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25 février 2025
DE LA RESPONSABILITE DES MEDIAS, A LA FOIS ACTEURS DE LA DEMOCRATIE ET CIBLES
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), en partenariat avec la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) a effectué, avant-hier mardi, une tournée dans la région de Diourbel.
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), en partenariat avec la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) a effectué, avant-hier mardi, une tournée dans la région de Diourbel. Il s’agit d’une tournée d’information et de sensibilisation des médias sur la couverture médiatique de la campagne électorale de la présidentielle du 25 février 2024.
Plus d’une vingtaine de professionnels des médias de la région de Diourbel ont pris part à l’atelier de renforcement de capacités sur le thème de la couverture médiatique de la campagne électorale. Il s’agit d’une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la tournée nationale d’information et de sensibilisation des médias sur la couverture médiatique de la campagne électorale de la présidentielle du 25 février 2024.
Selon le président du CNRA, Babacar Diagne, «l’organe de régulation, dans la supervision et le contrôle de la couverture médiatique des élections, est chargé par la réglementation, de veiller au respect des principes d’égalité, d’équité et d’équilibre, surtout de veiller à une couverture médiatique responsable du processus électoral. Les médias, par le rôle dans la formation et la construction de l’opinion publique, lors des propagandes électorales, constituent un maillon important du processus électoral. Ils ont une position unique à la fois transformateur et destinataire de l’information qui peut jouer un rôle important de garde-fous, favorisant la responsabilisation des acteurs de la transparence du processus. Leur message peut façonner l’opinion. Des médias responsables et utilisés de manière appropriée permettront de renforcer le processus démocratique et contribueront à des élections plus crédibles et apaisées». Cependant, il s’empresse de relever cela fait des médias des cibles et les expose également. «Cette position des médias peut en faire une cible. Les médias peuvent être récupérés, coptés et peuvent être utilisés pour influencer l’opinion publique en faveur de telle ou telle question dans certains contextes ; ce qui a alimenté des conflits, la violence liés aux élections. Les journalistes et les maisons de presse peuvent être victimes d’intimidation voir de maltraitance. Une information biaisée ou partisane peut affecter le processus. Nous pouvons être la source de la violence comme nous pouvons être les diffuseurs voir les amplificateurs de cette violence. La diffusion de la violence, dans tous les pays du monde, est encadrée, surtout quand cette diffusion implique des adolescents. L’organe de régularisation ne saurait se soustraire à l’obligation de veiller scrupuleusement sur cette question.»
«PRIVILEGIER LE DIALOGUE SUR LA SANCTION»
A en croire Babacar Diagne, «le CNRA, privilégiant l’accompagnement, le dialogue, les échanges et la concertation sur la sanction, a initié un vaste programme d’information, de sensibilisation des acteurs des médias au processus électoral. Nous en avons fait d’une position d’autorité, une position d’influence parce que nous voulons privilégier le dialogue sur la sanction c’est-à-dire la prévention sur la répression», a-t-il indiqué, notant que la loi portant création du CNRA fixe les conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions réglementées des médias audiovisuels pendant la campagne électorale. En outre, M. Diagne rappelle que «tous les médias sont dans le champ de compétences du CNRA. Il est interdit aux radios communautaires de programmer, de couvrir ou de rendre compte des activités liées à la campagne électorale. Le gouverneur de la région de Diourbel, Ibrahima Fall, invite les journalistes à «une couverture responsable pendant les périodes de la pré-campagne, de la campagne électorale, le jour du scrutin et la proclamation des résultats. Le Code a énoncé deux principes fondamentaux que sont l’égalité et l’équilibre entre les candidats. Nous nous engageons à vous accompagner dans la couverture médiatique de l’élection présidentielle», a-t-il conclu.
«LES BUDGETS 2023 ET 2024 SONT FAUX PARCE QUE...»
Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre du tout premier gouvernement du président Macky Sall, par ailleurs président du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), trouve faux les budgets 2023 et 2024 puisque bâtis sur des données fausses.
Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre du tout premier gouvernement du président Macky Sall, par ailleurs président du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), trouve faux les budgets 2023 et 2024 puisque bâtis sur des données fausses. Dans cet entretien accordé à Sud Quotidien, l’ancien directeur général de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) revient aussi sur les tournées économiques du président de la République, des actes qu’il qualifie de «mesquins». Candidat déclaré à la candidature pour la présidentielle de février 2024, Abdoul Mbaye se propose de faire un «mandat de transition de 5 ans» comptable pour restaurer la République et élaborer une nouvelle Constitution, conformément aux conclusions de la CNRI.
Dans une de vos sorties, vous affirmez que le budget 2024 n’est pas sincère. Sur quoi vous vous fondez pour une telle assertion?
Tout d’abord, il est important de rappeler que la donnée principale pour l’établissement d’un budget, c’est le Produit intérieur brut (PIB) nominal projeté pour l’année à venir puisqu’on est dans un budget et qu’on parle de futur (de prévisions). Sur cette base, les recettes sont calculées en fonction du Pib nominal et principalement en fonction d’un taux de pression fiscale. Ensuite viennent les dépenses. Et de ce point de vue, on attend d’un gouvernement responsable qu’il évite des dépenses excessives pouvant conduire à un déficit excessif, avec des problèmes de financement que cela peut causer. Pour rappel, en 2023, nous étions en année électorale. Et le budget avait été bâti sur un Pib nominal de 10,1% ; du jamais vu au Sénégal. Je crois également que, d’ailleurs, en termes de Pib réel au niveau de la sous-région, c’était quelque chose d’incroyable, qui avait été faussement justifié par le démarrage de l’exploitation du pétrole sur le dernier trimestre de l’année. Ce démarrage n’ayant pas eu lieu, en toute logique, il était nécessaire, dès lors qu’on a constaté que ce taux de croissance n’allait pas pouvoir être atteint, que le pétrole n’allait pas pouvoir démarrer son exploitation, une Loi de finances rectificative (LFR) s’imposait de facto. Et en toute cohérence, il était nécessaire de revoir les choses, en initiant une Loi de finances rectificative (LFR) dès lors qu’il apparaissait claire que ce taux de croissance n’allait pas pouvoir être atteint, puisque l’exploitation du pétrole n’allait pas pouvoir démarrer. Et c’est comme ça que ça se passe dans tous les pays du monde. Pour dire que vous aviez un budget, vous l’établissez à partir d’une prévision d’évolutions du Pib nominal, donc du Pib réel et du taux d’inflation, et ce, en fonction de l’évolution en cour d’année, s’il y a grosse mise en cause, que vous puissiez réviser votre budget pour le rendre réaliste. L’illogique dans tout ça, c’est qu’il n’y a pas eu de LFR. Et pourtant, ils ont considéré que le taux de croissance allait être limité à 4,1%. Sous ce rapport, c’est totalement anachronique, totalement irréaliste. La conséquence qui découle de tout ça, c’est qu’en réalité on ne peut pas aujourd’hui avoir des chiffres exacts concernant les vraies recettes perçues et surtout le vrai déficit.
