PEUR DANS LES HOPITAUX ET CENTRES DE SANTE…
Après les braquages de Richard Toll et Fann, And Guëssëum» en colère réclame la sécurisation des lieux de travail
Depuis un certain temps, des agents de santé font face à des attaques et autres braquages dans les structures sanitaires du pays comme c’est le cas à Richard Toll et à l’hôpital de Fann. L’Alliance de santé «And Guëssëum» dénonce et demande surtout la délocalisation de l’EPS 1 de Richard Toll, et interpelle le gouvernement sur l’urgence de sécuriser davantage les lieux de travail et les populations.
«Le mardi dernier, une dizaine de personnes encagoulées et à bord d’un pickup avec des mitraillettes et lunettes de soleil, sont venues demander la caisse des recettes de l’hôpital de Richard Toll. Cependant ils ignoraient que l’argent est versé chaque jour à la banque avant 16 heures. Donc, quand on vient braquer, c’est pour des pièces. Mais ils ont terrorisé les malades et le personnel sur place. ’’Le gynécologue était déjà absent des lieux», s’est indigné le président de l’alliance de santé «And Guëssëum». Mballo Dia Thiam dénonce la terreur et la violence infligées aux malades et au personnel de santé de l’hôpital de Richard Toll lors de ce «braquage sauvage» opéré le mardi le 29 octobre dernier par ces «assaillants encagoulés». Un cas parmi tant d’autres comme à Ndoffane et à l’hôpital de Fann où un médecin a été agressé par un accompagnant d’un malade suite à son décès. M. Thiam s’insurge surtout contre l’agression d’un médecin dans cette structure sanitaire suivie de destruction d’équipements de réanimation par un accompagnant qui aurait perdu un proche comme si, dit-il, l’hôpital avait une obligation de résultats. «Les hôpitaux ont une obligation de moyens et pas de résultats. C’est une affaire de vandalisme et de banditisme pour des actes posés suite à un décès d’un patient comme si les agents de santé sont des meurtriers. Le Pr Seydi avait même déposé une plainte parce qu’il avait gâté la table de monitoring», a-t-il dit non sans citer les scènes de saccage et de jets de pierres par des jakartamen en furie qui avaient été constatées dans les hôpitaux de Thiès et de Tivaouane. Il n’a pas aussi oublié la situation qu’ont vécue les agents des services d’hygiène sur qui on avait jeté des pierres, en pleine période de Covid 19, parce qu’ils s’opposaient à l’enterrement des corps dans leurs cimetières.
Des actes ignobles et barbares dénoncés
Ils dénoncent ces actes ignobles et barbares perpétrés dans un lieu de traitement de personnes malades. Il interpelle d’ailleurs le gouvernement sur l’urgence de traquer ces malfrats et de sécuriser davantage les lieux de travail et les populations. «En plus des risques inhérents à leur travail, les personnels des postes de santé des maternités et hôpitaux en ont assez de devoir faire face à de tels actes devenus récurrents», a-t-il martelé. Il rappelle qu’en 2008, lors des assises nationales, eux, les syndicalistes de la santé, avaient demandé de voter une loi d’orientation familiale. Surtout que la famille s’est encore désagrégée. Il indique que «même un animal ne tue que pour se nourrir. Il tue que par légitime défense. Seul l’homme qui tue d’une manière fortuite. Nous ne pouvons que faire des propositions. A l’Etat de mettre la sécurité qu’il faut». Mais pour le cas spécifique de l’EPS 1 de Richard Toll, «And Guëssëum» exige sa délocalisation.
D’après M. Thiam, la structure qui fonctionne sans service de réanimation est aussi érigée dans une zone marécageuse et exposé à des vidanges de fosses septiques deux fois par semaines. «L’hôpital de Richard Toll, crée vers les années 1950, se trouve à côté du fleuve. Il est installé dans une zone marécageuse. D’où les fosses septiques toujours pleines avec la nappe qui effleure et qui demande un vidange tous les trois jours. Pourtant, on y a créé un centre de santé bien placée». D’où son plaidoyer demandant la délocalisation dudit hôpital dans une zone plus saine et plus sécurisée. «Nous ne demandons pas à ce que l’hôpital soit délogé dans ce centre de santé, mais sur la route de Dagana, au moins, d’autant qu’il y a des espaces. Les populations de Richard Toll méritent une structure sanitaire de dimension sous régionale voire internationale vu leur proximité avec la Mauritanie». C’est une parmi les doléances de ce syndicaliste de la santé qui rappelle que le régime sortant avait réussi à construire des hôpitaux en 6 à 8 mois. «C’est juste un problème de volonté politique», dit-il. Il a aussi sauté sur l’occasion pour aborder la question du passif social, et des accords signés avec le gouvernement sortant. «Nous avons rencontré le ministre de tutelle qui nous a mis en rapport avec le Drh, mais il n’y a pas encore de suite. Nous avons eu à faire beaucoup de plans d’action, et une rencontre avec l’alors ministre de la Fonction publique, Mariama Sarr, mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’évolution pour certains agents malgré le protocole d’accord de 2022. Ce n’est pas un changement de gouvernement, mais un changement de régime. On a adressé une lettre au Premier ministre Ousmane Sonko en avril dernier pour une séance plénière. Mais on n’a pas eu de réponse malgré nos relances. C’est pour ne pas engager une lutte dans les rues.
Le ministre de la Fonction publique nous a demandé de l’écouter. Mais quand on entend un ministre de la Santé remettre en cause une loi, ça ne nous rassure pas. Nous de «And Guëssëum», on a travaillé fort pour que cette loi soit votée. Les augmentations aussi, c’est un accord avec le gouvernement. Le Premier ministre sous Macky Sall, Amadou Bâ, nous avait demandé de faire une trêve de 15 jours, malheureusement, il y a eu ce changement de régime», a-t-il dit. Il réitère ainsi sa demande d’une séance plénière adressée au Premier ministre par courrier de rappel en date du 18 octobre resté sans suite. Ce, afin de faire appliquer les accords portant sur les augmentations de salaires aux contractuels des établissements publics de santé et aux travailleurs des collectivités territoriales en perspective de la nouvelle loi des finances 2025 pour envisager l’apurement, ou du passif social. «On était parti en grève. On a suspendu les plans d’action tout en continuant la rétention de l’information, mais on risque de reprendre la grève. On mérite respect et considération», a donné comme avertissement M. Thiam qui va, dans les prochains jours, recevoir une distinction de «meilleur leader syndical africain contemporain» à Abidjan pour le prix de docteur honoris Causa ! Il en a profité pour rendre hommage à titre posthume à l’ancien ministre des Finances et du Budget Mamadou Moustapha Bâ.