CETTE VÉRITÉ IRRÉFUTABLE QUE VOUS NE SAURIEZ CACHER
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce que le Sénégal traverse, aujourd’hui, n’est que la conséquence tragique et destructrice des prophéties du pire d’Ousmane Sonko avec son « mortal kombat » - Réponse à Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mohamed Mbougar Sarr
Réponse à Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mohamed Mbougar Sarr
Sous le titre « Cette vérité qu’on ne saurait cacher », vous avez publié une réflexion qui a été largement relayée par la presse nationale. Je l’ai lue avec beaucoup d’intérêt. Et je profite de cette tribune pour vous dire tout mon respect pour cette certaine excellence intellectuelle sénégalaise que vous incarnez. Et si j’ai pris le parti de vous répliquer, c’est uniquement en ma qualité de citoyen sénégalais, d’intellectuel et d’ingénieur qui nourrit une forte passion pour le développement de son pays. Le jeudi 1er juin 2023 aurait pu être un jour presque normal, parmi tant d’autres dans la marche de notre pays. Mais voilà que le verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr en a fait un des moments les plus sombres de notre histoire, avec son cortège de morts, d’agressions et de destructions qui ont choqué et attristé à travers le monde entier.
Ces événements, je ne les ai pas regardés sur une télé haute définition, je les ai vécus dans ma chair, au milieu des déflagrations, mes domicilies de Ziguinchor et de Dakar attaqués, assistant à l’agression de la République du Sénégal, la nôtre. Quarante-huit heures infernales pendant lesquelles, notre pays a frôlé l’anéantissement de son système démocratique. Alors messieurs, les crises graves, comme celles que le Sénégal vient de connaître, doivent être des moments de vérité et non de positionnement partisan. Ce qui s’est joué sous nos yeux, c’est le prix de la responsabilité de tous ceux qui, depuis des mois, nous ont abreuvé d’une rhétorique imbibée de haine et ruisselante de violence.
Alors pourquoi me suis-je senti si mal à l’aise en vous lisant ? Parce que votre analyse est délibérément à charge. En vous ruant exclusivement sur le président de la République Macky Sall avec une férocité partisane, vous vous êtes érigés en directeur de conscience en élevant en même temps, un épais mur de silence pour taire les dérives du Pastef et de l’homme par qui tout est arrivé, Ousmane Sonko, qui aura passé tout son temps, à diffamer, à manipuler les jeunes, à diviser les filles et fils du pays et à défier les institutions de la République. Mais ça, c’est l’autre vérité irréfutable. Celle que vous avez voulu nous cacher. Le Sénégal est un engagement que nous partageons. Jeter un regard critique sur la gouvernance du président Macky Sall, quoi de plus normal dans un État démocratique, mais cela ne devrait pas vous empêcher d’ouvrir vos yeux sur les causes des événements tragiques que notre pays vient de traverser et qui ont failli porter un coup fatal à nos institutions.
De quoi cette déflagration est-elle le nom ? Tout est parti des écarts intimes d’un présidentiable nommé Ousmane Sonko qui a enfreint un couvre-feu, en utilisant abusivement, à des fins personnelles, les privilèges de député que le peuple du Sénégal lui avait octroyés. Au moment où des millions de Sénégalais acceptaient, bon gré mal gré, les rigueurs et contraintes liées au confinement Covid-19. En bravant les restrictions de circulation imposées à tout un peuple, pour aller « corrompre » une jeune masseuse de 20 ans dans un jacuzzi, Ousmane Sonko a roulé à contresens des règles de conduite républicaine, oubliant par la même occasion, de joindre ses actes à ses discours. Pour quelqu’un qui avait mis l’éthique et la morale au poste de commande de sa stratégie de conquête du pouvoir, c’est une faute qui, dans un pays normal, constituerait un arrêt de mort politique pour le président du Pastef.
