LA GENDARMERIE POURRAIT VOLER AU SECOURS DES SAPEURS POMPIERS
BNSP : MANQUE CRIARD D’OFFICIERS DANS LES RANGS
Cinq sous-officiers du feu pressentis à l’école des officiers de Ouakam…
La Brigade nationale des Sapeurs pompiers (BNSP) souffre d’un manque criard de cadres ou d’officiers. En effet, l’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA), qui est l’une des rares écoles à former des cadres pour nos forces armées, peine à satisfaire la demande. Et les rares jeunes officiers qu’elle forme préfèrent servir dans d’autres corps plutôt que d’être affectés chez les soldats du feu. Conséquence de cette situation : le BNSP est à court d’officiers. Et c’est en désespoir de cause que l’Ecole des officiers de la Gendarmerie aurait accepté le principe de voler au secours de la Brigade Nationale des Sapeurs Pompiers pour la formation de cinq sous-officiers du feu. Lesquels vont sortir comme officiers avant de rejoindre le commandement de leur corps d’origine. Qu’est-ce qui explique ce manque criard d’officiers chez les braves sapeurs-pompiers ? « Le Témoin » a enquêté…
Jadis, les sapeurs-pompiers étaient un corps très attractif. Un corps paramilitaire dont les braves soldats du feu forçaient l'estime et l'admiration chez les jeunes volontaires. Une admiration qui nous renvoie aux grandes « Nuits du Feu » ou soirées de gala de fin d’année qu’organisaient les sapeurs-pompiers avec les mythiques orchestres comme le Number One, le Super Etoile de Dakar, le Super Diamono etc. Inutile de vous dire que ces « Nuits du Feu » faisaient courir le tout Dakar des fêtards et se jouaient même à guichets fermés. Tout cela pour vous dire que le prestigieux corps des sapeurs-pompiers faisait rêver notamment à travers ses braves soldats entraînés à sauver ou périr.
Aujourd’hui, le corps semble « marginalisé » au point qu’il ne fait plus courir les jeunes officiers de carrière. D’où le manque de cadres c’est-à-dire de lieutenants, de capitaines et autres commandants dans les rangs des soldats du feu. La situation devrait s’aggraver d’ici à la fin de l’année 2014 lorsque la plupart des officiers supérieurs (colonels) de la génération du colonel Adrien Diène devront faire valoir leurs droits à une pension de retraite. Pour expliquer ce déficit de personnel cadre, certains observateurs accusent l’Ecole nationale des Officiers d’Active de Thiès (ENOA) de ne pas vouloir aider le corps des sapeurs pompiers dans sa politique de formation de ressources humaines de qualité. En effet, jusqu’à une époque récente, l’ENOA n’envoyait aux sapeurs-pompiers que deux officiers par promotion.
Tout le reste était ventilé vers d’autres unités de l’Armée ou de la Gendarmerie nationale. Du moins avant la création d’une école d’officiers de la maréchaussée à Ouakam (voir encadré). Il est vrai que les sapeurs pompiers ont beaucoup souffert de ce système de « ventilation », surtout que les premiers de chaque promotion de l’ENOA choisissent généralement les grands corps comme l’Armée de l’air, le Génie militaire, la Marine et autres pour s’y spécialiser. Et les rares jeunes officiers orientés aux sapeurs-pompiers y allaient la mort dans l’âme et parce qu’ils n’avaient pas le choix !
Certains experts expliquent également ce manque d’officiers par le fait que la majorité des jeunes pompiers ambitieux quittent les rangs après avoir réussi aux concours d’entrée aux différentes écoles d’officiers. Après leur formation, au lieu de retourner à la « maison-mère », ils préfèrent migrer vers d’autres corps de l’Armée. Une fuite de cerveaux, voire une « désertion », qui n’épargne pas non plus les rangs d’autant plus que, chaque année, des soldats du feu passent les concours en masse pour aller à la police, à la douane ou à la gendarmerie. A preuve, rien qu’entre 2010 et 2013, plus de 100 soldats du feu sont devenus policiers, gendarmes ou douaniers.
Pour combler le vide des officiers dont souffre la Brigade nationale des Sapeurs pompiers, le commandement avait mûri l’idée de « transformer », par voie de formation, certains de ses plus brillants sous-officiers en officiers. Hélas, les portes de toutes les écoles d’officiers susceptibles de les accueillir étaient restées obstinément fermées. Au niveau de l’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès, on avait fait comprendre à la hiérarchie des sapeurs pompiers que l’admission ne peut se faire que par voie de concours. À l’Ecole royale des officiers du Maroc, c’est le même principe ! Car les autorités militaires marocaines auraient bien voulu admettre les sous-officiers des sapeurs-pompiers sénégalais dans leur école, mais rien ne peut se faire sans passer un concours d’entrée.
