MALGRÉ LES CRAINTES, LA COOPÉRATION SÉNÉGAL-FMI SE POURSUIT
Leur discours souverainiste pouvait laisser entrevoir d’autres perspectives, mais les nouvelles autorités poursuivent le programme 2023-2026 conclu avec l'institution de Bretton Woods, qui prévoit un décaissement de 1150 milliards de francs CFA
Les autorités ont décidé de poursuivre le programme 2023-2026 conclu avec le Fmi dont la délégation séjourne à Dakar depuis une semaine. Pour Faye-Sonko, les visions des deux parties convergent, alors que certains pouvaient redouter une remise en cause de la coopération. Pour les projets des 100 mille logements sociaux, les Bourses de sécurité familiale, ils ont décidé de rester sur la voie de la continuité. En attendant ?
Que dire ? Dans sa communication en Conseil des ministres, le Premier ministre a détaillé ses discussions avec le chef de la Mission des services techniques du Fonds monétaire international séjournant actuellement à Dakar : «Il est ressorti des échanges avec la Mission technique du Fmi, une appréciation satisfaisante relativement au fort engagement des nouvelles autorités pour une meilleure gouvernance économique et sociale. La Mission a également relevé la similitude du programme gouvernemental avec le programme signé avec le Fmi.» En termes clairs, les nouvelles autorités poursuivent le programme 2023-2026 conclu avec le Fonds monétaire international, qui prévoit un décaissement total de l’ordre de 1150 milliards de francs Cfa. Finalement, une nouvelle Mission viendra à Dakar au début du mois de juin 2024, pour procéder à la revue du programme et préparer un deuxième décaissement au mois de juillet 2024, après validation par le Conseil d’administration du Fmi.
Dans son édition du 24 avril dernier, Le Quotidien annonçait la visite d’une délégation du Fmi après le séjour à Washington des ministres des Finances, de l’Economie et du Secrétaire général du gouvernement pour discuter avec les nouvelles autorités de leurs orientations des politiques économiques et financières. Si cette Mission devait être celle de la clarification, on peut dire que les nuages ont été dégagés pour permettre la poursuite du programme, surtout que certains pouvaient redouter la suspension de la coopération jusqu’à l’aboutissement de nouvelles négociations concluantes. Le discours souverainiste tenu par le ministre de l’Economie, de la coopération et du plan, lors de sa passation de services, pouvait laisser entrevoir d’autres perspectives. Que nenni !
Il est par contre sûr que le gouvernement va continuer à honorer ses engagements électoraux, notamment la réduction ou la suppression pure et simple des subventions sur certains produits pour atténuer les prix. Il l’a répété en Conseil des ministres. Une réunion technique avec le patronat, les organisations syndicales, les consommateurs, s’est tenue hier à la Primature, pour essayer de trouver la bonne formule pour y arriver. En apparence, cela s’avère encore difficile de trouver le meilleur mécanisme de réduction et de régulation des prix.
100 mille logements sociaux, Bourses de sécurité famille poursuivis
Aujourd’hui, Ousmane Sonko annonce aussi que les «mesures prioritaires de la feuille de route du gouvernement seront également focalisées sur la campagne de production agricole 2024» et surtout le «Programme 100 000 logements». Si les dernières mesures sur le foncier, notamment la suspension des travaux du Pôle urbain Dagga-Kholpa, cœur du projet, et dans d’autres zones, vont ralentir son rythme d’avancement, l’Etat a décidé de rester dans la continuité du précédent régime pour permettre aux Sénégalais d’accéder au toit de manière moins coûteuse.
Par ailleurs, il y a aussi la poursuite d’un programme important sur le «filet» social. Selon le communiqué du Conseil des ministres, le président de la République a indiqué l’urgence «d’une actualisation du Registre national unique (Rnu) avant le 30 juin 2024 et de revoir les critères d’éligibilité et les listes des bénéficiaires des Bourses de sécurité familiale». Il faut savoir que le montant des bourses est passé de 25 mille à 35 mille F Cfa par trimestre et touche un million de ménages. Alors que le programme concernait à ses débuts 320 ménages.
Dans le secteur du transport, le président Faye veut une «évaluation rapide du système de gestion des sociétés publiques de transport, notamment de la société Dakar Dem Dikk, dont l’audit des activités, des parcs de bus, des ressources humaines, du modèle économique et de la gouvernance globale». Quid du Brt toujours en phase d’essai ? «Il a, de plus, invité le ministre des Transports terrestres à faire le point sur le lancement effectif des activités du Bus rapid transit (Brt) et ses modalités d’exploitation et de gestion», note-t-il. Sur la voie de la continuité ?