A combien se chiffre le déficit ?
Ce déficit était évalué à 1045 milliards de francs CFA. Mais, aujourd’hui, on ne sait pas ce qu’il en est devenu réellement, compte tenu du fait qu’il y a eu moins de recettes attendues, à cause de la baisse de la croissance en 2023. Fort de tout cela, la présentation du budget 2024 aurait dû être l’occasion pour le gouvernement de partir des chiffres réalistes. Mais, puisqu’il n’y a pas eu de LFR, ils ont considéré comme base de calcul, pour 2024, les données de la LFI de 2023. Donc, le budget 2023 est faux, puisque eux-mêmes ils ont dit que c’est faux, parce que calculé sur une prévision de croissance de 10,1% ; alors qu’elle est attendue à 4,1%. De ces données fausses, ils ont construit un château de cartes irréel et fragile, sur la base de données fausses non corrigées non réajustées, pour le budget 2024. Vous dites que le budget 2024 est faux puisque bâti sur la base des données de celui de 2023 qui, elles-mêmes, sont fausses. Quelles peuvent être les conséquences de tout cela sur les populations ? Je pense que ça empêche un pilotage objectif et ça soumet la décision à des priorités qui ne sont plus celles du peuple mais plutôt celles de certains de nos gouvernants. Ça va dans tous les sens et, évidemment, c’est le peuple qui trinque.
Présenter un faux budget, est-ce une volonté de plaire au prince ou alors un vouloir du roi ?
Il n’y a qu’un seul exécutif, un seul budget présenté en Conseil des ministres pour approbation. Ce budget est approuvé en Conseil des ministres, avant d’être examiné pour ensuite être adopté par l’Assemblée nationale. Donc, c’est l’exécutif qui est responsable. Et je pense sincèrement que ces incohérences ne peuvent pas passer sous le nez du Premier ministre et du président de la République puisqu’ils ont dans leurs cabinets respectifs des conseillers capables de lire et de relever ces incohérences. De ce point de vue, il est inacceptable qu’à ce niveau de responsabilité qu’on laisse passer certaines choses.
Vous soutenez mordicus que le budget de 7003,6 milliards est faux et pourtant il vient d’être adopté par l’Assemblée nationale. Quelles peuvent être les répercutions ?
Ce budget adopté est tout simplement une catastrophe. Certes, le taux de croissance du Pib a été révisé à la baisse, mais ils ont conservé le montant du Pib, chiffrés à 19 008 milliards. Ce qui veut dire que cette base est fausse. Sur cette base du Pib fausse, ils ont appliqué un taux de croissance de 9,2%, qui lui-même est irréaliste. Mais, même à supposer que le réalisme du taux puisse donner lieu à débat, au moins la base est fausse. Et eux-mêmes le confirment puisqu’ils disent que ce n’est pas un taux de 10,1% mais un taux de 4,1%. Donc, la base est fausse. Ce qui veut dire que le Pib nominal retenu pour 2024 est faux. Et malheureusement, c’est à partir de ça qu’ils déterminent le niveau de recettes, le niveau de dépenses, et le niveau de déficit. En clair, ils ont sous-estimé le niveau de déficit. A regarder de près le budget, il apparaît des choses notoirement fausses et des chiffres qu’ils cachent. Par exemple, le taux d’endettement, le stock de la dette qui habituellement était indiqué.
A quatre mois de quitter le pouvoir, le président Macky Sall initie des tournées économiques, promettant des investissements massifs aux populations. Quelle lecture vous en faites ?
Je suis vraiment atterré. D’abord parce qu’il y a une forme d’injustice et une façon de donner une longueur d’avance à son candidat par rapport à l’opposition. Je rappelle que ces pratiques ne sont pas nouvelles puisque, dans le passé, ils l’ont fait en éliminant, en bloquant d’autres. Ce sont des actes mesquins. Donc, il n’y a rien de surprenant en eux. Toutefois, ils oublient que les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. Et ils le réaliseront au soir du 25 février 2024. Ce qui est étonnant dans tout ça, on a l’impression que c’est le président Macky Sall qui est en campagne alors qu’il a choisi son candidat. Tout ceci porte à croire qu’il a échoué ou alors il n’est pas prêt à quitter.
Dans les régions de Kédougou, Kaolack… le président de la République a annoncé des investissements à coût de milliards en 3 ans, alors qu’il quitte le pouvoir sous peu. Quel commentaire ?
C’est à ce niveau qu’il y a problème. Injecter des montants aussi importants en trois ans me parait irréalisable, au moment où le Sénégal cherche à réduire son taux d’endettement pour le ramener à un niveau soutenable. Donc, inférieur à moins de 70%, tel que préconisée par la norme de l’Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA). Très sincèrement, je ne vois pas comment il serait possible de mobiliser ces montants dans une perspective triennale. Certes, étant déjà en pré-campagne, il lui est loisible de promettre pour son dauphin. Mais, je dois avouer qu’il sera très difficile d’y arriver en temps de raréfaction de ressources.
Certaines voix s’élèvent pour émettre l’idée d’un report de la présidentielle de février 2024. Qu’en pensez-vous ?
