L'OEIL DU TEMOIN DE CE JEUDI

KEEMTAAN GI - C’est du joli, messieurs !
S’il y a un énergumène qu’il fallait arrêter hier pour trouble à l’ordre public et mettre hors d’état de nuire, c’est bien le préfet de Dakar. L’homme par qui tout est arrivé. Il est de cette race de fonctionnaires obtus, zélés, carriéristes et « gueum service ». L’acte qu’il a posé hier et consistant à interdire à un citoyen convoqué par la justice d’emprunter le chemin qu’il veut pour s’y rendre, est d’une grande stupidité en plus d’être suspect. L’homme était en mission commandée pour une opération bien déterminée. Faire tout pour détourner Sonko de son chemin initial. Dans les desseins des gens du pouvoir, il n’était point question de faire entendre le présumé violeur par le juge dans un dossier vide, mais lui coller un autre motif. Et ils ont réussi. L’on peut bien se demander de quelles prérogatives se prévaut un préfet pour prendre l’acte d’arrêter Sonko pour trouble à l’ordre public. Mais bon, n’accablons pas le pauvre préfet. En réalité, cette arrestation de la figure de proue de l’opposition a été commanditée en haut-lieu et préméditée. Il faut chercher les concepteurs de ce plan « mackyavélique » au niveau du président de la République luimême et de son ministre de l’Intérieur par substitution — le premier flic du pays étant Macky Sall lui-même — Antoine Félix Diome. Le pouvoir s’était bien préparé pour détourner Sonko de son chemin. Rien ne s’opposait à ce qu’on le laisse emprunter l’avenue Blaise Diagne. Mais voilà, on a voulu coûte que coûte le faire passer par la Corniche où l’attendaient les « tontons Macoutes » de Macky pour lui réserver certainement un accueil bien particulier et musclé… Ces images de jeunes, pillant des magasins appartenant à la France, résument également la pauvreté qui sévit dans ce pays. Il est temps pour le pouvoir de se ressaisir. Ces jeunes n’ont rien à perdre et ils l’ont montré hier face à des forces de l’ordre débordées et renforcées par des…nervis. Ce pays va mal !
KACCOOR BI
ARRESTATION DE OUSMANE SONKO LA PREMIERE NUIT DES BARRICADES !
Résistance citoyenne ou révolte populaire ? Toujours est-il qu’hier, jusque tard dans la soirée, Dakar a connu sa première nuit des barricades. Comme à Paris en 1968, les premières pavés ont volé sur le boulevard du Centenaire à Dakar vers lequel des milliers de manifestants avaient convergé, à côté des locaux de la tristement célèbre désormais Section de Recherches de Colobane. Ce, pour réclamer la libération de l’opposant Ousmane Sonko arrêté et placé en garde à vue pour troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée. De Grand-Dakar à Niary-Tally en passant par le Point E, l’Université Cheikh Anta Diop, la Médina, Grand-Yoff, les Parcelles Assainies, Thiaroye etc., les manifestants sont descendus dans les rues pour déverser leur colère. Des véhicules ont été incendiés, des vitrines cassées, des magasins vandalisés et des stations de service saccagées. Plusieurs personnes ont été arrêtées et blessées. Sans oublier d’honnêtes citoyens dépouillés de leurs biens et objets de valeur. Les quartiers de banlieue dakaroise n’ont pas été en reste ! De Pikine à Diamaguène en passant par Guédiawaye, Thiaroye, Mbao, Rufisque et autres, partout on a assisté à une incroyable flambée de violences urbaines. Jusqu’après minuit, des barricades fumaient encore tandis que des grenades tonnaient. Des manifestations nocturnes qui ont pris une dimension insurrectionnelle au point de pousser le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, à réquisitionner les unités d’élite de l’Armée aux cotés des policiers et gendarmes débordés et dépassés. Un renfort qui n’a pas servi grandchose…
ADJI SARR, LA MOHAMED BOUAZIZI SENEGALAISE ?
