UNE GRANDE NEBULEUSE, SELON ELIMANE HABY KANE
GOUVERNANCE DES RESSOURCES MINIERES
On assiste à une gestion opaque des ressources minières du Sénégal. Tout se passe entre les sociétés minières, le ministre de tutelle et le président de la République. Les Sénégalais doivent rester vigilants et exigeants par rapport à la gestion de cette rente. C’est l’appel lancé aux Sénégalais par Elimane Haby Kane, expert en Gouvernance-Développement international, management de projet et responsable du volet gouvernance à Oxfam au Sénégal. Il animait samedi dernier, à Dakar, une conférence publique sur la thématique: «La Gouvernance des ressources naturelles au Sénégal» dans le cadre des activités mensuelles des «samedis de l’Economie», activités mensuelles de l’Africaine de recherche et de coopération pour le développement endogène (Aracade), en collaboration avec la Fondation Rosa Luxemburg.
Les récentes découvertes pétro-gazières au Sénégal font saliver l’opinion publique et dans le même temps mettent la grande masse des Sénégalais aux oubliettes du clair-obscur de la gouvernance des ressources minières, clame Elimane Haby Kane, expert en Gouvernance-Développement international et management de projet et responsable du volet gouvernance à Oxfam au Sénégal. Il animait samedi dernier une conférence publique sur la thématique: «La Gouvernance des ressources naturelles au Sénégal» dans le cadre des activités mensuelles des «samedis de l’Economie», organisé par l’Africaine de recherche et de coopération pour le développement endogène (Aracade) et la Fondation Rosa Luxemburg. Selon M. Kane, par ailleurs président du Leadership, éthique, gouvernance, stratégie pour l’Afrique: «La gouvernance des ressources minières au Sénégal est loin d’être une réalité. Bien que juridiquement appartenant au peuple, les Sénégalais n’en profitent réellement pas. Parce que tout simplement sur la question de la propriété, on n’est pas encore souverain dans le secteur du fait que tout est contrôlé par les entreprises étrangères. C’est elles (entreprises) qui peuvent nous dire ce qui est trouvé dans notre sol ou bien en haute mer, la quantité de ce potentiel de réserves. Parce que disposant de moyens techniques et financiers pour exploiter nos ressources dans une opacité totale», déplore t-il.
Absence de gestion participative et inclusive
Confortant son propos, il fait remarquer que: «l’Etat n’a pas encore mis en place une organisation qui puisse permettre à ce que le peuple se retrouve dans sa propriété (ressources minières). Parce que tous les représentants du peuple dans la structure d’octroi des licences, de la gestion et du contrôle dudit secteur sont absents. Aujourd’hui, tout se passe entre les sociétés minières, le ministre des mines, et le président de la République. Aucun Sénégalais ne peut vous dire comment ce secteur est géré».
Inefficacité du système de gouvernance
Si notre objectif est de faire du Sénégal un hup régional en matière de d’exploitation de ressources minières. Ce, en adhérant à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, force est d’admettre que «les systèmes de gouvernance en place sont inefficaces. Parce qu’on note une absence totale dans les pratiques de gestion et d’évaluation. Donc, inefficients au vue des différents rapports que nous avons connaissance! Et ce qui est important dans cette affaire, c’est moins les rangs et les chiffres donnés, mais plutôt la réalité des faits vécus dans ce secteur», soutient Elimane Haby Kane. A cela, poursuit-il: «On note un net recul de promotion, de prévention et de répression des organes de contrôle, telles que l’Ofnac, la Cour des compte, qui abattent un énorme travail pour produire les rapports. Lesquels sont classés sans suite. D’où l’absence de volonté réelle des politiques à gérer de manière transparente nos deniers publics. Donc, de manière générale, le secteur minier apparait comme l’un des plus mal gérés». Mais tout compte fait, «le gouvernement doit gérer de manière transparence cette rente du moment qu’il (gouvernement) y mise beaucoup pour l’opérationnalité du Pse. Et par ricochet transformer de notre économie», préconise t-il.
Seul 1,5% des recettes du budget
Dès lors, «on se rend compte que l’Etat gagne très peu dans ce secteur, soit environ 1,5% des recettes du budget», fait-t-il remarquer. En définitive, estime-t-il: «le secteur des ressources naturelles est l’un des plus mal gérés. Et que le Pse mise sur ces ressources minières, les revenus générés par ce secteur ne reviennent vraiment pas au peuple. Sur ce, on ne peut pas dire aujourd’hui que les ressources naturelles appartiennent réellement au peuple du Sénégal».
Gestion efficace et efficiente
Pour faire en sorte que nos ressources puissent impacter le vécu de nos populations, M. Kane recommande aux autorités de revoir le cadre institutionnel, notamment Petrosen en tant que unique entité qui fait tout dans le secteur, qui représente l’Etat, qui est partie prenante dans l’entreprise qui gère, exploite le parc sédimentaire, qui assure la promotion, la commercialisation, mais également qui fait le contrôle.
«Nous devrions pouvoir éclater le cadre institutionnel, créer de nouveaux cadres, créer une chaîne de responsabilité, différencier l’octroi des contrats, la participation à l’exploitation et la production, la gestion du transport, les autres acteurs de la chaîne de valeur et le contrôle, la régulation, tout ceci doit être éparpillé dans plusieurs institutions pour qu’on puisse avoir de l’équilibre à ce niveau ? Donc, c’est pour cela que je dis que la situation de Petrosen est anormale, il faut revoir ça», a souligné le conférencier.
Il poursuit en précisant que «L’Etat n’a pas encore les moyens de contrôler les opérations pétrolières, gazières de ces grandes entreprises. Le pétrole, ça se passe en Offshore, qui va aller voire si réellement les puits en haute mer respectent certaines choses. Est-ce que la production qui est déclarée, c’est réellement ce les gens tirent de notre sous-sol là-bas?».