LE CRES S’ATTAQUE A LA MAUVAISE ALIMENTATION
Pour le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), les dépenses consenties pour les Maladies non transmissibles (Mnt), toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur 2017-2021
Pour le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), les dépenses consenties pour les Maladies non transmissibles (Mnt), toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur la période 2017-2021. Le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) d’ajouter que la mauvaise alimentation demeure le principal facteur de risque de maladie, de décès et d’incapacité, dans le monde entier. Face à cette préoccupation, le Cres a lancé à Dakar hier, mardi 1er octobre, le projet intitulé « Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à̀ des régimes alimentaires sains au Sénégal ». A cette occasion, le professeur Abdoulaye Diagne, directeur exécutif du Cres, a souligné : « la rationalité qui sous-tend le projet de recherche est que l’évolution vers des régimes nutritionnels au Sénégal dépend d’un changement de comportement des acteurs du système alimentaire et des politiques façonnant l’environnement de ce système ».
Au Sénégal, à l’instar des pays en développement, la situation nutritionnelle est globalement caractérisée, selon le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), par la persistance du triple fardeau de la malnutrition à savoir la dénutrition, le surpoids et l’obésité et les carences en micronutriments. En atelier hier, mardi 1er octobre, pour le lancement du projet intitulé« Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains au Sénégal », le directeur exécutif du Cres, Professeur Abdoulaye Diagne a souligné : « les maladies non transmissibles (Mtn) chroniques les plus courantes résultent principalement d’interactions entre un ensemble de facteurs de risque incluant l’inactivité physique, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et une mauvaise alimentation ». Cependant, il a soutenu : « la mauvaise alimentation demeure le principal facteur de risque de maladie, de décès et d’incapacité, dans le monde entier ».
Pour les chercheurs du Cres, une alimentation peut être considérée comme mauvaise, lorsque prédominent dans sa composition des aliments et boissons à forte teneur en gras saturés, en acides gras transformés, en sucres libres et en sel, alors qu'elle est pauvre en fruits et légumes. Cette alimentation provoque l’hypertension, l’obésité et le surpoids qui jouent un rôle majeur dans l’expansion des Mnt. « La hausse de la prévalence de l’obésité, la consommation accrue d’aliments de mauvaise qualité et la dénutrition, qui est toujours omniprésente dans des pays comme le Sénégal, contribuent fortement à l’expansion des MNT. Du fait de ces maladies, des millions de personnes mourront prématurément ou verront leur qualité de vie compromise. Aujourd’hui, la plupart des pays dans le monde doivent porter le fardeau des maladies non transmissibles », fait savoir Pr Diagne.
Au Sénégal, selon les Enquêtes Démographiques et de Santé de 2023, 18% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance. La malnutrition aiguë, conséquence d’une alimentation insuffisante et de maladies récentes, touche 10% des enfants dont 1% sous forme sévère. L’insuffisance pondérale affecte 16 % des enfants de moins de 5 ans, dont 3% sous forme sévère. « L’exploitation des résultats des comptes de la santé 2017- 2021 du Sénégal montre que les dépenses en Mnt, toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur la période 2017-2021. Ces problèmes sont exacerbés entre autres par la pauvreté, le manque d'éducation nutritionnelle et des environnements alimentaires peu favorables ,les pratiques inappropriées d’alimentation, le retard tardif aux soins de santé, le faible accès à l’eau-assainissement-hygiène, la faiblesse des mécanismes de protection sociale, l’environnement non favorable dans lequel vivent les familles », a renseigné Dr Amadou Doucouré, Directeur de la santé de la mère et de l’enfant, venu représenter le ministre de la Santé et de l’action sociale à cet atelier.
Et d’ajouter : « Agir sur ces facteurs de risque des formes de malnutrition et des Mnt est essentiel pour diminuer leur prévalence et soulager le système de santé de notre pays dans un contexte de montée rapide des coûts des soins et d’un faible développement de systèmes de couverture de santé. Nous devons réfléchir sur ce que nous mangeons, faire évoluer nos habitudes de consommation, marquées encore par des pratiques culinaires inappropriées, une consommation élevée de sucre, sel et matières grasses, l’utilisation généralisée des bouillons et une consommation de fruits et légumes faible ». Au niveau du Cres, son directeur a rappelé qu’au cours des dernières années, sa structure, en partenariat avec plusieurs institutions, a mené une vaste enquête avec l’appui du CRDI sur la consommation des ménages sénégalais. L’enquête a touché 1800 ménages et 3800 individus composés de jeunes et d’adultes. « Le projet de recherche, « Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains au Sénégal », a pour ambition d’exploiter ces données primaires pour mieux saisir le lien entre régime alimentaire, malnutrition et environnement alimentaire dans le contexte sénégalais. La rationalité qui sous-tend le projet de recherche est que l’évolution vers des régimes nutritionnels au Sénégal dépend d’un changement de comportement des acteurs du système alimentaire et des politiques façonnant l’environnement de ce système. Un tel changement requiert la production et l’utilisation de connaissances tirées du contexte sénégalais. « En produisant de telles évidences et en les mettant à disposition, favorisant la mobilisation des acteurs du système alimentaire pour des changements qualitatifs, le projet contribuera à l’évolution de l’environnement du système alimentaire sénégalais vers des régimes nutritifs qui baisseront la prévalence de la malnutrition et des MNT liées à l’alimentation » a-t-il avancé.