LES FEMMES ET LE FONCIER, UNE INJUSTICE QUI PERSISTE
Les femmes détiennent moins de 13% des terres au Sénégal alors qu’elle constitue 70% de la population agricole. C’est le constat alarmant qui est ressorti de l’étude de l’IPAR qui ajoute que ce taux tourne autour de 1% s’il s’agit du delta
Manifestement, le Sénégal a toujours un défi à relever en matière d’accès et de contrôle par les femmes des ressources foncières. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Initiative Prospective Agricole rurale (IPAr) présentée hier au siège du HCCT, en présence de la présidente de ladite institution Aminata Mbengue Ndiaye.
Les femmes détiennent moins de 13% des terres au Sénégal alors qu’elle constitue 70% de la population agricole. C’est le constat alarmant qui est ressorti de l’étude de l’IPAR qui ajoute que ce taux tourne autour de 1% s’il s’agit du delta. Montrant ainsi que la gouvernance foncière au Sénégal reste marquée par la complexité des normes et leur sensibilité liée au statut de la terre dans nos différentes sociétés, la coordonnatrice du projet Dr Oumou Khairy Coulibaly ajoute aussi qu’il y a seulement 2% des femmes qui détiennent des titres individuels et ce, d’après elle, malgré les avancées remarquables notées sur l’amélioration des cadres juridiques et institutionnels avec l’introduction des règles d’accès à la terre par la loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national qui a été une étape importante vers la promotion des droits de la femmes.
Ainsi, d’après Dr Coulibaly, le Sénégal ne peut pas atteindre les objectifs de Développement Durable sans l’accès des femmes à la Terre. Mettant toutefois en exergue quelques bonnes pratiques dans ce domaine, elle a rappelé le renforcement de capacités des femmes sur le plan foncier au niveau des collectivités territoriales.
Abondant dans le même sens que sa collègue, le directeur exécutif d’IPAR trouve qu’il faut rechercher le problème ailleurs. Devant les membres du HCCT, Cheikh Omar Ba pense en effet que la difficulté pour les femmes d’accéder à la terre n’est pas un problème juridique mais plutôt socioculturel. Et pourtant, fait savoir l’expert, chaque femme qui accède à la terre aide sa famille dans la résilience.
AMINATA MBENGUE NDIAYE : «SUR LE PLAN FONCIER, LES FEMMES ONT ETE TOUJOURS LESEES»
De son avis, accompagner une femme à accéder à la terre, c’est accompagner la société. Faisant la même plaidoirie que les experts de l’IPAR, la présidente de HCCT Aminata Mbengue Ndiaye pense que les femmes doivent prendre leur place par rapport à l’accès à la terre. ‘’Elles doivent accéder à la terre‘’, soutient-elle avec véhémence. Et la socialiste d’ajouter sans ambages : ‘’Sur le plan foncier, les femmes ont toujours été lésées.‘’ Rappelons que ce principe d’égalité de ‘’droit d’accéder à la possession et à la propriété de la terre‘’ entre l’homme et la femme est consacré formellement par la constitution, érigeant ainsi cet acquis en règle fondamentale. Toutefois, les membres de l’IPAR soulignent que ce projet de recherche-action, ‘’Promotion d’une gouvernance foncière et inclusive par l’amélioration des droits fonciers des femmes au Sénégal‘’, s’inscrit dans le contexte sénégalais où les femmes sont confrontées à une insécurité persistante.
RECOMMANDATIONS
Par ailleurs, l’étude recommande le renforcement des connaissances et du pouvoir économique des femmes et instaure une gouvernance foncière incluse. Les experts de l’IPAR prônent aussi le renforcement de la diffusion des lois et règlements fonciers auprès des femmes, des leaders coutumiers et des autorités locales ainsi qu’un plaidoyer pour sensibiliser sur la résistance des coutumes préjudiciables aux femmes. L’appui et l’accompagnement des femmes dans le processus d’obtention de titre d’occupation sont fortement encouragés par l’étude.