Et les exemples sont légion
DSK, tout puissant patron du FMI, a été renversé et détruit, sa carrière politique pulvérisée en quelques heures et pour moins que le cas Ousmane Sonko. Qui ne se souvient pas de l’affaire Monica Levinsky. Une jeune stagiaire au début de la vingtaine, comme Adji Sarr, qui a failli provoquer la destitution d’un président américain. Le 17 août 1998, Bill Clinton admet devant les caméras avoir eu une liaison avec Monica Lewinsky. Il avait tout nié tout au début de l’affaire. C’est son ADN, retrouvé sur un vêtement porté par la stagiaire qui a fini par le confondre. Ousmane Sonko a refusé, il faut le rappeler tout prélèvement de son ADN pour aider à la manifestation de la vérité. Le point commun à ses deux scandales sexuels est que du haut de leur toute puissance, Directeur Général du FMI pour l’un et président de la toute première puissance mondiale pour l’autre, tous les deux accusés ont accepté de se soumettre à la justice américaine. Pas Ousmane Sonko, comme si la justice était pour les autres.
Où étiez-vous lorsque le champ politique ne résonnait qu’au rythme de la défiance et de l’outrance d’un homme, Ousmane Sonko. Où étiez-vous quand tout un pays n’était abreuvé que de « force restera au peuple ». Où étiez-vous quand Ousmane Sonko lançait ses appels au « mortal Kombat », à la résistance et à la désobéissance. Où étiez-vous quand le président de Pastef, pénétré de son sentiment d’impunité médiatique et judiciaire, imbibé de son illusion de puissance, donnait rendez-vous aux jeunes de tout le Sénégal « pour la solution finale », aller déloger le président de la République. Où étiez-vous lorsque Ousmane Sonko indexé toute une communauté ethnique qu’il accusait d’être les petites mains de l’État pour diviser la Casamance. Où étiez-vous lorsque le président du Pastef traitait nos magistrats de corrompus, insultait nos généraux de l’armée, accusait les forces de défense et de sécurité d’assassinat ? Où étiez-vous lorsque Ousmane Sonko, dans une posture antirépublicaine, refusait de reconnaître la légitimité du président Macky Sall ? Diantre ! Où étiez-vous, quand Ousmane Sonko, triomphant et au faîte de sa popularité politique, menaçait de mort le Président Macky Sall. Où étiez-vous quand Ousmane Sonko menaçait avec ses moyens « de rendre le pays ingouvernable ». Nous avons tous eu tort de ne pas le prendre au mot. De là à penser que le scénario noir de ces derniers jours était écrits d’avance. Où étiez-vous lorsque Ousmane Sonko, s’adressant à son accusatrice, la comparait à « une guenon atteinte d’AVC » se laissant aller à perdre son froid avec une insolence indigne d’un présidentiable : « si je devais céder à la tentation du viol, je me choisirais plutôt une vénus ». Où étiez-vous quand Ousmane Sonko se vautrait dans cette inadmissible indécence.
Depuis les accusations de viol portées contre lui, tout dans le discours d’Ousmane Sonko n’est que violence, outrance et défiance. Mais tout cela n’est que la conséquence de l’adulation médiatique du président du Pastef, ajoutée à l’indulgence coupable de nos élites, de nos intellectuels qui se sont affranchies des règles de l’idée républicaine, pour la défense d’un homme, plus préoccupé par son sort personnel que par la République, prêt à s’emparer illégitimement d’un pouvoir des mains d’un président qui tient sa légitimité du suffrage universel. Ce que le Sénégal traverse, aujourd’hui, n’est que la conséquence tragique et destructrice des prophéties du pire d’Ousmane Sonko avec son « mortal kombat ». Il ne s’est trouvé aucun intellectuel pour tirer le signal d’arrêt d’urgence, pour stopper les dérives antidémocratiques et l’aveuglement populiste d’un parti et de son chef qui, pour prévenir toute condamnation qui pourrait entraver la candidature d’Ousmane Sonko en 2024, n’ont eu de cesse de menacer et d’intimider toute personne ou institution qui se mettrait en travers de leur chemin vers le Palais. Quoiqu’il en coûte. Mais vouloir brûler tout un pays, y installer le chaos pour espérer prendre le pouvoir aura été un calcul perdant.
