«LES FEMMES DOIVENT PRENDRE CONSCIENCE, INVESTIR POUR ETRE DELEGUEES DE QUARTIERS, MAIRES…»
La femme a toujours occupé une place importante dans la société. Et nombreuses sont celles qui prônent la transparence, l’équité et réclament leurs droits. Dès lors, revaloriser la femme demeure un sacerdoce, selon Fatou Blondin Diop
La femme a toujours occupé une place importante dans la société. Et nombreuses sont celles qui prônent la transparence, l’équité et réclament leurs droits. Dès lors, revaloriser la femme demeure un sacerdoce.
Pour Fatou Blondin Diop, coordonnatrice de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Beug, en est convaincu. Invitée, avant-hier dimanche, de l’émission Jury du Dimanche de la RFM, elle rappelle que la femme détient des droits et des devoirs au sein de la société. «Je revendique la place des femmes dans la société, mais je ne la revendique pas de manière à supplanter car, tout d’abord, c’est l’équité que chacun doit voir, qu’il puisse l’avoir dans la société. Si vous ne l’aviez pas, levez-vous, battez-vous pour l’avoir, c’est juste ça. Et comme nous sommes dans une société assez patriarcale, toutes les lois, que ce soit traditionnelle, moderne, sont quand-même établis par des franges de la société où les femmes ont peu de place. Et donc les concessions, la part des femmes, c’est presqu’à leur insu qu’elles l’ont. Elles ne sont pas venues demander, dire voilà ce que nous voulons comme type de société, voilà la place que nous souhaitons ; il se trouve qu’à des moments on leur donne une bonne place. Et on le voit, par exemple, dans l’Islam. Mais après, quand on régente la société, il y a tellement d’interprétations qu’il y’a une fenêtre pour diminuer ces places. Quant à la société postcoloniale, c’est ceux qui étaient instruits qui dirigeaient le pays. Et, du coup, très peu de femmes étaient instruites. Et quand il a fallu faire des lois, il y avait très peu de place. Ce n’est que plus tard qu’elles ont été ministres. Et encore pour être DG (Directrice générale, ndlr) au sein d’une société nationale, il faut chercher. Elles n’ont pas revendiqué, elles ont été bien servies ou mal servies, sans prendre part à la place de ceux qui régentent la société», détaille-t-elle.
Avant de poursuivre : «aujourd’hui, si les femmes doivent se révolter, évidemment c’est différent, nous avons parcouru beaucoup de chemins, elles ont le droit de vote, même si c’est subi, au temps de Wade qui l’avait fait, il y a évidemment la parité, elles doivent se lever encore pour prendre conscience vraiment de leur place dans la société. Moi je le vois vraiment sur le terrain à Mbour, elles ont tendance à dire nous avons suivi mais nous n’avons pas eu de retour sur cet engagement ; nous sommes là. Et vous parlez toujours comme si vous attendez qu’on vienne vous servir. Il faut vous levez pour prendre votre part, parce qu’on va vous la donner. La société est prête pour la donner aux femmes, c’est en tout cas mon sentiment. J’ai très rarement eu des freins quand je vais chercher quelques choses, peut-être que ceux qui étaient en face de moi voyaient une femme, mais dans l’ambiance, on écoutait plus des arguments. Est-ce que c’est une femme ? Ou c’est un homme ?
Pour moi, je pense que les femmes doivent se lever pour prendre conscience, investir pour être déléguées de leurs quartiers, être des maires, être représentantes dans les différentes instances et avoir la voix, prendre la voix car la société est prête pour leur donner cette voix. Et donc, c’est plus un travail de prise de conscience, de passer de l’état où on doit venir me chercher, on doit me donner, on doit me subir à l’état où o, doit aller chercher (…)
Prendre conscience qu’elles doivent élever la voix pour se faire une place dans la société. Et pour moi, c’est là le combat, ce n’est pas forcément dans le combat au sens assez violent, mais plutôt au sens un peu intellectuel, un peu spirituel, pour pouvoir se débarrasser de certains freins et prendre part au jeu de société», exhorte la coordonnatrice.