Venant d’un membre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY), qui propose qu’on joue les prolongations, alors qu’on a perdu le match, ça peut se comprendre aisément. Par contre, je ne pense pas que cela puisse être la posture d’un opposant. C’est ma position et je l’exprime de façon très claire parce que les causes évoquées pour justifier un éventuel report de la présidentielle, pour valider le maintien du président Macky sall au pouvoir, sont des causes crées par Macky Sall lui-même. Donc, je ne vois pas comment on peut lui dire reste au pouvoir, pour avoir créé les conditions d’y rester. Lui-même sait que le report ne dépend pas de lui. Nous se sommes pas prêt pour un quelconque report de la présidentielle. Je crois que le Sénégal doit s’engager dans une nouvelle ère et ça devient impératif. Et, à cet égard, il doit tout faire pour qu’il y ait une alternance, prenant en charge la solution des problèmes posés par son régime.
L’opposition malmenée semble se perdre elle-même dans des coalitions ou synergies interminables. Pensez-vous que les Sénégalais s’y retrouveront ?
Moi-même, de l’autre côté, je m’y serai perdu. Parce que ça semble aller un peu dans tous les sens. Nous avons Yewwi, Wallu, F24, FITE et je pense qu’on n’aurait dû faire un peu l’économie d’un nouveau groupe en restant dans des coalitions dont la configuration est acceptée par le public. A ce propos, il faut admettre que la coalition BBY a réussi à maintenir cette unité pendant de longues années. Pour l’opposition, tout allait bien jusqu’au moment où d’aucuns ont décidé d’aller au dialogue et d’autres non. Franchement, j’admets que les sensibilités sont différentes, mais il est bien possible de s’unir pour l’essentiel.
Pour cette présidentielle, on dénombre une pléthore de candidats déclarés. Comment cautionner cela ?
A ce jour, nous sommes à près de 260 candidats à la candidature, si je ne m’abuse. Et c’est un marathon de 100 km. Certains vont renoncer et d’autres seront candidats. Parce que les obstacles à franchir vont l’être sous peu. Et la configuration finale sera connue. Et on saura véritablement qui est candidat et ne l’est pas. Pour ma part, j’avoue que nous avons un projet assez spécifique qui, si nous passons l’obstacle des parrainages, nous serons candidat pour un mandat de transition de cinq ans. Un mandat de transition parce que nous considérons que la démocratie a été trop malmenée. L’Etat de droit du Sénégal a trop souffert pour qu’on puisse faire l’économie d’une transition visant à restaurer notre démocratie. Et à remettre notre économie sur les bons rails. Ce mandat sera bien comptable.
Pourquoi un mandat de transition ?
Parce qu’elle serait en ce moment-là consacrée à la mise en place d’une nouvelle Constitution. Nous en avons besoin parce que celle-ci a été malmenée pour avoir connu six modifications en douze ans. C’est énorme! Dès lors, il est important qu’on revienne à une Constitution de qualité. Un travail important a été fait dans ce sens par la Commission nationale de réformes des institutions (CNRI). Bref, cette nouvelle Constitution tendra vers la réduction des pouvoirs du président de la République, pour qu’il ne se prenne plus comme un roi capable de tout faire, et aller également vers la redevabilité du président de la République dans l’exercice de ses fonctions, allant même jusqu’à sa destitution en cas de non-respect de ses charges, de même que le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale.
PLUS DE 303 MILLIARDS FCFA ALLOUÉS AU MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation fait face aux parlementaires pour l’examen du budget. Pour l’année 2024, ledit budget est arrêté à 346 711 832 357 FCFA
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation fait face aux parlementaires pour l’examen du budget. Pour l’année 2024, ledit budget est arrêté à 346 711 832 357 FCFA en Autorisations d’engagement et à 303 431 815 229 FCFA en Crédits de paiement.
Le ministre des Finances et du Budget a souligné l’importance de ce ministère et les grands défis à relever. Selon Mamadou Moustapha Ba, « le budget du ministère de l’enseignement supérieur, à certains égards, se révèle insuffisant et ce, nonobstant les moyens substantiels à lui affecter depuis quelques années ».
Par ailleurs, le ministre a rappelé que le budget de ce département est passé de 102, 3 milliards FCFA en 2012 à 346 711 832 357 de FCFA.
A LA DECOUVERTE DE LA MAISON DES NATIONS UNIES DE DIAMNIADIO
La Maison des Nations-Unies sera inaugurée ce jeudi par le chef de l’Etat sénégalais. C’est un bâtiment construit sur 13 ha au pôle urbain de Diamniadio.
La Maison des Nations-Unies sera inaugurée ce jeudi par le chef de l’Etat sénégalais.
C’est un bâtiment construit sur 13 ha au pôle urbain de Diamniadio.
« C’est un bâtiment très écologique. Les matériaux utilisés répondent aux plus hauts standards, garantissant une durabilité sur plusieurs décennies », a notamment expliqué Ismaïla Ndiaye, le directeur technique de Envol lors d’une visite de presse organisée à la veille de l’inauguration de cette infrastructure par le président Macky Sall.
La maison des Nations Unies est appelée à accueillir à terme les 34 agences du système des NU basées au Sénégal. Elle a capacité d’accueil de plusieurs milliers de personnes et dispose d’un espace fonctionnel pour le personnel.
Le bâtiment dispose également d’un centre de conférence d’une capacité de 500 places, équipée d’une sonorisation autonome et d’un système de visio-conférence. On y retrouve quatre secteurs dont la partie tertiaire comprend 1800 postes de travail, d’après les explications du directeur technique de Envol.
Le secteur public comprend des espaces de consultation documentaire, de salles de réunion ou formation, une banque, etc.
Le côté officiel abrite un amphithéâtre, des salles de séminaires, de réunions ou encore des salons VIP entre autres.
Selon un document remis à la presse, la construction de ce bâtiment a pour objectif non seulement de mettre en place de la vision ‘’One Un’’ au Sénégal, mais aussi, de permettre une meilleure collaboration et une gestion efficiente des ressources.
Elle a aussi pour objectif de réduire les charges locatives et de gestion des agences des Nations-Unies au Sénégal.
LE DÉLÉGUÉ RÉGIONAL DE BBY À MATAM DÉPOSE 181.867 PARRAINS
Le délégué régional des parrainages de Benno Bokk Yaakaar (BBY) à Matam (nord), Mamadou Talla, a remis 181.867 parrains au coordonnateur national des parrainages de ladite coalition, Abdoulaye Diagne, mercredi, à Dakar.
