LES FILLES A L’EPREUVE DES TOILETTES INADEQUATES
Sud Quotidien se propose de revenir sur la scolarisation des filles à l’école au Sénégal, en mettant l’accent sur les obstacles liées à leur maintien et percée dans le domaine de l’éducation
La Journée internationale des femmes, célébrée tous les ans le 8 mars, a pour thème cette année «Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement». Cette thématique propose de réfléchir aux moyens innovants permettant de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, notamment dans les domaines suivants: les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et la construction d’infrastructures durables. Bref, le 8 mars est une journée de manifestations à travers le monde, l’occasion de faire un bilan... pour un sursaut vers l’effectivité de l’équité et l’égalité homme femme. Certes ! Sud Quotidien se propose de revenir sur la scolarisation des filles à l’école au Sénégal, en mettant l’accent sur les obstacles liées à leur maintien et percée dans le domaine de l’éducation. Et, en plus des pesanteurs socioculturelles, l’environnement scolaire, notamment l’inadéquation des toilettes, constitue un des freins à cette réussite. Or, une bonne éduction et formation des filles permettra à la gente féminine d’intégrer toutes les instances de décision et de faire bouger les barrières de l’équité et l’égalité qu’elles ne cessent de revendiquer. Pour le grand bonheur de l’humanité.
LES TOILETTES DU CEM BLAISE DIAGNE DANS UN ETAT PITEUX : Des filles en appellent à l’aide de l’Etat et l’IA pour la réhabilitation
Les filles du CEM Blaise Diagne éprouvent d’énormes difficultés pour utiliser les toilettes de leur établissement, parce qu’elles sont dans un état de délabrement avancé et d’insalubrité indescriptible. Suffisant pour qu’elles demandent de l’aide à l’Etat et à l’Inspection d’académie de Dakar. Dans le cadre du 8 mars, nous y avons fait un tour.
Au CEM Blaise Diagne, les filles ont des problèmes à accéder aux toilettes de l’établissement à cause de l’état de délabrement avancé et l’insalubrité. Devant ce bloc sanitaire séparé en deux box, l’on peut lire sur le mur les mentions «Toilettes filles», d’un côté, et, de l’autre, à gauche, se trouvent les toilettes des garçons.
Ces toilettes sont impénétrables à cause de la saleté. On ne se croirait pas dans un établissement public de la capitale du Sénégal. A l’entrée, l’eau coulant des robinets qui ne se ferment plus se déverse sur les éviers. Et, à ce niveau, on sent l’odeur des urines qui empeste. Une fois sur le planché, c’est le comble; tout est mouillé. On a même pas où poser les pieds. On voit de l’urine partout, même des selles qui flottent devant les portes de ces toilettes.
Interrogé sur l’accès aux toilettes, MLD élève en classe de 3ème se confit: «je n’utilise pas ces toilettes car depuis que je suis là, il y a de cela quatre ans, ces toilettes sont toujours salles, elles sont bouchés. Si je veux me soulager, je vais chez ma sœur qui habite dans les parages ou je me retiens jusqu’à la maison. Des fois, quant on sort pour aller se soulager, on accuse du retard et d’autres professeurs ne tolèrent pas les retards. Je demande très sincèrement à l’Etat et à l’Inspection académique de Dakar de nous construire des toilettes, nous en avons vraiment besoins. Nous sommes exposées à toutes sortes de maladies».
A.S est venu dans ce CEM cet année, elle confie n’être «jamais rentré dans ces lieux, parce que je n’habite pas loin d’ici. Si je veux me soulager, je vais à la maison». Et AN élève en classe de 3ème, qui étudie dans cet établissement depuis la 6ème d’ajouter: «j’utilisé rarement ces toilettes. Si j’ai un besoin pressant, j’entre dans les toilettes mais sinon je vais chez moi à Niary Tally».
Une élève qui préfère garder l’anonymat embouche la même trompète. «Je n’utilise pas ces toilettes. Lorsque j’éprouve le besoin, je vais derrière le bâtiment. Je préfère que les gens me voix que d’entrer dans ces toilettes». NKN est aussi dans le même cas. «Je n’entre pas dans les toilettes. Si je veux me soulager, je vais chez une amie de classe qui habite de l’autre côté.»
LES AUTORITES SAISIES TARDENT A REAGIR
Le constat est que toutes ces filles sont conscientes du danger qu’elles en courent, mais elles sont impuissantes. Elles disent toutefois n’avoir jamais fait la remarque encore moins informer des responsables de l’établissement.
Interpelé sur le fait, le principal du CEM Blaise Diagne, M. Diallo dit explique. «Je suis là depuis octobre dernier. Mais le constat est que, en dehors des toilettes, il y a les bâtiments de l’école aussi qui ont vieilli. Notre budget ne peut pas prendre en charge la réhabilitation des toilettes. Mon prédécesseur a écrit au préfet de Dakar qui est venu visiter l’école, avec tous sont staff. Mais depuis lors, rien n’est fait», déclare-t-il.