Le report de l’élection présidentielle du 25 février prochain qui a engendré une crise politique au Sénégal a des conséquences négatives sur l’économie nationale, à court et long termes. C’est en tout cas l’avis de Meissa Babou, économiste et professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) qui a été joint au téléphone hier, lundi 5 février, par la rédaction de Sud Quotidien.
Le Président de la République Macky Sall a suspendu samedi dernier le processus électoral qui a été enclenché depuis quelques mois. Ce report de la présidentielle qui était prévue ce 25 février a plongé le pays dans une crise avec de violentes manifestations à Dakar et à l’intérieur du pays.
Selon l’économiste Meissa Babou qui a été joint au téléphone hier, lundi 5 février, par la rédaction de Sud Quotidien, ce report constitue un coup fatal pour une jeune économie qui se cherche. « Cette crise politique va certainement engendrer un désastre économique et social. Sur le plan économique, on note la destruction de plusieurs Pme-Pme qui sont des investissements difficilement renouvelables. En plus de l’arrêt de travail de beaucoup d’artisans notamment les maçons, les menuisiers, le transport avec les jakartamen et les bus Dakar Dem Dikk et les marchands ambulants, le chiffre d’affaire sera très négativement impacté », relève-t-il.
Et de poursuivre ; « ensuite il faut aussi noter que beaucoup de banques sont fermées, ce qui est une perte énorme en termes de transactions financières. Si on ajoute le fait que pratiquement toutes les écoles sont fermées, on a un tableau noir d’une baisse d’activité d’une façon générale sur tout le pays ».
Sur le plan social, l’économiste soutient que le Sénégal est un pays qui ne peut pas se permettre d’avoir cette baisse de production et de productivité parce que, selon lui, cela ne fera qu’augmenter la pauvreté.
Sur le long terme et sur le plan international, cette crise ne sera pas sans conséquence sur le climat des affaires au Sénégal. « Beaucoup d’étrangers qui ont des biens dans ce pays, vont les transférer. Parce que ce pays est devenu instable. Tous les investisseurs étrangers vont fuir le pays pour une longue durée, le temps que le Sénégal se stabilise, car il est devenu un pays à risque. Donc c’est une catastrophe pour toute l’année 2024 qui risque de plomber notre Pib qui serait de 5% hors pétrole. Ce qui peut être va baisser l’ensemble des activités », se désole Pr Babou.
PLUS DE 40 QUESTIONS PREALABLES POUR RETARDER LE VOTE
Le groupe parlementaire Yewwi askan wi joue sa carte du temps pour empêcher le vote
Les députés du groupe parlementaire Yewwi askan wi ont joué le tout pour le tout pour essayer en vain de bloquer le processus d’adoption de la proposition de loi constitutionnelle n°04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal. En effet, face à la détermination de leurs collègues de la majorité parlementaire et leurs nouveaux alliés du groupe parlementaire « Liberté et démocratie » à faire passer ce texte, Birame Souleye Diop et ses compagnons ont réagi en jouant la carte du temps avec plus de 40 questions préalables au vote de ce texte qui prévoit le report de l’élection présidentielle et le rallongement du mandat de l’actuel chef de l’Etat.
Dans cette entreprise qui les a amenés à mobiliser la parole de 11 heures jusqu’à 21 heures, ils ont été soutenus par leurs ex collègues de la plateforme Taxawu Sénégal, de Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall tous deux députés non-inscrits mais aussi de Mamadou Lamine Diallo du mouvement Tekki et Cheikh Abdou Bara Dolly, tous deux membres du groupe Wallu.
Dans leur prise de parole, ils ont soulevé plusieurs manquements qui empêcheraient selon eux, l’adoption de ce texte. Parmi ceux-ci, nous citerons le non-respect de l’article 46 du règlement intérieur qui prévoit, selon Ayib Daffé, « la mise à la disposition des députés du rapport de la commission des lois 24h avant la plénière ».
La violation des dispositions de l’article 41 qui exige selon Guy Marius Sagna la soumission de toute proposition de loi à incidence financière à la commission des finances de l’Assemblée nationale pour avis avant tout débat. « Dans le cadre de la préparation de la campagne électorale, l’état a dégagé un budget pour la confection des bulletins de vote pour les 20 candidats retenus. Le matériel de vote est déjà acheminé et les chauffeurs payés. Il faut nécessairement l’avis de la commission des finances. Il n’aura pas de vote ici », a-t-il prévenu.
