POURQUOI ÇA COINCE AU SÉNÉGAL
Les droits de la santé sexuelle et reproductive ont été l’objet d’une session de formation à l’intention des journalistes. Organisée par Planned parenthood (Pp) Global cette session vise à aider les journalistes à mieux parler de la santé reproductive.
Les droits de la santé sexuelle et reproductive ont été l’objet d’une session de formation à l’intention des journalistes. Organisée par Planned parenthood (Pp) Global, cette session vise à aider les journalistes à mieux parler de la santé de la reproduction. A cette occasion, plusieurs thématiques seront abordées parmi lesquelles l’avortement.
Le débat sur l’avortement médicalisé peine encore à porter ses fruits au Sénégal. Cela s’explique par plusieurs facteurs. La juriste Awa Tounkara informe dans ce sens que « la législation nationale est défavorable à l’accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux jeunes filles en cas de viol, d’inceste ou d’atteinte à la santé ou à la vie de la mère ou du fœtus ». Pour mieux sensibiliser les acteurs une session de formation à l’intention des journalistes a été organisée par Planned parenthood (Pp) Global, sur les droits de la santé sexuelle et reproductive, à Saly.
Dans sa présentation, Mme Tounkara qui est membre de la task force pour mener le plaidoyer en vue de l’application de l’avortement médicalisé, a constaté que des défis persistent. « Il s’agit de vaincre les poches de résistance (quelques groupes religieux), d’harmoniser notre législation interne aux instruments juridiques internationaux, d’assurer la mise en œuvre et un bon encadrement de la loi sur l’avortement médicalisé », a listé la juriste. Mais aussi parce qu’il y a une « déformation », par les médias, du message.
C’est face à cette situation que la task force a vu le jour et a fait le diagnostic suivant : « Un taux de mortalité élevé avec 8% des décès maternels liés aux avortements, qui représentent 50% des motifs d’admission en urgence dans les maternités de référence et sont placés au cinquième rang des causes de décès maternels ; diagnostic situationnel des avortements à risque au niveau national piloté par la division de la santé de la reproduction ». En plus de cela, souligne l’experte, « plus d’une cinquantaine de cas de viols et d’inceste suivis de grossesses recensés par les boutiques de droit de l’Ajs entre 2014 et 2018. Depuis janvier 2021, 472 cas de viols. Au Sénégal, les statistiques révèlent 668 cas de violences sur mineurs, 706 agressions sexuelles, 1200 cas de viols rien qu’en 2019 ». Sans oublier l’infanticide.
Selon Awa Tounkara, il s’agit de l’aboutissement d’un avortement manqué. « Les motivations évoquées par les femmes sont principalement les souffrances liées au viol et à l’inceste. Dans l’impossibilité d’accéder à l’avortement médicalisé, certaines femmes cachent leurs grossesses pour se débarrasser de l’enfant au moment de l’accouchement », a conclu la juriste.