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un jeune marchand de fruits tunisien, s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid, en Tunisie, marquant le début de la révolution tunisienne qui allait emporter quelques jours plus tard le dictateur Ben Ali. C’était début 2011. Un dictateur qui disposait d’une police plus féroce et d’un Etat plus solide que les nôtres. Malgré tout, il avait fallu de peu pour que son pouvoir s’écroulât comme un château de cartes. De la même façon que le geste désespéré de Bouazizi avait déclenché la révolution du jasmin en Tunisie, pourra-t-on dire que les accusations de viols portées par une jeune affabulatrice contre un leader de l’opposition, auront fait chanceler le régime du président Macky Sall ? Attention la Dic, attention la Section de Recherches, attention Monsieur le procureur Bassirou Guèye, nous n’avons rien dit dé !
ANNULATION DE LA LEVÉE DE L’IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE DE SONKO
Le ConseiL ConstitutionneL saisi par des députés L’opposition parlementaire a saisi, mercredi, le Conseil constitutionnel pour voir déclarer inconstitutionnelle la procédure de levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko. D’ailleurs, la lettre déposée par son «avocate», Aïssatou Mbodj, dite Aida, a été reçue par le bureau du greffe de la haute juridiction. « Le greffier en chef du Conseil constitutionnel, par la présente, donne récépissé à Madame Aïssatou Mbodj, députée à l’Assemblée nationale du Sénégal, agissant à son nom propre et au nom et pour le compte de 18 autres députés, dont la liste est jointe au dossier, du dépôt ce jour, 3 mars 2021, à 9h 5 minutes, au greffe du Conseil constitutionnel, d’un recours en annulation dirigé contre certaines dispositions de forme législative contenues dans le projet de la résolution proposé par la Commission des Lois, de la décentralisation, du Travail et des Droits humains, le 15 février 2021 et adopté par l’Assemblée nationale de la République du Sénégal, le 26 février 2021, mais aussi portant sur la recevabilité de la résolution portant la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko, voté par les députés de la majorité présidentielle l’occasion du vote de la séance plénière du 26 février 2021 », lit-on dans une note du greffier en chef, Me Ousmane Ba. S.G. A notre avis, ces députés de Sonko ont vraiment du temps à perdre car la réponse du Conseil constitutionnel est déjà connue : elle va se déclarer incompétente comme à son habitude !
FACE A LA SITUATION INSURRECTIONNELLE LE GOUVERNEUR DE DAKAR REQUISITIONNE L’ARMEE
Jusqu’au moment où nous bouclions cette édition, Dakar et sa banlieue continue d’être sous le diktat des manifestants infiltrés par des malfrats à certains endroits de la capitale. Plusieurs foyers de tensions étaient notés à travers la capitale et la banlieue. Cette situation insurrectionnelle dépassant les forces de sécurité (Police et gendarmerie) a poussé le gouverneur de Dakar — en réalité le président Macky Sall — à réquisitionner l’Armée. « Au nom du peuple sénégalais, Conformément à la loi, Nous, Al Hassan Sall, Gouverneur de la Région de Dakar, Requérons le Colonel El Hadji Malick Diagne, Commandant la Zone militaire Numéro 1, de prêter le concours des troupes nécessaires pour le maintien et le rétablissement de l’ordre sur toute l’étendue du territoire de la région de Dakar, particulièrement dans la ville de Dakar le 03 mars 2021. L’emploi de la force pour l’exécution de la présente réquisition ne comporte pas l’usage des armes » écrit le Gouverneur de Dakar.
ANTOINE DIOME RÉAGIT À L’ARRESTATION DE SONKO «FORCE RESTERA À LA LOI !»
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Antoine Félix Diome, réagit sur l’affaire Ousmane Sonko. Le leader du parti Pastef / Les Patriotes a été arrêté, ce mercredi 3 mars, par les éléments du GIGN, pour trouble à l’ordre public et participation à une manifestation interdite. «Nous sommes dans une période où, par décret présidentiel, il est interdit de procéder à des rassemblements. En exécution de ces décrets, moi-même (tu parles, Antoine !), j’ai pris des arrêtés sur la base desquels il est interdit de procéder à des processions, d’organiser des rassemblements ou des attroupements. Bien naturellement, vous avez suivi toute cette affaire qui concerne la justice et qui a fait l’objet d’une instruction en cours», a-t-il expliqué au téléphone, joint par la RTS. Poursuivant, il a rappelé «que tout citoyen, qu’il s’agisse d’un Sénégalais, ou (d’un hôte) vivant parmi nous, se doit de respecter les lois et règlements de notre pays. En application de tout ce qui se rapportera à la règlementation, relative à cet État de catastrophe sanitaire, devra faire l’application stricte et rigoureuse des textes de lois.» Concernant le maintien de l’ordre public, il s’est voulu clair, indiquant que «force restera à la loi, et que toutes les dispositions seront prises par la République du Sénégal, pour qu’il n’y ait pas de débordement, dans le cadre des méthodes classiques et techniques de rétablissement de l’ordre».
