VIDEOLE FANTÔME DE SÉKOU TOURÉ HANTE LA GUINÉE
Quarante ans après sa mort, le premier président guinéen divise toujours son pays. Héros de l'indépendance pour certains, dictateur sanguinaire pour d'autres, son héritage fait l'objet d'une âpre bataille mémorielle
Quarante ans après sa mort, Ahmed Sékou Touré divise toujours la Guinée. Le premier président du pays, artisan de l'indépendance en 1958, connaît une résurrection controversée dans l'imaginaire collectif.
D'un côté, une jeunesse en quête de héros panafricains s'empare de son image. De l'autre, les familles des victimes de son régime luttent pour que ses crimes ne sombrent pas dans l'oubli. Entre les deux, le pouvoir actuel orchestre une réhabilitation officielle du "père de la nation".
À Conakry, la bataille fait rage. Tandis que l'aéroport arbore désormais le nom de Sékou Touré, les charniers de son époque disparaissent peu à peu du paysage urbain. Le camp Boiro, symbole de la répression, reste fermé au public.
Cette guerre des mémoires dépasse les frontières guinéennes. Elle résonne dans toute l'Afrique de l'Ouest, où les régimes militaires se multiplient et où le sentiment anti-occidental grandit.
Ainsi, 40 ans après sa disparition, Sékou Touré continue de façonner l'avenir de son pays, pour le meilleur et pour le pire.