L’ÉTAT RÉAFFIRME LA LAÏCITÉ INCLUSIVE DANS LES ÉCOLES
Le port des signes religieux (voile, croix, perles sacrées) est permis. Toutefois, cette acceptation est encadrée par des règles strictes visant à garantir la participation des élèves à toutes les activités pédagogiques et sportives
(SenePlus) - Le ministère de l'Éducation nationale vient de franchir un pas décisif vers une éducation plus inclusive et respectueuse de la diversité. Dans un arrêté daté du 8 octobre 2024, le ministre Moustapha Mamba Guirassy a établi de nouveaux principes directeurs pour les règlements intérieurs des établissements scolaires, publics comme privés.
Ce texte, qui s'inscrit dans le respect de la Constitution sénégalaise, met l'accent sur "la sauvegarde de l'ordre républicain, la cohésion nationale, la garantie des libertés individuelles et collectives, le respect de toutes les croyances religieuses, l 'égalité devant la loi, la non-discrimination et l'inclusion sociale et scolaire."
L'un des points les plus marquants du document concerne le traitement des signes religieux en milieu scolaire. Contrairement à d'autres pays qui ont opté pour une interdiction stricte, le Sénégal a choisi une voie médiane. L'arrêté stipule clairement "le respect des croyances religieuses incluant l'acceptation du port des signes religieux, tels que le voile, la croix, les perles sacrées, sans préjudice à une identification nette de l'élève dans l'enceinte de l' école, dans les classes et lors des activités pédagogiques."
Cette approche inclusive s'accompagne cependant d'une condition importante : "Ce respect de la différence religieuse ne soustrait pas l'élève, excepté par des dispenses objectivement motivées, de la participation aux activités pédagogiques et sportives obligatoires." Cette clause vise à maintenir un équilibre entre le respect des croyances et la nécessité d'une participation pleine et entière à la vie scolaire.
L'arrêté aborde également la question de la mixité, un sujet parfois sensible dans certains contextes religieux. Il prévoit "l'acceptation de la mixité et le respect mutuel en vue de renforcer les valeurs du vivre ensemble", interdisant notamment "toute entrave à la mixité dans l'utilisation de l'espace scolaire y compris les tables-bancs, les bancs publics et les terrains sportifs, à l'exception des toilettes et vestiaires".
Dans un souci de promotion du vivre-ensemble, le texte encourage "l'acceptation de formes de salutation autres que serrer la main", tout en interdisant "toute forme de violence physique et verbale ou mots de harcèlement".
Ces nouvelles directives s'inscrivent, selon l'État, dans une volonté plus large de créer un "environnement propice aux enseignements et aux apprentissages". Elles abordent des aspects variés de la vie scolaire, de la sécurité à la discipline, en passant par la participation des élèves à la vie de l'établissement.
L'arrêté prévoit également des procédures disciplinaires « justes et équitables », insistant sur « la proportionnalité des sanctions négatives » et « le droit à la défense » des élèves. Il encourage par ailleurs « la participation active de tous les membres de la communauté éducative, en prévoyant des instances de dialogue et de concertation ».
La mise en œuvre de ces nouvelles règles sera supervisée par les Inspections d'Académie, qui disposeront d'un délai de 60 jours pour approuver les règlements intérieurs soumis par les établissements. "Tout règlement intérieur non approuvé est non applicable", précise l'arrêté.
Cette initiative du ministère de l'Éducation nationale représente une approche novatrice de la laïcité en milieu scolaire. Elle embrasse la diversité religieuse tout en maintenant un cadre commun pour tous les élèves. Le Sénégal se ainsi positionne comme un modèle potentiel pour d'autres pays confrontés à des défis similaires.