Dakar, 22 nov (APS) – Le délégué régional des parrainages de Benno Bokk Yaakaar (BBY) à Matam (nord), Mamadou Talla, a remis 181.867 parrains au coordonnateur national des parrainages de ladite coalition, Abdoulaye Diagne, mercredi, à Dakar.
‘’On nous avait fixé un objectif de 150.000 parrains. Nous avons réussi à en collecter 181.867’’, a déclaré M. Talla.
‘’Les parrainages se sont déroulés normalement, dans les meilleures conditions’’, a-t-il ajouté lors de la remise des parrains à M. Diagne, au siège de l’Alliance pour la République, le parti au pouvoir.
Des militants des partis politiques membres de BBY à Matam étaient présents à la remise des parrains destinés à la candidature d’Amadou Ba, le Premier ministre, à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Le chef du gouvernement y était, lui aussi.
Amadou Ba a annoncé, par ailleurs, une tournée économique qu’il va effectuer dans la région de Matam. ‘’Nous irons à Matam prochainement, dans le cadre d’une tournée économique, pour revisiter les chantiers et les réalisations du gouvernement dans cette région’’, a-t-il dit.
Pour qu’elles soient jugées recevables par le Conseil constitutionnel, les candidatures au scrutin présidentiel doivent réunir entre 0,6 et 0,8 % – soit 44.231 à 58.975 électeurs – du nombre d’électeurs inscrits sur le fichier électoral.
Les candidats ont également la possibilité de collecter des parrains auprès des maires et des présidents de conseil départemental.
Pour cette option, le code électoral leur fait obligation de réunir 120 signatures au moins, soit 20 % de l’effectif des présidents des conseils municipaux et départementaux.
Les candidats peuvent aussi recourir au parrainage parlementaire. Dans ce cas-là, ils doivent collecter au moins 13 signatures, soit 8 % de l’effectif des députés.
ANNETTE SECK NDIAYE VA REPRÉSENTER MACKY SALL AU 5E SOMMET CONSULTATIF DU C10 DE L’UA
Annette Seck Ndiaye, la ministre en charge des Sénégalais de l’extérieur, va représenter le président Macky Sall au cinquième sommet consultatif du Comité des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine sur la réforme du Conseil de sécurité
Dakar, 22 nov (APS) – Annette Seck Ndiaye, la ministre en charge des Sénégalais de l’extérieur, va représenter le président Macky Sall au cinquième sommet consultatif du Comité des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies (C10), prévu en Guinée Équatoriale vendredi 24 novembre, a appris l’APS de source officielle.
‘’Mme Annette Seck Ndiaye, ministre auprès du Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, chargée des Sénégalais de l’Extérieur, représentera le Chef de l’Etat, au Cinquième Sommet consultatif du Comité des dix Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, prévu le 24 novembre 2023 à Oyala, en Guinée Équatoriale’’, rapporte notamment un communiqué des services du ministère.
Le département ministériel en charge des Sénégalais de l’extérieur rappelle que le Comité des dix Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA, sur la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a pour mandat de présenter, défendre et vulgariser la position commune Africaine qui milite en faveur de ‘’deux sièges permanents avec droit de veto pour l’Afrique, en plus de deux non permanents supplémentaires’’.
L’Algérie, le Congo, la Guinée Équatoriale, le Kenya, la Libye, la Namibie, le Sénégal, la Sierra Leone et l’Ouganda, soit deux pays par sous-région africaine sont les membres dudit Comité », a signalé la source.
Elle précise que le Comité est placé sous la coordination de la Sierra Leone.
L’ETAT VEUT ORIENTER LES 30% DES SORTANTS DU CYCLE FONDAMENTAL VERS LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Le gouvernement du Sénégal travaille sur une stratégie d’orientation dont l’objectif est de diriger quelque 30% des sortants du cycle fondamental (BFEM) vers la formation professionnelle
Dakar, 23 nov (APS)- Le gouvernement du Sénégal travaille sur une stratégie d’orientation dont l’objectif est de diriger quelque 30% des sortants du cycle fondamental (BFEM) vers la formation professionnelle, a annoncé, mercredi la ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion Mariama Sarr
S’exprimait devant les députés à l’occasion de l’examen et du vote du budget de son département pour l’année 2024, Mariama Sarr a relevé que cette stratégie d’orientation devrait permettre « d’orienter davantage les élèves titulaires du brevet de fin d’études moyennes (BFEM) vers la formation professionnelle ».
Elle a annoncé à cet effet la mise en place prochaine d’un Comité interministériel entre son département et celui du ministère de l’Education nationale pour la mise en œuvre de cette stratégie d’orientation.
Cette perspective d’orienter les élèves vers la formation professionnelle à partir du cycle fondamental sera également élargie aux sortants des daaras (écoles arabo-islamiques traditionnelles), a fait observer le ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion.
Elle a indiqué que son département a rencontré des acteurs de cette offre éducative au mois de mars dernier, à la suite de laquelle quelque 111 écoles coraniques ont été enrôlées avec 1 340 talibés formés.
Mariama Sarr a aussi annoncé aux députés qu’un projet dénommé ‘’Daara-Atelier’’ est en phase d’expérimentation.
Arrêté à 92 milliards 251 millions 181 mille 798 FCFA, le budget du ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion au titre de l’année 2024 a été adopté par l’Assemblée nationale à la majorité.
A TIVAOUANE, UN COLLECTIF MARCHE POUR DÉNONCER L’ÉTAT DU STADE MUNICIPAL
Un collectif dénommé « Sama sport sama avenir » a marché, mercredi à Tivaouane, pour dénoncer l’état du stade municipal de ladite commune, devenu impraticable depuis quatre ans.
Tivaouane, 23 nov (APS) – Un collectif dénommé « Sama sport sama avenir » a marché, mercredi à Tivaouane, pour dénoncer l’état du stade municipal de ladite commune, devenu impraticable depuis quatre ans.
Le collectif impute cette situation de l’infrastructure sportive à la mairie de Tivaouane.
