EMPLOI, EDUCATION, AUTONOMISATION : LES FEMMES SE HATENT LENTEMENT
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a procédé hier à la restitution de ses travaux de recherche portant sur les thématiques de l’éducation, l’emploi et les violences faites aux femmes
Dans son projet intitulé «Women count» (les Femmes comptent), qui a pour but d’accélérer l’atteinte des objectifs de développement durable (Odd) niveau 5 visant l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a procédé hier à la restitution de ses travaux de recherche portant sur les thématiques de l’éducation, l’emploi et les violences faites aux femmes. Et selon le Directeur général de l’Ansd, les statistiques montrent que les filles accèdent de plus en plus à l’éducation. Même s’il y a encore des barrières à franchir.
Dans le but d’informer sur la situation des femmes et des filles, notamment à l’école, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a procédé hier à la restitution de ses travaux de recherche auprès des actrices et acteurs de la politique publi¬que, du développement, de la Société civile et des organisations internationales. Selon Allé Nar Diop, Directeur général de l’Ansd, dans ces trois études, il s’agissait d’identifier les caractéristiques socio-économiques qui guident l’accès à l’éducation des hommes et des femmes, mais également à l’emploi. «Il est montré à travers ces études spécifiquement pour l’éducation, que la taille du ménage est un facteur clé dans l’accès à l’éducation des femmes. Il est constaté également que dans un ménage où le chef est sans niveau d’instruction, les femmes accèdent moins à l’éducation. Pour dire que le profil du ménage a un impact sur l’accès ou non de la femme, des filles à l’éducation», informe le professeur Allé Nar Diop.
Autre chose qui a été démontrée par les travaux de l’Ansd, c’est que ces mêmes caractéristiques guident le degré de l’accès à l’emploi. «Les femmes au niveau rural accèdent moins à l’emploi que les femmes urbaines, de même que les femmes ayant un chef de ménage sans instruction ont un niveau d’emploi plus faible», explique M. Diop qui ajoute que le profil du ménage a un impact sur ces trois variables, à savoir l’éducation, l’emploi et les violences faites aux femmes. Parlant des statistiques sur l’éducation, il estime qu’en Afrique, il existe de grandes disparités d’accès à l’emploi entre les hommes et les femmes et le Sénégal ne serait pas une exception. «Les statistiques montrent que plus de la moitié de la population du Sénégal est féminine», a-t-il fait savoir. Et selon les résultats issus de l’exploitation des données statistiques 2018-2019, le taux d’accès à l’élémentaire des enfants de 6-11 ans est plus élevé chez les filles (57,6 %) que chez les garçons (54,2%). Et 42,6% des filles de 16-24 ans ayant accédé au niveau moyen sont maintenus au niveau secondaire contre 38,5% des garçons.
Pr Allé Nar Diop : «Plus de la moitié de la population du Sénégal est féminine»
Malgré les avancées notées dans l’accélération de la scolarisation des femmes, qui ont contribué à atténuer les disparités au sein de l’accès à l’éducation au niveau élémentaire, l’atteinte des niveaux supérieurs demeurent toujours problématiques chez les filles. Le taux de transition du cycle moyen général au cycle secondaire général reste favorable aux garçons avec 61,9% contre 58,6% chez les filles, d’après le rapport national sur la situation de l’éducation de l’année 2019, informe M. Diop.
Mais pour mieux favoriser l’éducation des femmes, Pr Allé Diop plaide pour une certaine discrimination qui, selon lui, est déjà faite à travers les différentes politiques mises en œuvre, par l’emploi et les financements octroyés aux femmes.
Financés par l’Agence française de développement (Afd) et Onu-Femmes, ces travaux de l’Ansd avaient pour objectif d’une part, d’aider le Système statistique national à retraiter les données existantes relatives à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et d’autre part, à soutenir la collecte de données dans les domaines thématiques de l’entreprenariat féminin et de la position des femmes dans les activités économiques. En travaillant sur ces thématiques, l’Ansd voudrait aussi apporter sa contribution à une meilleure connaissance sur les disparités et inégalités existant dans ces secteurs. Et pour le Directeur général de l’Ansd, Allé Nar Diop, ces recherches serviront à l’information non seulement pour les politiques et programmes sur la lutte contre les discriminations et l’autonomisation de la femme, mais aussi pour le Pse qui prête une attention particulière à l’équité et l’égalité homme-femme à tous les niveaux.