LA MER AVALE PLUS DE 50 FILS DU BOUNDOU
La mer n’en a pas encore fini avec les candidats à l’émigration, déterminés à se rendre en Europe en quête d’un mieux être.
Plus de 50 individus venant du département de Goudiry ont perdu la vie en mer hier dans la méditerranée, en Mauritanie. Mais selon plusieurs témoignages, le Boundou compte des centaines de jeunes disparus en mer. Hormis les localités de Komoti, Dianké makha, Gouta, Kothié, entre autres, le drame a touché Niaoulé Mbaygou, une localité située dans la commune de Missirah qui est presque vidée de ses jeunes, en désespoir du fait de l’enclavement de leurs localités où il est très difficile de voir une route bitumée. Trouver du travail, n’en parlons même pas.
La mer n’en a pas encore fini avec les candidats à l’émigration, déterminés à se rendre en Europe en quête d’un mieux être. Le discours des chefs religieux et dernièrement du Président Bassirou Diomaye Faye semble être un coup d’épée dans l’eau, car il ne se passe une seule semaine sans que la nation ne soit endeuillée. Après Mbour, c’est autour du département de Goudiry de payer un lourd tribut. Et pour cause, plus de 50 jeunes dudit département ont disparu hier dans la Méditerranée en Mauritanie, plongeant dans un deuil profond les localités de Komoti, Dianké Makha, Gouta, Kothié, entre autres, dont les populations promettent de descendre dans la rue le mardi 08 octobre prochain pour dire non à la pratique de l’émigration clandestine.
Mais d’après des sources concordantes, parler de ces 50 morts est un euphémisme par rapport à ce qui s’est passé, puisque le nombre de disparus se chiffre par centaines. Il faut dire que le drame ne se limite pas à Goudiry, car Niaoulé Mbaygou, une localité située dans la commune de Missirah, est presque vidée de ses jeunes, en désespoir du fait de l’enclavement de leurs localités où il est très difficile de voir une route bitumée.
Meurtri par le drame inqualifiable qui a eu lieu hier, la tête de liste de la coalition NAFOORESENEGAL et maire de Missirah, Amadou Ba, a exprimé sa compassion envers les familles des victimes. Il estime que rien ne peut retenir ces jeunes et que dans les accords avec les pays européens, la problématique de l’émigration doit être prise en compte pour permettre aux jeunes d’emprunter les voies légales pour se rendre en Europe et gagner dignement leurs vies. Prenant la balle au bond, Djimo Souaré, président du Conseil départemental de Goudiry, a déclaré dans un communiqué : «Chers concitoyens, C’est avec une immense tristesse que j’ai appris l’horreur de ce jour : deux pirogues transportant 160 de nos frères et sœurs, portés disparus en mer. Parmi eux des dizaines de jeunes originaires du département de Goudiry. En ces moments de douleur, je me joins à vous pour exprimer mes plus sincères condoléances aux familles frappées par cette tragédie. Que Dieu veille sur les âmes disparues et réconforte leurs proches dans cette épreuve. Face à ce fléau qui continue de ravager des vies, ce n’est ni le temps des discours politiques ni des divisions. Ce moment exige une union sacrée. Il est de notre devoir de nous rassembler, de transcender nos différences pour lutter ensemble contre les causes profondes de ces drames».
Poursuivant, Djimo Souré ajoute : «Nos jeunes, nos frères et sœurs, ne devraient pas avoir à risquer leur vie pour un avenir incertain. Il faut impérativement une prise en charge dynamique et sérieuse de la question migratoire, par les plus hautes autorités de notre pays. Nous devons redonner de l’espoir et dégager des perspectives pour notre jeunesse. La solution passe par la solidarité, l’entraide et des actions concrètes. Je suis fermement engagé aux côtés de vous tous pour que nous puissions ensemble trouver des solutions durables et mettre fin à ce cycle tragique. Il est de notre responsabilité collective d’offrir des opportunités à nos jeunes ici, sur notre terre, et de leur redonner l’espoir en un avenir meilleur. Restons unis, gardons espoir, et œuvrons ensemble pour que cette tragédie ne se répète plus jamais. Avec force et détermination».
Il faut rappeler que le chef de l’État s’était déplacé jusqu’à Mbour pour dénoncer fermement les réseaux de migration clandestine, qu’il qualifie de «trafiquants d’êtres humains». Lors de son discours, il a expliqué que ces réseaux exploitent le désespoir de la jeunesse sénégalaise en leur vendant un rêve illusoire d’un avenir meilleur à l’étranger. «Ces vendeurs d’illusions, ces marchands de la mort ne cessent de pousser nos jeunes à risquer leur vie pour une promesse vide. Le gouvernement est en train de combattre le phénomène et pour dire aussi que le gouvernement continuera à traquer ces vendeurs d’illusions, ces marchands de la mort jusqu’à leur dernier retranchement», a-t-il dit.
Cette recrudescence de l’émigration irrégulière fait penser à la célèbre déclaration de l’ex Président Abdou Diouf lorsqu’il plaidait en 1991 pour un maintien de l'aide au continent africain. «Vous risquez d'être envahis demain d'une multitude d'Africains qui, poussés par la misère, déferleront par vagues sur les pays du Nord. Et vous aurez beau faire des législations contre l'émigration, vous ne pourrez pas arrêter ce flot car on n'arrête pas la mer avec ses bras», avait-il prédit. Sauf que beaucoup, faute de pouvoir passer par les moyens légaux, bravent la mer pour se rendre en occident, au prix de leurs vies. Et les morts se comptent par centaines, les villages vidés de leurs jeunes qui ne savent plus à quel saint se vouer.