“C’est toute la jeunesse de Tivaouane qui réclame son stade aujourd’hui. Pour une pratique correcte de toutes les disciplines (sportives), nous invitons le maire Demba Diop Sy à revoir son attitude“, a dit le coordonnateur du collectif, Papa Bâ lors d’une marche autorisée, qui a été encadrée par la police.
Bâ s’est désolé de l’ “agonie de toutes disciplines (sportives) qui faisaient la fierté des fils de Tivaouane“, avec des basketteurs “obligés de louer un stade pour accueillir leurs adversaires dans leur propre ville“.
Tivaouane était avec Rufisque l’une des deux villes du Sénégal qui étaient “très respectées pour leur pratique d’un handball de haut niveau“, mais “ne voit plus son nom sur ce tableau très select“, a-t-il encore regretté.
Il a noté que le maire Demba Diop Sy avait pourtant promis un stade aux sportifs de Tivaouane, depuis quatre ans, soit avant qu’il ne soit élu à la tête de la commune.
L’ancien ministre des Sports, Yankhoba Diattara, avait déclaré à l’Assemblée nationale l’année dernière que le stade de Tivaouane figurait sur la liste d’infrastructures sportives que son département ministériel entendait rénover, a rappelé le collectif, relevant que depuis lors, il avait juste visité l’infrastructure au mois de février, lors du séjour du président dans la région de Thiès.
Le président de la commission sportive de la mairie de Tivaouane soupçonne un “parfum de règlement de comptes politique“ à travers ces revendications.
Selon lui, la mairie a déjà délibéré sur un site à Keur Ndiobo pour la construction d’un stade départemental.
Seck a annoncé que le maire de Tivaouane Demba Diop, dit Diop Sy, “va bien reconstruire le stade municipal, mais bien à son rythme“ et selon le calendrier retenu par son conseil municipal, qui prévoit l’ouverture de l’infrastructure le 2 décembre.
Gora Seck appelle à “dépassionner le débat“ en “dépolitisant de manière urgente la pratique sportive“, le sport étant destiné à “réunir autour de l’essentiel et non à diviser“.
MACKY SALL ET OUSMANE SONKO A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE JEUDI
Le »bilan matériel » de Macky Sall, ses annonces en Conseil des ministres et les dernières nouvelles de Ousmane Sonko détenu à la prison du Cap Manuel où il commence à recevoir ses proches après une série de grève de la faim
Dakar, 23 nov (APS) – Le »bilan matériel » de Macky Sall, ses annonces en Conseil des ministres et les dernières nouvelles de Ousmane Sonko détenu à la prison du Cap Manuel où il commence à recevoir ses proches après une série de grève de la faim sont au menu des quotidiens reçus jeudi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Sud Quotidien met en exergue le ‘’bilan matériel’’ des 12 ans de présidence Macky Sall.
»Si le bilan immatériel du Président de la République, laisse à désirer (voir Sud Quotidien, du mercredi 22 novembre 2023), celui dit matériel est plus qu’élogieux. Entre le Train express régional, les routes et autres autoroutes qui ont permis de rapprocher les centres urbains, des villages et hameaux, sans occulter les stades et autres centres inter nationaux de conférences, il ne serait pas exagéré de coller à Macky Sall l’étiquette de bâtisseur. Ces détracteurs y ajouteront toujours, à quel prix ? Toutefois, force est de reconnaître qu’il a fait plus que ses prédécesseurs’’, écrit Sud qui affiche à la Une : ‘’Macky Sall, le bâtisseur’’.
Le Soleil souligne que le chef de l’Etat a insisté, mercredi en Conseil des ministres, sur le suivi des décisions qu’il a prises durant sa dernière tournée dans les régions de Kédougou, de Kaolack, Kaffrine et Fatick.
L’Observateur annonce que, dans le cadre de la lutte contre la corruption, Macky Sall a décidé d’élargir la liste des assujettis à la déclaration de patrimoine.
»Macky Sall va élargir l’éventail des personnes assujetties au dépôt de la déclaration de patrimoine. Deux projets de loi ont été adoptés hier mercredi 22 novembre, en conseil des ministres pour renforcer les compétences de l’Ofnac et introduire de hauts fonctionnaires de la Justice et de l’administration territoriale dans le régime de la déclaration de patrimoine. De nouvelles dispositions sont introduites dans le texte pour corser les sanctions », rapporte L’Obs.
Concernant les nouvelles de Ousmane Sonko, le quotidien Bës Bi affiche à la Une: ‘’Plus de grève de la faim, Plan B, audiences, stratégies…, Sonko joue la Realpolik’’. ‘’Sonko est donc sorti de la Réanimation. Et n’a qu’une seule priorité : la réanimation de son parti, dissous, qui avait pris un coup de léthargie en commençant par la collecte de parrainages citoyens. Il commence aussi à recevoir des +audiences+ au +palais+ du Cap Manuel. Guy Marius Sagna est d’ailleurs passé, hier, comme d’autres’’, rapporte le journal.
Dans des propos rapportés par le journal, le député Guy Marius Sagna a déclaré : ‘’Je viens de voir le président Ousmane Sonko à la prison du Cap Manuel. Tout de blanc vêtu avec un chapeau sur la tête, il n’a rien perdu de ses taquineries. J’ai rarement vu Sonko en si bonne santé, en pleine possession de tous ses moyens avec un mental si conquérant et un tel optimisme’’.
»Démarrage des visites au Cap manuel pour le leader de l’ex-parti Pastef : Ousmane Sonko est en grande forme, selon ses visiteurs’’, selon Les Echos qui rapporte les témoignages de Guy Marius Sagna, Habib Sy et de Ckeikh Tidiane Dièye, des proches du leader de Pastef.
Vox Populi note qu’après ses grèves de la faim, Ousmane Sonkoi »reprend apparemment du poil de la bête ».
Commentant cette »ronde » des alliés au Cap Manuel, L’As écrit: »L’Etat desserre l’étau autour de Sonko ».
Source A revient sur le passage à l’Assemblée nationale du ministre de l’Education Cheikh Oumar Anne lors du vote du budget de son département pour l’exercice 2024.
‘’Hausse de 130 milliards de FCFA du budget, abris provisoires, écoles construites depuis 2012, situation des enseignants dans les daaras : Cheikh Oumar Anne s’explique’’, selon le journal, soulignant que la hausse du budget s’explique par l’impact financier issu des accords entre l’Etat et les enseignants, l’impact des réclamations des décisionnaires et les dotations des nouveaux collèges.