Pour résoudre cette équation officiers, la prestigieuse école nationale de la gendarmerie de Ouakam aurait accepté de voler au secours des sapeurs-pompiers. A condition qu’ils passent à la caisse ! Autrement dit, par le biais d’une formation payante ! N’ayant pas le choix, on nous apprend que le commandement des sapeurs-pompiers a procédé à une sélection rigoureuse dans les rangs des sous-officiers. Parmi les sept présélectionnés, cinq ont été retenus par l’Ecole nationale des Officiers de la Gendarmerie pour subir une formation à l’issue de laquelle ils sortiront comme officiers. D’habitude, ce sont les pompiers qui volaient au secours des populations en détresse mais, pour ce coup-ci, ce sont les pandores qui viennent à la rescousse des soldats du feu. L’histoire ne dit pas si ces derniers ont composé le 18 pour les appeler…
OUAKAM : ECOLE DES OFFICIERS DE LA GENDARMERIE NATIONALE (EOGN)
Un creuset d’excellence pour l’encadrement des Armées
Depuis 1960, année de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, la gendarmerie nationale dépendait de l’académie militaire de Saint-Cyr en France, de l’Ecole Royale de Mekhnès au Maroc etc. pour satisfaire ses besoins en officiers. Par la suite, l’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès a pris le relais pour quelques années. Puis, face à la forte croissance des effectifs de l’Armée sénégalaise, en général, et de la gendarmerie nationale en particulier, le haut commandement de ce dernier corps a jugé nécessaire de créer sa propre école pour former ses officiers. Une école de référence devenue un creuset d’excellence qui accueille des élèves-officiers en provenance non seulement du Sénégal mais aussi de toute la sous-région. Le Témoin vous présente cette école.
Créée en 1981, l’Ecole nationale des Officiers d’Active de Thiès (ENOA) a pour missions de former, pendant deux ans, les officiers destinés à l’encadrement des forces armées nationales à savoir l’Armée, la Gendarmerie et le Groupement des Sapeurs pompiers. Un moule sénégalais qui « approvisionnait » en officiers les différents corps de l’Armée puisque les rares officiers envoyés et formés à l’étranger jusque-là ne parvenaient pas à satisfaire la forte la demande. Et surtout au niveau de la Gendarmerie nationale où la demande en officiers dépassait largement l’offre de l’ENOA de Thiès. Ne voulant plus dépendre de l’Armée pour la formation de ses cadres, le haut commandement de la gendarmerie nationale a donc jugé nécessaire de créer sa propre école d’officiers.
Ce non seulement pour combler le déficit dont souffrent les pandores dans ce domaine, mais aussi pour satisfaire la demande des armées des pays voisins dans le cadre d’une coopération militaire sous-régionale. C’est dans ces conditions qu’est née l’Ecole des officiers de la Gendarmerie Nationale de Ouakam. Il s’agit d’un creuset d’excellence qui venait à son heure et qui fonctionne en parfaite complémentarité avec l’ENOA du fait que toutes ces deux grandes écoles visent à renforcer le personnel cadre des Armées. Et de l’adapter aux réalités de l’Afrique et aux besoins des armées africaines comme celle du Sénégal dont la croissance nécessite un plus grand encadrement.
À l’image des grandes écoles de gendarmerie à travers le monde, l’EOGN de Ouakam moule des officiers en leur dispensant un enseignement militaire et une formation professionnelle ponctuée par de nombreux stages en unité. Et pendant les deux ans que dure la formation, les futurs officiers de la maréchaussée sont préparés à exercer directement leur premier commandement en matière de sécurité routière, de maintien de l'ordre, de défense, de police judiciaire et de sécurité publique d’une manière générale. Outre le domaine professionnel (gendarmerie), les élèves-officiers de l’Egon reçoivent également la même formation militaire que leurs camarades issus d’autres écoles militaires. Un tronc commun ! D’où leur statut d’officiers complets appelés à combattre ou à commander aux cotés des Armées en temps de guerre.
En moins de dix ans d’existence, l’Ecole des officiers de Ouakam a réussi son challenge et amélioré considérablement l’encadrement de la Gendarmerie en mettant à sa disposition une cinquantaine d’officiers bien formés. Elle a aussi formé des dizaines d’officiers en provenance d’autres pays africains. Ce qui fait d’elle une véritable école africaine, et non plus seulement sénégalaise, de gendarmerie. La qualité de la formation et la discipline inculquée au sein de cette école font de ces jeunes gendarmes de brillants officiers prêts à l'exercice de leurs fonctions de commandement.
Comme quoi, le commandement des sapeurs-pompiers ne s’est pas trompé d’école en choisissant de former ses cadres à l’EOGN de Ouakam puisque cette école n’a rien à envier aux autres académies militaires du continent.
L’OFFICIER DES SAPEURS-POMPIERS
L’officier de la Brigade nationale des Sapeurs Pompiers est un cadre ayant reçu une formation militaire comme les autres officiers des forces armées nationales. A la différence qu’après avoir reçu sa formation militaire d’officier, il reçoit une autre formation de spécialisation pour devenir un officier de sapeur-pompier professionnel.
Après quoi, en tant qu’officier de carrière, il gravit tous les échelons comme dans les autres corps militaires : sous-lieutenant, lieutenant, capitaine, commandant, lieutenant-colonel et colonel. Et pourquoi pas, un jour, les étoiles de « général » du fait que le groupement national des sapeurs-pompiers a été érigé en brigade ? Autrement dit, dans les années à venir, il n’est pas exclu de voir un officier sapeur promu général pour commander l’institution au titre de la promotion interne.
L’officier des sapeurs-pompiers a pour mission de coordonner les personnels et les moyens engagés dans toutes les zones d’incendie et de secours. Donc, dans toutes les grandes opérations de secours (incendies, noyades, inondations, effondrement d’immeubles etc.), l’officier exerce sa fonction de commandement sur les soldats du feu placés sous ses ordres.
En cas de catastrophe, il est également le maître ou l’expert des lieux du sinistre ! Il supervise, coordonne et dirige les opérations de secours, de prévention, d’évacuation et d'assistance pour ensuite rendre compte à l’autorité.