La députée Aïda Mbodj vient de demander le renvoi des primaires que compte organiser le Pds pour désigner son candidat à la présidentielle de 2017. Quel commentaire cela vous inspire ?
Mme Aïssatou Mbodj est une responsable de premier plan du Parti démocratique sénégalais. A ce titre, elle a le droit de donner son avis sur la marche du parti. Seulement il y a une règle immuable en démocratie : quand on n'est pas
d'accord avec la majorité de l'instance habilitée à décider, on provoque un congrès pour changer les règles du jeu ou on change de parti. La lionne du Bambey réaffirme qu'elle reste au Pds, clôturant ainsi le débat.
La présidente du Conseil départemental de Bambey pense aussi que le moment n'est pas opportun pour organiser ces primaires. Partagez-vous cet avis ?
C'est son opinion que je respecte pour faire bonne mesure démocratique. La mienne est toute autre.
Où en êtes-vous avec le dépôt des candidatures ?
Je ne saurais vous en dire davantage n'étant pas membre de la Commission ad hoc chargée de recevoir les candidatures qui a sa propre politique de communication. Selon mes tuyaux, le processus suit bien son cours. Attendons le 15 mars pour connaître les résultats de leurs travaux.
«NOUS SOMMES D’ACCORD SUR LES ELEMENTS IMPORTANTS DE LA LOI CADRE»
Le gouvernement et le Saes sont en passe de parvenir à un accord à propos de la plateforme revendicative du Syndicat de l’enseignement supérieur qui paralyse les universités du pays depuis environ deux mois, relativement à la loi cadre sur les universités. Le Saes a concédé d’ailleurs qu’il y a eu des avancées. Du reste, un accord de sortie de crise pourrait être conclu lundi prochain.
La crise universitaire pourrait prendre fin bientôt si l’on se fie au ministre du Travail et des organisations professionnelles. Il se prononçait, hier, au sortir d’un conclave avec le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes). Mansour Sy a déclaré que les deux parties «sont d’accord sur les éléments importants de la loi cadre». Il a aussi annoncé qu’ils vont se retrouver lundi pour signer un document qu'il vont ensuite partagé avec l’opinion.
Optimiste quant à la résolution de la crise universitaire à travers ce point saillant et objet de discordes, M. Sy de faire savoir que «la rencontre nous a permis de signer un accord avec les plénipotentiaires en présence et on va signer un protocole d’accord et un document qui consigne tous les points d’accord».
D’après le ministre du Travail, la réunion s’est passée dans d’excellentes conditions. «Nous avons mis en place de nouvelles initiatives que nous allons pérenniser et je pense que nous avons créé les conditions pour avoir un dialogue social permanent. Parce que pour chacune des questions consultées, un agenda a été consigné et des outils de suivi ont été proposés pour travailler sur de nouvelles initiatives avec les différents points où nous sommes d’accord. Et cela va être partagé dans un document lundi prochain», a-t-il ajouté.
Le ministre de confier à propos des discussions qu’il s’agissait d’abord de la loi cadre sur l’enseignement supérieur. «Nous sommes d’accord sur les éléments importants de la loi pouvant nous permettre d’avancer sur la plateforme de revendication de cette structure (le Saes) et article par article elle a été revisitée. Les points de revendications qui sont sur la plateforme ont été revisités point par point et je pense que lundi vous verrez sur quoi on a recréé les parties sur ces questions fondamentales. On reviendra sur ces aspects, car c’est extrêmement important. Et pour l’essentiel, nous avons reçu un procès-verbal qui nous a été présenté et amendé», a-t-il dit en notant, par ailleurs, qu’il n’y a pas eu «de résistance» et qu’ils ont «travaillé dans un véritable esprit de concertation pour essayer d’avancer de fait que les situations vécues soient dépassées».
Le Saes a concédé qu’«il y a eu des avancées»
Moustapha Sall, chargé des revendications du Saes, a estimé, pour sa part, qu’«il y a eu des avancées. Mais on ne pourra pas se prononcer, car il faut qu’on aille rendre compte à la base d’abord». Ainsi, il a promis qu’ils vont organiser un point de presse après la signature du protocole d’accord prévu le lundi prochain afin de partager les conclusions de la rencontre.
LE MONDE EN CONCLAVE AU JAPON POUR DECLINER LA FEUILLE DE ROUTE DECENNALE
POLITIQUE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LES CATASTROPHES
C’est à travers une Conférence qui s’ouvre ce jour au Japon que la communauté internationale espère arriver un accord autour d’une feuille de route sur les dix prochaines années pour mettre en oeuvre un plan de lutte mondiale contre les catastrophes.
Les catastrophes naturelles ont coûté à l’humanité, en 2014, des pertes estimées à 113 milliards de dollars américains, contre 135 milliards de dollars en 2013. Selon une étude publiée, le 7 janvier dernier, par Munich Re, le géant allemand de la réassurance, les catastrophes naturelles en 2014 ont coûté nettement moins en vies humaines et causé moins de dégâts matériels que celles de 2013. Les désastres de 2014 ont entraîné, selon toujours la même source, 7700 décès dans le monde. Suffisant pour que la communauté internationale convoque une conférence pour réfléchir sur la réduction de risques de catastrophes qui annihilent les politiques de développement dans le monde.
Cette 3è Conférence mondiale sur la réduction des risques et catastrophes qui s’ouvre aujourd’hui, samedi 14 mars, et va se poursuivre jusqu’au 18 courant, à Sendaï au Japon. Elle va faire le bilan des politiques de lutte contre les catastrophes et décliner les feuilles de route pour les 10 prochaines années. Car, d’après le rapport de l’Organisation internationale de la protection civile (Oipc), le monde enregistre chaque année des catastrophes qui causent des dommages écologiques et socio-économiques qui mettent en péril la vie des populations et leurs biens. Ces catastrophes se nomment, entre autres, pollutions terrestres, marines et de l’air, utilisation abusive des terres, érosion des sols, désertification, incendies de forêts, perte de la biodiversité, déforestation, destruction des mangroves et des terres, élévation du niveau de mer, appauvrissement de l’ozone. Et ils sont un réel problème de développement pour les pays en voie de développement qui sont les plus vulnérables.
Au Sénégal, le rapport 2014 de la protection civile conforte la position déclinée dans celui de l’Oipc. D’après le rapport de la protection civile publié le 1er mars dernier, «les catastrophes se produisent à une fréquence inédite à l’échelle mondiale». En ce sens, ce rapport mentionne qu’«en ce qui concerne le Sénégal, les inondations récurrentes ont causé entre 50 000 et 400 000 sinistrés et plus de 50 milliards de francs Cfa de dommage et pertes».
