Dakar, 14 mars (APS) – Les entreprises privées doivent élargir leurs exportations vers les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) afin de permettre au Sénégal de gagner plus de parts de marché dans la sous région, a plaidé samedi, le ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation, de la Promotion des produits locaux et des PME, Alioune Sarr.
''(…) Nous avons des parts de marché importants dans la sous région où déjà vous entrepreneurs vous exportez plus de 450 milliards chaque année et vous ne le faites qu’avec cinq pays alors que nous avons 15 pays dans la CEDEAO’’, a-t-il dit.
S’exprimant lors de la 15e session de l’Assemblée générale du Mouvement des entreprises du Sénégal (MEDS), Alioune Sarr a insisté sur la nécessité pour le secteur privé de travailler avec les 10 autres pays restant.
''Voila l’enjeu et nous avons des parts de marché à gagner’’, a-t-il dit, invitant le MEDS à accompagner le gouvernement dans ses missions de ''conquête de marchés'' qu’il va effectuer au Nigéria, Mali, Togo et Bénin.
Selon M. Sarr, cette mission vise à augmenter les parts de marché sénégalais au niveau de la CEDEAO. ''On espère que le MEDS sera partie prenante puisque le Sénégal importe plus de 350 milliards du Nigeria et exporte moins de 5 milliards dans ce grand pays’’, a-t-il ajouté.
Le ministre du Commerce a signalé que ''ce sont des centaines de personnes qui ont besoin de s’habiller, de se nourrir, d’aller en vacance et avoir des loisirs et le Sénégal a une offre à proposer dans ces domaines''.
''Nous souhaitons votre soutien car l’ensemble des forces qui concourent au développement doit aller au même rythme si l’un va sans l’autre, ça ne marchera pas'', a-t-il dit.
Le président du MEDS s’est félicité de la volonté du gouvernement d’impliquer le secteur privé en amont des activités de relance économique du pays. Mbagnick Diop a fait état de la disponibilité du MEDS à accompagner l’Etat du Sénégal dans sa quête de plus de parts de marché dans la CEDEAO et à l’international.
''Le monde s’est globalisé, il faut avoir un démarche agressive dans le bon sens du terme et le secteur privé par ma voix et disposé à accompagner le gouvernement’’, a-t-il ajouté.
Ont pris part à la cérémonie d'ouverture de l'AG, le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, Mansour Sy, le représentant du ministère de l'Economie, des Finances et du Plan, ainsi que les entrepreneurs du secteur privé.
POURCHASSÉS DANS LE DÉSERT, LES JIHADISTES PARVIENNENT À FRAPPER EN MILIEU URBAIN
Nouakchott, 14 mars 2015 (AFP) - En frappant au coeur de Bamako, le groupe jihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar menace de passer d'une tactique d'escarmouches dans le désert à une guérilla urbaine et se positionne pour rallier les futurs laissés-pour-compte d'un accord de paix au Mali, selon des spécialistes.
La mort vendredi d'un des auteurs présumés de l'attentat, dans l'assaut contre un immeuble d'habitation de la capitale où il séjournait depuis plusieurs semaines, selon les autorités, démontre la capacité des jihadistes à se fondre dans la population.
Les munitions retrouvées sur place correspondent non seulement à celles de l'attentat du 7 mars, mais aussi "au même type de balles que celles retrouvées dans les lieux où les terroristes se cachaient" dans un camp d'entraînement présumé, découvert quelques jours auparavant près de Bamako, a affirmé vendredi le ministre de la Communication Choguel Maïga.
Un expert mauritanien du jihadisme dans le Sahel, Isselmou Ould Salihi, voit dans l'attaque anti-occidentale qui a fait cinq morts, trois Maliens, un Belge et un Français, "le signe précurseur d'une guérilla urbaine que lancent les jihadistes".
"Par cet attentat au coeur de Bamako, Al-Mourabitoune signe l'urbanisation de son action jihadiste après avoir été vaincu dans le désert", estime-t-il, en référence aux coups infligés par les forces internationales, en particulier françaises, aux partisans de Mokhtar Belmokhtar, comme à l'ensemble des groupes liés à Al-Qaïda, dans le nord du Mali.
"Belmokhtar a selon toute vraisemblance trouvé refuge en Libye, ne pouvant plus vivre au Mali où il serait en danger. La preuve: la fin tragique de son bras droit, Ahmed al-Tilemsi", remarque-t-il.
Dans sa revendication, Al-Mourabitoune (les Almoravides, du nom d'une dynastie berbère connue pour son rigorisme originel, qui domina une partie de la région aux XIème et XIIème siècles) précise avoir notamment voulu venger Tilemsi, tué par l'armée française en décembre dans le nord du Mali.
"S'ils ne sont pas arrêtés, ils seront encouragés et cela peut avoir des conséquences très graves pour l'avenir du tourisme et de la paix dans le Mali entier", poursuit Isselmou Ould Salihi.
Selon André Bourgeot, anthropologue au CNRS et spécialiste de l'espace saharo-sahélien, cette irruption dans la capitale "montre que les groupes armés jihadistes, en particulier Al-Mourabitoune, peuvent intervenir partout".
A cette "situation inédite", observe-t-il s'ajoute "le problème des cellules dormantes qui sont présentes depuis quelques temps à Bamako", où affluent depuis 2012 les réfugiés des violences dans le nord du pays.
- Faire le jeu des jihadistes -
Depuis l'attentat, la pression internationale déjà forte sur la rébellion à dominante touareg pour signer un accord de paix paraphé le 1er mars par le gouvernement malien s'est intensifiée, dans le but déclaré de priver les jihadistes de tout soutien ou abri dans le Nord.
Mais le directeur de l'Institut des mondes africains (Imaf) Pierre Boilley prévient qu'une signature arrachée aux mouvements rebelles actuellement réunis dans leur bastion de Kidal (nord-est) pour en débattre, risque de provoquer des scissions, voire faire le jeu des salafistes jihadistes.
"Si l'accord est signé, les chefs des mouvements risquent d'être discrédités et cela pourrait aboutir à une rébellion sans dirigeants", explique ce spécialiste de la zone, évoquant le scénario d'un "MNLA bis", en référence au Mouvement national de libération de l'Azawad, dont la rébellion en 2012 a ouvert la voie à la conquête jihadiste du Nord.
Dans ce cas de figure, "toute une partie des gens plus radicaux vont s'éparpiller dans la nature", précise-t-il, "la jonction peut être faite avec les salafistes".
La question est de savoir "qui va engranger les mécontents" d'un accord, résume André Bourgeot, considérant comme une "hypothèse possible" des ralliements à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui vient d'accepter l'allégeance du groupe nigérian Boko Haram.
Un important homme d'affaires malien originaire du Nord et hostile à l'autonomie souligne que Bamako détient une partie des clés du problème. "Tant qu'il y aura des massacres d'innocents au Nord ils vont se révolter", indique-t-il sous le couvert de l'anonymat, en référence à la répression des rébellions touareg successives depuis l'indépendance du Mali, en 1960.
Selon lui, "il faut demander pardon pour tout ce qui s'est passé, et puis développer le Nord, pour que les gens aient quelque chose à perdre au cas où ils partiraient dans une aventure".
