LE COMBAT SOLITAIRE DE MANDELA CONTRE LE GENOCIDE DES TUTSIS
Dakar, 18 juil (APS) – Le président Nelson Mandela a été ‘’une heureuse exception’’ en appelant ses collègues chefs d’Etat africains à assumer leurs responsabilités historiques face au génocide des tutsis rwandais qu’il a qualifié de ‘’honte’’ pour eux, rappelle l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop.
‘’La seule exception, encore une fois, mais c’est un homme tout à fait hors du commun, c’est Nelson Mandela (…) Il dit : ce qui est en train de se passer au Rwanda est une honte pour nous tous. L’Histoire nous jugera par rapport aux souffrances des victimes actuelles du Rwanda’’, rappelle Diop dans un long entretien accordé en 2009 au journaliste français Philippe de Sainteny.
Dans ce document audiovisuel disponible sur le site de l’Institut national de l’audiovisuel français (INA), il ajoute, résumant la position de l’ancien président sud-africain (1994-99) : ‘’Et il dit que si l’OUA (Organisation de l’Unité africaine) ne fait rien, l’Afrique du Sud enverra des troupes au Rwanda pour mettre fin aux massacres’’.
Au cours du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA que la Tunisie a accueilli du 13 au 15 juin 1994, l’Afrique du Sud a été admise en tant que 53-ème membre de l’organisation.
Nelson Mandela venait d’être le premier président démocratiquement élu de l’Afrique du Sud, quatre ans après sa sortie de prison. Il y avait passé plus de 27 ans suite à une condamnation, par le régime de l’Apartheid, à perpétuité pour ‘’sabotage’’.
‘’Mandela est une heureuse exception’’, commente Boubacar Boris Diop, en réponse à une question sur ‘’l’indifférence africaine’’ face à ce qui s’est passé au Rwanda, entre avril et juillet 1994, avec un bilan d’un million de morts en cent jours.
Cette prise de position claire du symbole de la lutte contre l’Apartheid contraste avec le jugement de l’Egyptien Boutros Boutros Ghali, alors secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, exprimé au cours du même sommet, à Tunis.
Boutros Ghali a dit, pendant le génocide, qu’au Rwanda, ‘’les Hutu tuent les Tutsi et les Tutsi tuent les Hutu. Ça veut dire : +ce sont des Africains qui s’entretuent, pas trop d’émotion+. Je pense que, sans qu’il l’ait jamais formulé ouvertement, Kofi Annan (secrétaire adjoint de l’ONU au même moment), aussi, l’a pensé’’, rappelle l’écrivain sénégalais.