SONKO A DE LA CHANCE
Il a été le premier à en avoir parlé publiquement à la radio en août dernier. Dialo Diop qui a blanchi sous le harnais a failli être lynché pour avoir brisé un tabou. Le plan alternatif qu’il avait osé insinuer n’était en rien un crime de lèse-majesté.
Il a été le premier à en avoir parlé publiquement à la radio en août dernier. Dialo Diop qui a blanchi sous le harnais a failli être lynché pour avoir brisé un tabou. Le plan alternatif qu’il avait osé insinuer n’était en rien un crime de lèse-majesté. L’histoire lui a donné raison. Sonko s’est presque auto-éliminé comme si, en fin de compte, il ne voulait pas du pouvoir. Il faut d’abord être juste en lui reconnaissant une ascension phénoménale qui fait qu’on parle de lui matin, midi et soir. Dans le champ politique sénégalais de ces dernières décennies, seul Wade avait une telle emprise sur le débat public. Il est sain, me semble-t-il, d’éviter de s’acharner sur un compatriote en difficulté qui plus est, dans les liens de la détention. Il faut plutôt souhaiter qu’il se tire d’affaire le plus tôt.
Le problème est qu’il n’a pas su gérer le succès. Parce que jamais au plus grand jamais, il n’aurait dû mettre les pieds dans ce qui ressemble plus à une auberge qu’un salon de massage. Ce n’était pas très classe. Quand on atteint un certain niveau de notoriété, on ne s’appartient plus. On se blinde. On ne se relâche pas. Le relâchement fut une faute. Tout est parti de là. Et les choses se sont emberlificotées. L’apaisement qui devait être élevé au rang de méthode et de style a été rabaissé. Le forceps et la démesure dont on ne sait jamais où ils finissent ont tout balayé. Il y laissera des plumes. La prison est inhumaine, mais elle favorise aussi la réflexion et la raison. On y écoute moins son cœur ou les êtres que les choses. Au fond, Ousmane est chanceux. Son empêchement lui évite d’étaler une quelconque incompétence face aux défis tectoniques du Sénégal en cas de présidence de la République. Les promesses qui seraient faites à la jeunesse sont intenables. Il ne peut pas changer un pays naufragé sur le plan comportemental. Ne parlons pas des lobbies, mafias et forces d’inertie face auxquels il ne pourra rien. De là où il se trouve, il peut s’estimer heureux de son inéligibilité car il ne sera pas compté à moyen terme parmi les présidents décevants.
Diomaye jeté en pâture
Malgré l’effort de réflexion, il a eu le choix de l’embarras pour imposer un lieutenant. En dehors de lui-même, on ne connaît pas dans son camp un profil présidentiable. Ce n’est pas du mépris pour les autres. Mais franchement, les noms avancés ne sont pas flamboyants. Bassirou Diomaye a beau être l’homme de confiance, le bras droit ou la main gauche et celui qui a réussi simultanément le concours de l’Enam et du Cfj, il n’en a pas moins été jeté en pâture. Visage poupin et sage comme une image malgré une bévue énorme sur Facebook, BDF, 43 ans, n’est pas encore aguerri pour l’univers de requins. Tout le mal à lui souhaiter est qu’il retrouve au plus vite lui également sa famille. C’est clair qu’en termes de recours ou d’alternative, c’est la rareté plutôt que l’abondance. L’activisme de Guy Marius pourrait s’avérer d’une totale inaction si par enchantement il se retrouvait dans l’immensité de l’Etat où il va s’égarer à coup sûr. S’il devait être question d’un énième plan, les électeurs potentiels seraient totalement déboussolés. C’est pourquoi il ne faut jamais se louper sur la deuxième option. On donne l’impression qu’on marche à tâtons. Et c’est l’éternel procès en immaturité et en inconséquence qui rejaillit et n’en finit pas de coller à la peau. En vérité, au sein de l’ex-Pastef, l’équation est assez simple. Le ver de Lamartine la résume bien. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.