BOKO HARAM NE PRENDRA PLUS DE VILLE AU NIGER, ASSURE UN MINISTRE NIGÉRIEN
Abidjan, 14 mars 2015 (AFP) - Boko Haram n'est plus en mesure de prendre de ville dans le sud-est du Niger, frontalier du Nigeria, car les islamistes nigérians ont été rendus inopérants par deux mois d'opérations militaires, a affirmé samedi à l'AFP Mohamed Bazoum, ministre d'Etat à la présidence nigérienne.
"La situation est totalement sous contrôle", a déclaré M. Bazoum, un proche du président nigérien Mahamadou Issoufou, en visite à Abidjan. "Il n'y a plus de chance que Boko Haram prenne une ville, même sur le lit du lac Tchad" où les insurgés ont commis plusieurs attaques depuis début février, a poursuivi cet ancien ministre des Affaires étrangères.
"Les risques de survenance d'attentats sont même très réduits du fait de l'élimination de tous les acteurs potentiels", a estimé M. Bazoum. "C'est une sentiment de quiétude totale qui prévaut avec l'idée que Boko Haram relève plutôt du passé", a-t-il jugé, loin de la "véritable panique, totalement irrationnelle", selon ses termes, qui s'était emparée du Niger après les premières attaques des islamistes nigérians sur son territoire début février.
Des milliers de soldats nigériens et tchadiens, massés depuis près de deux mois dans le sud-est du Niger, mènent depuis dimanche dernier une offensive dans le nord-est du Nigeria, frontalier, considéré comme le fief des insurgés.
Aucune attaque du groupe armé nigérian n'a été recensée ces deux dernières semaines au Niger, où Boko Haram avait multiplié les assauts en février.
D'après un bilan communiqué mardi par la police nationale, 24 éléments des forces de sécurité nigériennes ont péri entre le 6 février, jour de la première attaque des insurgés au Niger, et le 8 mars, jour de l'offensive anti-islamiste au Nigeria.
Dans le même temps, "513 éléments de Boko Haram ont été tués", selon la même source. Les bilans communiqués par les pays combattant Boko Haram (Nigeria,
Tchad, Cameroun et Niger) sont souvent très défavorables aux islamistes, sans qu'il soit possible d'obtenir un état des pertes humaines venant d'autres sources, aucun acteur tiers (ONG, ONU) n'étant présent dans les zones de combat.
La progression des troupes tchadiennes et nigériennes au Nigeria n'est pour l'instant pas connue. D'après une source sécuritaire tchadienne, les deux armées ont repris dimanche dernier aux insurgés la ville de Damasak, dans le nord-est du Nigeria. Boko Haram s'en était emparé en novembre.
COURSE INFERNALE POUR LES TOUTS-PETITS
TRANSPORT D’ENFANTS DANS LE PRÉSCOLAIRES LES MATERNELLES ET GARDERIES D’ENFANTS
A Dakar comme dans d’autres villes du Sénégal, les petits enfants se rendent très tôt à l’école. Maternelles, garderies et préscolaires sont à la mode et déclassent même les écoles coraniques, jadis lieu de formation des tout petits. Si ces institutions poussent comme des champignons à Dakar, leur réglementation est matière à controverse. Les directeurs de ces structures se frottent les mains en proposant divers services pour accueillir plus d’enfants. Certains font dans le bilinguisme pour appâter les parents, d’autres proposent un service de transport aux parents, sous le prétexte de leur alléger la charge. Mais les véhicules proposés sont souvent dans un état lamentable. Les enfants y sont entassés comme de la marchandise en vrac. Ils sont pour beaucoup obligés de faire le tour de la ville avant d’arriver à l’école ou à la maison, alors que certains sont debout dès potron-minet. Une tournée s’est imposée au cœur de cet univers d’enfants pour mieux cerner leur calvaire quotidien.
Un tour rapide dans les principaux établissements du centre ville pour se rendre compte de la manière dont les enfants sont transportés pour arriver à l’école. Les situations sont contrastées, mais le meilleur est encore juste un rêve pour la majorité des écoles, malgré les sommes que les parents sont obligés de débourser.
Un mini bus à Yavuz Selim
Oumar Coulibaly, 34 ans est chauffeur à l’école Yavuz Selim depuis 4 mois. Cette structure d’origine turque accueille près de 700 élèves et chaque classe en contient 28. Coulibaly transporte les élèves le matin à 6h et aux heures de sortie de l’école, à 13h 30 et 16h. L’homme assure avoir exercé depuis longtemps le métier de chauffeur. «J’ai débuté le métier à l’âge de 18 ans» confie-t-il. «Ce minicar m’appartient. Au début, on me louait, mais je suis actuellement sous contrat et cela depuis 1 mois» affirme-t-il.
Oumar Coulibaly se réjouit d’avoir en plus, des notions de mécanique. «Il arrive souvent que le car tombe en panne en cours de route. Cela a été le cas le vendredi dernier. Mais comme j’ai des connaissances en mécanique, je l’ai rapidement réparé et l’on s’est remis en route» se félicite-t-il.
Cheikh Sadibou Diop, un chauffeur qui dit bien connaître le monde du transport, révèle que ses collègues qui cherchent à arrondir leurs fins de mois se livrent parfois à des pratiques mesquines. «La plupart de ces chauffeurs font le trajet Dakar Yoff-Aéroport. Ils s’empressent à l’heure de descente, de déposer les clients pour aller chercher les enfants à l’école». Ce qui pour lui, explique les pannes fréquentes et les retards que subissent les élèves en matière de transport.
Ndèye Ngilane, chargée du ramassage des élèves, confie que les gens qui s’occupent du transport à Yavuz Sélim ont leur bureau au sein-même de l’institution. Elle assure en outre que le travail est difficile. «Il s’agit de ramasser les élèves dès le matin et de les ramener chez eux. Je n’ai pas de contrat, même s’il n’empêche que je suis payée chaque mois».
La jeune dame de 33 ans, révèle en outre que pour faire le métier, il faut beaucoup de maîtrise de soi. «Les parents d’élèves se plaignent fréquemment. Surtout lorsque nous ramenons tard les enfants ou que nous les grondons». Ayant suivi le bus dans l’espoir de rencontrer un parent d’élève, nous n’en n’avons rencontré qu’un seul. Ndèye explique qu’à cette heure de l’après midi, «la plupart des parents vont au travail ; vous n’y trouverez que les bonnes».
A chaque bas de porte, Ndèye se lève pour ouvrir la porte du bus aux enfants. Pour certains, elle prend la peine de sonner à la porte ; pour d’autres elle ne se donne pas cette peine et s’empresse de partir aussitôt que l’enfant descend du véhicule.
Parole des parents
Après deux heures de trajet, le véhicule arrive enfin à la dernière demeure. Un coup de chance ! Les parents de Saliou Diallo se trouvent à domicile. Accueilli par le gardien au pied de la porte, le petit Saliou est ravi de retrouver les siens.
«Après 2h de route, il a bien raison» lance sa maman. «Cet enfant vit un calvaire au quotidien. Nous payons chaque mois 60.000 fcfa pour le transport de son frère et lui. N’empêche que le service laisse à désirer. Son papa le déposait à l’école, mais depuis que sa voiture est en panne, nous n’avons plus le choix.