Pour sa part, Sanou Dione de Taxawu Sénégal soulignant que le ministre en charge des relations avec les institutions n’a pas pris part aux travaux de la commission des lois comme le prévoit l’article 49 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale a demandé la suspension de la procédure du vote. De son côté, Pape Djibril Fall a estimé qu’un « prolongement du mandat de Macky Sall est synonyme d’un prolongement de la souffrance des Sénégalais ».
LE TEXTE ADOPTE SANS L’OPPOSITION EXPULSEE DE LA SALLE PAR LE GIGN
L'assemblée nationale rallonge de la durée du mandat du président Macky Sall a été adopté sans la présence des députés de Yewwi askan wi expulsés de la salle par des éléments de la Gign, unité d’élite de la Gendarmerie.
L’Assemblée nationale a adopté hier, lundi 5 février, tard dans la nuit, la très controversée proposition de loi constitutionnelle n°04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal. Proposé par Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire « Liberté et démocratie », ce texte qui prévoit le report de la date de la présidentielle au 25 décembre et le rallongement de la durée du mandat du président Macky Sall a été adopté sans la présence des députés de Yewwi askan wi expulsés de la salle par des éléments de la Gign, unité d’élite de la Gendarmerie.
L es députés de la majorité parlementaire Benno bokk yakaar et leurs nouveaux alliés du groupe « Liberté et démocratie » de la coalition Wallu du Parti démocratique sénégalais (Pds) actent la très controversée proposition de loi constitutionnelle n°04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal. Convoquée hier, lundi 5 février en procédure d’urgence, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité tard dans la nuit cette proposition de loi constitutionnelle n°04/2024 déposée par le député Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire « Liberté et démocratie », laquelle prévoit le report pour une première fois au Sénégal de la date de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février prochain. La prochaine étape consistera à obtenir le quitus du Conseil constitutionnel qui va dire si oui ou non ce texte qui rallonge la durée du mandat du président de la République est conforme ou non aux dispositions de la Constitution. En cas d’accord de cette institution, le président de la République, Macky Sall continuera son mandat jusqu’au 15 décembre prochain. En effet, alors qu’il avait été proposé dans le projet initial le report de la date de l’élection présidentielle jusqu’au 25 août prochain, le député maire de la commune de Tivaouane a présenté un amendement visant à décaler la date de la tenue de cette élection jusqu’en décembre. Pour justifier sa démarche, l’honorable député Demba Diop a convoqué entre autres, l’hivernage, les évènements religieux comme le Magal de Touba et le Gamou qui font qu’on ne peut pas, dit-il, tenir cette élection au mois d’août mais aussi la rentrée des classes et celle des Cours et tribunaux prévues au mois d’octobre prochain.
LES DÉPUTÉS DU GROUPE PARLEMENTAIRE YEWWI ASKAN WI EXPULSÉS DE L’HÉMICYCLE PEU AVANT LE VOTE.
Les députés membres du groupe parlementaire Yewwi askan wi dont ceux de la plateforme Taxawu Sénégal de l’ancien maire de Dakar et candidat à la prochaine présidentielle n’ont pas pris part à ce vote. En effet, opposés à la proposition du président du groupe parlementaire « Liberté et démocratie », Mamadou Lamine Thiam, du vote sans débat de ce texte qu’ils assimilent à un coup d’Etat constitutionnel, les députés du groupe parlementaire Yewwi askan wi ont pris le contre-pied pour exiger la tenue des discussions générales sur le fond de ce texte en envahissant le pupitre. Seulement, après les négociations infructueuses, le président de l’Assemblée nationale a finalement fait appel aux éléments du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Gign) quelques minutes avant le vote pour les expulser de la salle de plénière. En effet, après la fin des questions préalables, Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Wallu, initiateur de cette proposition de loi, a demandé la parole pour proposer un vote sans débat. Pour justifier sa proposition, le député du Parti démocratique sénégalais (Pds) a indiqué que les députés ont suffisamment échangé sur ce texte. « Par le truchement des questions préalables, une quarantaine de nos collègues ont pris la parole pour se prononcer sur ce texte. Dans ce cas, nous estimons que l’Assemblée nationale a suffisamment débattu sur cette proposition de loi. Je propose à cet effet, qu’on passe directement au vote de la proposition de loi », a-t-il suggéré. Mais, cette proposition n’a pas tardé à mettre ses collègues de l’opposition dans tous leurs états.
