VOUS ÊTES LA GÉNÉRATION CAPABLE DE FAIRE REVENIR LE MONDE À LA RAISON
Makhtar Diop récipiendaire du doctorat honorifique de la Faculté des Sciences Sociales de l'Université d'Ottawa, dédie un discours inspirant à la jeunesse
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SenePlus publie ci-dessous, le discours prononcé par Makhtard Diop à l'occasion de la réception de son doctorat honorifique de la Faculté des Sciences Sociales de l'Université d'Ottawa.
« C'est un immense privilège pour moi d'être ici pour recevoir ce doctorat honorifique de la Faculté des Sciences Sociales de l'Université d'Ottawa, une institution résolument ouverte sur le monde et œuvrant pour une solidarité agissante.
C’est cette université, symbole du multiculturalisme et du bilinguisme, qui a nommé Claudette Commanda première chancelière autochtone et mis en place un plan d'action ambitieux pour soutenir les minorités notamment les communautés autochtones.
Votre faculté a une mission louable, elle accorde une importance toute particulière au développement durable, à l'inclusion sociale, à l'équité et aux droits humains. Sa noble devise : « un monde d'idées pour changer le monde » illustre bien sa vocation qui est celle de réfléchir et trouver des solutions aux nombreux défis auxquels le monde actuel est confronté.
Adolescent, je souhaitais être philosophe, chercheur en mathématiques pures, musicien de renom ou alors sportif de très haut niveau, car tous contribuaient à mes yeux à transformer notre monde. J'ai finalement étudié la finance et l'économie et fais le choix d’une carrière dans le développement international. Mon objectif ultime a toujours été d'avoir un impact positif sur la vie des autres. Chacun de nous a la capacite de contribuer à un monde meilleur. L'essentiel est d’être engage, de toujours donner le meilleur de soi, d’être a l’écoute de l’autre, et de vivre son rêve. J’ai également compris au fil des années qu’une vie accomplie s’enrichit d’expériences diverses. La musique, le sport et l’intérêt pour les sciences continuent à occuper une place prépondérante dans mon quotidien.
Je suis le fruit d’une tradition familiale ancrée dans notre culture de St-Louis du Sénégal. Mes parents m'ont inculqué le sens du devoir. Mon père, Maître Fadilou Diop, ‘’Un homme Juste’’ comme le décrit son biographe, l’auteur Elgas, faisait partie de la première génération d'avocats africains défendant les droits de l'homme et des opprimés.
Ma mère, Aïchatou Sar, féministe pionnière, a présidé l'Union des Femmes du Sénégal à seulement 23 ans. Tous deux avec humilité et abnégation portaient en bandoulière leur engagement pour l’indépendance d’abord et ensuite la démocratie sur le continent. Lorsqu’en avril 2000, je suis devenu le plus jeune ministre de l'économie et des finances de l'histoire de mon pays, ma mère m'a dit : « J'espère que cela ne te montera pas à la tête ». Mes frères et sœurs, taquins et exigeants à mon endroit, n’hésitaient pas à me souligner toute imperfection et insuffisance ou nécessaires améliorations dans mes actions de tous les jours. Ils me rappelaient si besoin était que j'étais avant tout un citoyen ordinaire dont la mission était d'améliorer la vie du peuple sénégalais. Je leur en suis infiniment reconnaissant.
Je dédie cette distinction à mes parents.
Jeunes diplômés : vous faites votre entrée sur le marché du travail dans un monde incertain, dans un contexte de crises multiples et complexes. Vous serez les acteurs de cette transformation si attendue. Plus que jamais songez à l’impact que vous pouvez avoir sur les autres, sur vos communautés, sur vos proches, sur le monde.
Vous êtes la génération capable de faire revenir le monde à la raison. Vous êtes la génération qui contribuera à façonner une intelligence artificielle éthique. Vous êtes la génération « net zéro », celle de la transition énergétique. Vous êtes la génération qui contribuera à créer un monde, plus vert, plus résilient et plus inclusif. Surtout, conservez cette soif d’apprendre, non seulement à travers vos lectures, mais également en étant attentif à ce qui vous entoure. Contemplez les richesses et beautés de notre monde non seulement avec les yeux mais aussi avec la tête et le cœur.
J’emprunterai cette citation au musicien Victor Wooten: “What does the world need? What the world needs is good people. What the world needs is you”.
Merci à tous !”