Nous sommes obligés de recourir au bus qui tombe fréquemment en panne et Saliou revient très tard. C’est pénible pour un enfant» se désolet-elle. A la question de savoir s’il préfère la voiture de son papa ou le bus, Saliou vote sans rechigner pour celle de son pater Samba Bathily Diallo.
Seyda Top, rencontrée à la porte de l’Ecole maternelle Reine Fabiola est une jeune dame de 25 ans environ, venue chercher ses petites sœurs et frères. Pourquoi ce choix ? Elle explique que c’est plus facile pour elle. Elle prend chaque jour un taxi pour ramener ses frères aux Hlm. Autrement, c’est la mère qui vient les chercher quand elle revient de son service. «C’est plus pratique», assure Seyda.
Une autre dame trouvée dans sa voiture, attend la sortie des classes pour ramener ses enfants. Pour elle, c’est plus sûr puisqu’elle a les moyens et n’habite pas loin. Ndèye Maty elle n’a pas de voiture, mais vient chercher tous les jours ses enfants en taxi. Mais déplore la cherté du transport «3000 frs chaque jour, ce n’est pas donné à tout le monde !» s’exclame-t-elle.
Bintou Ndiaye, une jeune maman, préfère venir récupérer son enfant elle-même parce que confie-t-elle, «avec tout ce qu’on entend à Dakar, ce n’est pas sûr de laisser son fils dans la rue».
Mots des directeurs à Yavuz Selim, Reine Fabiola, Keur Arame et Blossom Academy
Le groupe Yavuz Selim est présent à Dakar depuis un certain nombre d’années, pendant lesquelles il a connu une forte expansion. Le groupe scolaire a ouvert plusieurs annexes. Pourtant, s’agissant des difficultés de transport que connaissent les élèves, la directrice de la préscolaire dégage toute responsabilité de son institution.
«Au début, l’école avait acheté des bus neufs. Mais ceux-ci firent long feu à cause de leur mauvaise gestion. Nous avons engagé par la suite des structures privées pour assurer le transport des élèves. Chaque parent devait verser 30.000fcfa. Mais certains ne payaient pas et nous avons alors rompu le contrat avec cette structure.
Actuellement, ce sont les parents qui prennent eux-mêmes en charge le transport de leurs enfants». Mme Diallo reste très laconique car elle ne veut pas s’étendre sur la situation du transport.
Mais elle explique néanmoins comment les choses ont évolué depuis un certain temps. «Tout ce que je peux vous dire, c’est que le transport est actuellement géré par un privé. Les parents versent chaque mois 25.000 ou 30.000 fcfa». Elle explique que cela est dû au fait que certains parents déposent leurs enfants à l’entrée le matin, mais ne peuvent pas revenir les chercher à la sortie des cours.
Awa Ndiaye, directrice pédagogique de la section Point E de l’Ecole Reine Fabiola avoue que sa structure a fait le choix de ne pas se doter de bus de transport. «Nous préférons que les parents déposent eux-mêmes leurs petits et qu’ils viennent les rechercher vers 13h». Elle explique qu’à cet âge, l’enfant a encore besoin de ses parents.
«C’est risqué de les laisser seuls dans des bus. Il est important pour l’enfant d’avoir un peu plus de contact avec ses parents. Nous leurs expliquons cela et ces derniers l’acceptent sans problème. S’y ajoute que l’itinéraire des bus est parfois très long.
Et c’est compliqué de perturber le sommeil d’un môme à 5h. Etant donné tous ces éléments, nous nous sommes dit que ça ne valait pas la peine» dit-elle. Mame Absa Dieng adjointe de la directrice dans la même structure, partage cette opinion.
«Au point E, il n’y a pas de bus pour transporter les enfants. Parce qu’à deux ans, les enfants sont encore trop petits pour être laissés aux mains de chauffeurs et de convoyeuses. Nous disposons par contre de bus pour le transport des enfants de l’élémentaire. Les parents versent 20.000 à 25.000 fcfa», explique-t-elle. Elle précise toutefois que c’est une structure privée qui se charge d’emmener et de ramener les bambins. «Un bus nécessite beaucoup de moyens humains. C’est compliqué, alors on a préféré engager un privé».
A l’école Reine Fabiola, la demande est plus importante que l’offre pour ce service de transport d’enfants. La directrice adjointe renseigne que ces véhicules de transport pour la plupart, sont loués auprès des privés. «Ces derniers ont d’autres engagements qu’ils remplissent aux heures creuses des écoles, et ne viennent qu’aux heures de ramassage et de sortie des cours».
M. Issa Sangharé, le responsable administratif de la maternelle Keur Arame à la Sicap Baobab, indique que cet institut possède cinq cars qui font chaque matin à partir de 6h, le tour de la ville. «Ils desservent Médina, Sacré Cœur, Mermoz. Ainsi que quelques zones de la banlieue Hlm, Guédiawaye, Parcelles assainies».
Alioune Coulibaly, responsable du transport dans ledit préscolaire note que même si les parents se plaignent parfois des retards et des pannes de véhicules, des textos leurs sont régulièrement envoyés pour les rassurer. «Des convoyeuses accompagnent les chauffeurs, elles se chargent de repérer les maisons et de surveiller les enfants dans les véhicules».
A Blossom Academy, une nouvelle maternelle bilingue basée à la cité Keur Gorgui sur la Vdn, les cours sont dispensés en français et anglais. La directrice technique est Merry Sarr. L’établissement qui a ouvert ses portes en 2013 n’est pas encore doté de bus. Ce sont les parents, pour la plupart véhiculés, qui transportent leurs gosses, explique la dame.
Elle indique toutefois que l’école compte bien s’en doter, dans la mesure où «c’est une nécessité aujourd’hui. Ça décharge et libère les parents qui sont bien trop occupés par leurs travail». Mme Niang de l’école préscolaire Le petit futé, ne dit pas autre chose.
La situation vue de l’Inspection de l’éducation et de la formation de Dakar-plateau
Rien qu’à Dakar Plateau, il y avait en 2014, 6010 élèves dans le préscolaire, contre 5782 en 2013. En 2014 près de 4850 de ces enfants étaient dans les structures privées. Entre 2014 et 2015, le nombre de structures préscolaires est passé de 38 à 43 à Dakar Plateau. Cette évolution fulgurante exige alors une réglementation serrée, selon l’Inspection de l’éducation et de la formation de Dakar Plateau.
Il semblerait même que les documents nécessaires pour ouvrir une institution préscolaire sont très simples. Outre le dossier du déclarant responsable et du directeur technique, le dossier de l’établissement doit être inclus au même titre. «Les procédures restent les mêmes», renseigne Abdoulaye Diallo planificateur à l’Ief de Dakar Plateau.
Il s’agit de fournir une note sur les buts de l’établissement, le plan des locaux, les diplômes préparés, les programmes et horaires, les conditions de recrutement des élèves, le nombre d’enseignants et de classes prévus, les membres du personnel administratif, ainsi que le titre de propriété ou le contrat de location. Il n’est fait mention nulle part d’un document sur le transport des enfants.
