CHEIKH AMAR VEUT SE LANCER DANS L’AUTOMOBILE
MALGRÉ UN DOSSIER DE MARCHÉS PUBLICS PLEIN DE RATÉS
La société Tse appartenant à Cheikh Amar veut une part du marché de la concession automobile. Il a soumis sa proposition au ministère de la Décentralisation qui doit bientôt trancher. Mais déjà, certains reprochent à son dossier de comporter des lacunes rédhibitoires.
Après les phosphates de Matam, la promotion immobilière, la distribution des engrais et des semences, l’entreprise Tracto services equipment (Tse), appartenant à l’homme d’affaires Cheikh Amar veut ajouter une corde supplémentaire à son arc.
Elle s’est en effet lancée dans la concession automobile. Mais dans ce secteur, les choses ne se présentent pas aussi facilement qu’il l’aurait souhaité. La preuve en est avec l’appel d’offres de fournitures de véhicules 4X4 Station wagon et pick-up, pour le compte du ministère de l’Aménagement du territoire et des collectivités locales, dirigé par Oumar Youm.
Pour ce marché, l’entreprise de Cheikh Amar s’est retrouvée en compétition avec des concessionnaires automobiles ayant pignon sur rue à Dakar, comme Matforce, Ccbm, dans deux de ses composantes, automobiles et industries, Tata, Cfao motors Sénégal, et La sénégalaise de l’automobile. Pourtant, le 5 juin dernier, lors de l’ouverture des plis de l’appel d’offres, la soumission des services de M. Amar a eu du mal à passer. En effet, il a été reproché à son dossier de ne pas inclure les attestations de l’Ipres ainsi que celui de l’Inspection du travail.
Or, il est de notoriété publique, depuis l’adoption du nouveau Code des marchés, que ne peuvent être admis à soumissionner pour des marchés publics, que les dossiers qui sont à jour par rapport à toutes les institutions de protection sociale du Sénégal, et qui possèdent un Ninea en bonne et due forme. Mais surtout en plus, dans le fond, la Commission des marchés publics du ministère de Oumar Youm s’est posée la question de la garantie que pouvait fournir Cheikh Amar en ce qui concernait le Service après-vente (Sav).
De notoriété publique, même s’il lui est déjà arrivé à l’époque du régi- me du Président Wade de fournir des tracteurs, notamment aux services de l’agriculture de ce pays, Cheikh Amar n’est pas un concessionnaire automobile, et n’est pas connu pour posséder un garage afin d’assurer la maintenance contractuelle de la période sous garantie. Il s’en est donc fallu de peu pour que la soumission ne soit recalée dès cette étape.
Il semblerait, selon certaines personnes ayant assisté à l’ouverture des plis, que certains des présents ont fait comprendre que ce ne serait pas bien vu, «en haut lieu» d’écarter la proposition de M. Amar. Ce qui a contraint, à titre de compromis, le président de la Commission des marchés à proposer la mise en place d’un Comité technique pour l’évaluation des chiffres. Une manière de refiler, comme on dit, la patate chaude à d’autres pour qu’ils tranchent.
Cet artifice n’empêche pas certains témoins de déclarer que ce serait un gros scandale que M. Amar, au vu de son dossier, puisse être attributaire d’une part quelconque de ce marché.
Il faut se rappeler que cet homme d’affaires est réputé avoir amassé la plus grande partie de sa fortune sous le régime de Abdoulaye Wade, dont il était l’un des protégés. Plusieurs personnes s’attendaient donc, avec le changement de pouvoir, qu’il connaisse une certaine traversée du désert. Il semble de plus en plus que cela n’est pas le cas.