Lors de la cérémonie de célébration de la Journée mondiale de la protection civile au Sénégal, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Abdoulaye Daouda Diallo, a ainsi plaidé pour l’harmonisation des politiques de lutte contre les catastrophes naturelles. «Aucun de ces paradigmes pris isolément ne pourrait et ne saurait prospérer sans la prise en compte intégrée des deux autres, surtout dans la situation actuelle préoccupante de changement climatique. De plus en plus, le constat coule de source que tout ce que l’humanité construit durement et durablement peut être déconstruit ou détruit en un laps de temps par une catastrophe majeure mettant en cause les fondements de la protection civile», avait préconisé Abdoulaye Daouda Diallo.
Le ministre avait, en outre, renseigné lors de cette rencontre que «2015 est une année charnière pour l’humanité». Puisque, d’après lui, les ressources naturelles constituent le premier capital des pays en voie de développement, alors que leurs capacités de prévention et de réaction sont assez limitées.
LES AVOCATS DE HABRE JETTENT L’ANATHEME SUR LE REGIME
Le rejet des recours qu’ils avaient soumis à la Cour suprême en vue de leur invalidation ne sont pas du goût des avocats de l’ancien Président Hissène Habré. A travers une déclaration très musclée, Me Ibrahima Diawara et ses collègues font le procès du régime de Macky Sall.
Les conseils d’Hissène Habré sont dans tous leurs états, après qu’ils ont perdu leur bras de fer avec l’Etat du Sénégal devant la Chambre administrative de la Cour suprême. Ils avaient saisi ladite Cour pour remettre en cause le décret signé par Macky Sall le 30 janvier 2013 portant nomination des magistrats des Chambres africaines, mais également pour demander aux juges de renvoyer le dossier au Conseil constitutionnel afin qu’il statue à nouveau, arguant que lorsque ladite juridiction statuait sur cette affaire, il manquait la signature de feu Cheikh Tidiane Diakhaté.
Dans une déclaration incendiaire intitulée «Temps politique impose son rythme au temps judiciaire : Trois audiences en un seul jour !», Me Ibrahima Diawara et ses collègues attaquent violemment le régime du Président Macky Sall.
«Pour les besoins de l'agenda politique, les voiles ont été mises au sujet de l'examen des recours introduits par la défense, tout comme hier (avant-hier), il fallait mettre les dossiers au placard et laisser les Chambres africaines extraordinaires (Cae) dérouler leur procédure illégale et inconstitutionnelle. C'est donc bien, la politique qui instruit le cours des affaires et le sens des décisions», lit-on dans ledit document.
Me Diawara et compagnie d’enfoncer le clou : «Faut-il s'étonner d'un rejet du recours de la part d'une juridiction politisée ? Et comble de l’ironie, la Chambre administrative comptait même, parmi ses juges, M. Ahmadou Bal, ancien directeur de Cabinet de Mme Aminata Touré, ex-ministre de la Justice. C'est ce même fonctionnaire qui, en son temps, avait défendu la présentation de l'accord portant création des Cae devant l'Assemblée nationale. Autant dire un des orfèvres de cet accord illégal, positionné en juge au sein de la Chambre administrative pour décider si son ‘œuvre’ est légale ou non. Hallucinant !» ?
«Dans cette affaire françafricaine, c'est la loi du plus fort qui s'applique»
Soulignant que «l'exigence d'objectivité et d'impartialité, mais aussi la nécessité de l'inexistence d'un conflit d'intérêt, sont les attributs qui font le juge et qui confèrent à un processus judiciaire une crédibilité», les avocats de Habré déplorent le fait que dans cette «affaire françafricaine par excellence», «c'est la loi du plus fort qui s'applique. C'est la volonté politique qui s'impose en lieu et place de la loi».
Toujours dans leurs dénonciations, les conseils du prédécesseur d’Idriss Deby fulminent : «Seconde affaire en ce 12 mars, journée de la liquidation des recours de la défense du Président Habré. Il s'agit de l'affaire Sidiki Kaba, autrement dit, la plainte pour injures publiques. On se rappelle que le juge, après avoir bloqué plus d'un an la plainte, a finalement décidé que les propos ‘bourreau du peuple tchadien’ ne pouvaient pas être considérés comme outrageants. Un appel a été introduit, et ce jour, le ministre de la Justice a changé son fusil d'épaule. Désormais, il plaide qu'il est passible de la Haute Cour de justice».
Et de renchérir : «Finalement, à considérer ce qui se passe en l'espèce, un ministre peut insulter qui il veut et même tuer quelqu'un et dire qu'il ne peut être jugé que par la Haute Cour de justice qui, pour se réunir, a besoin du vote d'une résolution à l'Assemblée nationale ! Laquelle résolution peut ne pas être votée par les députés, si le ministre appartient au camp de la majorité. On imagine aisément le scandale. C'est pourquoi la loi dit clairement que le ministre n'est passible de la Haute Cour de justice que pour les actes accomplis dans l'exercice normal de ses activités professionnelles et qui ont un rapport direct avec sa fonction». «Pourtant», soulignent les avocats de l’ancien Président Hissène Habré : «Il va de soi qu'injurier publiquement des personnes, voler, ou tuer quelqu'un, ne peut être considéré comme une activité normale d'un ministre. C'est ainsi que le ministre français Hortefeux qui avait lancé des propos racistes a été condamné par la justice française, tout ministre qu'il fut».
«Il est important pour le pouvoir de blanchir tous ceux ou celles qui ont les mains sales dans l'affaire Habré»
Pour Me Ibrahima Diawara et compagnie, «des ordres politiques ont été clairement donnés pour le lancement de ce train fou dans le but de se débarrasser de tous les recours introduits par les avocats du Président Habré et ce, au mépris du droit et de la justice».
La troisième affaire, indiquent les conseils de Habré, «concerne le faux de Mme Aminata Touré. L'arrêt du Conseil constitutionnel a fragilisé sa position. Mais, il est certain qu'elle sera sauvée par le gong de la politique et des instructions données en conséquence de cause dans cette troublante affaire Habré. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il est important pour le pouvoir de blanchir et d'organiser une totale impunité pour tous ceux ou celles qui, obéissant à ses instructions, ont eu les mains sales dans l'affaire Habré».
«La loi exige de Mme Touré d'être présente, pour que son avocat puisse avoir droit à la parole. Lors des deux précédentes audiences, elle ne s'est pas présentée, et l'affaire fut renvoyée à date ultérieure», soutiennent-ils.