Avec un budget de près de 1000 milliards de francs CFA pour l’éducation, »l’argent ne fait pas le bonheur’’, dit Le Quotidien qui précise que le gros de ce budget est consacré au dépenses du personnel. ‘’Le déficit d’ enseignants, les daaras, l’alimentation scolaire, la résorption des abris provisoires, la question des enseignants décisionnaires ont été entre autres les préoccupations des députés’’, signale la publication.
par Jacques Habib Sy
QUELQUES REPÈRES DANS LA PENSÉE POLITIQUE DE CHEIKH ANTA DIOP
EXCLUSIF SENEPLUS - Cheikh Anta a été souvent accusé de recevoir le soutien des militants mourides. Rien n'est plus éloigné de la vérité, car ce facteur religieux a plus été un handicap qu'un atout dans son parcours politique (4/5)
Devant cette situation, quelles sont les perspectives de lutte qu’il faut explorer et appliquer ? Cheikh Anta procède à l'analyse de la société africaine, de la nature des contradictions internes à cette société et des contradictions nées de facteurs exogènes.
Contrairement au dogme marxiste de cette période repris à l'unisson à quelques variantes près par les Africains radicaux du début des années 1950 et postulant la création d'une avant-garde prolétarienne ouvrière comme condition nécessaire de la révolution nationale, démocratique et populaire, Cheikh Anta tire l’autorité de ses arguments de J'enquête sur le terrain et d'une connaissance intime du monde paysan dont il est issu. Il se rend parfaitement compte que la « théorie des cinq stades » rationalisée par Staline et récitée comme une table coranique par les militants communistes ne correspond à aucune réalité tangible de la formation sociale négro-africaine. Cette "théorie" appliquée aux villes où le paysan devient provisoirement un semi-prolétaire, et, donnée de taille, l'absence d'organisation collective et d'une claire conscience de classe anti-impérialiste rendent inopérantes les présupposés idéologiques et politiques de Staline.
Devant cette situation, "'on voit aisément qu'une telle organisation de la paysannerie pour lutter sur une base collective ne peut être suscitée qu'à partir des villes. La prise de conscience devra donc s'irradier des villes vers les campagnes et l'on devra aboutir à une organisation qui harmonisera les deux cycles de vie sur le plan de la lutte". Dans le contexte du niveau des discussions idéologiques au sein du mouvement étudiant expatrié de l'époque et dans le paysage politique international du moment, l'affirmation est téméraire et sort des sentiers battus. Bien que la rupture entre le R.D.A. et le P.C.F. est déjà consommée, un nombre considérable d'intellectuels africains continue de penser en termes d'avant-garde prolétarienne et de bolchévisation de la lutte anticoloniale, la paysannerie étant considérée comme une classe d'essence petite-bourgeoise donc inapte à diriger la lutte de libération nationale.
Dans les toutes premières lignes de "Vers une idéologie politique africaine", Cheikh Anta dissipe le malentendu : la chute du bastion colonial du Sahara au Cap, c'est-à-dire à l'échelle continentale, participe d'un "travail d'avant-garde" qui revient à toutes les classes opprimées y compris la fraction nationaliste de la pseudo bourgeoisie. "Dans cette lutte concrète" qui transcende les convictions religieuses des uns et des autres, "le peuple ne peut pas se passer d'avant-garde qui oriente son action". Au contraire, le peuple tout entier "peut et doit contrôler cette avant-garde d'une façon dépouillée de toute sentimentalité" et selon les mécanismes d'une "pression à l'échelle de l'évolution générale de l'humanité, le passage universel du communautarisme primitif à l'esclavagisme, au féodalisme, au capitalisme et au socialisme, le communisme étant considéré comme la phase ultime de la lutte des classes et le "moment" où l'État coercitif n'a plus de raison d'être. C'est au nom de ce schéma idéologique que les marxistes africains de cette période vont tenter à tout prix de retrouver dans l'analyse de leurs sociétés les stades féodal et esclavagiste. C'est en fonction de la même prémisse qu'ils estiment que l'Afrique devrait se passer de la phase capitaliste et de la classe bourgeoise inhérente à celle-ci. D'où le mot d'ordre, « feu sur la bourgeoisie bureaucratique et compradore, en avant pour la révolution socialiste sous la bannière de son avant-garde prolétarienne ».
La dichotomie ville/campagne utilisée par Cheikh Anta dans son analyse lui permet d'exposer clairement les tendances principales du mécanisme social négro-africain. Les villes, estime Cheikh Anta sont caractérisées par une densité de population qui favorise la prise de conscience syndicale et la contradiction immédiatement vécue avec le colonisateur Blanc vivant dans les grands centres urbains et principalement dans la capitale. Ici le niveau intellectuel et le brassage social à la faveur duquel ouvriers, fonctionnaires et employés du secteur privé partagent la mème situation de colonisés créent les conditions propices à la résistance anticoloniale.
En revanche, la vie en campagne est caractérisée par un affaissement démographique considérable, une activité annuelle dominée par la vente des récoltes d'où le paysan tire l’essentiel de ses maigres revenus, un régime d'exploitation des plus féroces, la misère et son corollaire l'exode rural temporaire populaire étant tel que "l'efficacité de la lutte" s'en trouvera décuplée, "garantie".
La notion d'avant-garde révolutionnaire est donc élargie à toutes les classes ou aux fractions de classe qui ont objectivement intérêt au changement. L'aile avancée de l'avant-garde sociale, en particulier sa mouture intellectuelle, ne saurait être une entité qui plastronnerait, serait détachée des luttes sociales ou serait investie par le prolétariat et avec lui de la mission de droit divin de guider la révolution vers la radicalisation, entendue au sens étroit de la bolchévisation. La question de l'avant-garde de la phase nationale, démocratique et populaire de la révolution ne relève donc pas exclusivement, comme le postule un certain mimétisme idéologique, de la nature de classe de la direction du mouvement social. L'avant-garde révolutionnaire est aussi fortement conditionnée par la structure de classe de la société et les conditions historiques d'évolution des modes et des rapports de production qui caractérisent le moule culturel, civilisationnel donc social, économique et idéologique de la résistance nationale.