Refusant ainsi de cautionner cette proposition de Lamine Thiam, les députés du groupe parlementaire Yewwi askan wi ont ainsi décidé d’envahir le pupitre pour empêcher l’adoption de cette proposition en scandant : « non au forcing », « non au vote sans débat du coup d’Etat constitutionnel ». Face à cette situation, le président de l’Assemblée nationale après plusieurs appels infructueux, a annoncé la suspension de la séance tout en précisant qu’il va prendre les mesures idoines à la reprise. Et c’est ce qu’il a finalement fait.
Avec cette intervention de cette unité d’élite de la Gendarmerie dans l’hémicycle, l’histoire se répète à l’Assemblée nationale, deux ans après les tristes images de l’installation du premier bureau de cette quatorzième législature sous la surveillance des Gendarmes. Présidente de séance à l’époque par les concours de circonstances liées à son statut de doyenne d’âge de la nouvelle Assemblée nationale, Aïssatou Sow Diawara a été la première à mobiliser la Gendarmerie dans l’hémicycle contre ses collègues députés lors de l’installation du premier bureau de cette quatorzième législature en septembre 2022.
Après l’annonce par le président de la République, Macky Sall du report de la présidentielle du 25 février 2024 depuis le samedi 3 février 2024, le déploiement d’un dispositif sécuritaire impressionnant a été constaté dans tout Dakar et sa banlieue
Le président de la République Macky Sall a annoncé le samedi 3 février dernier, veille du démarrage de la campagne électorale, sa décision d’abroger le décret convoquant le corps électoral qui annule l’élection présidentielle du 25 février prochain. Cette situation a créé ainsi une frustration totale de la part de l’opposition et des populations qui veulent la tenue de l’élection à date échue. Pour barrer la route aux troubles politiques et à des manifestations, un dispositif sécuritaire impressionnant a été noté partout depuis quelques jours dans la ville de Dakar.
Après l’annonce par le Président de la République, Macky Sall du report de la présidentielle du 25 février 2024 depuis le samedi 3 février 2024, le déploiement d’un dispositif sécuritaire impressionnant a été constaté dans tout Dakar et sa banlieue. Des policiers et des gendarmes sont placés dans les grandes artères de la ville de Dakar notamment sur les ronds-points pour veiller au grain contre les manifestations de tous bords. Déjà, le dimanche 4 février, les premiers heurts ont éclaté à Dakar, sur la VDN, où les gendarmes sénégalais ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des centaines de personnes venues manifester contre le report de la présidentielle, avant d’essuyer des jets de pierres. Cela suite au refus de l’opposition de se plier et de décider de maintenir le début de sa campagne électorale, initialement prévue pour démarrer ce dimanche 4 février 2024. Cette détermination s’est manifestée par une sortie en masse des partisans de l’opposition, qui se sont heurtés aux forces de l’ordre. Ces dernières ont empêché la poursuite de la caravane électorale, selon les souhaits de l’opposition. Des arrestations de certains leaders politiques de l’opposition qui étaient venus pour manifester contre cette décision du Président Macky Sall ont été constatées comme Aminata Touré et la candidate Anta Babacar Ngom.
Ce même dispositif a été noté également hier, lundi 5 février 2024, aux alentours de l’Assemblée nationale lors de l’examen par les députés de la proposition de loi sur le report de l’élection présidentielle. C’est une armada de policiers qui a siégé devant l’Assemblée nationale. Le dispositif policier qui effectuait d’habitude de simples visites sur les visiteurs a été triplé. Du rond-point du ministère jusqu’à après la porte d’entrée de l’Assemblée nationale, des voitures de police, GMI, gendarmerie et sapeurs-pompiers ont occupé les rues.
Les forces de l’ordre fouillaient au peigne fin toutes les personnes qui s’approchaient des alentours, certaines sont même virées des lieux. Hier, lundi 5 février, les députés ont examiné cette proposition de la loi sur le report de l’élection présidentielle du 24 février 2024, comme l’a annoncé le chef de l’Etat Macky Sall. Cette décision a créé une frustration et une colère chez les opposants qui veulent la tenue de l’élection présidentielle comme prévue. D’ailleurs, à l’ occasion du vote de ce projet de loi par les députés, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule face au refus de vider les alentours de l’hémicycle. Même les journalistes ont été gazés à l’Assemblée nationale, une preuve des conditions difficiles dans lesquelles le devoir d’informer s’est exercé hier, lundi. Les forces de l’ordre leur ont lancé des grenades lacrymogènes au moment où les responsables politiques faisaient leur déclaration. A cet effet, trois jeunes ont été arrêtés devant l’institut Jean d’Arc.