Avant de dénoncer : «L'avocat de Mme Touré qui, selon la loi, ne pouvait avoir droit à la parole, a, quand même, été autorisé par le tribunal à dire que sa cliente était aussi passible de la Haute Cour de justice en tant que ministre. Et pour la représenter, il n’a pas hésité à produire une lettre attribuée à Mme Touré, adressée à la juridiction, mais qu’il avait signé lui-même ! Après Sidiki Kaba, la même chansonnette nous est jouée. Et quid de la déclaration officielle de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé, selon laquelle, il n'a pas signé l'accord de pleins pouvoirs brandi par Mme Touré ? Madame Touré campe dans cette position d’impunité qu’elle a interdit à d’autres, en d’autres occasions».
Sur tous ces points, les avocats de l‘ancien Président tchadien estiment que «la justice sénégalaise a été mise à l'épreuve et elle a opté pour un véritable déni de justice : ce qui était important pour elle, c'était la neutralisation totale de tous les recours engagés par la défense, et non pas de se prononcer sur la constitutionalité des Cae, sur le faux et les injures pour édifier l'opinion».
Pour eux, «l'enjeu était de taille, car il était important, non pas de faire triompher le droit, la justice, mais plutôt que toutes les petites mains qui collaborent à l'opération de liquidation du Président Habré soient protégées, récompensées, pour que le complot arrive à terme».
«L'Histoire retiendra leurs actes, leurs noms, leur sinistre partition dans cette affaire Habré qui ne se terminera certainement pas avec le prononcé d'une condamnation achetée à coups de pétrodollars et qui a déjà, largement, ruiné la réputation d'un Sénégal, État de droit», concluent Me Diawara et ses collègues.
PAR KARFA SIRA DIALLO
POUR UNE COMMISSION VÉRITÉ ET RÉCONCILIATION
L’escalade de la violence langagière, physique et les références anthropologiques, ne doit cependant pas nous aveugler. Au point d’ignorer les chances de relance et de renouvellement d’un dialogue politique novateur
Je n’ai pas réussi à retrouver un sommeil réparateur depuis les récentes et violentes déclarations de l’ancien Président Wade à l’encontre du président Macky Sall. Revenu participer à l’éveil de la mémoire de l’exploitation du continent, je ne pouvais être insensible aux résurgences manifestes d’une époque coloniale qui continue de s’inviter dans notre actualité.
Ne voulant céder ni à l’extrême émotivité ni à la réactivité, tares courantes aussi sous ces cieux, j’ai souffert en silence pour observer le recul nécessaire à une analyse proactive. En effet, si l’escalade de la violence langagière, physique et les références anthropologiques qu’elles colportent révèlent un niveau de tension politique inédit dans l’histoire politique du Sénégal, elle ne doit cependant pas nous aveugler. Au point d’ignorer les chances de relance et de renouvellement d’un dialogue politique novateur.
Le concert quasi-unanime de condamnations des propos de l’ancien Président ne doit évidemment pas être l’arbre qui cache la forêt. Il est bien aisé devant le clavier de son ordinateur, dans les cafés et Tangana ou sur les plateaux de télévision de déplorer ce dérapage.
De désigner Abdoulaye Wade comme le mal absolu qu’il faut extirper. D’en faire un extra-terrestre. Une erreur de l’histoire. De commettre exactement la même bévue que celle du régime du Président Macky Sall.
L’erreur du Président Macky Sall a été, effectivement, de manquer de lucidité et d’autorité non pour imposer ses vues mais pour distinguer entre ce qui est nécessaire et ce qui est illusoire, ce qui est juste et ce qui est légal. Ce n’est pourtant pas tant qu’il ne connaisse pas les Sénégalais.
Malgré son introversion, il est de tous les leaders de ce début du 21ème siècle, celui qui a le mieux compris le peuple sénégalais. S’attachant à prévenir ses demandes et besoins, il a coiffé au poteau nombre de ses rivaux qui alimentaient une perspective révolutionnaire illusoire dans un pays comme le nôtre.
Aveuglé néanmoins par la rapidité d’une victoire électorale imprévue, le Président Sall a trop tôt cédé à des groupes de pressions et lobbys dont les analyses et les solutions importées sont démenties quotidiennement par les populations locales.
L’erreur des journalistes et du monde des médias (le nôtre y compris) c’est de confondre information et injure, renseignement et rumeur. D’être l’otage consentant et complice d’une entreprise de démocratisation de l’information inédite dans l’histoire. Subjugué par internet et les réseaux sociaux, le monde de l’information est bousculé par l’émotion, la précipitation, la diffamation gratuite, la provocation permanente et la fébrilité qui discréditent et remplacent les nouvelles avec une frénésie démentielle.
Résultat du compte : des discussions de pause-café, de Tangana ou de salons envahissent désormais nos quotidiens et intimités brouillant notre lucidité et, plus inquiétant, semant, dans les malléables cerveaux de notre jeunesse, les germes d’une violence sociale et politique dont les explosions sont de plus en plus régulières.
Il n’y a qu’à regarder le contenu de nos émissions de télévision, de radios et des forums de discussion où la bave à la commissure des lèvres, on s’entredéchire avec jouissance, où l’obscénité la plus désolante est enrobée dans une grande explosion de danses, de rires et de pleurs, où l’on rivalise dans la provocation, le mépris et l’agressivité pour défendre tout et son contraire. Ressassée journellement et impunément, cette culture participe d’une vaste entreprise de lavage de cerveau.
Avec cependant, la bonne conscience d’agir au profit du peuple et de son éducation. Chacun se drapant derrière les formules creuses et les lieux communs d’une religion domestiquée à outrance qui elle même en est devenue l’otage. Cette libération, cette banalisation de la parole autorise toutes les dérives, nourrit toutes les ambitions et s’insinue partout sous la bonne garde de promoteurs déterminés à préserver leurs rentes.
La voici, la violence quotidienne que nous infligeons à notre jeunesse. Elle est autrement plus désastreuse que les pathétiques élucubrations d’un homme qui a renié ses fils. Condamner Abdoulaye Wade ne sert à rien. Soutenir Abdoulaye Wade est vain. Ce Sénégalais, qui fut le premier d’entre nous, est devenu un père blessé. Abasourdi par l’ampleur de ce qu’il considère comme une trahison.
Pour avoir porté au pouvoir et aux affaires la génération de Sénégalais qui dirige notre pays aujourd’hui, pour les avoir nourri du lait de sa chair et du souffle de son génie, cet homme, dont le grand âge n’a absolument pas brouillé la lucidité, livre un combat avec les seuls moyens dont il dispose désormais : sa culture et sa mémoire. Instruments si efficaces quand on sait le pouvoir des territoires de l’imaginaire. La mémoire reste un des outils politiques les plus redoutables.
En utilisant des références anthropologiques liées à la mémoire de l’esclavage et de la colonisation, Me Wade nous permet de lever le voile qui a été posé sur un crime contre l’humanité dont nous tardons à tirer les enseignements.