Malgré une détermination politique qui le met à l'aise sur le terrain du marxisme, non comme un dogme, mais essentiellement comme un instrument organisationnel et de lutte à l'efficacité certaine, Cheikh Anta n'hésite pas à prendre ses distances vis-à-vis des analyses inconsistantes ou "joyeuses" du marxisme ossifié. Il lance cependant une mise en garde :
« Il faut éviter l'erreur qui consisterait à croire que la paysannerie étant la classe majoritaire d'aujourd'hui est la classe de l'avenir. Une telle conclusion serait erronée parce qu'elle ne tiendrait pas compte des nécessités d'industrialisation de tout pays qui aspire à garder son indépendance dans le monde moderne, elle oublierait le fait que nous luttons pour réaliser le bienêtre matériel inséparable du progrès technique. Elle serait en opposition avec un principe élémentaire du marxisme qui consiste à savoir compter avec les facteurs d'avenir même s'ils sont aujourd'hui les moindres. Cependant, précisons qu'il ne s'agit pas de dire par là qu'il faille attendre que l'Afrique soit industrialisée, qu'il y ait un prolétariat important pour que la libération soit possible ; nous savons bien qu'il ne peut y avoir un développement considérable de la concentration prolétarienne en Afrique, sous le régime impérialiste, car cela équivaudrait à un suicide de la part de ce dernier.
Il y aura tout au plus mécanisation intensive des moyens d'extraction des richesses du pays, avec construction de routes menant vers les ports pour l'évacuation rapide de ces produits, afin d'abaisser au minimum leur prix de revient. Dans une telle conjoncture, il faut donc arriver à mobiliser dans la lutte de libération nationale tous les éléments de la population, depuis la ville jusqu'à la campagne. Une telle idée serait illusoire s'il n'existait pas un dénominateur commun qui fait de tous les Africains quels que soient leur rang social et leur lieu d'habitation, une même classe d'exploités. C'est pour cette raison que Staline a écrit, à propos des peuples colonisés, qu'ils constituent une réserve du prolétariat, présumant ainsi que, puisque des deux côtés on est exploité par la même classe bourgeoise à l'intérieur du même régime impérialiste, tôt ou tard, on se retrouvera dans un combat commun contre les mêmes oppresseurs ».
On ne saurait trop mettre l'accent sur la portée historique de cette prise de position sans équivoque en faveur du principe de la lutte des classes et de la communauté d'intérêts entre classes opprimées de toutes les formations sociales sous le joug du capitalisme. Seulement, pour la première fois dans le contexte africain, le principe de la lutte des classes est subordonné au principe de la lutte de toutes les classes contre l'impérialisme. Pour Cheikh Anta, la véritable ère de luttes de classes est en train de poindre à l'horizon et ne va prendre effectivement place qu'à partir de l'existence d'une véritable bourgeoisie autochtone maîtresse des moyens dominants de production des richesses nationales.
Au moment où sont rédigées ces lignes, la FEANF vient à peine de naître en un bond idéologique d'où est encore absent l'exigence d'indépendance immédiate et de fédération africaine en dehors de la Communauté franco-africaine. L'année précédente vient d'avoir lieu la rupture entre le PCF et le RDA (1950-1951), cependant que le CPP de Kwame Nkrumah fait accéder le Ghana à l'autonomie.
Durant cette période, Cheikh Anta reste obsédé par la coordination de la lutte à l'échelle panafricaine. "Il importe, écrit-il dans "Vers une idéologie..." « que les Africains se rendent compte que les problèmes d'une région quelconque, si particuliers qu'ils puissent apparaître sont, quant au fond, des problèmes continentaux". Il cite l'exemple du fascisme sud-africain, l'occupation illégale de la Namibie et les tentatives de repeuplement colonial du Congo. "Une Afrique noire indépendante ne serait stable, économiquement et politiquement, que si elle va du Sahara au Cap. Les Tropiques sont pauvres et ne peuvent se passer des bassins de l'Équateur et du Cap". Pour éviter à l'Afrique les risques presque immédiats de recolonisation ou de néo colonisation, "il importe donc de poser comme principe l'idée d'une Fédération d'États Démocratiques Africains, allant du Sahara au Cap en passant par le Soudan dit anglo-égyptien".
Devant ce principe d'un gouvernement central démocratique africain qu'il va poser plus tard comme l'axiome de son programme d'action dans le cadre des partis politiques qu'il crée une fois rentré au Sénégal, Cheikh Anta Diop identifie les ennemis de l'Afrique, "produits et sous-produits de l'impérialisme". Ces ennemis sont "la Sainte-Alliance d'une Europe capitaliste agonisante ; la croissance du nazisme sur notre sol national ; le fauteuil électrique américain invitant moelleusement 140 millions de nègres à prendre un "somme-Willy-Mac Ghee" ; la féodalité arabe".
Déjà à cette époque, Cheikh Anta met un accent particulier sur le danger mortel que représente l'impérialisme américain. L'agressivité ouverte et de plus en plus barbare de celui-ci ne s'explique pas autrement que par l'épuisement prochain des ressources stratégiques dont les Etats-Unis ont besoin pour se développer et se maintenir au niveau du leadership mondial. "Il importe donc, écrit-il, que les jeunes Africains réalisent que l'indépendance n'est pas pour 30, 40, 50 ou 100 ans. L'épuisement des ressources américaines et la conjoncture moderne ne nous accordent plus un tel délai. Le sort de l’Afrique se joue au cours de notre génération même". L'Afrique peut sortir victorieuse de ce défi gigantesque si elle comprend que son salut dépend essentiellement d'elle-même, si elle réalise la prise de conscience dans la lutte en se débarrassant du défaitisme, même inconscient, en s'organisant dans la discipline et la lutte pour le triomphe du régime démocratique en Afrique et “dans les pays européens" coloniaux.
Tel est le message politique que Cheikh Anta soumet au jugement critique de ses camarades étudiants du R.D.A. en 1952. Le message est d'une actualité brûlante trente-six ans après !
Lier théorie et pratique
C'est à partir de cette charpente politique et idéologique que Cheikh Anta crée le Bloc des Masses Sénégalaises dès qu'il rentre au Sénégal en 1960.