M. Guèye inspecteur de l’éducation à Dakar plateau, note que cet aspect n’est pas pris en charge par ses services. «Même si l’inspecteur est regardant sur l’environnement scolaire, les questions relatives aux transports ne sont pas prises en compte par lui. Les bus de transport sont gérés en interne par les établissements scolaires. Dans le public, les élèves gèrent eux-mêmes leur transport. Mais dans le privé, les écoles possèdent leurs propres moyens de transport. Ce qui nous préoccupe nous, c’est que l’élève arrive à l’heure à l’école. Le reste ne nous regarde pas».
Massamba Diagne du Bureau des privés de l’Ief des Almadies exprime exactement la même opinion. «L’inspecteur ne fait que contrôler la qualité de l’enseignement, assurer un suivi ainsi que l’encadrement des établissements. Hors de cela, il a outrepassé son rôle».
Irresponsabilité : Tout le monde dans le car de la démission
Les véhicules transportant les enfants en bas âge sont pour la plupart dans un état de délabrement avancé. Des véhicules vétustes, sans freins, des enfants entassées dans ces carcasses comme s’ils ne méritaient pas d’évoluer dans un bon cadre.
Des véhicules tellement lugubres qu’on se demande s’ils ne risquent pas de tomber en panne en cours de route. Le reportage a permis de mettre le doigt sur la responsabilité des parents qui démissionnent de leur rôle de protecteurs de leurs enfants.
L’administration du préscolaire, qui ne se préoccupe que du pactole qu’elle amasse sur le dos de parents insouciants, ne fait pas montre de plus de maturité dans l’affaire. Mais il ne faut pas écarter l’inertie des autorités face à cette situation. Le mutisme de la population qui agit comme complice de ces manquements est aussi à décrier.
LA JUSTICE PIÉTINÉE
CONSTITUTIONNALITÉ DES CAE, FAUX DE MIMI ET INSULTES DE SIDIKI KABA
Sur la Constitutionnalité des CAE, mais aussi, au sujet du faux de Mimi Touré et des insultes du ministre Sidiki Kaba, la justice sénégalaise a été mise à l'épreuve et elle a opté pour un véritable déni de justice, selon les avocats de Hissein Habré.
Le 12 mars 2015 a été une journée bien particulière pour les avocats de Habré. Au total, trois de leurs recours ont été examinés par le tribunal. Il s’agit d’abord de la question relative à la constitutionalité des Chambres africaines extraordinaires. Un examen du recours pour excès de pouvoir relatif au décret portant nomination des magistrats des CAE, suite à la décision du Conseil constitutionnel. Pour les avocats de l’ex-président
tchadien, c’est trop dire que de parler d’examen. Car selon eux, "la Chambre administrative a annoncé qu'elle rendrait sa décision, aujourd'hui même (NDLR : hier vendredi) et dans une heure !! Diable ! Autant dire que la décision était déjà prise et qu'il ne lui restait plus qu'à la communiquer". Ils ne seraient pas étonnés d’un rejet du recours de la part d'une "juridiction politisée".
Ce qui, selon eux, se présente comme le comble de l’ironie : c’est la présence parmi les juges de l’entité, d’Ahmadou Bal, ancien directeur de cabinet de Mimi Touré, ex-ministre
de la Justice. "C'est ce même fonctionnaire qui, en son temps, avait défendu la présentation de l'accord portant création des CAE devant l'Assemblée nationale. Autant dire un des orfèvres de cet accord illégal, positionné en juge au sein de la chambre administrative pour décider si son "œuvre" est légale ou non. Hallucinant!", s’exclament les avocats.
Ils estiment que l'exigence d'objectivité et d'impartialité mais aussi la nécessité de l'inexistence d'un conflit d'intérêts sont les attributs qui font le juge et qui confèrent à un processus judiciaire une crédibilité. "Mais dans l'affaire Habré, affaire françafricaine par excellence, c'est la loi du plus fort qui s'applique. C'est la volonté politique qui s'impose en lieu et place de la loi", regrettent-ils.
De la plainte pour injures publiques de Sidiki Kaba
Lors de ce 12 mars, considéré comme la journée de la liquidation des recours de la défense de Habré, la plainte contre Sidiki Kaba pour injures publiques a été traitée. La défense de Habré souligne que le juge, après avoir bloqué plus d'un an la plainte, a finalement décidé que les propos du "bourreau du peuple tchadien" ne pouvaient pas être considérés comme outrageants.
Les avocats renseignent qu’un appel a été introduit. "Le ministre de la Justice a changé son fusil d'épaule. Désormais, il plaide qu'il est passible de la Haute Cour de justice". C’est dire donc qu’un "ministre peut insulter qui il veut et même tuer quelqu'un et dire qu'il ne peut être jugé que par la Haute cour de justice qui, pour se réunir a besoin du vote d'une résolution à l'Assemblée nationale !
Laquelle résolution peut ne pas être votée par les députés, si le ministre appartient au camp de la majorité. On imagine aisément le scandale", fulminent les avocats.
D’autant que, renseignent-ils, la loi dit clairement que le ministre n'est passible de la Haute cour de justice que pour les actes accomplis dans l'exercice normal de ses activités professionnelles et qui ont un rapport direct avec sa fonction. Les conseils de rappeler l’exemple du ministre français Hortefeux qui, pour avoir lancé des propos racistes, s’était vu condamner par la justice française, tout ministre qu'il fut.
De l’avis des défenseurs de Habré, "des ordres politiques ont été clairement donnés pour le lancement de ce train fou dans le but de se débarrasser de tous les recours introduits par les avocats du Président Habré et ce, au mépris du Droit et de la Justice".
Du faux de Mimi Touré
Le recours numéro trois a concerné le "faux" de Aminata Touré dite Mimi. L'arrêt du Conseil constitutionnel a fragilisé sa position, selon les avocats de l’ancien président tchadien. Mais, ils restent convaincus qu’il est "certain qu'elle sera sauvée par le gong de la politique et des instructions données en conséquence de cause dans cette troublante affaire Habré".
D’en déduire que ce qu'il faut comprendre, "c'est qu'il est important pour le pouvoir de blanchir et d'organiser une totale impunité pour tous ceux ou celles qui, obéissant à ses instructions, ont eu les mains sales dans l'affaire Habré". La loi exige de Mme Touré d'être présente, pour que son avocat puisse avoir droit à la parole. Mais le constat, c’est que lors des deux précédentes audiences, elle ne s'est pas présentée et l'affaire fut renvoyée à une date ultérieure.
"Après Sidiki Kaba, la même chansonnette nous est jouée. Et quid de la déclaration officielle de l'ancien ministre des Affaires Etrangères, Alioune Badara Cissé, selon laquelle il n'a pas signé l'Accord de pleins pouvoirs brandi par Mme Touré ?", s’interrogent les avocats qui regrettent que "Madame Touré campe dans cette position d’impunité qu’elle a interdite à d’autres, en d’autres occasions".
Ils s’interrogent à nouveau : "Mépris de la justice de la part d’une ministre dont la fonction avait été d’en assurer le service. Il faut dire qu’elle avait clairement affirmé dans cette affaire de faux qu’elle avait agi sur instructions du président de la République !! N’était-ce pas la meilleure des défenses devant des magistrats nommés par le Président ?"
De l’avis des avocats de Habré, sur tous ces points, la justice sénégalaise a été mise à l'épreuve et elle a opté pour un véritable déni de justice.
