IL FAUT LIBERER L’OPPOSANT OUSMANE SONKO
Ce ne serait ni laxisme judiciaire ni impunité. Juste par devoir républicain et humaniste
Ce ne serait ni laxisme judiciaire ni impunité. Juste par devoir républicain et humaniste
Monsieur le Président,
Permettez-moi de me joindre à la longue liste de sollicitations et d’alertes, de cris de cœur et cris d’alarme, d’appels au secours et d’appels à la paix d’ici et d’ailleurs pour la libération de l’opposant politique Ousmane Sonko et tous les prisonniers affiliés pour l’intérêt du Sénégal au-dessus de tous et de tout. La libération de cet opposant entre la vie et la mort, une question urgente qui en fait une demande nationale qui s’inscrit dans la tradition de démocratie humaniste de paix du Sénégal. Rare sont ceux qui n’en parlent pas. Nombreux sont ceux qui sont préoccupés par le sort humain de ces dits détenus d’opinion tragiquement emprisonnés car de facto entre la vie et la mort.
Monsieur le Président,
Mon opinion est qu’il serait convenable et souhaitable de faire libérer le détenu Ousmane Sonko et consorts. Tout en étant d’emblée reconnaissant pour la libération récente de certains d’entre eux. Ce qui nous donne une raison d’espérer.
Monsieur le Président,
l’heure est grave, beaucoup de clivages sur ces détentions, beaucoup de chagrin pour leurs familles biologiques et beaucoup de souffrances pour notre vivre ensemble assez crispé. Un temps gris et maussade. Un climat délétère. La menace d’une catastrophe pour des hommes et des femmes entre la vie et la mort est bien réelle. Et si l’impensable arrivait ? Et si l’irréparable se produisait ? Ce serait l’erreur fatale. Ce serait la tache indélébile pour l’histoire. La cruauté de cette situation tragique doit être dite et déplorée de cette manière crue et brute. En se référant à la pensée d’Albert Camus « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Monsieur le Président,
ma conviction est que par devoir républicain et humaniste, en votre qualité de Chef de l’Etat et 1er magistrat de l’Etat nonobstant le respect de la séparation des pouvoirs(exécutif, parlementaire et judiciaire) et en votre qualité de Père de la nation, vous avez Autorité à répondre à cette demande de faire libérer l’opposant politique Sonko et tant d’autres au nom de la paix sociale et de la tradition humaniste sénégalaise.
Faites que Mr Sonko puisse au plus possible respirer à l’air libre en pleins poumons.
Faites qu’il puisse retrouver sa pleine santé et son intégrité physique. Et pourquoi pas une libération assortie d’une prise en charge médicale pleine et entière en vous rappelant au bon souvenir du Président Wade prenant en charge les frais médicaux de ses opposants. Cette libération s’impose quoique cela vous coute. Quel que soit le prix politique.
Surtout, pour conjurer tout risque de noircir l’image du Sénégal dans sa légendaire exemplarité démocratique ou d’obscurcir l’exception démocratique sénégalaise par ricochet la Votre.
Monsieur le Président,
A votre tour d’être convaincu de ce sinistre état de fait.
La remise en liberté de l’opposant politique et consorts est plus qu’une nécessité. Elle s’impose par devoir républicain et humanisme pour l’histoire.
Par devoir de réalisme et de cohérence, par Amour pour vos compatriotes Vous qui avez le « Sénégal au Cœur » et surtout pour la grande histoire de notre glorieuse nation et par ricochet la Votre, Vous qui présidez aux destinées du peuple sénégalais.
Par devoir de réalisme et de cohérence, ma conviction est que la tragédie humaine de l’opposant politique entre la vie et la mort aujourd’hui est puissamment corrélée à votre postérité glorieuse de l’homme d’Etat pour demain. Cette funeste situation telle que décrite aujourd’hui dans les prisons et les centres hospitaliers dédiés est fortement reliée à ce que l’histoire retiendra de votre gouvernance. Ma crainte est que cette situation d’hommes et de femmes dont les états de santé sont préoccupants risque de ternir et d’anéantir votre mission d’Homme d’Etat dévoué à la cause du Sénégal et de l’Afrique dans le monde. Une situation triste qui risque de compromettre le couronnement d’une vie d’homme d’Etat éminemment dédiée à servir. Alors que vous devriez poursuivre votre vocation de serviteur pour le rayonnement du Sénégal et la fierté de l’Afrique dans le monde.