LE DEPUTE DETHIE FALL APPELLE À UNE MOBILISATION CONTRE LE REGIME DE MACKY
« Je condamne avec la dernière énergie cette arrestation de l’honorable député Ousmane Sonko qui, malgré les violations du règlement intérieur de l’Assemblée nationale constatées lors de la levée de son immunité parlementaire, a accepté de répondre au juge » telle est la position du député Déthié Fall. Ce dernier ajoute qu’ « aussi, on ne peut priver un citoyen sénégalais de la liberté de choix de son itinéraire pour se rendre là où il veut sur les 196000km2 de superficie que compte le pays. Ce délit qui vient encore de lui être collé « Le trouble à l’ordre public » ne saurait se justifier et constitue une menace grave sur les libertés fondamentales des citoyens que nous sommes. Nous lui (Ndlr, Sonko) apportons encore une fois notre soutien et demandons à toutes les forces de la Nation de se mobiliser contre les dérives de ce régime ».
DES NERVIS ONT ETE BEL ET BIEN RECRUTES PAR LE CAMP DU POUVOIR
Quand le pouvoir se défend d’avoir recruté des nervis, il fait dans le mensonge et ment effrontément. Hier, partout dans les rues, à moins que l’on soit aveugle, ces éléments payés à 15 mille la journée pour faire la sale besogne étaient visibles dans les quartiers, reconnaissables par leur masse musculaire. De gros bras recrutés pour casser du manifestant. Dans une vidéo, on voit ces « tontons Macoutes » s’en prendre à des élèves. Des pickups ont été mis à leur disposition avec l’objectif de venir en renfort aux policiers débordés. Des prémices d’une guerre civile ? Seul Dieu sait où tout cela mènera. En attendant qu’il y ait peut-être mort d’homme dans les rangs de ces malabars.
JEAN -LUC MELENCHON DEPLORE L’ARRESTATION D’OUSMANE SONKO
« L’arrestation pour trouble à l’ordre public de la figure de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko est préoccupante. Je souhaite qu’à Dakar et à Paris les peuples décident de leur avenir dans les urnes et non dans les tribunaux », a tweeté Jean – Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise.
ENFIN UNE VOIX RELIGIEUSE S’EXPRIME !
Hier sur la chaine Walf Tv, le fils du regretté et vénéré sage de Tivaouane, Serigne Habib Sy Ibn Abdoul Aziz Sy Dabakh, a dit à haute et intelligible voix ce que l’on attend, depuis le début de cette affaire, des religieux. Sans faux-fuyant, il a appelé à la raison le Chef de l’Etat.
LA PROPRIETAIRE DU SALON SWEET BEAUTE PLACEE SOUS CONTRÔLE JUDICIAIRE
La propriétaire du salon de massage Sweet Beauté Spa Ndèye Khady Ndiaye a finalement été placée sous contrôle judiciaire. Elle a été auditionnée par le juge du 8e Cabinet, Mamadou Seck. Elle est poursuivie pour incitation à la débauche, complicité de viol et diffusion d’images contraires aux bonnes moeurs, dans l’affaire opposant la masseuse Adji Sarr au député Ousmane Sonko. Le procureur avait requis le mandat de dépôt contre Ndèye Khady Ndiaye. Le juge a été clément en raison de l’état de santé précaire du nourrisson de la dame, né prématuré le 31 décembre 2020. La propriétaire du salon s’est présentée à son audition accompagnée de son bébé et de son mari. Ndèye Khady Ndiaye est donc libre mais reste à la disposition de la justice. Et doit se présenter à nouveau mercredi prochain, 10 mars, au cabinet du juge. Ousmane Sonko qui devait être entendu, ce mercredi, en même temps que la propriétaire du Salon a été arrêté et conduit à la Section de recherches pour troubles à l’ordre public, violence et voie de faits.