MULTIPLE PHOTOSNGOR, LES ESPRITS TOUJOURS CHAUFFES
Ngor est sens dessus dessous au lendemain des violents événements survenus dans la commune hier mardi. De la fumée s’échappe des décombres. Des pneus calcinés réduits en cendre. L’odeur des grenades lacrymogènes fait éternuer plus d’uns. Ngor au lendemain
Ngor est sens dessus dessous au lendemain des violents événements survenus dans la commune hier mardi. De la fumée s’échappe des décombres. Des pneus calcinés réduits en cendre. L’odeur des grenades lacrymogènes fait éternuer plus d’uns. Retour sur un terrain qui était presque en état de siège.
Un calme précaire règne sur place. Parce que tout porte à croire que ça peut dégénérer à tout moment. Le constat a été fait sur place. Les lieux grouillent de gendarmes, armés jusqu’aux dents, face à des jeunes “décidés à résister”.
Les yeux rouges de colère, Moussa Pouye, habitant de Ngor, déchire déjà le communiqué du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, faisant état de la découverte d’un corps sans vie, une adolescente âgée d’environ 15 ans, présentant une blessure à la tête, et qui aurait été mortellement touchée dans l’eau, probablement par l’hélice d’une pirogue.
Le jeune Ngorois récuse la version et le bilan. “Le ministre de l’Intérieur ne vous a pas donné les bonnes informations. La fille dont il parle a été tuée par balle réelle. Les forces de l’ordre l’ont sorti de l’eau, torturée jusqu’à ce qu’elle succombe. Un autre mort a été retrouvé à l’intérieur de l’hôtel.”
Ressassant la journée d’hier, Pape Madické Ndoye déplore l’attitude des gendarmes. “Ils ont tiré des grenades lacrymogènes qu’on ne pouvait même pas respirer. Ils ont barricadé Ngor. Personne ne pouvait y accéder et en sortir. Les femmes n’ont même pas pu se rendre au marché pour cuisiner. C’est comme si nous étions retournés en confinement”.
Ces jeunes trouvés assis dans un grand-place se démarquent des résultats obtenus à l’issue d’une audience accordée, tard dans la soirée de mardi, par le chef de l’Etat, Macky Sall, à une délégation de dignitaires de Ngor, conduite par le maire de la ville, Maguèye Guèye.
Pouye est catégorique : “On doit faire face. Ce que nous réclamons c’est qu’ils nous rendent notre espace. Ils nous ont déjà pris le site de l’aéroport. Nous n’accepterons plus qu’on nous impose quoi que ce soit. Nos dirigeants ont été reçus en audience par le président de la République, (Macky Sall). Ils nous ont fait savoir qu’ils feront un partage équitable, c’est-à-dire du 50-50. 3000 m2 pour la gendarmerie et 3000 m2 pour les Ngorois. On dit non. Nous ne sommes pas d’accord pour ça. Que nos autorités le sachent, nous ne sommes pas contents d’elles. Que le président de la République le sache aussi. Les forces de l’Ordre doivent dégager. Elles torturent la population ngoroise. Nous sommes prêts à résister”.
“On ne veut pas de la caserne. Ils leur ont proposé d’autres sites. Une seule gendarmerie peut gérer tout le département. Il faut qu’ils pensent aux parents d’élèves qui déboursent encore plus pour envoyer leurs enfants à l’école hors de Ngor. Cela ne peut plus continuer”, enchaîne Ndoye.