YAHYA JAMMEH CRITIQUE LES FAMILLES DE MIGRANTS MORTS EN MEDITERRANÉE
Banjul (Gambie), 15 mai 2015 (AFP) - Le président gambien Yahya Jammeh a imputé aux familles de migrants qui envoient leurs enfants tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée pour atteindre l'Europe la responsabilité de la mort de nombre d'entre eux dans les récents naufrages.
Quelque 1.800 personnes sont mortes dans des naufrages en Méditerranée depuis le début de l'année, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), dont des centaines de Gambiens, Sénégalais et Maliens, mais aussi d'Erythréens et de Somaliens, dans le silence de l'immense majorité des dirigeants africains.
"Il y a eu beaucoup de funérailles dans le pays ces dernières semaines à la suite de nombreux morts en Méditerranée", a déclaré Yahya Jammeh jeudi soir sur la télévision publique.
"Ceux qui ont payé pour que leurs fils et filles s'embarquent dans cette dangereuse traversée estiment qu'ils seraient morts s'ils étaient restés au pays", a souligné M. Jammeh.
"Mais si ce sont de vrais musulmans et qu'ils sont convaincus par ce qu'ils disent, ils devraient également savoir que leurs enfants auraient pu s'en sortir chez eux s'ils étaient prêts à y investir et travailler", a dit M. Jammeh, affirmant que des emplois équivalents à ceux occupés par les migrants en Europe existaient en Gambie.
"Nous avons tous vu à la télévision les Européens se plaindre des difficultés économiques, et pourtant des gens dans ce pays paieraient pour que leurs fils et filles aillent mourir en Méditerranée", a affirmé le chef de l'Etat.
"Certains parents ne se soucient guère de la manière dont leurs enfants gagnent leur vie en Europe. Tout ce qui les intéresse, c'est l'argent qu'ils leur envoient", a-t-il accusé.
En Gambie, 60% de la population vit dans "une pauvreté multiforme" dont le tiers avec moins de 1,25 dollars par jour, selon un rapport de l'ONU sur le développement humain publié en 2013.
Porté au pouvoir par un coup d'Etat en 1994, élu et réélu depuis, Yahya Jammeh dirige d'une main de fer ce petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique.