LA NOUVELLE DOCTRINE DE TRUMP FRAPPE L'AFRIQUE DE PLEIN FOUET
Plusieurs pays africains se retrouvent piégés dans un arsenal de tarifs douaniers punitifs. Le Lesotho et Madagascar, avec des taux respectifs de 50% et 47%, figurent parmi les nations les plus lourdement taxées au monde

(SenePlus) - Donald Trump a instauré ce mercredi 2 avril 2025, un régime tarifaire fondamentalement nouveau, imposant un tarif de base de 10% sur toutes les marchandises importées aux États-Unis, quelle que soit leur provenance. Cette mesure de base est complétée par des "tarifs réciproques" plus élevés pour environ 60 pays que l'administration Trump considère comme traitant injustement les États-Unis.
Selon une clarification ultérieure de la Maison Blanche rapportée par le New York Times, les pourcentages présentés dans les tableaux incluent à la fois le tarif de base de 10% et le tarif réciproque additionnel. Par exemple, l'Union européenne fera face à un tarif total de 20%, composé du tarif de base de 10% plus un tarif réciproque de 10%. Pour la Chine, le tarif total de 34% comprend le tarif de base de 10% plus un tarif réciproque de 24%.
Ces tarifs réciproques, entrés en vigueur le 9 avril, sont calculés selon une formule spécifique : l'administration prend le taux tarifaire global qu'elle estime être appliqué par chaque pays (incluant les barrières non tarifaires comme la manipulation monétaire), puis applique la moitié de ce taux sur tous les produits importés de ce pays.
Seuls le Canada et le Mexique sont exemptés de ces nouvelles mesures pour le moment, bien qu'ils soient encore soumis à des tarifs antérieurs de 25%.
Le New York Times souligne que la majorité des nations visées par ces tarifs réciproques sont des économies pauvres et en développement. Le document de huit pages distribué aux journalistes par l'administration révèle que certaines des nations les plus pauvres du monde - comme le Soudan du Sud, le Burundi et la République centrafricaine - ainsi que des pays en pleine guerre, notamment le Soudan, figurent sur cette liste.
Dans ce nouveau contexte commercial, plusieurs pays africains se retrouvent particulièrement affectés:
Le Lesotho fait face à l'un des taux les plus élevés au monde avec un tarif réciproque de 50%, résultant de l'estimation par l'administration Trump que ce pays applique l'équivalent de 99% de tarifs et autres barrières commerciales contre les États-Unis.
Madagascar suit de près avec des tarifs américains de 47%, en réponse aux 93% de barrières estimées. Ces chiffres placent ces deux pays parmi les plus pénalisés globalement, aux côtés de Saint-Pierre-et-Miquelon (50%) et du Laos (48%).
D'autres pays africains font également face à des tarifs réciproques substantiels:
- Myanmar (Birmanie): 44% en réponse à des barrières estimées à 88%
- Sri Lanka: également 44% pour le même niveau de barrières
- Mauritanie: 40% contre des barrières évaluées à 80%
- Falkland Islands: 41% suite à une estimation de 82% de barrières
- Syrie: 41% en réponse à 81% de barrières estimées
- Iraq: 39% contre 78% de barrières
En revanche, de nombreux pays africains maintiennent des relations commerciales plus équilibrées avec les États-Unis et ne feront face qu'au tarif de base de 10%:
- Maroc, Guinée, Tanzanie, Sénégal, Gambie, Bénin, Égypte
- De nombreux petits États insulaires africains sont également dans cette catégorie
Comme le rapporte le New York Times, ces mesures tarifaires ont stupéfié de nombreux observateurs par leur ampleur. Bien que des tarifs élevés étaient attendus, le niveau annoncé dépasse les prévisions. Ces mesures vont probablement forcer certaines productions à revenir aux États-Unis, mais également augmenter les coûts pour les consommateurs et fabricants américains, tout en déclenchant des guerres commerciales sur de multiples fronts.
L'administration Trump a également présenté un plan permettant aux Américains de déduire les paiements d'intérêts sur les prêts automobiles de leurs impôts, mais uniquement si la voiture est fabriquée aux États-Unis. Cette mesure est présentée comme une compensation pour les prix plus élevés des automobiles résultant des tarifs, bien qu'il ne soit pas clair combien d'Américains pourront réellement bénéficier de cette déduction fiscale, de nombreux Américains à faible revenu ne payant déjà pas beaucoup d'impôts sur le revenu.
Cette nouvelle structure tarifaire risque d'exacerber les difficultés économiques de certains pays africains déjà fragiles. Les experts en commerce international soulignent que ces mesures pourraient entraver les efforts de diversification économique du continent et compromettre les tentatives d'amélioration des infrastructures commerciales.
Selon certains analystes, la méthode de calcul des "autres formes de tricherie" par l'administration Trump, notamment la manipulation monétaire et les autres barrières commerciales, est particulièrement problématique pour les économies africaines. Ces pays disposent souvent de moins de ressources pour contester ces évaluations dans les forums internationaux comme l'Organisation mondiale du commerce.
Les pays comme le Lesotho, dont l'économie dépend fortement des exportations textiles vers les États-Unis, pourraient être particulièrement vulnérables à ces nouvelles mesures. Madagascar, avec son secteur émergent d'exportation de vanille et d'autres produits agricoles, pourrait également voir ses perspectives de croissance considérablement réduites.
Il est particulièrement préoccupant, comme le souligne le New York Times, que des pays parmi les plus pauvres du monde ou en proie à des conflits armés figurent sur cette liste, ce qui pourrait aggraver des situations humanitaires déjà précaires.