Quand une partie de l’Europe se défend vigoureusement, et avec une mauvaise foi confondante, d’avoir commis un tel forfait, préférant vanter «les aspects positifs» introduits, quand le monde arabe détourne les yeux sur une telle ignominie que sa foi réprouverait, il se trouve encore des Africains, une certaine élite, qui se gargarisent dans la vanité de descendre d’aristocrates réels ou imaginaires, de rois ou de chefs ne tirant leurs fortunes ou pouvoirs matériels et moraux que dans un système socio-économique d’exploitation des populations.
Tous négriers et tous descendants d’esclaves. La victoire de l’humanité s’incarne dans la notion de crime contre l’humanité qui nous associe tous dans la reconnaissance de la noblesse des résistants, de ceux qui ont refusé l’anéantissement, de ceux qui ont déterminé un sens nouveau et fédérateur de l’humaine condition.
Perçues partout comme répréhensible légalement et moralement, l’exploitation et la discrimination relèguent dans les consciences modernes un maître perçu comme criminel dont nul ne se glorifie et chante la gloire de l’esclave, un martyr, à l’image de Spartacus, de Toussaint Louverture, de Martin Luther King, de Lumumba ou de Mandela.
Pourquoi, l’Afrique, continent le plus maltraité par la mondialisation, reste le territoire où les résurgences criminelles sont les plus vivaces ? Au Sénégal, celles-ci étaient jusque-là dissimulées sous des rapports sociaux dont l’hypocrisie n’échappe à personne.
Les hiérarchisations sociales et l’histoire tragique de la colonisation ont totalement bouleversé notre rapport au mérite et à la réussite. Incapable de croire à la vertu personnelle et au travail, une sorte de pensée magique nous oblige à attribuer nos réussites à un héritage aristocratique que nous sommes prêts à fabriquer de toutes pièces.
Le chaos n’est donc pas là où on le croit. Le chaos c’est d’avoir pensé qu’il suffit de couper des têtes pour empêcher l’hydre de la corruption de prospérer. C’est de vouloir reproduire au Sénégal la perspective révolutionnaire française qui elle-même devra attendre plusieurs siècles avant d’arriver à abolir les tenaces privilèges des puissants. Pourtant, nul besoin d’être marabout pour savoir que ce peuple sénégalais n’est pas prêt à des règlements de compte de cette radicalité.
Supportant leur vie de peine et de tourment avec une endurance et une sérénité stupéfiantes, les électeurs sénégalais ont pris le temps et d’infinies précautions pour se défaire de leurs dirigeants successifs sans fondamentalement bouleverser les rapports sociaux.
C’est pour cela que «la traque des biens mal acquis» est sinon prématurée, du moins porteuse des germes de divisions et de tensions dont nul ne peut prévoir les désastres. La manière dont on s’y est pris, les hésitations, les aveuglements et maladresses révèlent l’ambivalence et la gêne de tous les acteurs du dossier. Et surtout, le malaise grandissant d’un peuple qui n’a jamais désiré une telle entreprise parce que dans sa sagesse historique, il sait le grondement intérieur, le tsunami, qui risque d’emporter tout.
Ce que de plus en plus de Sénégalais qualifient de «chasse aux sorcières», semble concocté par une élite d’opposants déterminés mais dont la conception de la politique «la fin justifie les moyens», est dénoncée par les nouvelles demandes d’éthique.
Nous devons savoir tout cela, non pas pour désespérer de l’homme sénégalais et nous enfermer dans la défaite, mais plutôt pour comprendre, avoir le sens du contexte, comprendre les différentes dimensions de la problématique sénégalaise. Pour dépasser les aigreurs, rancœurs enracinées dans des positions acquises, il importe de saisir leurs soubassements idéologiques.
Les mots ne sont jamais innocents. Les déclarations transmettent une charge politique et symbolique dont nous devons prévenir et évaluer la profondeur et les enjeux. Avec dignité, élégance et adresse, nous avons à manier des concepts qui rassemblent et unifient.
Une commission Vérité et Réconciliation
Personne n’est dupe des considérables détournements financiers illicites qui ont jalonné l’histoire politique du Sénégal. Et tout le monde en a profité directement ou indirectement. S’il est vrai que la première alternance de 2000, avec la libéralisation et «l’informalisation» de l’économie et de la politique, nous a fait atteindre non seulement des niveaux faramineux d’enrichissement mais surtout, et c’est plus choquant, une vanité, un affichage et une quasi-glorification de la corruption, il reste que ce mal s’est insinué au plus profond de nous-mêmes, de nos familles, ethnies, confréries, professions, etc.
La condamnation de deux ou trois personnes, fut-ce pour l’exemple, ne résoudra pas cette question. Au contraire cela risque de radicaliser davantage la situation politique, de délégitimer l’action du gouvernement et de rompre l’équilibre social nécessaire aux ambitieuses et prometteuses politiques de développement du Président Macky Sall.
A ceux parmi les hommes politiques qui sont tentés de se réjouir de ce combat d’éléphants, pensant récupérer les restes, à ceux qui parmi les intellectuels, font la moue en se désolant de ce spectacle en regardant ailleurs, à ceux qui parmi les journalistes font leurs choux gras de cette situation, je préviens que nul n’en sortira indemne. Notre jeunesse mérite que nous lui donnions des raisons d’espérer. La longue nuit noire de l’esclavage et de la colonisation ne sera rien face aux tourments intérieurs qui risquent de nous consumer.
Et nous poursuivrons ces vers de Aimé Césaire: «Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse... » Cahier d’un retour au pays natal
La corruption endémique de la société sénégalaise nécessite un traitement en profondeur. Une commission Vérité et Réconciliation. Un «Ndeup collectif». Une grande cérémonie d’exorcisme où l’on pourra assurer à tous, politiques ou fonctionnaires, liberté, respect et écoute. Si c’est le prix à payer pour endiguer et extirper cette gangrène de la corruption. De la haine de soi. Des autres. De son peuple. De son pays. Il est encore temps.
C’est la sortie par le haut de cette impasse. Les forces traditionnelles de régulation socio-politiques ayant manifestement failli dans leurs médiations, une nouvelle alliance est possible. Un nouveau pacte. Une nouvelle République. Une République authentiquement sénégalaise car issue de notre réalité et de nos besoins actuels.
Il s’agit de s’attacher avec courage, lucidité et honnêteté à déconstruire l’appareil idéologique d’asservissement qui fait de nous la risée de notre Diaspora et du monde. Je lance un appel à toutes les forces sociales et politiques, aux intellectuels, au Sénégal et dans la diaspora, aux éducateurs et militants des droits humains, aux travailleurs à réfléchir à cette proposition et à participer à ces nouvelles Assises pour créer une nouvelle République.
