SEPT MESURES POUR STABILISER L’ANNEE UNIVERSITAIRE D’ICI 16 MOIS
Le calendrier académique de l’université sénégalaise sera stabilisé d’ici 16 mois. C’est l’une des mesures phares sortie du séminaire de trois jours sur la stabilisation du calendrier académique organisé à Saly et qui a été clôturé hier par le Mesri.
Le calendrier académique de l’université sénégalaise sera stabilisé d’ici 16 mois. C’est l’une des mesures phares sortie du séminaire de trois jours sur la stabilisation du calendrier académique organisé à Saly et qui a été clôturé hier par le Mesri.
Après 3 jours de retraite à Saly pour se pencher sur la stabilisation de l’année universitaire, le Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) a réuni les acteurs-clés de l’enseignement supérieur dans le cadre du Pacte de performance, et cela a abouti à sept mesures phares. Les chevauchements de l’année académique ont causé un préjudice de 40 milliards 287 millions 701 mille F Cfa au Sénégal. «Si l’on sait que les chevauchements sont effectifs depuis 2019, cela veut dire que sur 5 ans, nous avons perdu chaque année 40 milliards, juste parce que nous n’avons pas pris les bonnes décisions. Il y a des causes, nous en avons parlé. A ce stade, nous essayons de voir l’impact financier et les conséquences. Donc sur 5 ans, nous sommes à 200 milliards au moins jetés par la fenêtre par un système d’enseignement supérieur qui a mis du temps à se réajuster par rapport à ses manquements», relate Dr El Hadji Abdourahmane Diouf.
En plus de l’impact financier du calendrier académique, ce séminaire a permis de régler le calendrier des orientations. Cette année, les bacheliers de 2024 seront orientés à partir du 19 septembre 2024. «C’est-àdire 2 mois après la proclamation des résultats du Bac. Je considère que c’est une énorme avancée. Si ces nouveaux bacheliers sont orientés à partir du 19 septembre, les orientations vont se terminer le 15 octobre, parce qu’il y a le premier jet, le deuxième, les délais de confirmation etc. Et si nous tenons compte de tout ça, nous aurons terminé les orientations pour les bacheliers de 2024 le 15 octobre 2024», se projette le Mesri.
Par conséquent, la nouvelle année académique va démarrer au troisième lundi du mois d’octobre. Il correspond au 21 octobre. Toutefois, il précise : «Si toutes les universités n’ont pas de problèmes d’infrastructures, les bacheliers de 2024 pourront démarrer une rentrée officielle le lundi 21 octobre 2024. Là, j’ai bien compris qu’il ne s’agit pas de démarrer partout le 21 octobre, vous l’avez étalé dans le temps. Et qu’en fonction des difficultés des uns et des autres, il y a même des bacheliers qui seront orientés en octobre, mais qui vont démarrer leurs cours au mois de février ou début mars 2025.Mais symboliquement, on aura une bonne partie des bacheliers de 2024 qui pourront démarrer le lundi 21 octobre 2024.».
En tout cas, un délai de 16 mois est nécessaire pour stabiliser définitivement l’année académique. Il ressort que les années se chevauchent de 2022 à 2023 et de 2023 à 2024. «Entre les mois d’avril et mai, il y a beaucoup de facultés, de départements qui ont organisé leurs amphithéâtres de rentrée. Et je crois savoir qu’il y a des bacheliers de 2023 qui n’ont même pas encore démarré les cours. Sur le planning qui a été proposé, des dispositions devront être prises pour qu’au plus tard le 1er juillet, c’est-à-dire dans un mois, que ces enseignements-là puissent débuter pour que l’année 2023- 2024 soit déclenchée pour ces bacheliers, une année après l’obtention de leur baccalauréat. Sur le calendrier qui a été proposé, si tous les bacheliers de 2023 démarrent au plus tard le 1er juillet 2024, ils termineront leur année, c’est-à-dire les deux semestres cumulés, au 25 février 2025. Au lieu de faire une année calendaire complète, juillet 2024 ou avant juillet», note-t-il.
