BAH DIAKHATE RALLUME LA TENSION ENTRE L’APR ET PASTEF
Alors que les premières mesures du nouveau régime laissaient présager une accalmie, l'arrestation de l'activiste a soudainement tendu l'atmosphère politique. Ripostes et contre-attaques se sont multipliées, renvoyant dos à dos Pastéfiens et Apéristes
Moins de deux mois après l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, l’accalmie du terrain politique est en passe de prendre fin. Et le front de se réchauffer. Les effets de l’arrestation de l’activiste Ba Diakhaté pour « offenses au Premier ministre » sont passés par là. Ce mardi, l’Alliance pour la République (APR) a sonné une mobilisation qui a fait sortir des Pastéfiens de leurs gonds. Ce mercredi, l’on saura si le procureur de la République va envoyer Ba Diakhaté en prison en compagnie de l’imam Cheikh Tidiane Ndao arrêté pour la même accusation. Ou s’il va les laisser repartir libres chez eux. Face au risque d’escalade, Seydi Gassama d’Amnesty International demande au président de la République et à son Premier ministre d’éviter de tomber dans le piège de Macky Sall.
L’affaire Ba Diakhaté arrêté ce lundi pour « diffusion de fausses nouvelles » et « offense contre une personne exerçant tout ou une partie des prérogatives du président de la République » a ravivé la tension entre l’APR, dont l’activiste est proche, et le Pastef. Secoués par le séisme que été leur perte du pouvoir intervenue le 24 mars dernier, les Apéristes s’étaient recroquevillés sur euxmêmes pour laisser dérouler les nouveaux tenants du pouvoir. Seules quelques raids politiques du président Macky Sall et des communiqués du Secrétariat exécutif national montraient que l’APR existait encore. L’affaire Ba Diakhaté, du nom de cet activiste accusé d’offenses contre le Premier ministre sur le dossier de l’homosexualité, a été l’occasion pour certains des dirigeants de l’APR comme Abdou Mbow, Seydou Guèye, Pape Malick Ndour, Moustapha Diakhaté, Me Oumar Youm, Pape Gorgui Ndong etc. de sortir de leur torpeur. Ils ont fait le déplacement hier devant les locaux de la Division des investigations criminelles(DIC) lors de l’audition de l’activiste. Une audition qui, selon l’avocat de Bah Diakhaté, Me Alioune Babacar Fall, s’est bien déroulée. «L’audition s’est très bien passée. Ba Diakhaté a répondu à toutes les questions des enquêteurs en apportant des éléments de preuve probants, en déposant un dossier et en répondant à toutes les questions qui lui ont été posées», a indiqué Me Alioune Babacar Fall. Il ajoute qu’à la suite de l’audition, les enquêteurs ont notifié à son client son placement en garde à vue. L’activiste et l’imam Cheikh Tidiane Ndao seront déférés ce mercredi devant le procureur qui est maître des poursuites dans cette affaire. «Il est poursuivi pour des faits d’offense et de diffusion de fausses nouvelles. Desfaits qu’il a réfutés. Donc nous attendons, peut-être, incessamment son déferrement devant le procureur» indique l’avocat.
Des pontes de l’PR devant la DIC…gazés
Plusieurs responsables de l’Apr se sont rendus hier à la Division des investigations criminelles pour soutenir l’activiste Bah Diakhaté arrêté ce lundi au lieudit Technopole, à Pikine. Le président du groupe parlementaire BBY, Abdou Mbow, Issakha Diop, maire de Pikine Est, Pape Gorgui Ndong, ancien ministre de la Jeunesse, Moustapha Diakhaté, Seydou Gueye, Papa Malick Ndour et d’autres soutiens de l’Apr ont fait le déplacement avec les avocats du propriétaire de la page « Baatu Deugg ». L’ancien ministre Oumar Youm a aussi apporté son soutien à l’activiste Bah Diakhaté. Dans un post sur sa page Facebook, l’avocat qu’il est a rappelé au nouveau pouvoir les engagements qu’il avait pris en voulant criminaliser l’homosexualité au Sénégal. «Eh Allah!!! C’est quoi ce déli(t)re? Arrêtons de nous ridiculiser…Soutien total à Bah Diakhate. J’avais dit du haut de La Tribune de l’Assemblée que notre majorité n’entendait pas dépénaliser l’homosexualité. Chose faite ! À celui qui avait promis fermement de criminaliser l’homosexualité de passer aux actes. J’espère simplement que cette proposition ressortira très clairement de sa DPG. Tout le reste est saynète!!!», lit-on sur sa page Facebook. Seulement ces pontes de l’APR n’ont pas facilement déroulé leurs soutiens. Des Pastéfiens présents devant la DIC les ont traités de tous les noms d’oiseaux. Une situation de surchauffe s’est alors installée poussant les policiers à disperser la foule à coups de grenades lacrymogène
Les ripostes d’Amadou Ba et de Maïmouna Bousso de Pastef
Le député Amadou Ba de Pastef a profité de l’occasion pour dénoncer cette stratégie de le nouvelle opposition. « La politisation des faits divers comme stratégie de résurrection de l’opposition. On les voyait venir de loin, mais on ne s’attendait pas à cette sinistre voie de l’utilisation du menu fretin médiatique pour leur retour en politique. Cette semaine, il y a eu plusieurs coïncidences entre la publication des Rapports des Corps de contrôle, les scandales fonciers, les remobilisations de l’Apr et le retour du candidat Amadou Ba... une accélération de la recomposition pour ne pas disparaître. Les responsables politiques de l’ancien Régime sont conscients que des cataclysmes judiciaires risquent de les occuper durablement pour élucider leur gestion des deniers public » souligne Amadou Ba sur sa page Facebook. Et le député d’ajouter que « Ces Insulteurs publics sont donnés en offrande judiciaire pour anticiper et politiser leurs éventuelles convocations pour justifier leur gestion des deniers publics. Dans le cas du sieur Bah Diakhaté, il a réitéré ses accusations infamantes contre le colonel Abdourahim Kébé tout en sachant que la plainte en diffamation que ce dernier lui a servie sera appelée pour être retenue le 11 juin 2024 devant le TGI de Pikine-Guédiawaye après plus de 12 mois de procédure. Pastef s’est opposé hardiment au Régime de Macky Sall sans jamais baser son combat sur des infamies mensongères sur la vie privée des responsables politiques. Toute notre opposition a tourné autour de la gestion des deniers publics et la mal gouvernance ».
Maïmouna Bousso, partisane du Pastef et proche du Premier ministre Ousmane Sonko, est montée au créneau pour riposter. « Nous n’accepterons pas d’être dans l’opposition et de subir des insultes, d’être diffamés, de voir notre réputation salie, et cela sous les yeux de nos enfants. Aujourd’hui, nous arrivons au pouvoir et on continue de nous insulter, de nous salir devant nos parents et nos enfants. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. En ce qui me concerne, moi, Maïmouna, je ne l’accepterai jamais. Nous nous sommes battus contre l’injustice, contre ces individus qui passent leur temps à insulter et à diffamer. Mais je peux vous dire que c’est terminé, car les choses vont changer. J’ai remarqué que beaucoup de gens s’affolent, mais pourquoi s’affolent-ils tous ainsi ? Tout simplement parce que la personne qui les protégeait n’est plus là et qu’ils ont perdu tout ce qu’ils avaient. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. Pendant 12 ans, nous l’avons vécu. Moi, Bali Bou Sonko, je ne l’accepterai plus, car nous avons vécu d’énormes souffrances dans ce pays » a déclaré Maïmouna Bousso à travers une vidéo en live.