Monsieur le Président,
Ainsi, ne laissez pas des taches indélébiles noircir le tableau. Refusez que des pages sombres soient écrites dans votre chapitre de l’histoire du Sénégal. Refusez que l’histoire assimile la prison de REBEUSS, PAVIILON SPECIAL LE DANTEC OU PRINCIPAL AU CAMP BOIREAU.
Refusez que l’histoire classe le CAMP PENAL DE DAKAR et le CAMP BOIREAU DE CONAKRY dans la même funeste catégorie.
Refusez que des martyrs soient acteurs de votre séquence historique.
Pas de résurgence tragique en nous rappelant l’histoire de cette prison considérée comme le Goulag africain le plus tristement célèbre, aujourd’hui vestige de la période de terreur du Président Sékou TOURE avec son lot d’arrestations. Et bien paradoxalement, comment comprendre de telles dérives sous le sceau de l’homme du NON triomphal du 28 Septembre face au Général de Gaulle. Ceci pour nous rappeler la belle pensée Du philosophe allemand NIETZSCHE « L’enfer est pavé de bonnes intentions et le diable se cache dans les détails ».
Monsieur le Président,
Et surtout, soyez sourd aux murmures des conseillers laudateurs. Et ceux qui crient urbi et orbi « force reste à la loi », « nervis intellectuels » « société civile partisane » etc… N’écoutez point les chuchotements des collaborateurs flatteurs à fortiori les conseils des visiteurs du soir. Tous plus royalistes que le roi et qui marchent au gré du vent de leurs prébendes. IL vous appartient de prendre seul vos responsabilités devant le tribunal de l’histoire. Surtout que votre trajectoire républicaine mérite plus et mieux. D’abord parce que Vous êtes entré dans l’histoire de la République en majesté accédant à la magistrature suprême en 2012 avec une solide légitimité réitérée en 2019, vous n’avez d’autre issue que d’en sortir en royauté. Ensuite pour une vie entièrement dédiée à la conquête et à l’exercice du pouvoir dans un registre éminemment républicain, il serait encore une fois souhaitable de continuer à mettre cette expérience autrement et ailleurs au service du Sénégal et de l’Afrique.
Monsieur le Président,
Par devoir républicain et humaniste, il serait admirable de répondre à cette grande attente : la libération massive de l’opposant O. SONKO et consorts.
Puisque par un soir du 03 Juillet, dans un discours retentissant attendu de tous et entendu partout « après avoir longuement et murement réfléchi » vous avez décidé de ne pas être candidat aux élections du 24 février 2024 pour un 3ème mandat face à l’enjeu de stabilité et de paix sociale. Privilégiant le Sénégal au-dessus de tout et de tous.
A priori, vous avez voulu sacraliser le respect de la parole donnée et préserver votre dignité intuiti personae et votre grandeur d’homme d’Etat. « Je fais ce que je dis ».
A fortiori, vous avez puissamment pris en compte la sauvegarde du modèle républicain et l’exception démocratique sénégalais à l’instar de vos prédécesseurs les Présidents SENGHOR, DIOUF et WADE.
Et ce fut un discours beau, lumineux, fleuri, plein de fraicheur. Qui est venu éclaircir les nuages amoncelés au-dessus du Sénégal et faire baisser la température.
Un discours qui a mis en joie le peuple sénégalais. Tous ont applaudi. En atteste cette foule chantant et dansant devant les grilles du Palais Présidentiel sur l’Avenue Léopold Sédar Senghor. Et hurlant leur bonheur comme si c’était un discours de victoire électorale. Cela se comprend car c’est ce qui était attendu.