Je voudrais conclure en réaffirmant ma conviction que le passé porte le présent comme une mère son enfant. C’est la réappropriation de notre mémoire qui nous permet de créer ce citoyen sénégalais nouveau. Enseigner et vulgariser une histoire revisitée à l’aune de mémoires ouvertes où les erreurs du passé n’alimentent plus les haines d’aujourd’hui où les amitiés d’hier restent le bouclier de la paix, de la stabilité et de l’émancipation.
L’AVENIR DE LA RADIODIFFUSION EN AFRIQUE EN DEBAT A DAKAR
Le secrétaire d’Etat à la Communication, Yakham Mbaye, a rassuré que «toutes les conditions sont réunies» pour que le Sénégal réussissent son basculement de l’analogique au numérique au soir du 17 juin 2015. Toutefois, relève Khelladi Tewfik, le président de l’Union africaine de radiodiffusion (UAR) qui tient sa 8ème Assemblée générale à Dakar, même si le Sénégal a les moyens de réussir sa transition, le défi reste grand pour beaucoup de pays de l’Afrique subsaharienne contrairement à ceux du Maghreb.
A seulement trois mois de la date butoir pour le basculement de l’analogie au numérique, l’Union africaine de radiodiffusion (UAR) tient la 8ème session ordinaire de son Assemblée général depuis hier, vendredi 12 mars à Dakar, et ce pour deux jours. Venu présider l’ouverture de cette rencontre, Yakham Mbaye a expliqué que le passage de l’audiovisuel de l’analogique au numérique sera marqué par une grande révolution dans le secteur des médias avec, notamment, la modernisation de la diffusion et l’arrivée massive de chaines de télévisions dans l’espace audiovisuel des différents pays.
Selon le secrétaire d’Etat à la Communication, au-delà de la réduction des charges liées a l’achat d’émetteurs, à la location ou à l’électricité pour les prometteurs, le tout numérique permettra aux populations, en zones urbaines et en zones rurales de recevoir beaucoup plus de chaines locales et étrangères avec une qualité meilleure. Mieux, relève, Yakham Mbaye, la transition va aussi favoriser, grâce à la convergence des technologies de réception et l’apport de l’internet, la création de nouveaux services avec de nombreuses opportunités d’emplois et de production de richesses.
«Toutes les conditions sont réunies pour que le Sénégal puisse réussir le rendez vous du passage de l’analogie au numérique», a rassuré M. Mbaye qui en veut pour preuve la tenue même de la 8ème session de l’assemblée général au Sénégal. Et le Secrétaire d'Etat à la Communication, Yakham Mbaye, de rappeler la mise en place par le gouvernement sénégalais d’un Comité national (le CONTAN) chargé de piloter le processus du passage du numérique à l’analogie qui sera effectif le 17 juin prochain.
Le président de l’UAR, Khelladi Tewfik (Algérien) en ce qui le concerne n’est pas aussi confiant par rapport à l’avenir de la radiodiffusion en Afrique. Pour lui, à part quelques pays du Maghreb, tous les pays Africains ne sont pas prêts à passer avec succès la transition. A l’en croire, «pour ce passage au numérique nous avons de grands défis à relever avec détermination, entre autres le défi du spectre de diffusion et la question des droits de radiodiffusion des grandes compétions sportives mettant en difficulté les pays africains».
Toutefois, Khelladi Tewfik, a indiqué que le Sénégal a les moyens de réussir la transition de l’analogique au numérique parce que disposant de toutes les ressources nécessaires. «Quand je vois la qualité de la ressource humaine qui existe au Sénégal, je peux dire qu’il va réussir cette transition de l’analogie au numérique même si quelques soucis vont apparaitre. Ce qui est un peu normal», a-t-il dit.
PAR YOUSSOUPHA DIOP
IPRES : NON-RESPECT DES NORMES DE BONNE GOUVERNANCE
Depuis un certain nombre de jours, est publié dans les journaux de la place un Avis à manifestation d’intérêt pour la présélection d’un Commissaire aux comptes de l’Ipres. Cet avis porte la signature de Monsieur le directeur général de l’Ipres. Il a, selon ses propres termes, «pour objet de choisir un Commissaire aux comptes pour une mission d’audit portant sur la régularité et la sincérité des états financiers des exercices 2014 à 2016». Le même avis mentionne que «l’Ipres se réserve le droit de donner suite à cette manifestation d’intérêt suivant les offres reçues et la décision du Conseil d’administration» (Ca).
Tout ceci laisserait croire, selon le libellé de cet avis, que le processus de sélection du Commissaire aux comptes serait piloté par le management opérationnel de l’Ipres qui devrait, selon une évaluation «qualité/coût», proposer au Conseil d’administration le meilleur choix, à charge pour ledit Conseil d’administration de l’institution de prendre la décision de nommer ou non un Commissaire aux comptes (Cac).
Je n’aurais pas été choqué par un tel avis si, dans le même journal, je n’avais pas lu qu’une association de retraités, dénonçant la modicité de leurs pensions, revendiquait un droit de regard sur la gestion de l’institution en proposant leur participation au Conseil de l’Ipres.
Il y a près de 15 ans alors que j’étais membre du Conseil de l’Ipres, j’avais préféré démissionner pour ne pas cautionner l’incongruité consistant pour un Conseil d’administration d’une institution, jouant un rôle aussi central, à recruter le Commissaire aux comptes, à lui assigner la mission de procéder à la vérification de la régularité et de la sincérité d’écritures dont le Conseil d’administration, en tant qu’organe de gestion en l’espèce, assume la responsabilité et à recevoir son rapport aux fins d’approbation des états financiers.
Le tout ayant pour finalité que le Conseil d’administration lui-même se donne quitus de sa propre gestion.
De tels errements se produisaient sous le regard indifférent des représentants de tutelles technique et administrative et de chefs d’entreprises. Le plus choquant est que les Commissaires aux comptes en charge étaient conscients d’être, totalement, en porte-à-faux avec les dispositions légales et réglementaires. Ils avaient comme seule et unique explication que c’est toujours comme cela que ça se passe à l’Ipres ou à la Caisse de sécurité sociale.
Faut-il rappeler que le Commissaire aux comptes exerce une mission légale. Elle a pour objet de certifier que les comptes annuels sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat, de la situation financière et du patrimoine de l’organisation.
La forme de son rapport est prévue par les normes professionnelles et les informations qui y figurent sont fixées par la loi. Dans son rapport général, il présente à l’Assemblée générale ses conclusions.
Il a un pouvoir de saisine du procureur de la République face à certains faits revêtant un caractère délictueux. Il peut lui-même, devant le laxisme du Conseil d’administration, décider de la convocation de l’Assemblée générale à qui il est tenu de rendre compte à l’exclusion d’un quelconque autre organe. Il s’expose également, à des poursuites judiciaires si d’aventure, il était avéré qu’en connaissance de cause, il a fermé les yeux sur des falsifications de comptes ou des actes de prévarication.
