CES MAUX QUI FAVORISENT LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE
D’après les documents, les violences basées sur le genre sont favorisées par le défaut d'information, le faible recours aux centres d'hébergement et la peur de la stigmatisation.
Le laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/AfriqueDiaspora (Laspad) a organisé samedi, avec les journalistes spécialisés en santé, un atelier de partage des résultats des différentes recherches sur les violences basées sur le genre (Vbg). Au Sénégal, il n’existe que 28 centres d’hébergement. 75% des centres sont mis en place par des organisations communautaires alors l’État n'en gère que sept au niveau national.
Les violences basées sur le genre, au-delà de leur caractère délictuel ou criminel, ont un impact déterminant sur la dégradation de la santé physique, mentale et sexuelle des adolescentes mais aussi sur la prévalence des maladies sexuellement transmissibles ainsi que la recrudescence des grossesses précoces. Pour avoir une idée nette de la situation, le projet «Heberger, informer, resocialiser et autonomiser» (Hira) a réalisé une cartographie qui a permis d'établir la situation de référence des structures qui accueillent et offrent différents types de services aux filles et femmes victimes de violences basées sur le Genre (VBG) au Sénégal. L'hébergement dans une maison est en effet une des modalités de la prise en charge ; il ne dépend pas toujours d'une décision judiciaire, mais peut être le fait d'une médiation communautaire ou familiale voire d'une décision individuelle chez les adultes. Ainsi, ce placement permet de soustraire la survivante de son/ses bourreaux et de son environnement délétère et de lui assurer protection et divers services. Il permet souvent d'entamer le processus de réparation. Seulement la disponibilité de ces centres pose un réel problème au Sénégal. Selon l’étude, le Sénégal dispose de 28 structures d’hébergement fonctionnelles installées dans 10 régions. Dakar abrite le tiers des centres. Aussi il a été noté une forte concentration des structures d’hébergement dans les capitales régionales et dans les grandes villes. Quatre régions comme Matam, Diourbel, Kaffrine et Sédhiou ne disposent d’aucun centre. Selon toujours l’étude, 75% des centres d’hébergement sont des initiatives communautaires et seuls 25% des centres sont créés et pris en charge par l’Etat.
D’après les documents, les violences basées sur le genre sont favorisées par le défaut d'information, le faible recours aux centres d'hébergement et la peur de la stigmatisation.
Selon Laïty Fary Ndiaye, membre de l’équipe de recherches, les violences basées sur le genre affectent toutes les couches sociales et tous les âges. «C'est cela qui est intéressant car elles peuvent affecter tout le monde ; ce qui va différencier, ce sont les réponses familiales. On entend certaines personnes dire, parce qu'elles n'ont pas d'éducation, qu'elles sont violées parce qu'elles n'ont pas été à l'école ; mais ce n'est pas cela. Les violences répondent d'abord à un désir de contrôle et c'est cela qui cause les violences», affirme-t-il. A l’en croire, nous sommes dans une société patriarcal. «Nous avons une analyse à faire et qui se fait sur les rapports sociaux de sexes qui sont inégalitaires ; c'est cela qui est la racine, la base des violences», révèle-t-il.
Pour sa part, le président de l’association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), Alassane Cissé, constate que les journalistes ne parlent pas beaucoup des Vbg. Selon lui, il y a beaucoup d'organismes qui s'activent sur les violences basées sur le genre, qui accompagnent des structures comme Hira sur la gestion des Vbg. «Aujourd'hui nous avons la chance de bénéficier d’une formation avec Laspad à travers le projet Hira des Vbg et en tant que journaliste. C’était un besoin de parler des terminologies qui sont utilisées dans le cadre des Vbg mais également que l'on puisse nous montrer les rapports qui existent sur ces questions-là pour que le journaliste puisse l'exploiter à travers les différentes plateformes», dit-il.