Nul n'est censé ignorer la loi. Cette maxime s'applique mal dans le secteur du commerce. Non seulement les consommateurs ignorent les prix de certaines denrées fixés par l'Etat, mais les boutiquiers qui les connaissent refusent de les appliquer, sous prétexte pour certains qu'ils ne sont pas informés. Un tour dans quelques boutiques pour y voir clair.
Ce dimanche aux environs de 11h, Maïmouna vient faire ses achats à la boutique du quartier. Produit après produit, le boutiquier fait le calcul et lui annonce la somme. Maïmouna tend un billet de banque et encaisse la monnaie dans la seconde qui suit. A-t-elle une idée des prix auxquels elle devrait normalement acheter ? Gênée par la présence du commerçant, elle préfère aborder la question au dehors.
"Il est difficile de faire respecter aux boutiquiers les prix fixés. Vous voyez, il n'a même pas affiché son tableau de prix, pour éviter que les clients prennent connaissance des vrais montants, déplore-t-elle. Le constat est presque le même, la quasi-totalité des boutiquiers et du secteur informel n'appliquent pas les prix fixés par le ministère du Commerce. Comme toujours, quand il s'agit de baisser les prix, les boutiquiers traînent les pieds ou font la sourde oreille. Tout le contraire lorsqu'il s'agit de procéder à une hausse.
Au quartier de Fass, les prix varient selon les boutiquiers. Dans la première échoppe visitée, à la rue 22 prolongée, les prix n'ont pas été gonflés. Nous faisant passer comme simple cliente, nos questions ont vite trouvé des réponses auprès du boutiquier. Tee-shirt gris, Thierno s'emploie avec rapidité à satisfaire ses clients. "A combien vendez-vous le litre d'huile en fût ?" lui demande-t-on. Réponse immédiate : "C'est à 900 F CFA". Un chiffre qui correspond au prix fixé par l'arrêté ministériel.
Ce respect de la réglementation est aussi noté pour le prix du kilogramme de riz non parfumé, et du sucre. Le prix des dosettes, n'est cependant pas conforme à la législation. Le jeune Guinéen se justifie : "Je vends les dosettes à 300 F CFA, au lieu de 290 F CFA, car cela dépend du prix avec lequel je l'ai obtenu".
Thierno avoue qu'il n'a jamais été contrôlé par les agents du ministère du Commerce. Quelques mètres plus loin, un autre magasin. Le gérant de ce commerce est un jeune homme qui a remplacé son oncle. Il confie n'avoir pas encore reçu la visite des agents contrôleurs. Ni avoir été enjoint d'afficher le tableau des prix des denrées fixés, comme l'exige la loi.
Malgré la non-observation des prix arrêtés sur certaines denrées de première nécessité, ce lieu reste très sollicité par les habitants de ce quartier populeux. El Hadji, l'aîné et gérant de la boutique, affirme que le litre d'huile est vendu à 900 F CFA, et la dosette à 300 F CFA, le kilogramme de sucre à 600F.
Les boutiquiers de la Gueule Tapée font aussi dans la spéculation. Ici, les prix des denrées sont gonflés par rapport à ce qui a été arrêté par le gouvernement. Les acheteurs ignorent les prix fixés et subissent la loi des commerçants. Rue 65x60, il est 15 h passées de quelques minutes, un calme plat règne curieusement dans ce quartier connu pourtant pour son ambiance. A part quelques chauffeurs de taxi qui squattent le mur de l'hôpital Abass Ndao, le quartier est quasi-vide. Un alignement de boutiques ouvertes sur une même rue constitue le décor.
"On risque de s'attarder sur des réclamations de 25 F CFA"
A gauche du premier angle, un magasin imposant. Derrière le comptoir, un jeune au teint clair du nom d'Ahmed. Il a affiché le tableau des nouveaux prix dans sa boutique. En dépit de quelques égratignures sur le papier, les écrits sont visibles. Interpellé une fois sur le prix du litre d'huile, le boutiquier avance la somme de 900 F CFA. Une autre pour connaître celui de la dosette, il hésite et dit :
"Vous pouvez regarder derrière vous, les prix sont affichés, c'est bien indiqué". Croyant avoir affaire à un agent contrôleur du fait de cette série de questions, il se montre méfiant.
A quelques encablures de là, le négoce de Boubacar, un autre jeune Guinéen. Il se fait aider dans le travail par une dame voilée. L'air très actif, il livre ses prix sans hésiter. Comme les autres, il est lui aussi en marge de la réglementation. Dans cette boutique, rien n'est affiché. Le gérant informe n'avoir pas encore reçu la visite des services de contrôle.
Yaye Fatou Diouf, une cliente, exprime son amertume face à la situation. "C'est vraiment dommage ! Dans ce pays, à chaque fois, c'est pareil. Quand il s'agit d'augmenter, ils n'hésitent pas à le faire très vite, mais si c'est le contraire, ils tardent à s'exécuter", s'offusque-t-elle.
Comme la jeune fille, elle est au courant de la réduction sur certains produits mais ne maîtrise pas bien les nouveaux prix. "Si je savais les prix, j'allais les imposer aux boutiquiers", promet-elle. Et de regretter que ceuxci "appliquent les mêmes prix comme s'ils se passaient le mot". Mais à l'instar de bon nombre de Sénégalais, elle préfère renoncer à ses droits plutôt que de les réclamer.
"Nous sommes obligés d'accepter ces prix. Nous ne pouvons pas faire autrement, sinon on risque de s'attarder sur des réclamations de 25 F CFA à n'en plus finir", dit-elle l'air résigné.
Face à la difficulté du contrôle efficace des commerçants, Momar Ndao a proposé l'idée de volontaires de la consommation. Un point de vue qui ne recoupe pas celui des contrôleurs qui craignent un abus de pouvoir.
À défaut d'avoir un personnel suffisant et/ou un contrôle citoyen efficace, Momar Ndao a une idée. Il propose le recrutement de volontaires de la consommation. Il s'agit d'un ou de deux auxiliaires par quartier qui puissent aider à avoir une représentation du service de commerce dans le quartier, une vigilance de proximité, par conséquent dissuasive.
Leur rôle consistera à se substituer au consommateur auprès des services du commerce. D'abord, il va lui-même veiller à ce que les prix soient respectés. Ensuite, le consommateur pourra désormais s'approcher de lui pour lui souffler les infractions des boutiquiers. Et à lui de saisir l'autorité compétente.
"La déclaration du volontaire remplace celle du consommateur", argumente le consumériste Ndao. De l'avis de notre interlocuteur, cela mettra non seulement plus de pression sur les commerçants, mais ça permet également de créer des emplois et trouver un bout de solution à l'équation du chômage.
Du côte de l'autorité, l'on doute sérieusement de l'efficacité d'une telle initiative. D'abord, chat échaudé craint l'eau froide. Dans tous les autres secteurs, le volontariat a créé beaucoup de problèmes. L'éducation en constitue la preuve la plus parlante. Des agents de l'Agence de la sécurité de proximité sont souvent sous la sellette.
On craint surtout qu'il y ait abus de pouvoir. Les contrôleurs de prix se fondent sur le fait qu'il y a des gens qui ont appelé pour dénoncer le négociant de leur quartier. Mais vérification faite, ils se rendent compte que la vraie raison n'est pas le prix, mais plutôt le refus d'un crédit ou d'un service.