Toutes ces dispositions sont d’ordre public.
Pourquoi donc un tel laxisme au sein des institutions qui collectent l’épargne des travailleurs pour leur garantir une fin de carrière paisible ou, en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle une indemnisation ?
Les lois instituant la mission de commissariat aux comptes ne datent pourtant pas d’aujourd’hui. Le Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal l’avait prévue et aujourd’hui, l’acte unique de l’Ohada (17 octobre 1993) est explicite sur la question.
Au demeurant, l’acte unique vient préciser que l’institution du Commissaire aux comptes représente une norme obligatoire pour toutes les organisations qui font Appel public à l’épargne ou qui accumulent des chiffres d’affaires de plus de 250 millions FCfa (art. 376). Les mêmes dispositions (art. 702, art. 728) prévoient non seulement l’existence d’un Cac mais de deux Commissaires aux comptes dans de telles organisations assurant, comme l’Ipres, pour mission de collecter de l’épargne.
Dans les dispositions de l’Acte uniforme, c’est uniquement pour les Sociétés à responsabilité limitée (Sarl), que les dirigeants ont la faculté de choisir eux-mêmes un Commissaire aux comptes.
L’Ipres ou la Css ne pourraient être assimilées à une Sarl.
Donc, qui doit nommer le Commissaire aux comptes à l’Ipres, notamment ?
L’Ipres joue un rôle macroéconomique majeur en participant à la distribution du revenu et de la consommation entre différents ménages. Ceci a un impact sur la structure et le volume de la demande globale et, subséquemment, du Produit intérieur brut. Les systèmes de protection sociale qui accumulent des réserves influencent également l’épargne nationale et le niveau de l’investissement.
Au vu de ces nombreux enjeux, on comprend aisément la place et le rôle d’une institution telle que l’Ipres dans le dispositif économique, social, financier, voire politique de notre pays.
C’est avant tout, une institution de protection sociale. La protection sociale est un droit fondamental de la personne et un élément de son bien-être. La protection sociale constitue un facteur primordial de stabilité politique et sociale.
Toutes ces considérations contribuent à justifier, si tant est que cela soit nécessaire, la place et le rôle de premier plan de l’État dans le dispositif régalien de la politique de protection sociale.
Pour que les bénéfices recherchés puissent effectivement être ressentis équitablement par toutes les composantes de la population, il est absolument indispensable que l’État ait un droit de regard effectif en s’assurant que tout le caractère coercitif inhérent aux mesures tendant à sauvegarder les avoirs, le fonctionnement, les orientations majeures fasse l’objet d’un respect scrupuleux.
C’est dire que la mission du Commissaire aux comptes consistant à donner l’heure juste aux parties prenantes de l’Ipres est une mesure d’intérêt public.
Pour l’efficience du système de prévoyance ainsi mis en place, la sincérité des écritures, mais surtout la réalité économique de l’institution, revêtent une importance capitale eu égard aux conséquences dramatiques que des actes de mal gouvernance peuvent avoir sur la stabilité économique et sociale de notre pays.
Vu la place de l’Ipres dans le dispositif de sécurité sociale, vu sa mission de collecte de l’épargne des travailleurs, il est évident que le corpus organisationnel auquel elle est soumise est plutôt assimilable à celui régissant les Sociétés anonymes (Sa) ou à celui des organisations qui font Appel public à l’épargne.
Dans ce type d’organisations, nul ne peut nier que la désignation des Commissaires aux comptes relève exclusivement des attributions de l’Assemblée générale.
Peut-il en être autrement dans le cas de l’Ipres ? Assurément, non.
L’article 14 des statuts de l’Ipres a instauré un «collège des représentants investi des pouvoirs de l’Assemblée générale et en tenant lieu». C’est le libellé exact de cet article. Il se passe de commentaires.
Les statuts prévoient comme dans les Sociétés anonymes une Assemblée générale extraordinaire, Age (art.19) et une Assemblée générale ordinaire Ago (article 18). Matériellement, leurs attributions sont exactement celles des Ago et Age des Sa.
Tenant donc lieu d’Assemblée générale réunissant les parties prenantes, État, employeurs et travailleurs, il est inutile de se poser la question de savoir qui, du conseil d’administration ou du Collège des représentants tenant lieu d’Assemblée générale, doit désigner le ou les Commissaires aux comptes.
Ayant les pouvoirs de l’Assemblée générale, il ne revient donc pas au Conseil d’administration de recevoir le rapport des Commissaires aux comptes, de donner quitus aux administrateurs de leur gestion et de certifier les comptes de l’exercice sous revue.
Les membres du Conseil d’administration ne peuvent donc pas être juges et parties : faire des actes de gestion et, eux-mêmes, se réunir pour les déclarer conformes et sincères.
En outre eu égard à sa mission d’intérêt public et de gestion de l’épargne des travailleurs, l’Ipres doit avoir non pas seulement un Commissaire aux comptes mais deux (2) Commissaires aux comptes. Ceci est une mesure de prudence, voir de bon sens, pour éviter que l‘indisponibilité du Commissaire aux comptes ne vienne empêcher l’approbation des états financiers d’un exercice.
L’État est le garant du bon fonctionnement du régime et de la mise en œuvre de toutes les mesures de nature à assurer sa pérennité. Les textes qui régissent le fonctionnement de l’Ipres ont été conçus afin que cette mission puisse être exécutée avec la plus grande régularité en plaçant l’institution sous la double tutelle technique et financière de deux départements ministériels siégeant au sein de tous les organes de l’institution avec des pouvoirs de contrôle très forts visant à garantir le bon fonctionnement et le respect scrupuleux des normes et règles prudentielles de gestion d’une telle institution, de bonne gouvernance, de transparence et de reddition des comptes.
Il est donc impératif que les parties prenantes de l’Ipres respectent scrupuleusement les textes régissant cette institution. Le communiqué visant à sélectionner un Commissaire aux comptes est donc en porte-à-faux avec la loi sous plusieurs rapports :
Le Commissaire aux comptes ne peut être choisi par le management de l’institution c’est-à-dire ni par le conseil d’administration, ni a fortiori par le Directeur général à charge pour le Conseil de prendre la décision finale.
Les dispositions du traité de l’Ohada (art. 702) imposent la désignation d’au moins 2 Commissaires aux comptes : un titulaire et un suppléant (art. 728).
Mais dans le cas d’une entité telle que l’Ipres dont la mission est fondée sur la collecte de l’épargne, il est plutôt recommandé d’avoir au moins deux Commissaires aux comptes titulaires et au moins deux Commissaires suppléants en raison de la complexité de leurs écritures.
