VIDEOMACKY SALL DIT NON À UNE INITIATIVE OUEST-AFRICAINE DE LIMITATION DES MANDATS PRÉSIDENTIELS
Le Sénégal tombe, contre toute attente, au rang des pays explicitement anti-démocratiques et qui tirent vers le bas toute la sous-région, pour assouvir des desseins et ambitions de conservation du pouvoir à tout prix - DÉCLARATION DE SENEGAAL BI ÑU BËGG
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration liminaire du parti Senegaal Bi Nu Bègg datée du 16 juin 2022, à propos de la réserve récemment émise par le Sénégal sur l’initiative de la CEDEAO promouvant la limitation des mandats présidentiels.
« Le Sénégal doit lever immédiatement sa réserve sur la limitation des mandats présidentiels à deux au sein de la CEDEAO
La semaine dernière, une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la CEDEAO s'est tenue à Accra au Ghana. Cette réunion portait, entre autres, sur l'amendement du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance, additionnel au Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et la sécurité.
Le principal changement introduit dans ce nouvel Acte porte sur la Section 1 relative aux principes de convergence constitutionnelle. Dans le nouvel Article 1 proposé, il est introduit un alinéa portant sur la limitation des mandats présidentiels dans l'ensemble des pays membres de la CEDEAO. Il est libellé ainsi qu'il suit :
« Les États membres adoptent dans leurs Constitutions respectives des dispositions visant à garantir qu'aucun président de la République n'exerce plus de deux (2) mandats ou ne prolonge son mandat pour quelque raison que ce soit ou sous quelque forme que ce soit. »
Cette décision historique consistant à introduire dans le Protocole la limitation des mandats des présidents à deux est une posture conforme à la volonté clairement exprimée par les peuples et des citoyens de l'Afrique de l'Ouest.
Douze États membres ont porté et promu cette volonté de réforme et de modernisation des instruments communautaires pour les adapter à l'air du temps et aux besoins et préoccupations des peuples. Ces pays ont répondu favorablement à l'appel que nous avions lancé en 2020, avec une trentaine de leaders représentant des partis et mouvements politiques, de la société civile, de communautés religieuses, des syndicats et organisations socioprofessionnelles ainsi des femmes et des jeunes pour pousser les chefs d'États de la CEDEAO à consacrer la limitation des mandats présidentiels dans la CEDEAO.
Je suis au regret de vous annoncer que le Sénégal, notre cher pays, jadis connu pour être un ouvreur de voie, une référence et un modèle démocratique dans la sous-région et en Afrique, ne fait pas partie des pays qui soutiennent cette initiative refondatrice de limitation des mandats au sein de la CEDEAO.
Au contraire le Sénégal est, avec le Togo et la Cote d'lvoire, l'un des trois pays ayant émis une réserve sur l'introduction de la limitation des mandats dans le Protocole de la CEDEAO. Ce qui fait qu'au lieu de faire l'objet d'un consensus ministériel qui pourrait facilement être entériné par le prochain Sommet des chefs d'État prévu le 3 juillet, les dispositions relatives à la limitation des mandats ont été mises entre crochets. Les Actes additionnels étant signés par tous les chefs d'État et le mode de décision privilégié étant le consensus, il est évident que cette réforme majeure n'aura aucune chance de passer tant que ces pays maintiendront leurs réserves.
En 2012, un projet similaire avait été soumis aux États membres de la CEDEAO. À l'époque, c'était le Togo, dont on connait la réalité et la trajectoire démocratique, et la Gambie de Yaya Jammeh qui avaient torpillé le projet de limitation des mandats pour des raisons qu'il est aisé de comprendre. Voilà qu'aujourd'hui que le Sénégal tombe, contre toute attente, au rang des pays clairement et explicitement anti-démocratiques et qui tirent vers le bas toute la sous-région, pour assouvir des desseins et ambitions de conservation du pouvoir à tout prix.
Je voudrais donc, ici et maintenant, dénoncer cette curieuse décision du Sénégal et interpeller madame le ministre des Affaires étrangères pour qu'elle s'explique sur les raisons qui ont poussé notre pays à émettre une réserve contre la limitation de mandats dans le Protocole de la CEDEAO.
Le Sénégal, le Togo et la Cote d'lvoire auraient avancé l'argument selon lequel il faudrait laisser à chaque État membre le soin d'adopter ses propres règles, en toute souveraineté en matière de limitation des mandats.
J'invite tous les démocrates, les patriotes et les républicains à dénoncer cette décision du Sénégal et à exiger au ministre des Affaires étrangères, avec fermeté, à lever sa réserve contre l'amendement du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Plus que la levée de la réserve, je l'invite à porter, au nom du Sénégal, un plaidoyer offensif pour convaincre la Cote d'lvoire et le Togo de se joindre au groupe majoritaire de pays souhaitant introduire la limitation des mandats présidentiels à deux, dans tous les pays de la CEDEAO. »