IL NOUS FAUT UNE VISION ÉTAT/NATION-TERRITOIRES
Toutes ces inondations à Touba et ces complications sociales que vivent les sénégalais sont le fait des disparités territoriales. Comment mettre fin à cette iniquité ?
Toutes ces inondations à Touba et ces complications sociales que vivent les sénégalais sont le fait des disparités territoriales. Comment mettre fin à cette iniquité ? C’est redéfinir les politiques publiques autour d’une vision État-Nation-Territoires.
Prenons en exemple trois territoires : Touba – Dakar – Casamance.
1-/ À votre avis, pourquoi la capitale du Sénégal qui est Dakar se vide de ses populations à chaque période de la Tabaski et devient une ville morte pendant près d’une semaine ?
2-/ Pourquoi on entend presque jamais parler de problèmes d’inondations dans la région de la Casamance qui pourtant reçoit la plus forte pluviométrie qu’aucune région du Sénégal ne pourra supporter ?
3-/ Pourquoi une ville comme Touba, reconnue comme étant la deuxième capitale économique du Sénégal ne répond pas aux exigences d’une grande agglomération en terme d’aménagement urbain ?
Dakar se vide de ses habitants parce que 80 % de la population dakaroise est ressortissante des autres régions du Sénégal.
La Casamance avec ses 3 régions que sont Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, est une vaste agglomération non surpeuplée comme la ville de Dakar. La densité par habitant au km2 est plus faible qu’à Dakar où les populations vivent dans une promiscuité ahurissante surtout dans les banlieues. Ce qui engendre toutes les conséquences liées à la surpopulation notamment l’explosion des canaux d’évacuation des eaux usées en cas de forte utilisation des eaux ménagères et également sans compter les inondations en période hivernale et tant d’autres facteurs environnementaux négatifs comme l’urbanisation anarchique.
Pour une ville comme Touba, cette forte pluviométrie tombée avant-hier sur la ville sainte la transformant en zone marécageuse est le résultat d’un aménagement archaïque d’une partie du territoire.
Il est inadmissible qu’une ville comme Touba ne soit pas aménagée comme il se devait avec des exigences qui répondent aux besoins des populations, aux normes réglementaires et environnementales. Une ville qui accueille chaque jour des centaines de visiteurs sans compter les trois (3) millions de visiteurs qui y déversent des millions de déchets (eaux usées et autres matières organiques) chaque année pendant près d’une semaine lors du grand Magal.
Restructurer Touba est une nécessité vitale.
À Touba, ce qui m’a le plus frappée, c’est le contraste entre la vétusté de l’environnement extérieur et la splendeur des villas avec leur intérieur magnifiquement aménagé et décoré. Aujourd’hui, à mon humble avis, Touba devrait être aménagée à l’image de Médine la ville natale de Mouhamadou Rassoulilahi Psl, le Prophète de l’Islam.
Le manque de planification et d’aménagement adéquats sont les conséquences de cette situation marécageuse de la ville de Touba. Ce qui fait que l’Etat du Sénégal aura beau injecter des milliards de francs CFA dans le curage des canaux d’évacuation des eaux usées et pluviales, les mêmes problèmes referont surface. Il est plus que vital de réaménager la ville de Touba en tenant compte des réalités environnementales. Si nécessaire, déplacer les habitants des zones inondables. Un sacrifice douloureux mais salvateur.
Tout comme il est urgent de promouvoir l’exode urbain pour sauver Dakar la capitale sénégalaise des dangers de la surpopulation. Tout comme il est essentiel de redonner à la Casamance toute sa vitalité économique et culturelle pour l’essor de la région. À chaque territoire sénégalais, ses besoins et enjeux fondamentaux.
Comme une belle symphonie, la vision Etat-Nation-Territoires est le fondement d’un pays organisé, dynamique et prospère. Car si l’Etat est le chef d’orchestre d’un pays, la Nation en est la feuille musicale, et les Territoires en sont les instruments qui jouent les partitions.
Pour que la symphonie puisse être jouée de la plus belle sonorité, il est nécessaire et vital que chaque segment de l’orchestre joue sa note au moment précis où il le faut. Et ce que l’on oublie est que, ce n’est pas le chef d’orchestre qui fait la beauté d’une symphonie mais principalement la feuille musicale qui a pour rôle de rappeler à chaque partition la note à jouer pour la beauté de la symphonie.
Cette toute la métaphore que j’ai trouvée pour donner sons et images à cette vision qu’est Etat-Nation-Territoires, essentiel pour un pays organisé, dynamique et prospère.
Il nous faut cette vision pour le Sénégal.
Mes hommages et encouragements au Khalife Général Maam Serigne Mountakha Mbacké et aux populations sinistrées de Touba.