Enfin, lorsque le Commissaire aux comptes est désigné lors de l’Assemblée générale ordinaire, c’est-à-dire en l’occurrence, à l’occasion de la tenue de la réunion du Collège des représentants tenant lieu d’Assemblée générale ordinaire (art. 18 des statuts de l’Ipres), son mandat doit être non pas de deux ans mais de six (6) ans (art. 704 Acte uniforme).
Encore faudrait-il que le collège des représentants se réunisse. Pendant plusieurs années, il ne s’est réuni que pour désigner les membres du Conseil d’administration.
Aucun des comptes d’exercice de l’Ipres de ces dernières années n’a donné lieu à une vérification diligentée par le collège des représentants, ni a fortiori, à une approbation des états financiers par le collège des représentants, ni à un quitus délivré au Conseil non pas par le Conseil mais par le collège des représentants tenant lieu d’Assemblée générale.
Les Commissaires aux comptes qui ont officié le savent très bien. Les représentants des tutelles technique et administrative ne s’en préoccupent pas
DES MODIFICATIONS APPORTEES SUR CERTAINES DISPOSITIONS
Les députés ont voté à l’unanimité hier, vendredi 13 mars, le projet de loi No 03/2015 modifiant certaines dispositions du code général des impôts. Celles-ci ont été modifiées afin d’améliorer l’environnement des affaires au Sénégal. Il s’agit notamment des droits de mutation d’immeubles et de droits réels d’immeubles qui passent de 10 à 15% ainsi que la suppression du droit de timbres sur le billet d’avion.
Après plus de deux années d’application, il est paru nécessaire d’apporter quelques ajustements au texte de loi no 2012 du 31 décembre 2012 portant code général des impôts pour une meilleure cohérence d’ensemble du système fiscal. C’est dans cette optique que des modifications ont été faites sur certaines dispositions du code général des impôts.
« Un texte de fiscalité n’est pas un texte figé. La fiscalité est un domaine sensible qui est un instrument de politique économique. Donc chaque fois qu’on rend compte qu’il y a des mesures susceptibles d’améliorer l’environnement des affaires, je pense qu’il urge pour le gouvernement de prendre des mesures pour que ce texte puisse passer très rapidement »,a expliqué Amadou Ba , ministre de l’économie, des finances et du plan qui faisait face aux députés hier, vendredi 13 mars pour défendre le projet de loi no 03/2015 modifiant certaines dispositions du code général des impôts.
Il souligne en effet qu’en matière fiscale, il apparait nécessaire de repréciser les modalités de liquidation de l’acompte sur l’impôt au titre des revenus de valeurs mobilières.
« A compter du 1 er janvier 2016, l’imposition à la patente des usines et établissements industriels sera faite sur une base ne comprenant pas le patrimoine productif de l’entreprise. En attentant la révision général du système de patente, un nouveau tarif est institué pour les systèmes financiers décentralisés»,a-t-il révélé.
S’agissant de la fiscalité indirecte, le ministre de l’économie a fait savoir que le champ d’application du taux réduit de la Tva a été étendu à toutes les prestations des établissements d’hébergement touristiques.
Concernant les droits d’enregistrement, il indique que le projet de loi réaffirme l’option constante du législateur de faciliter l’accès à la terre des investisseurs en faisant passer les droits de mutation d’immeubles et de droits réels immobiliers de 10 % à 5 %. Toutefois, il ajoute qu’en vue de ne pas entraver la célérité recherchée dans ces transactions commerciales, le projet de loi opte pour l’exclusion du champ de la formalité d’enregistrement, les actes de commerces.
Pour ce qui est des droits de timbre, il renseigne que le seuil de perception d’un droit de 1% sur les paiements en espèce d’un montant excédant 20%, s’est révélé à la pratique très bas. C’est pourquoi, dit-il, qu’il est envisagé de le rehausser, afin de ne pas perturber le commerce tout en veillant à renforcer la lutte contre les flux financiers illicites et à permettre l’administration fiscale de retracer les paiements des biens et services.
Pour terminer, il annonce que le droit de timbre sur le billet d’avion est supprimé dans l’optique de rendre la destination sénégalaise moins chère et par delà avec un Tva au taux réduits, booster les activités de tourisme.
Ces mesures ont été saluées par les députés qui ont voté à l’unanimité ce projet de loi. Toutefois certains d’entre eux ont invité le gouvernement à rendre la destination sénégalaise plus attractive en supprimant les visas d’entrée pour les touristes ainsi que la redevance des infrastructures aéroportuaires (Rdia).
L’affaire Africa Energy est loin de connaitre son épilogue. Même la sortie du Premier ministre confortée par le ministre de l’Energie n’a pas convaincu les avertis. Des documents dont nous avons copie attestent tout le contraire de la position du gouvernement sur ce dossier qui mérite d’amples développements.
L’affaire dite Africa Energy est loin de connaitre son épilogue. La sortie du Premier ministre le jeudi 12 mars dernier à l’hémicycle dans le cadre des questions d’actualité déraisonne et fait cogiter les avertis.
Et pour cause, dans le protocole d’accord liant l’Etat du Sénégal à ARCHEAN Group of Companies, il est clairement indiqué qu’ «Archean va créer une Société à objet spécifique (Bos) dénommé Africa Energy S.A pour réaliser le projet».
Or, la première résolution de création d’une filiale mentionnée dans le procès verbal des délibérations de l’assemblée générale extraordinaire stipule: «L’assemblée générale décide à compter de ce jour, de la création d’une filiale de la société ‘’AFRICA ENERGY HOLDING (Ltd)’’ à Dakar (Sénégal) sous la forme d’une anonyme unipersonnelle qui prendra la dénomination sociale suivante «AFRICA ENERGY», au capital de 10 millions de francs CFA, entièrement détenu par la société «AFRICA ENERGY HOLDING Ltd».
Mieux encore, dans la liste des souscripteurs en date du 26 février 2013 n’y figure aucunement Archean. Les souscrits au nombre de quatre sont «Africa energy holding limited, Pendurti Brahmanandam, Pendurthi Ranjit, et Pendurthi Ravi».
Le Premier ministre, Mahammed Dionne, avait pourtant démenti, jeudi à Dakar, tout gré à gré dans l’appel d’offres de 300 milliards de francs CFA lancé par la société Africa Energie pour la construction d’une centrale électrique.
Dans son propos, le Premier ministre avait indiqué que “le secteur de l’énergie marche depuis la dérégulation avec des producteurs indépendants d’énergie».
Le ministre de l’Energie Maïmouna Ndoye Seck d’ajouter: «Il n’existe pas d’affaire Africa Energy. Ce qui s’est passé par rapport au contrat est conforme à la réglementation».
