SEDIMA vs GMD
La Guerre froide fait rage
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Depuis que la SEDIMA a commencé à s'intéresser à la minoterie, elle se livre en douceur à une rude bataille avec les Grands Moulins de Dakar (GMD). Les deux entreprises sont aussi bien dans la farine que l'aliment de volaille et tous les coups semblent permis.
Leader du secteur de l'aviculture au Sénégal avec notamment 32 % de part dans l'aliment de volaille et 28 % dans la vente des poussins, la SEDIMA a fait jusque-là, le vide autour d'elle. Un succès qui n'a pas manqué de lui donner des ailes…et des idées. C'est ainsi que l'entreprise dirigée par M. Babacar Ngom se jette dans le secteur très complexe de la minoterie. Eux aussi leader incontesté dans le domaine de la minoterie, les Grands Moulins de Dakar avaient, comme la SEDIMA dans l'aviculture, creusé l'écart avec la concurrence.
Mais tout a changé depuis que le leader de l'aviculture a mis les pieds dans la minoterie avec la marque "Baguéd'or". En moins de 3 ans d'existence, la farine de la SEDIMA a secoué le secteur. "Nous avons eu des parts de marchés de près de 20 pour cent", nous confiait le PDG, Babacar Ngom dans une interview qu'il nous avait accordée.
Des parts qui constituaient ainsi un gros manque à gagner pour les GMD qui jusque-là étaient dans un confort en raflant presque tout le marché. Comme les prix de la farine étaient plafonnés, la SEDIMA a joué sur la proximité avec les boulangers. Avec la minoterie donc montée grâce à un investissement de plus de 7 milliards de FCFA, la SEDIMA accroche une nouvelle corde à son arc et fait jeu égal avec le Groupe Mimran qui est aussi dans le sucre.
Quand la SEDIMA tisse sa toile
Même si Babacar Ngom (SEDIMA) préfère parler d'une concurrence bonne pour le marché, la première année a été une bonne entrée en matière. Le groupe SEDIMA s'est tapé 10% de parts de marché. Mais selon M. Ngom, il ne s'agit point de concurrencer quand il dit que, "le plus important pour nous n'est pas de battre des concurrents, mais de satisfaire nos clients boulangers et distributeurs. La compétition est nécessaire pour tous les secteurs et profite aux consommateurs. Ceci cadre bien avec notre politique axée sur la satisfaction du client final et c'est ce qui nous a valu les résultats mentionnés préalablement", avait-elle déclaré dans une interview qu'il nous avait accordée. Dans le même tempo, l'entreprise, grâce à sa minoterie, est certifiée ISO 22000, une première dans le secteur au Sénégal et dans la sous-région.
Les GMD sortent la grosse artillerie
Non contents de voir le "jeune loup" perturber sa quiétude, les GMD sortent la grosse artillerie. Arrivé il y a moins de deux ans aux GMD, Franck Bavard, Directeur Général Adjoint (DGA) dit avoir trouvé une situation complexe. "Lorsque je suis arrivée à GMD, nous étions en pleine crise : l'offre était deux fois plus importante que la demande, qui se situe à 39 000 tonnes par mois. Cela a entraîné une guerre des prix, où le prix du sac de 50 kg est passé de 17 500 à 12 500 F CFA", a-t-il confié au Magazine Jeune Afrique.
Avec 46 % de parts de marché, les GMD sont dans une situation complexe. Pour M. Bavard, il faut que les autorités établissent des quotas de blé, soit à l'import soit en fonction des capacités de broyage. "Le ministère du Commerce reconnaît qu'il s'agit d'une solution potentielle. D'autres secteurs, comme le sucre, le riz ou le concentré de tomates, ont d'ailleurs été contingentés", avait-il suggéré.
Mais pour ne pas laisser le concurrent dans son confort. C'est ainsi qu'ils se lancent dans l'aviculture, l'aliment de volaille plus précisément et les 4,6 milliards de FCFA investis en disent long sur les intentions. Même si M. Bavard tente de tempérer.
"C'est un développement logique : l'aviculture est un marché nouveau au Sénégal, en hausse de +15 % par an et pour lequel nous avons un savoir-faire. Nous connaissons les circuits de distribution et nous fabriquons déjà de l'alimentation du bétail. Le Sénégal est donc notre principale cible, nous y avons déjà pris environ 10 % des parts de marché. Nous avons signé un protocole d'accord pour produire nous-même, sur une dizaine d'hectares, une partie des produits nécessaires à la fabrication de l'aliment volaille", a-t-il déclaré, non sans préciser que l'objectif est d'atteindre 30 000 tonnes par an, soit un revenu de 9 milliards de F CFA. "Ce sera donc proche de l'alimentation du bétail qui représente 11 milliards de F CFA par an. Mais cela restera bien loin de la farine, qui totalise 60 milliards de F CFA par an", précise-t-il.
Couveuse infectée : Info ou intox ?
L'information parue dans un journal de la place faisant état d'une contamination de la couveuse de la SEDIMA a rapidement fait le tour des acteurs avicoles. Mais comme en guerre tous les coups sont permis, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec la concurrence entre la SEDIMA et les GMD. Joint par Réussir, un des responsables de la SEDIMA n'a pas manqué de donner des pistes de réflexion. "C'est une histoire montée de toutes pièces et on sait d'où elle vient", s'était-il contenté de nous dire au bout du fil.
Recevant le Ministre des Mines, le PDG de la SEDIMA n'a pas échappé à la ténacité des journalistes. Mais selon Babacar Ngom, "c'est ni plus ni moins qu'un lynchage médiatique qui ne dit pas son nom. Ce n'est pas aujourd'hui que ça commence. Même si elle a été réactualisée en 2016, c'est en 2014 que cette affaire a débuté. Mais c'est de l'intoxication. La couveuse de la SEDIMA n'a jamais été contaminée", a-t-il clamé.