Par exemple, dans un quartier, raconte notre interlocuteur, des jeunes avaient l'habitude de laisser leur clé dans la boutique d'en bas. Un beau jour, le commerçant découvre qu'en réalité, la chambre dont il a la garde de la clé sert de garçonnière. Il décide alors de ne plus garder la clé pour ne pas être complice.
Le monsieur appelle au service du commerce pour dire que le boutiquier pratique des prix hors norme. Au-delà de ce genre de pratique, un expert du contrôle a peur que le volontaire se dise qu'il a un poste précaire et révocable et qu'il essaie alors d'en profiter au maximum le temps que dure le privilège. Ce qui ouvre la porte à la corruption et au chantage. De ce fait, il opte plus pour le recrutement massif d'agents de contrôle.
Visibilité sur l'information commerciale
Cela ne veut pas dire pour autant que les contrôleurs sont incorruptibles, car eux aussi sont parfois pointés du doigt. Momar Ndao relève que des marchands se plaignent de temps en temps des pratiques peu orthodoxes d'agents pourtant assermentés. "Il faut parfois payer pour rester tranquille", ajoute-t-il.
Un fait que Cheikh Bamba Ndao ne nie pas. "C'est dans tous les corps. C'est une question de personnalité." Afin de faire face, le service a pris des mesures. "Nous essayons de verrouiller. Nous avons une idée des boutiques et des performances. Nous fixons des objectifs de recettes selon la zone". En plus, il est plus recommandé à l'agent d'amener le boutiquier au service afin qu'il paye sur place. Ce qui pourrait assurer plus de transparence. Mais dans la réalité, le paiement se fait plus sur place. "Le boutiquier étant souvent seul, il fait
tout pour éviter le déplacement. Il préfère payer sur place", avoue-t-il. L'adjoint du chef service du commerce estime lui que la solution est dans le contrôle en amont. Certes, il préconise que la loi soit plus répressive, mais il appelle particulièrement à un encadrement dans la liberté d'ouvrir une échoppe.
A son avis, le contrôle des quantités et plus de visibilité sur l'information commerciale permettent de mieux prévenir certaines dérives. Par exemple, le grossiste n'a pas l'obligation de déclarer ses dépôts. Etant le seul à connaître les quantités dont il dispose, il peut stocker certains produits, créer une pénurie organisée afin de mieux spéculer sur les prix.
Il préconise donc que l'emplacement des dépôts et leurs contenus soient connus des services afin que le contrôle s'exerce de manière efficace. En attendant que toutes ces idées prennent corps, les boutiquiers vont continuer à gruger les consommateurs.
La petite monnaie et la faible marge de bénéfices
La spéculation est la pratique la mieux partagée dans les boutiques au Sénégal. Pourtant le service régional du commerce assure faire de son mieux pour diminuer l'ampleur du phénomène à défaut d'y mettre un terme. D'après l'adjoint du chef service régional du commerce de Dakar, la spéculation s'explique d'une part par le problème de pièces de monnaie.
"Ils se réfugient très souvent derrière la petite monnaie", souligne Cheikh Bamba Ndao. D'autre part, cela s'explique par la faiblesse des marges de bénéfices accordées aux détaillants. En effet, il y a des produits dont la commercialisation nécessité l'immobilisation d'importantes sommes d'argent, alors qu'ils ne dégagent presque pas de revenus. En général, ce sont des produits d'appel. Les bénéfices étant réalisés plus dans d'autres produits, surtout avec le micro-conditionnement.
Ce n'est pas pour autant que les boutiquiers restent impunis. En 2014, la sanction aux contraventions a apporté 147 millions F CFA. A chaque fois qu'un boutiquier est pris, révèle M. Ndao, il est verbalisé. La marchandise avec laquelle il a fait de la spéculation est saisie quelle que soit sa quantité. Et une amende est payée en fonction de cette quantité. Mais le vrai problème ici est le déficit de sensibilisation. "Le tissu commercial est composé de gens qui ne savent pas leurs droits et devoirs", dit-il.
D'où la nécessité d'informer, mais aussi de réglementer l'ouverture des points de vente.
LES PRÉCISIONS DE AÏDA NDIONGUE
SORTIE DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR À SON SUJET DEVANT LES DÉPUTÉS
Aïda Ndiongue, par l’entremise de son avocat Me Mbaye Jacques Ndiaye et par le biais d’un communiqué rendu public, indique que contrairement à l’annonce faite à son sujet par le ministre de l’Intérieur devant les députés, ce jeudi, que «ce sont trois procédures et non deux la concernant qui sont actuellement en cours».
Il s’agit de «celle relative à l’affaire dite des produits phytosanitaires pendante devant le Doyen des Juges d’instruction».
Mais aussi de «celle relative aux motopompes, bacs à ordures, tentes et aux 35 maisons de l’outil, instruite par le Juge du 2ème cabinet». «Cette affaire est renvoyée en police correctionnelle et sera évoquée à nouveau le 17 mars prochain», renseigne Me Ndiaye.
Qui ajoute que la troisième et dernière procédure concernant sa cliente est «celle pendante devant la Crei».
«S’agissant de cette procédure, le Procureur spécial ne s’est jamais fondé sur un prétendu niveau de richesse qui aurait dépassé les revenus légaux de ma cliente pour la poursuivre», explique Me Ndiaye.
Qui poursuit : «Le Procureur spécial, en saisissant la Dic demandait aux enquêteurs de voir si Aïda Ndiongue ne détenait pas la fortune des dignitaires du régime de Abdoulaye Wade et si par la même occasion elle ne se serait pas elle-même enrichie ! Ce qui est d’autant plus incongru que ma cliente est riche depuis des décennies. Par conséquent, doit cesser le galimatias.»
Il est vraiment difficile de faire l’unanimité au Sénégal. Celle-ci n’existe certes pas, mais nous autres Sénégalais, nous sommes réputés pour être d’éternels donneurs de leçons et des adeptes des critiques faciles.
On s’en est encore rendu compte, au lendemain du passage du Premier ministre Mahammad Boune Abdallah Dionne à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la nouvelle initiative «Questions d’actualité.»
Nombreux ont été ceux qui ont critiqué ce passage, pourtant historique dans l’agenda institutionnel de ce pays. Dans la forme, comme dans le fond, des Sénégalais ont trouvé à redire.
Ils ont désapprouvé cette initiative pour des raisons diverses et parfois même tirées par les cheveux. Si d’aucuns jugent les réponses du Premier ministre, très ordinaires, d’autres vont jusqu’à les qualifier de sordides. Quelle injustice !
Ceux qui émettent ces critiques ont peut-être oublié que le chef du gouvernement n’a fait que répondre à des questions à lui posées par les députés. Si l’on juge ses réponses impertinentes, alors que dire des questions ?
Le véritable problème qu’il faut poser ici, c’est le niveau de nos parlementaires. On l’a dit et redit, beaucoup de ces élus n’ont pas leur place dans cet auguste hémicycle. Ils ne savent ni lire ni écrire – ce qui bien entendu, n’est pas un crime ni une honte -, mais le mal, c’est qu’ils ne font aucun effort pour se rendre utiles à la communauté.
