LA FRANCE PRÊTE À ROMPRE SES ACCORDS AVEC L'ALGÉRIE
Le Premier ministre français a dénoncé le refus répété d'Alger de réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière, dont l'auteur présumé de l'attaque de Mulhouse. Un ultimatum de six semaines a été fixé au gouvernement algérien

(SenePlus) - Selon des informations rapportées par Le Monde, le gouvernement français a pris une position ferme concernant les relations franco-algériennes lors d'un comité interministériel tenu mercredi 26 février. Face aux difficultés rencontrées dans l'application des accords bilatéraux, notamment en matière d'immigration, le Premier ministre François Bayrou a annoncé une série de mesures diplomatiques et sécuritaires.
Au cœur de cette tension se trouve l'attaque survenue samedi à Mulhouse, dans le Haut-Rhin, pour laquelle un ressortissant algérien en situation irrégulière est accusé d'avoir tué une personne et d'en avoir blessé sept autres à l'arme blanche. Comme l'a souligné François Bayrou lors de sa conférence de presse : "Nous avons vécu à Mulhouse un drame de plus."
Le Premier ministre a particulièrement mis en avant un problème diplomatique majeur qui aurait contribué à cette tragédie : "Ce drame a été rendu possible parce que quatorze fois ce ressortissant a été présenté à la réadmission, et quatorze fois a été refusé," explique-t-il selon Le Monde.
Face à cette situation qualifiée d'"inacceptable" par le chef du gouvernement, la France a décidé de demander au gouvernement algérien "de réexaminer la totalité des accords entre les deux pays et la manière dont ils sont exécutés." "Nous leur donnerons un mois, six semaines," a précisé M. Bayrou.
Durant cette période d'évaluation, "une liste d'urgence sera présentée au gouvernement algérien de personnes qui doivent pouvoir retourner dans leur pays," a poursuivi le Premier ministre. Il a également averti que si des solutions n'étaient pas trouvées, le gouvernement considérerait que "les termes consentis seront remis en cause et, au bout du chemin, ce sont les accords qui seront remis en cause."
Malgré la fermeté de ces déclarations, François Bayrou a tenu à préciser qu'il n'avait pas la volonté d'entrer dans "l'escalade" avec l'Algérie.
Cette annonce intervient dans un contexte déjà tendu entre Paris et Alger. Le jour même du comité interministériel, le Conseil de la nation algérien – équivalent du Sénat – a annoncé "la suspension de ses relations" avec le Sénat français, rapporte Le Monde. Cette décision fait suite à la visite du président du Sénat, Gérard Larcher, au Sahara occidental, un territoire où l'Algérie soutient les indépendantistes du Polisario contre le Maroc.
Par ailleurs, la situation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre 2024, a également été évoquée lors de la conférence de presse. Le Premier ministre a exprimé "une grande inquiétude à propos de sa santé" et concernant "des pressions qui sont faites sur lui, et notamment [celles] qui mettent en cause ses avocats."
François Bayrou a ajouté que "prononcer le nom de Boualem Sansal dans cette conférence de presse" était "une manière de dire l'importance que la France accorde à sa personnalité et au respect qui devrait lui être dû."