LE NAUFRAGE ÉTERNEL DU JOOLA
Alors qu'un musée-mémorial ouvre enfin ses portes à Ziguinchor, les familles des victimes luttent toujours pour obtenir justice et vérité. "On peut pardonner mais on ne peut pas oublier", estime l'un des rares rescapés
(SenePlus) - Vingt-deux ans après l'une des plus grandes catastrophes maritimes de l'histoire, le Sénégal commémore le naufrage du ferry Joola. Ce drame, qui a coûté la vie à près de 2000 personnes le 26 septembre 2002, continue de hanter la mémoire collective du pays, comme le rapporte RFI dans un reportage.
L'ouverture d'un musée-mémorial à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, marque une étape importante pour les familles des victimes. Malang Batchi, l'un des rares rescapés, souligne l'importance de ce lieu : "C'est un endroit pour tirer les leçons du passé. C'est aussi un lieu de recueillement, un lieu de rappel pour que, plus jamais, cela ne se répète dans ce pays. On peut pardonner mais on ne peut pas oublier".
Cependant, la quête de justice et de vérité reste inachevée. Lamine, qui a perdu son père dans le naufrage alors qu'il n'avait que 9 ans, exprime la frustration des familles : "En 2003, le procureur avait classé le dossier sans suite. Et c'est ce qui n'est pas normal. Donc, pour nous, c'est inacceptable que la justice ne fasse pas son travail et qu'un accident d'une telle nature se produise dans un pays normal et que personne ne soit responsable".
Les enquêtes menées en 2004 ont révélé de nombreux manquements, notamment le mauvais état du bateau et une surcharge massive de passagers. RFI rappelle que 1 928 personnes étaient à bord au lieu des 580 prévues, soit plus du triple de la capacité officielle du navire. La lenteur des secours, arrivés seulement 10 heures après le naufrage, est également pointée du doigt.
Les familles des victimes continuent de demander le renflouement du Joola. Cette requête, techniquement réalisable selon l'association des familles de victimes, vise à permettre aux proches n'ayant pu enterrer leurs disparus de faire enfin leur deuil.