LE SENEGAL COMPTE 150 CARDIOLOGUES
Le Sénégal a le plus grand ratio de cardiologue en Afrique de l’Ouest. Même s’ils sont répartis dans toutes les régions, sauf Kaffrine, Professeur Abdoul Kane trouve ce nombre insuffisant.
Le Sénégal a le plus grand ratio de cardiologue en Afrique de l’Ouest. Même s’ils sont répartis dans toutes les régions, sauf Kaffrine, Professeur Abdoul Kane trouve ce nombre insuffisant. Il présidait hier le congrès international de la société sénégalaise de cardiologie.
Si dans beaucoup de spécialités, la réparation dans le pays est inéquitable, ce n’est pas tout à fait le cas pour la cardiologie. La plupart des régions disposent de cardiologue, sauf Kaffrine. ‘’Mais la bonne nouvelle c’est, m’a-t-on dit, que ces médecins sont mutés. Donc, on peut considérer en principe que, dans un mois c’est-à-dire au 1er janvier, toutes les régions seront couvertes. D’ailleurs, l’un de nos besoins, c’était de suppléer l’absence d’un médecin qui était parti en formation dans une des régions du Sénégal. Mais, tous ces médecins seront remplacés et, en principe, on devrait considérer que toutes les régions du Sénégal disposent au moins d’un cardiologue’’, soutient Professeur Abdoul Kane, Président de la Sosecar.
Toutefois, précise-t-il, un ou de deux cardiologues dans une région ne suffisent pas. ‘’Ce que nous essayons de faire justement, c’est d’accroitre la formation des cardiologues. Ce qui est en train d’être fait au niveau du DES de cardiologie. Le Sénégal dispose de 150 cardiologues. Je peux dire que c’est le plus grand ratio de la région ouest africaine et du centre. Mais, cela est clair que ce n’est pas suffisant, puisque, nous avons formé plus de 300 cardiologues, depuis notre existence’’, dit-il.
Avant d’ajouter que Dakar, c’est aussi une école de formation pour toute l’Afrique et au-delà. Donc, ils sont 150 et beaucoup sont à Dakar. ‘’Mais, on va considérer 20 à 30% exercent dans les régions, clairement, il va falloir corriger tout cela et renforcer’’. Pour Pr Kane, leur priorité, c’est également de permettre à ces cardiologues d’être mieux équipés. Il y a, renseigne-t-il, un plaidoyer envers l’Etat du Sénégal. Mais, fait-il savoir, c’est parce qu’aussi, il ne faut pas penser que les maladies cardiaques ne seront prises en charge que par les cardiologues. ‘’Aujourd’hui, la Sosecar organise des caravanes dans toutes les régions du Sénégal pour renforcer les capacités des médecins généralistes, pour qu’ils participent à cela. On renforce aussi nos infirmiers. Nous avons démarré cette année pour nos infirmières spécialisées, afin d’avoir un corps d’infirmiers qui vont pouvoir dans nos hôpitaux participer dans la prise en charge de plus en plus complexe, mais également, en périphérie et dans les régions’’, explique le cardiologue.
‘’La cardiologie connectée’’
‘’La cardiologie connectée’’, c’est le thème du congrès organisé par la Sosecar. Pour Pr Kane, on sait tous aujourd’hui que nous avons besoin des outils de la communication moderne pour mieux prendre en charge leurs patients. ‘’On peut être dans une région qui ne dispose pas de cardiologue, qui ne dispose pas de médecin. Mais, on peut parfaitement faire un examen, faire un électrocardiogramme et l’envoyer aux spécialistes que nous sommes. Nous pouvons permettre aujourd’hui un suivi à distance de patients. La pandémie de la Covid, par exemple, nous a permis de faire de l’éducation thérapeutique et de la rééducation fonctionnelle par zoom tout simplement. Parce que nous pensons qu’il ne fallait pas créer de la promiscuité dans les hôpitaux, surtout lorsque la pandémie a eu cet essor. Nous avons pu, grâce à cette cardiologie connectée, discuter à distance avec les patients et être comme dans une salle virtuelle où les gens sont dans leur salon’’, renseigne Pr Kane.
A l’en croire, cela leur a permis d’organiser des séances thérapeutiques, des séances de réadaptation cardiaque qu’ils disposent dans les différents hôpitaux. ‘’Donc, nous pensons que la cardiologie connectée et ses différents outils peuvent permettre, non seulement, d’améliorer les méthodes d’enseignement, mais également, les méthodes d’éducation thérapeutique de communication avec les patients’’. Selon lui, cela permet d’assurer la continuité des soins, sans que les gens ne soient obligés de se déplacer. Cela va aussi permettre de former et de renforcer les capacités des acteurs de la santé. Parce qu’avec la technologie, ‘’je peux faire de la cardiologie en restant à Dakar, mais en traitant les patients de Tambacounda, grâce à leurs infirmiers et médecins généralistes. De grandes avancées technologiques ont été notées, ces dernières années, avec l’utilisation optimale des objets connectés dans le diagnostic précoce, la télésurveillance de la santé cardio-vasculaire et même dans le traitement curatif de certaines maladies cardio-vasculaires. Ces formidables avancées technologiques méritent d’être connues des cardiologues devant s’inscrire résolument dans la dynamique actuelle qu’exige leur spécialité’’, estime Pr Abdoul Kane.