«CHEIKH ANTA DIOP NE REPOSERA JAMAIS EN PAIX SANS LA CREATION DE L’INSTITUT D’EGYPTOLOGIE !»
Invité de l’émission matinale d’Iradio, Aboubacry Moussa Lam, professeur et égyptologue de classe exceptionnelle à l’UCAD et disciple de Cheikh Anta Diop, ne fait pas dans la langue de bois pour asséner ses vérités à qui veut l’entendre

35 ans après la mort de l’éminent savant africain, Cheikh Anta Diop, la conscience historique qui est la seule arme pour se départir du rouleau compresseur de l’occident tarde à prendre forme. Invité de l’émission matinale d’Iradio ce lundi 08 février, Aboubacry Moussa Lam, professeur et égyptologue de classe exceptionnelle au département d’histoire à l’UCAD et disciple de Cheikh Anta Diop, ne fait pas dans la langue de bois pour asséner ses vérités à qui veut l’entendre. A l’en croire, « sans l’Institut d’Egyptologie pour pérenniser la pensée de cheikh, ce dernier ne se reposera pas dans sa tombe. Ce qui fait que Cheikh Anta Diop est mort de désespoir ».
« Le Blanc te tue spirituellement, culturellement puis physiquement. Ils ont créé un vide autour de lui. Le dernier jour de sa mort, il n’y avait que ses proches. Du point de vue politique, Cheikh Anta Diop avait le malheur d’avoir le président Senghor comme adversaire. En effet, le président Senghor avait le soutien de la métropole. Par contre, Cheikh Anta Diop était aux antipodes du système mis en place par la puissance coloniale ». Ces propos sont du professeur Aboubacry Moussa Lam.
A en croire l’éminent historien, disciple de Cheikh Anta Diop, le projet de musellement du savant était manifeste. Car la pensée de Cheikh Anta était perçue à l’époque comme une menace pour l’Occident. De ce fait, dès son retour au pays pour participer à la formation des jeunes cadres, le système d’alors sous la direction du président Senghor, avec la complicité de l’hexagone, avait isolé le savant Cheikh Anta Diop à l’IFAN. « Ils étaient convaincus que l’enseignement de Cheikh allait influencer la jeunesse estudiantine d’alors. Et cela continue jusqu’à présent. Mais il faut reconnaitre que l’ancien président Abdou Diouf avait beaucoup fait pour que le savant puisse enseigner à l’université » reconnaît le disciple du « Pharaon du Savoir ». Ce n’est qu’en 1981, en effet, que Cheikh Anta Diop a commencé à enseigner à l’université qui porte aujourd’hui son nom, dix ans après la sénégalisation en 1971 de cette dernière.
Parlant des détracteurs de Cheikh Anta Diop, son disciple estime qu’il est difficile de critiquer le savant. Car, les faits lui ont donné raison. Sur l’Afrique berceau de l’humanité mais également sur la civilisation égyptienne qui est négro-africaine.
L’absence de nationalisme, le mal dont souffre le continent
Le professeur Aboubacry Moussa Lam ne fait pas dans la langue de bois. « A la différence des Asiatiques qui se réclament du nationalisme avant toutes ces idéologies que sont le capitalisme, le socialisme ou le libéralisme, les Africaons, eux, manquent de nationalisme. Par contre l’Afrique est le laboratoire de toutes ces idéologies étrangères » s’étrangle de colère l’historien. Selon lui, dans le livre de Cheikh Anta Diop intitulé « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire », le savant avait donné les solutions économiques afin de sauver le continent des prédateurs qui le dépècent. Le professeur Aboubacry Moussa Lam est allé plus loin dans sa logique.
A l’en croire uta, l’une des preuves manifestes du manque de volonté politique de l’Etat du Sénégal se trouve dans la non construction de l’institut d’égyptologie de Dakar afin de pérenniser la pensée de Cheikh Anta Diop. La non-existence d’un tel institut fait qu’il n’y a que des maitres assistants dans cette spécialisation. De ce fait, l’enseignement de l’égyptologie est menacé à Dakar selon le doyen Aboubacry Moussa Lam. Et de crie avec force que « rien ne vaut la conscience historique, de ce fait sans l’institut d’égyptologie le savant Cheikh Anta Diop ne se reposera pas dans sa tombe. Il est mort dans un profond désespoir » se désole le disciple de l’éminent savant africain Cheikh Anta Diop qui fut de son vivant un « Pharaon du Savoir »…