QU’EST-CE QUE L’AFROPLANÉTARISME ?
Voir le monde, le sentir, le toucher, le vivre au quotidien, n’est-ce pas ça la relation ? Eux, ils en parlent ; l’Afroplanétaire le vit
L’important n’est pas d’où l’on vient, ni où l’on va, mais où l’on est. Que nous le voulions ou pas, nous sommes déjà là. Rendre compte de notre présence en ce monde ne veut rien dire. La terre est notre habitat.
Hier on demandait au Nègre : qui es-tu, d’où viens-tu, où vas-tu, et pourquoi es-tu ici et non pas là-bas, quelque part, n’importe où. Il s’efforçait de répondre. Il jouait au jeu, et cela plaisait à ses détracteurs. Il le voyait sur leurs visages : ils aimaient ça.
Désormais, il a décidé de faire les choses autrement. Il ne jouera plus au Nègre. Il vivra sa vie simplement. Il observera le monde sans efforts ; il comprendra les choses et aura des idées claires. Pour lui, la question n’est plus « qui suis-je ? », mais « que veux dire observer le monde et avoir des idées claires ? Que signifie voir, toucher, sentir, gouter, marcher, respirer et être ici sur terre ? Que veulent dire être vivant et devoir mourir un jour ? » Voilà où il en est. À quiconque l’accoste il répond gentiment : « Laissez-moi, je veux vivre ma vie en attendant l’Heure de mon départ. »
Oui, ils sont nombreux celles et ceux qui refusent de jouer au Nègre. Vivre pour eux n’est pas un slogan ; c’est un séjour fait de rencontres, de rires, de soupirs, de pleurs, mais aussi de travail intelligent et de danse. Ce mode d’existence s’enracine, non pas dans la mémoire courte d’une génération, mais dans la longue mémoire du vent, de la terre, du feu, de l’eau. Tenez, ma grand-mère par exemple. Tous les matins, elle doit affronter la rudesse de la terre ; elle défriche les mauvaises herbes dans son champ, va puiser de l’eau et chercher du bois pour son feu… économie villageoise dira-t-on. Soit ; mais qu’a-t-elle à envier aux ‘savants’ de l’école polytechnique ? Se lever chaque matin, affronter immédiatement la terre, la pluie, creuser un puits dans le sol, chercher du bois pour cuire son repas, aimer, pleurer ou rire…telle est l’architecture de ces vies millénaires : des choses simples !
Une telle vie doit faire frémir les détracteurs du Nègre. Je les entends déjà vociférer des propos du genre : « cette pensée tue la relation ! ». Comment répondre à ces accusations ? Il faut plutôt sourire. Car, qu’est-ce que la relation ? Voir le monde, le sentir, le toucher, le vivre au quotidien, n’est-ce pas ça la relation ? Eux, ils en parlent ; l’Afroplanétaire le vit. Quiconque voit les choses de cette manière, vit tranquillement. Il ne s’agite pas, ne vocifère pas, ne cherche aucune preuve pour justifier son existence. Il existe, voilà tout ! Fenosoa ma muse disait : « L´Afroplanétarisme est une manière d’observer le monde qui ne demande aucun effort. Nous comprenons les choses légèrement, tranquillement, calmement. Nous avons des idées claires. » Oui, elle avait raison. Elle est sage Fenosoa, sage comme ma grand-mère. Si seulement le monde pouvait imiter son exemple. Hélas, tous s’agitent. Ils ne peuvent ni voir ni comprendre ; ils n’en n’ont pas les moyens. Ils se contentent de parler du monde. Vivre pour eux se résume en une chose : questionner et répondre. Ils ne vivent pas, ils se défendent. Contre qui ? Des Ombres ; l’Ombre du Nègre. Triste ignorance !