C’est comme si d’ailleurs, ils sont à l’Assemblée nationale uniquement pour contredire leurs opposants et alimenter des querelles de borne fontaine. Jeter l’anathème sur le Premier ministre Dionne, c’est lui faire un mauvais procès ! Pourtant l’initiative est noble et mérite d’être encouragée.
Ces Questions d’actualité devraient être une belle occasion pour les députés, de secouer le gouvernement sur des questions qui taraudent les Sénégalais. Comme l’ont si bien fait, les élus qui ont posé le problème de la Suneor et de la continuité de la traque des biens mal acquis, qui ne doit pas se résumer seulement à la personne de Karim Wade.
Me El Hadji Diouf, pour ne pas le nommer, a touché du doigt là où il le fallait, en évoquant la question, parce que ça nous inquiète tous !
La réponse du Pm est plus ou moins satisfaisante, mais on veut en savoir davantage. Pourquoi Karim Wade seulement ?
Alors que si Macky Sall est élu, c’est en grande partie, pour que les voleurs de la République nous restituent nos biens.
El Hadji Diouf a bien raison de dire qu’il y a des milliardaires, qui sont sous l’ombre de Macky Sall et qui ont fait fortune depuis le régime de Senghor jusqu’à celui de Wade. Celui-là d’ailleurs n’a jamais fait la fine bouche sur la question, parce qu’il disait avoir créé des milliardaires.
Alors oui ! Mamoudou Ibra Kane, il y a des milliardaires dans ce pays et Dieu sait qu’ils ne se comptent pas sur les doigts de la main. Notre brillant confrère de la Rfm se posait la question, lors d’une de ses chroniques politiques du vendredi.
Seulement, les milliardaires sénégalais ne sont pas comme Bill Gates, connu pour son génie dans les nouvelles technologies ou bien comme Aliko Dangote, dont le sens élevé des affaires est incontestable.
Sans doute, il y a des self made man qui se sont fait eux-mêmes au Sénégal et qui peuvent être fiers de se réclamer milliardaires, mais l’écrasante majorité n’ose pas le faire, parce que leur passé est peu élogieux !
Ils n’ont aucun mérite et ils le savent. Il y en a qui ont les mains tachetées de sang, d’autres se sont enrichis à partir de la sueur de leurs semblables, d’autres ont tout simplement volé ! D’où la pertinence encore une fois, de la Crei et de l’Ofnac !
LA RANÇON DE LA RÉSIGNATION
SPÉCULATION SUR LES PRIX DANS LES BOUTIQUES ET LE TRANSPORT
10 F, 20 F, 25 F. À court terme, les marges illégales que les boutiquiers ajoutent sur certaines denrées aux prix fixés semblent indignes d'intérêt. Mais à la longue, c'est une fortune que les consommateurs perdent. Plus de 6 milliards par an, selon un calcul minimaliste. Sans compter ce que leur font subir les moyens de transport public, véritables as dans la surfacturation. Malgré tout, les Sénégalais optent pour le silence et la résignation, considérés comme le prix de la paix et de la préservation du bon voisinage.
Le Sénégal a un système de liberté des prix. Chaque commerçant a le loisir de vendre au prix qui lui convient. L'objectif ici est de faire jouer la concurrence entre acteurs. Cependant, le gouvernement, dans sa politique sociale, a pris la décision de fixer les prix d'un certain nombre de denrées alimentaires du fait de leur sensibilité.
Il s'agit des produits de grande consommation que sont le riz, l'huile, le sucre. Il en est de même du gaz butane et des autres hydrocarbures. Le lait a été un instant dans la liste, mais il n'y est plus. Par contre, pour les produits précités, il y a un prix plafond au-delà duquel le commerçant ne peut vendre, au cas contraire, il se trouve dans l'illégalité, il est hors-la-loi.
Afin de mener à bien cette politique sans porter préjudice aux importateurs, il a été mis en place des instruments. C'est ainsi que ceux qui importent à perte peuvent bénéficier d'une compensation, afin que les prix soient appliqués. Pourtant, il y a lieu de se demander parfois quel respect les commerçants, ici particulièrement les boutiquiers, ont vis-à-vis de ces dispositions.
Autrement dit, les efforts de l'Etat bénéficient-ils plus aux consommateurs auxquels ils sont destinés ou plutôt à des commerçants intermédiaires qui occupent le circuit de la distribution.
L'arrêté ministériel du 22 mai 2013 portant administration des prix de l'huile en fût et en dosette, du sucre cristallisé et du riz brisé non parfumé a fixé les prix comme suit : Le litre de l'huile en fût est à 900 F CFA, la dosette de 250 ml s'échange à 290 F et le kilogramme de sucre à 575 F.
Pourtant, dans la pratique, c'est tout autre. En réalité, les consommateurs achètent le litre d'huile en fût à 1 000 F, soit une majoration de 100 F. La dosette et le kilo de sucre sont vendus respectivement à 300 F et 600 F. soit 10 F de plus sur la dosette et 25 F de plus sur le kilo de sucre.
De même que ces produits, le gaz butane est aussi normalisé. Une baisse est intervenue récemment, grâce à un contexte international favorable : la baisse du prix du baril de pétrole. Selon l'arrêté n°018595 du 19 décembre 2014, la bonbonne de gaz de 2,7 kg, la plus petite, est fixée à1485F, la bouteille de 6kg à 3 280 F, celle de 9 kg à 4 880 F et celle de 12 kg à 6 975 F.
Là aussi, la spéculation est de mise. La bonbonne de 2,7 kg fait l'objet de plus de spéculation. Elle est vendue entre 1 500 et 1 600 en fonction des zones, constate l'adjoint du chef service régional du commerce de Dakar, Cheikh Bamba Ndao. Ce dernier soutient que cette spéculation plus importante sur ce produit s'explique par la rareté de cette bouteille.
Quant aux autres de 6 kg, 9 kg et 12 kg, elles sont cédées dans les boutiques respectivement à 3 300 F, 4 900 F, et 7 000 F. La bouteille de 12 kg se vend généralement dans les stations où l'on pratique un respect strict des prix, si l'on en croit M. Ndao.
A première vue, ces marges que le boutiquier grignote au consommateur semblent anodines. 25 F sur le kilo de sucre, 10 F sur la dosette d'huile, 20 F sur les bonbonnes de 6 et 9 kilo, 25 F sur celui de 12 kg. En apparence, il n'y a que les 115 F sur la bonbonne de gaz de 2,7 kg et les 100 F sur l'huile en fût qui sont visibles.
Encore que l'huile en fût est aujourd'hui devenue rare à Dakar du fait de la préférence sur les dosettes et autres bouteilles. Ce qui n'est forcément pas le cas hors de la capitale. Toutefois, dans la durée, ces petites sommes deviennent importantes. A la question de savoir à combien est évaluée cette spéculation, combien elle coûte au consommateur final et/ou à l'Etat, notre interlocuteur à la direction des commerces avoue qu'ils n'ont jamais essayé d'évaluer le préjudice.
Plus de 6 milliards de pertes pour les ménages
Toutefois, un calcul effectué par le président de l'Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN) Momar Ndao révèle une perte énorme sur le panier de la ménagère. Précisons d'abord que le calcul s'est fait sur la base du niveau de spéculation. Celle-ci, d'après le consumériste, est évaluée entre 5 et 20% selon les produits.