Après un long moment de réflexion marqué par de nombreuses polémiques et moult spéculations sur le 3ème mandat. Une attente des partisans et des opposants, des Sénégalais et des étrangers. Et ce fut le grand soir pour les uns et la déflagration pour les autres selon.
In fine, le discours du 03 Juillet demeure anthologique et l’annonce s’y référent a été unanimement magnifiée par tous et partout. Et à partir de ce moment vous avez emprunté le chemin du Panthéon des grandes figures historiques qui font la fierté de l’Afrique.
Toutefois ce n’est que le début du chemin, le début du commencement. Le chemin ne sera pas un long fleuve tranquille. Il sera parsemé d’embuches et Vous avez devoir à l’atteindre. Donc nul besoin de s’encombrer de situations carcérales tragiques.
Surtout que dans un Etat de droit, l’on dit que compte tenu de la règle de présomption d’innocence jusqu’à l’étape finale de l’autorité de la chose jugée ; la détention est l’exception et la liberté provisoire est le principe. Alors pourquoi tant de souffrances ?
Vous avez pleinement et brillamment joué votre partition. L’on vous exhorte à fermer ce cycle en belle symphonie.
Par devoir républicain et humaniste, Vous êtes le Père de la nation sénégalaise soucieux de la famille républicaine, attentif à votre peuple. Vous avez un devoir d’empathie et de compassion. Et c’est à juste raison que les dignes épouses de l’opposant Sonko bien dans leur rôle vous ont respectueusement sollicité pour la mise en liberté de leur époux.
Monsieur le Président,
L’on reste convaincu que par devoir républicain et humaniste leur demande sera satisfaite. Chaque jour qui passe est de trop alors que l’enjeu crucial est de fermer votre chapitre de ce cycle historique triomphalement vous exonérant de tout martyre. Et vous attelant à passer le témoin paisiblement avec l’impératif de salubrité publique, de paix et de concorde nationale.
Au demeurant condition première pour des élections libres transparentes et inclusives qui seules vous permettront de transmettre le témoin à un autre sénégalais qui serait dépositaire de la confiance du peuple souverain.
Votre dernière marche pour couronner votre titre de Président d’anthologie c’est de privilégier la restauration d’un Sénégal uni et réconcilié avant tout rendez-vous républicain. Libérer les détenus, organiser des élections libres transparentes et surtout inclusives. Autre alerte sur ce point essentiel. Ni juridisme, ni interprétation juridique stricto sensu, ni démagogie républicaine. Il conviendrait de poursuivre le dialogue, de l’amplifier avec toutes les forces vives de la nation y compris l’opposant Ousmane SONKO pour conjurer tout risque de contestation post-électorale, tout risque d’instabilité et par ricochet d’insécurité voir de chaos.
La fragilité des pays frères découlant de ce genre de situation et les bouleversements de l’ordre constitutionnel des pays frères découlant de tissus socio-politiques fragiles sont assez édifiants. Que toutes les conditions soient réunies et que le temps requis soit consacré avant tout rendez-vous républicain.
Monsieur le Président,
C’est votre seule et entière responsabilité. La poursuite de ce dialogue n’est ni un choix, ni une option, c’est une nécessite première. Le compromis dynamique vanté par le Président SENGHOR est l’ADN de notre République.
Donc certes, vous avez peut-être hâte de passer le témoin avec votre émouvant discours d’adieu républicain de Touba. Toutefois vous avez devoir à nous présider dans l’intérêt général jusqu’à la dernière seconde. Ne sacrifiez nullement le destin du Sénégal et des Sénégalais sur l’autel des ambitions politiques personnelles et de la démagogie.
Si je vous ai écrit cette si longue lettre en pensant à la célèbre défunte écrivaine Mariama BA c’est pour vous exhorter à finir votre chapitre dans la tradition démocratique sénégalaise. Et de refuser toute tâche qui pourrait entacher et rendre minuscule votre œuvre. Et d’écrire en majuscule et en lettre d’or votre séquence historique avec des perspectives d’avenir pour le rayonnement du Sénégal et de l’Afrique dans le monde.
Que Vive la République.
Que vive le SENEGAL.