de la société ne serait-ce qu’à hauteur de 33 %. Naturellement, le repositionnement de l’état dans cette entreprise mettra fin aux pratiques scandaleuses des commissions de distribution d’intrants. Des instances où les affairistes ont pignon sur rue et se font délivrer, sans contrôle, des quitus signés par les sous-préfets et contresignés par les maires de communes attestant la réception de tonnage de graines ou d’engrais alors qu’il n’en est rien en réalité. Forts de ces quitus, les opérateurs privés engrangent des sommes faramineuses payées parla Banque Agricole ou toute autre institution financière agrée.
Le procédé ci-dessus expliqué est faussement présenté comme une subvention des intrants. Les paysans dans le désarroi n’y peuvent rien changer. Sans doute que le nouveau ministre de l’Agriculture et le secrétaire d’état aux Coopératives et à l’Encadrement agricole sauront mettre un terme à ces pratiques criminelles qui appauvrissent nos paysans. Sous l’autorité du Président Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko a de quoi se retrousser les manches, au bon souvenir de sa houe, le célèbre Kadiandou de la Casamance, pour normaliser la politique agricole du Sénégal.