Rapporté à la quantité de produits utilisés par les ménages selon un principe de 10 personnes par ménages, cela fait une perte mensuelle de 3 500 F par ménage. Par an, ça donne 42 000 F Cfa. Or, dans son dernier recensement de la population dont les résultats ont été publiés en 2014, l'Agence nationale de la statistique et de la démographie indique que le Sénégal compte 1 526 734 ménages. Rapportés au 42 000 F, on se retrouve avec 6 412 534 800 F Cfa. Au moins six milliards et demi de perte due à la spéculation.
Cela sans compter la spéculation sur les prix du transport qui sont eux aussi fixés et non respectés par les transporteurs. Les derniers tarifs sur le transport urbain à Dakar datent de 2009. Ils ont été fixés par le décret 2009-20 du 22 janvier 2009. Si l'on se fie au tableau sorti par l'Etat à l'époque le trajet Grand Yoff-Dakar est facturé à 140 F.
Or, tous les passagers qui prennent les minibus Tata, cars rapides ou Ndiaga Ndiaye payent entre 200 et 250 F Cfa pour le même trajet. Dakar-Rufisque est à 255 F, pourtant, les passagers qui font le trajet par la ligne 57 qui prend son départ à Liberté 6 déboursent entre 300 F et 350 F selon le lieu où ils vont dans Rufisque. Dakar-Ecole Dior est fixé à 155 F alors que les étudiants qui empruntent ce trajet payent dans les minibus entre 150 et 200F pour le tronçon Dior-UCAD.
La grande spéculation dans le transport
La première remarque est que les minibus Tata ont supprimé toute monnaie comprise entre 5 et 50 F. Leurs tarifs se situent entre des parenthèses de 50 F : 100 F, 150 F, 200 F, 250 F, etc. Ils ne sont pas seuls, car les cars rapides et "Ndiaga Ndiaye" se livrent non seulement à la spéculation, mais la manie qu'ils ont de tronçonner les trajets sont encore beaucoup plus préjudiciables aux passagers.
Il faut relever qu'avec les transports, les prix sont exagérément gonflés comparés à ce qui est arrêté par l'Etat. Ce qui veut dire que la spéculation dans le transport affecte considérablement le pouvoir d'achat des Sénégalais.
Et malgré la baisse conséquente à la pompe des prix de carburant, aucune baisse n'a jusqu'ici été décidée. Lors de la rencontre entre le monde de la consommation des hydrocarbures et le ministre de l'Energie Maïmouna Ndoye Seck à la Chambre de commerce de Dakar, le directeur du transport avait annoncé une réunion entre acteurs dans le sens d'évaluer les possibilités d'une baisse.
Mais depuis lors, Momar Ndao et ses camarades sont dans l'attente. Et ce qui est sûr, c'est que les transporteurs peuvent continuer à transgresser la loi en toute impunité, étant entendu que du côté des services de contrôle, on avoue n'avoir jamais accordé un intérêt au transport. La police non plus de semble pas préoccupée par cette question. Momar Ndao soutient qu'il est fait obligation aux véhicules d'afficher les tarifs. A défaut, les chauffeurs doivent être verbalisés. "La police ne fait pas son travail", regrette le consumériste.
Comment expliquer que les prix fixés par l'Etat ne soient pas respectés. Il y a au moins deux facteurs décisifs, selon nos interlocuteurs. Le premier est lié aux moyens disponibles pour réprimer les contrevenants. Le second est relatif au comportement des consommateurs sénégalais.
Sur le plan des moyens, le Sénégal, sur l'étendue du territoire national, disposent de 245 agents de contrôle dont 30 pour 4 000 boutiques à Dakar. Un effectif largement insuffisant par rapport aux besoins. "Impossible de faire le travail dans ces conditions", fait remarquer Momar Ndao. Dakar par exemple compte 9 groupes de 2 agents. Cheikh Bamba Ndao aurait bien aimé que ce soit 9 groupes de 3.
L'autre facteur explicatif de la spéculation est que le consommateur ne fait rien pour corriger le boutiquier. Nos deux interlocuteurs sont unanimes sur cette question. Cheikh Bamba Ndao : "Le contrôle citoyen ne s'exerce pas". Momar Ndao :
"Le consommateur sénégalais est très difficile à défendre. Il ne fait aucun effort, malgré toutes les dispositions prises. Il arrive des moments où le consommateur doit prendre ses responsabilités et exiger l'application des dispositions." C'est donc à eux d'exiger les vrais prix et non de se résigner, car le refus de payer, de l'avis du président de l'ASCOSEN, doit être avant tout une question de principe.
Diallo, le banquier du quartier
Mais le consommateur ne semble pas bien comprendre cela. Tout ceux qui ont essayé de refuser de payer un tarif anormal dans les moyens de transport ont vu d'autres leur proposer un complément afin qu'ils acceptent. A la limite, ce sont même les résistants qui sont considérés comme belliqueux, voire des hors-la-loi.
On voit donc que les initiatives sont très rares et la plupart découragées par la masse. Cela est dû en grande partie par le manque d'information. En effet, force est de constater que les consommateurs n'ont pas toujours la bonne information. La plupart d'entre eux n'ont par conséquent même pas conscience que leurs droits sont violés.
Cependant, l'attitude des Sénégalais ne s'explique pas seulement par l'ignorance. Il y a également d'autres considérations. Par exemple, la société voit d'un mauvais œil celui qui dénonce son prochain, particulièrement auprès des autorités étatiques. De ce fait, même étant victime d'une pratique illégale, la personne ne veut pas être vue comme celle qui a envoyé l'autorité publique chez son prochain.
"Il a peur du qu'en-dira-t-on", regrette Momar Ndao. C'est ainsi que même ceux qui ont la bonne information ne veulent pas dénoncer les boutiquiers véreux. La psychologie de la population réprime une telle attitude.
A défaut d'une dénonciation, on s'attendait à ce que le consommateur ait une autre attitude. En effet, quand une boutique applique des prix élevés, "le réflexe normal devrait consister à aller acheter dans une autre boutique". Ce qui devrait faire jouer la concurrence recherchée par la loi 94-63 du 22 août 1994.
Mais là aussi, beaucoup estiment que cette petite monnaie ne vaut pas la peine d'une réclamation, à plus forte raison une dénonciation. Cela veut dire que le consommateur voit plus le court terme que les conséquences dans le long terme. C'est pour cette raison d'ailleurs que le président de l'ASCOSEN préconise la suppression de la loi 94-63, étant donné qu'elle n'assure pas la concurrence.
Un autre facteur décisif est le rôle social de Diallo (nom par lequel sont abusivement appelés les boutiquiers au Sénégal) dans le quartier. Il est par excellence la banque de proximité. Beaucoup de travailleurs, après le passage à la caisse, laissent une somme à la boutique. Une sorte de compte-boutique destiné à être grignoté progressivement jusqu'à la fin du mois. Et à l'image d'un client d'une institution financière, le boutiquier accorde aussi de petits crédits occasionnels à ses clients.
"Dépanné de temps en temps, il devient captif", constate Momar Ndao. Il est donc hors de question de fâcher son "bienfaiteur". Au finish, la sous-estimation des pertes, la cordialité, la proximité et une certaine dépendance au boutiquier obligent l'acheteur à la fois à rester fidèle au négociant de son quartier mais aussi à subir ses prix sans rechigner.