Pour Mme Seck, le contrat liant SENELEC à Africa Energy est un contrat de partenariat public-privé, aux termes duquel l’Etat oblige les sociétés à créer des sociétés de droit sénégalais, ce qui a obligé la société ARCHEAN à créer Africa Energy».
Pour rappel, la SENELEC avait signé en août 2013, avec la structure Africa Energie SA, une convention de 630 millions de dollars pour la réalisation d’une centrale de 300 MW dans la zone de Mboro (région de Thiès).
La réalisation de cette centrale fonctionnant au charbon et au gaz va coûter plus de 300 milliards de Francs CFA. Le coût moyen de production devrait revenir à 66 francs CFA au killowatt/heure.
700 hectares pour bâtir la centrale ?
Dans les clauses du contrant liant l’Etat du Sénégal à Archean, il est mentionné que c’est «le gouvernement du Sénégal qui facilitera l’obtention d’un terrain près de Mboro pour la centrale, les équipements annexes et les centrales pour une superficie d’environ 700 hectares.» Soit 7 km2.
Un bail qui frise la conscience pour la construction d’une centrale à charbon. Des sources autorisées craignent plutôt que ce bail ne soit plutôt réservé à un projet immobilier avec d’éventuelle spéculation.
Appel d’offres
Y avait-il nécessité d’appel d’offre? A ce niveau le gouvernement a nié l’entente directe alors qu’en août 2013 Pape Dieng, directeur général de la SENELEC a reconnu que le contrat gré à gré entre l’Etat du Sénégal par l’ancien ministre de l’Energie Aly Ngouille Ndiaye et la société Africa Energy sur la base du protocole d’accord du 2 novembre 2012.
Contradiction
Relevons ainsi la contradiction entre deux parties. D’abord Pape Dieng, directeur général SENELEC et Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Energie d’une part et d’autre part la sortie du premier ministre et son ministre de l’Energie Mme Seck qui nient l’existence du gré à gré. A la lumière de la dernière sortie du premier ministre, et de son ministre de l’Energie à l’assemblée nationale sur les questions d’actualité, un fossé net, tape à l’œil entre les propos tenus par les précités et ceux de Pape Dieng, Dg de la SENELEC et Aly Ngouille Ndiaye qui dans un passé récent, avait laissé entendre qu’il y a bel et bien un gré à gré.
Mobilisation des ressources
Entre 2012 et 2015, date de la signature du contrat entre les deux partenaires, on est tenté de se poser deux questions. Qu’est ce qui justifie le gré à gré et quel est le niveau de mobilisation des ressources par Africa Energy?
Parce que jusqu’ici, la centrale n’est pas encore mise sur pieds. Et pourtant, le 16 août 2013 Alassane Diallo, directeur général Africa Energy, avait déclaré que le financement de la centrale de 300 MW est pratiquement bouclé. Affaire à suivre…
LA CRISE À L’AFP ET L’EMPRUNT OBLIGATAIRE DE LA VILLE DE DAKAR EN VEDETTE
Dakar, 14 mars (APS) – La crise à l’Alliance de forces de progrès (AFP, mouvance présidentielle), avec l’exclusion de douze responsables dont le N°2 El Hadji Malick Gackou, et l’emprunt obligataire de la ville de Dakar sont les principaux sujets abordés par les quotidiens reçus samedi à l’APS.
L’AFP a annoncé vendredi l’exclusion de El Hadji Malick Gackou et d’autres responsables qui ne cautionnent pas la décision du Secrétaire général du parti, Moustapha Niasse, de ne pas présenter un candidat à la présidentielle de 2017 face à Macky Sall.
‘’Niasse –Gackou, clap de fin !’’, s’exclame L’Observateur qui souligne que l’Alliance de forces de progrès (AFP) a convoqué les articles 23 et 31 du règlement intérieur du parti pour exclure le N°2 (El Hadji Malick Gackou) avec douze de ses camarades dont Mamadou Goumbala et Maclick Guèye.
Selon La Tribune, ‘’Niasse exclut Gackou et cie’’ tandis que pour Le Populaire, ‘’Niasse vire Gackou et les frondeurs’’. Pour Walfadjri, ‘’Niasse opère la purge’’.
Pour Le Quotidien : ‘’Niasse l’a voulue et l’a obtenue : la tête de El Hadji Malick Gackou’’ et ajoute : ‘’L’animosité entre les leaders des deux camps de l’AFP qui s’affrontaient pour ou contre le soutien du parti à la candidature du président Macky Sall en 2017, tantôt par presse interposée, tantôt par biceps, a fini de rendre son verdict’’.
Selon le journal, ‘’Moustapha Niasse avait besoin de donner des gages à son allié Macky Sall pour espérer conserver le perchoir. Il est parvenu à ses fins : sacrifier Gackou et ses camarades frondeurs’’.
L’AFP est ‘’coupée en deux’’, relève Le Témoin au quotidien qui parle de ‘’déchirure’’ dans un commentaire. ‘’Niasse contre Gackou, c’eût été l’affiche dramatique d’un Brutus contre son père. D’une violence à ascendant, pourrait-on dire, si on prend en compte la charge affective qui sous-tendait jusqu’ici les relations quasi-filiales entre les deux hommes’’, écrit le journal.
Exclu de l’AFP pour ‘’+forfaits inqualifiables+’’, El Hadji Maclick Gackou ‘’veut battre Macky Sall en 2017’’, selon L’As qui souligne que ‘’le clash entre Niasse et son ex-N°2’’ était devenu ‘’inévitable’’. L’As, qui cite des sources dignes de foi, annonce que El Hadji Maclick Gackou ‘’va se présenter à la prochaine présidentielle pour espérer arracher la présidence des mains de Macky Sall’’.
D’autres journaux mettent en exergue l’emprunt obligataire, objet d’un différend entre la mairie de Dakar et le ministère de l’Economie et des Finances. Le 19 février dernier, la mairie Dakar s’apprêtait à lancer l’emprunt obligataire de 20 milliards pour une durée de sept ans, mais le gouvernement du Sénégal s’y est opposé.
La suspension de l’emprunt obligataire prévu par la mairie de Dakar n’est pas d’ordre "politique", elle s’explique par des raisons "techniques", a précisé jeudi le Premier ministre Mahammed Dionne.
De son côté, le maire de Dakar, Khalifa Sall, a jugé vendredi non valables les "raisons techniques" invoquées par le gouvernement du Sénégal.
A ce propos, Le Quotidien titre : ‘’Khalifa Sall (le maire de Dakar) démonte Amadou Ba (le ministre de l’Economie). Selon Libération, ‘’Khalifa conteste la mesure’’ tandis que pour Enquête ‘’Khalifa Sall se défoule sur Amadou Ba’’.