NAGO SECK ET SYLVIE CLERFEUILLE RACONTENT LEURS 50 ANS DE PASSION
Nago Seck et Sylvie Clerfeuille, deux journalistes et spécialistes des musiques urbaines d’Afrique et de l’océan Indien ont convié leur monde en fin de semaine écoulée, à Dakar, à un atelier de vernissage suivi d’une conférence
Nago Seck et Sylvie Clerfeuille, un couple passionné des musiques urbaines africaines depuis les années 70, ont raconté à travers un vernissage suivi d’une conférence, au Clos Normand de l’Université Cheikh Anta Diop, l’histoire de ces musiques urbaines africaines.
Nago Seck et Sylvie Clerfeuille, deux journalistes et spécialistes des musiques urbaines d’Afrique et de l’océan Indien ont convié leur monde en fin de semaine écoulée, à Dakar, à un atelier de vernissage suivi d’une conférence expliquant l’émergence de l’art des sons urbains africains pour inviter les politiques et autres acteurs de la vie économique à soutenir la musicothérapie qui se révèle de nos jours en véritable industrie musicale, parce que créateur d’emplois et par ricochet de rentrées de devises. D’un parcours très riche sur les musiques urbaines africaines, le couple de journalistes et d’historiens de la polyrythmique, par ailleurs commissaires d’exposition, opérateurs culturels et auteurs de plusieurs livres sur la musique africaine, se sont réjouis d’avoir apporté leur contribution en termes d’expérience esthétique et de création de mémoire sémantique musicale. Comme le raconte passionnément Sylvie Clerfeuille : «A travers cet atelier d’exposition, nous essayons de montrer par notre contribution comment un mouvement culturel se construit. Dans les années 70, les musiques urbaines africaines étaient totalement inexistantes. Mais, par l’abnégation et la passion d’une poignée de gens en France et en Afrique celle-ci (musique) est, de nos jours devenue une musique internationale, à travers l’exposition internationale. Et ça, nous y contribuons de la belle des manières, en montrant notamment comment on fait des masters class, comment on publie des livres, comment on rentre dans les encyclopédies, comment on organise des événements etc. ». Faisant l’économie de ses 50 ans d’histoire musicale urbaine africaine, Sylvie Clerfeuille Seck avoue que rien n’est facile dans la culture. Mais, « le plus important dans ça, c’est la passion ». Certes, « je suis française et Nago Seck, un Sénégalais issu d’une famille musicienne, avait plutôt besoin de promouvoir ». Et donc, « pas la même approche mais tous ceux qui étaient dans ce milieu étaient passionnés de voir les musiciens africains se faire une place dans le monde musical international ».
Nago Seck, issu d’une famille de griots, oncle du célèbre chanteur Youssou Ndour et cousin de Toumani Diabaté et de Lamine Konté, a pour sa part partagé sa vision de la musique qui, pour lui, n’est pas de l’amusement, comme le prétendent « les hommes politiques et qui ne font aucun effort pour la soutenir ». Non sans manquer de regretter l’un des piliers à l'émergence des musiques africaines en France, et dans le monde, par le lancement en 1979 du festival Africa Fête où ont défilé tous les artistes majeurs de la scène africaine. Ainsi, pour lui ; « la musique est une des valeurs fondamentales de notre culture et de chacun de nous ». Par conséquent, dira-t-il : « Nous devons la respecter, la développer et surtout la faire évoluer avec toute l’attention qu’elle mérite ». A l’instar de la littérature, du théâtre, de la danse et autre peinture, il a fait savoir que « la musique transmet de manière vivante l’âme, l’esprit et les valeurs de tout un peuple ».
Forte de cette importante place dans la vie socioculturelle présente et à venir, « la musique demeure un outil culturel d’affirmation identitaire, enrichissant la mémoire individuelle, collective et internationale », a relevé l’une des chevilles ouvrières de l’émergence des musiques urbaines africaines. Sous ce rapport, Nago Seck signifiera: « Nous nous devons de l’intégrer dans l’éducation de nos enfants, notamment dans toutes les écoles afin que celle-ci puisse contribuer à leur faire connaitre leur histoire et leurs racines ». Pour toutes ces raisons, dira-t-il ; « nous nous devons de former, sinon d’initier des enseignants pour la bonne transmission de ce savoir. Faute de quoi, c’est notre histoire qui est compromise».