D’ailleurs, les rattrapages organisés permettront de terminer l’année 2023-2024 au 25 février 2025. «Vous voyez qu’on a résorbé des gaps assez importants. Et pour les nouveaux bacheliers 2024 qui vont démarrer entre octobre 2024 et mars 2025, des dispositions seront prises pour que leur année se termine au plus tard le 14 août 2025. Donc, si on superpose ces différentes propositions, le 14 août 2025 tous les bacheliers de 2022, 2023 et 2024 auront terminé. Et quand ces bacheliers de 2024 termineront leur première année le 14 août 2025, on en aura fini avec le chevauchement des années, et la conséquence immédiate, c’est que la rentrée d’octobre 2025 sera le 20 octobre 2025. Toutes les universités publiques du Sénégal pourront démarrer une année normale sans chevauchement. Ce qui, à partir de la date d’aujourd’hui, nous donne un délai de 16 mois pour arriver à stabiliser l’année académique qui est en déréglement depuis au moins 5 ans, voire 10 ans», explique Abdourahmane Diouf.
FINALISATION DES INFRASTRUCTURES, RECRUTEMENT DES PE… LES GRANDS CHANTIERS
Le coût des infrastructures est estimé à 34 milliards et celui des bâtiments d’appoint s’élève à 12 milliards. «Donc, c’est un besoin global de 56 milliards. Mais sur ce besoin, il y a 31 milliards qui sont déjà dans le budget. Donc, en réalité, on ne va chercher que 15 milliards. Mais l’argent qui est dans le budget doit être hors ponction. On n’a que 15 milliards à chercher, et je pense que ce n’est pas la mer à boire. Mais avec un peu d’efforts de part et d’autre, on peut arriver au moins à terminer les chantiers dans des délais raisonnables», note Abdourahmane Diouf.
56 milliards F dans le chantier
Par ailleurs, il est aussi prévu le recrutement de 1500 enseignants du supérieur. «J’ai essayé de faire ma petite simulation. J’ai juste fait un petit calcul en me disant que si chaque enseignant-chercheur débutant coûte 1, 5 million environ en tenant compte des charges sociales pour recruter en une opération coup de poing 1500 enseignants, il nous faut à peu près 27 milliards. Et dans les propositions, on a 1500 enseignants supplémentaires par année, au moins pour la prochaine année. Et l’argument c’est que si on avait 1500 enseignants du supérieur dès le début de l’année 2025, ça pourrait permettre de régler beaucoup de problèmes», note-t-il.
Un référentiel pour harmoniser les programmes de Master
Sur la question des Masters, un Référentiel national des programmes de Master sera mis à l’échelle nationale. Toutefois, ces acteurs précisent qu’une mise en priorité de l’enseignement à distance pour le Master est à corriger. «Il y a aussi une proposition intéressante pour que les étudiants ne puissent pas rester indéfiniment inscrits dans le Master. Il y a des décisions qui doivent être prises par rapport à leur rapport de stage ou par rapport à leur mémoire pour qu’il y ait un délai intangible au-delà duquel l’étudiant ne bénéficie plus de tous les accompagnements financiers ou sociaux qui auraient pu lui permettre de faire son master en 3, 4 ou 5 ans», explique le Mesri.
Par ailleurs, le ministère encourage la collaboration avec les établissements privés pour diversifier les opportunités d’études supérieures. «Mais, j’ai discuté avec tous les acteurs et j’ai entendu tous les sons de cloche, parce que l’orientation vers le privé est un élément de solution par rapport aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Ceux qui étaient dans cet atelier ont décidé d’en faire une recommandation. Et l’atelier a recommandé d’aller vers une orientation dans le privé. Je vais prendre cette recommandation, je vais moi aussi aller voir avec mes instances pour voir quelles sont les décisions qui seront prises et je vous reviendrai», déclare El Hadji Abdourahmane Diouf.