ABBE ROGER GOMIS APPELLE A TRAVAILLER POUR UNE EDUCATION QUI UNIT
A quelques jours de l’ouverture de l’année scolaire, le débat sur le port de voile dans les établissements scolaires refait surface.
A quelques jours de l’ouverture de l’année scolaire, le débat sur le port de voile dans les établissements scolaires refait surface. Face à la nouvelle directive du Premier ministre, Ousmane Sonko, l’enseignement catholique se sent visé. Pour Abbé Roger Gomis de l’archidiocèse de Dakar, il est temps de rappeler ce qu’est véritablement l’école catholique, son identité profonde et la mission qui et la sienne, au service de la jeunesse sénégalaise.
Depuis quelques années maintenant, l'école catholique dans notre pays fait l'objet de vives polémiques. Selon Abbé Roger Gomis, on l'accuse de pratiquer des rejets à connotation religieuse, notamment en excluant des élèves voilées. Face à cette situation préoccupante, il a rappelé, comme le souligne la Congrégation pour l'Education Catholique, que l'école catholique est d'abord et avant tout une école. Elle doit présenter «les éléments déterminants d'une école», avant de pouvoir se définir comme catholique. Cela signifie pour lui qu'elle poursuit une mission d'instruction et d'éducation ouverte à tous, sans discrimination. Mais ce qui fait sa spécificité, selon le prélat, c'est sa vision éducative centrée sur Jésus-Christ, fondement de son projet pédagogique. «Le Christ, l'homme parfait, en qui, toutes les valeurs humaines trouvent leur pleine réalisation et leur unité harmonieuse. C’est dans cet esprit que l’école catholique s’engage à promouvoir «l'homme intégral», en alliant culture, foi et vie quotidienne, dépassant ainsi le simple rôle de transmission des savoirs. Il s'agit de «former des personnalités capables de ressentir, de juger, d'agir avec les autres sans les instrumentaliser», a-t-il fait savoir.
Pour l’Eglise catholique, cette identité chrétienne affirmée ne signifie en aucun cas «repli identitaire, exclusion ou volonté de convertir au christianisme». Bien au contraire ! Abbé Roger a déclaré : «Inspirée par l'exemple du Christ, l’école catholique aspire à former des esprits éclairés, des cœurs généreux et des consciences droites. Ainsi, loin de s'opposer aux valeurs républicaines, cet idéal rejoint pleinement les finalités de l'école dans une société démocratique : former des citoyens libres, responsables et ouverts à la transcendance».
Et d’ajouter : « c'est justement ce que s'efforcent de vivre au quotidien les écoles catholiques du Sénégal qui accueillent depuis toujours des élèves de toutes confessions, dans le respect de leur foi. Les règles de vie qui y sont en vigueur, connues des parents au moment de l'inscription, visent uniquement à créer un climat propice aux apprentissages et au vivre-ensemble».
Pour Abbé Roger, lorsqu'une élève voilée refuse de serrer la main à un camarade ou de s'asseoir à côté de lui pour des motifs religieux, ce n'est pas sa religion qui est en cause, mais bien certains comportements considérés comme contraires à l'esprit de fraternité et d'ouverture que promeut l'école catholique. De même, la participation aux cours d'éducation physique et sportive fait partie intégrante de la formation proposée, dans le souci du développement harmonieux de chaque jeune qui est confié à l’école catholique.
«Je voudrais alors le redire avec force : l'école catholique au Sénégal se veut un espace de dialogue et de rencontre, fidèle en cela à sa mission d'Église. Et, comme le rappelle l’Eglise, « par la diversité qui la compose, l'école catholique constitue un laboratoire du dialogue qu'elle appelle de ses vœux ». C'est tout le sens de son engagement au service de la jeunesse sénégalaise depuis le début», a-t-il souligné.
Et de mettre en garde contre des procès d’intention, des amalgames nuisibles à a cohésion sociale : «en ces temps troublés, gardons-nous des procès d'intention et des amalgames dangereux. L'école catholique ne demande qu'à poursuivre sa mission éducative dans la sérénité et la confiance, main dans la main avec tous les acteurs de bonne volonté. Puisse le dialogue et la concertation l'emporter, pour le bien de notre jeunesse et l'avenir de notre cher Sénégal».
Abbé Roger Gomis a aussi estimé que ce dialogue ne peut être fécond que s'il se fonde sur une compréhension juste et objective de ce qu'est réellement l'école catholique, au-delà des préjugés et des instrumentalisations. «Les écoles catholiques sont et demeureront des lieux de rencontre de ceux qui veulent témoigner des valeurs chrétiennes dans toute l'éducation. Elles ne peuvent et ne pourront jamais constituer une menace pour notre cohésion nationale, elles sont au contraire des ferments de fraternité et de paix, des laboratoires du vivre-ensemble dans le respect mutuel», a-t-il fait comprendre. Et d’inviter tous les acteurs à continuer à travailler ensemble pour une éducation qui unit plutôt que (celle qui) divise, qui élève plutôt qu'elle n'exclut.