Alors chers messieurs, on aurait aimé vous entendre sur la dénonciation de cette machine infernale à brûler et à saccager qui s’est acharnée avec une barbarie sans nom sur nos universités, nos collèges, nos lycées et même nos écoles primaires ; du jamais vu au Sénégal. Jamais, des manifestants sénégalais ont atteint un tel degré d’ignominie pour faire triompher une cause politique. Ces attaques contre des lieux du savoir et d’autres secteurs vitaux de notre économie comme les banques, le réseau de distribution d’eau et d’électricité, sont l’illustration de l’intrusion dans les manifestations de fantassins de l’anarchie trop impatients de prendre le pouvoir, dont l’objectif était de provoquer l’effondrement de notre démocratie et l’anéantissement de la République. Là aussi, motus et bouche cousue. Les Sénégalais que nous sommes, républicains et démocrates de tout bord, attendaient un peu plus d’un prix Goncourt. Mais, au lieu d’éclairer, vous avez asséné vos certitudes, mettant tout sur le dos du Président Macky Sall. Quid des responsabilités d’Ousmane Sonko qui porte une immense responsabilité politique et morale dans la survenue des événements exceptionnels que notre pays vient de traverser ? Lorsque vous écrivez que « la situation en cours résulte de la dérive autoritaire du président Macky Sall. L’hubris d’un pouvoir qui emprisonne ou exile ses opposants les plus menaçants, réprime les libertés et tire sur son propre peuple avec une révoltante impunité », vous profanez l’essence même de l’honnêteté intellectuelle qui recommande que vous vous éloigniez des prises de position opportunistes.
Car, ce qui se joue, aujourd’hui, et demain dépasse les arithmétiques politiques et électorales. C’est le choix de la stabilité contre l’aventurisme, le choix de la République contre l’obscurantisme, le choix de la démocratie contre l’anarchie. Et aucune ambition politique, fut-elle présidentielle, ne justifiera pas qu’on ait pu manipuler et instrumentaliser une horde de hors-la-loi qui, de manière, réfléchie, orchestrée, et méthodique, ont voulu détruire la République du Sénégal, la plongeant dans un cycle de violence dramatique et inédite et créant une commotion majeure dans le pays. La vitrine démocratique sénégalaise s’est incontestablement fissurée. Mais elle ne s’est pas fracassée. La République ne s’est pas effondrée. L’État est resté debout. Les digues démocratiques n’ont pas cédé. Une belle réponse à ceux qui avaient déjà commencé à théoriser la fin du destin Sénégalais. En ce moment plus qu’à un autre, je veux adresser toute ma reconnaissance aux Forces de défense de sécurité sénégalaises que vous accusez de « dé-républicanisation ». Personne n’a le droit de piétiner l’honneur et la dignité de nos policiers, gendarmes et militaires qui sont les premiers serviteurs de la Nation. Le devoir de l’Etat est de nous protéger. C’est la base de son existence. Les FDS en sont le pilier. Elles méritent tout notre respect parce qu’elles ont risqué leurs vies pour préserver les nôtres et notre système démocratique. S’ils n’avaient pas fait face aux forces insurrectionnelles qui voulaient détruire notre pays, je ne serai certainement pas là en train d’échanger avec vous. Échanger, délibérer, deux mots justement, qui sont aux confins de la démocratie.
Les ruptures et les déchirures provoquées par les événements que nous venons de vivre ont créé un profond traumatisme dans le pays. Il ne suffira pas de claquer les doigts pour remettre les cœurs et les esprits en état de dialoguer, comme il ne s’était rien passé. On ne redémarre pas un pays comme on redémarre une voiture. Dans la crise, il est impératif de penser à demain, au futur de notre pays. Opposition et pouvoir doivent renouer les fils du dialogue. C’est un impératif politique et patriotique catégorique. C’est pour cela que le dialogue national lancé par le président Macky Sall est une réponse à cette demande sociale des concitoyens. Nous avons une communauté de destin. Ce qui ne veut pas dire que l’union des cœurs est forcément l’unité des idées. Nous sommes un pays de liberté où toutes les oppositions se sont toujours librement exprimées mais dans le cadre des principes républicains. Car, aucune démocratie ne s’est construite sur la haine, la violence, la rancune et les rancœurs. Il est de la responsabilité de chaque Sénégalais de veiller à la stabilité du pays pour que le Sénégal, portes et fenêtres ouvertes, puisse continuer à résonner comme un hymne à la démocratie et à l’espérance pour toute les filles et les fils de notre belle République.
Doudou Ka est ingénieur civil des Ponts et Chaussées et banquier d’affaires,
Coordonnateur national du S24 : Convergence des Démocrates pour la Sauvegarde de la République