Au moment de l'indépendance "octroyée" par De Gaulle aux anciennes colonies françaises en Afrique, les grands ensembles fédéraux que constituent l'Afrique occidentale française (AOF) et l'Afrique équatoriale française (AEF) sont "balkanisés", sud-américanisés dirait Diop. Les "Etats-Unis" de l'ère néocoloniale font leur apparition. Ce sont des États condamnés à l'échec par leur instabilité politique et militaire, économique surtout, et ils sont dénoncés comme tels par Cheikh Anta. Malgré une activité intellectuelle très intense en 1960 (avec la publication de "L'Unité culturelle de l'Afrique noire", "L'Afrique noire précoloniale" et "Les fondements économiques et culturels d'un État fédéral d'Afrique noire"), Cheikh Anta crée le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) et sillonne les campagnes sénégalaises en s'adressant aux masses paysannes dans le franc-parler politique le plus total. Il s'adresse à ses compatriotes des villes comme des campagnes en wolof, langue nationale heureusement parlée par une très grande majorité de Sénégalais. Les thèmes de sa campagne politique sont clairs et sortent de la bouche de ce grand tribun dans un langage presque poétique chargé des paraboles de la plus pure tradition linguistique et culturelle wolof.
Les programmes du BMS (créé en 1960) et du Front National Sénégalais (créé en 1963) ont été résumés en quatorze points par l'auteur des "Fondements ... ".
Restauration de la conscience de l'unité historique africaine, unification linguistique à l'échelle territoriale et continentale, utilisation des langues nationales comme langues de gouvernement, représentation efficace (souligné par C.A.D.) de l'élément féminin de la nation, promotion de l'unité fédérale africaine, opposition à la création d'États blancs en Afrique noire, mesure préventive contre l'apparition d'une bourgeoisie industrielle autochtone, création d'une puissante industrie d'État, création d'une puissante armée moderne, création des instituts techniques indispensables à un État moderne, réduction des trains de vie et nivellement des salaires, organisation de coopératives de production en vue de la modernisation et de la mécanisation de l'agriculture, création de fermes modèles d'État et collectivisation de la production, promotion d'une politique équilibrée de repeuplement de l'Afrique, mise en œuvre d'une politique avisée de plein emploi : telles sont les lignes force des programmes du BMS et du FNS.
Il est difficile dans le cadre de cette brève esquisse du parcours politique de Cheikh Anta de restituer de façon satisfaisante l'atmosphère sociale et politique qui prévaut au Sénégal entre 1960 et 1963. Cette période de l'histoire du Sénégal est d'autant plus complexe qu'elle prend place à l'intérieur d'un jeu politique dominé par l'impérialisme français, la classe "bureaucratique" qui contrôle l'État par assistants techniques français interposés, les forces religieuses islamisées et la grande masse de paysans, pêcheurs, pasteurs et éleveurs éparpillés à travers le pays et sollicités depuis le début du siècle par des stratégies politiques clientélistes et démagogiques. L'opposition de ces années reste émiettée entre des sensibilités politiques et idéologiques souvent confuses sinon marquées par le dogmatisme et l'agitation coutumière dans les grands centres urbains (Dakar la capitale, Thiès, Saint-Louis l'ancienne capitale, Kaolack, Ziguinchor, etc.).
A peu de choses près, ce sont les mêmes débats idéologiques opposant naguère "radicaux" et "modérés", marxistes et nationalistes (encore qu'il faille accepter ces catégorisations avec la plus grande prudence), qui divisent alors les rangs du mouvement patriotique et créent l'atomisation des forces de progrès. Mais ce que l'on peut retenir du parcours politique de Cheikh Anta Diop durant cette période, c'est qu'il a systématiquement rejeté toute attitude de capitulation ou de compromission devant le régime néocolonial de Senghor. Ce dernier est allé jusqu'à lui offrir, du temps du BMS, plusieurs postes ministériels et à la chambre des députés, offre évidemment fermement rejetée par Cheikh Anta. Tous les témoignages s'accordent à reconnaître la haute probité morale de Cheikh Anta. On ne peut pas en dire autant de nombre de ses camarades qui, chemin faisant, se sont laissé corrompre par l'appât du gain facile et de la gloriole folklorique. L'esprit de capitulation particulièrement prononcé parmi la petite-bourgeoisie intellectuelle, la supercherie intellectuelle, la démagogie et l'opportunisme le plus réactionnaire ont joué un ·grand rôle dans la décomposition de ces deux partis. Il y a eu d'autres facteurs liés à l'immaturité politique des militants non intellectuels de ces deux partis et l'omniprésence de la politique de clientélisme et de "clan politique'' savamment inoculée dans les réflexes partisans des adhérents.
C'est que la lutte anti-impérialiste dans les néo colonies africaines soulève des problèmes jusque-là insoupçonnés dans les traditions de résistance connues des stratèges politiques africains du moment. Il y a d'abord la question de l'autonomie financière des militants permanents de la base au sommet de la hiérarchie partisane. Il n'y a encore qu'une tradition très limitée sinon inexistante dans la plupart des cercles politiques de mener l'action d'agitation, de propagande et d'organisation en mettant en avant le principe de "compter sur ses propres forces". Lorsque Cheikh Anta adopte la formule, elle est invariablement mise en difficulté par la faiblesse du pouvoir d'achat des adhérents paysans ou autres et, surtout, par la soumission absolue devant le "ndigël" (mot d'ordre) maraboutique parmi les membres actifs des confréries religieuses Mourides et Tidianes, les fidèles du clergé catholique étant surtout attentifs aux prêches de la hiérarchie catholique.
L'importance du facteur religieux est très nette au temps du BMS. A cette époque, Senghor, et avant lui l'administration coloniale française, ont adopté une politique consistant à accroître le niveau de la production agricole par le biais des confréries religieuses et à satisfaire en retour les desiderata de ces dernières (facilités bancaires, financières, part grandissante dans la mobilisation politique et dans l'appareil du parti dominant ou unique de fait, etc.). En outre, les pouvoirs religieux islamiques garantissent ou monnayent la voix de leurs fidèles au cours de votes législatifs et présidentiels de toutes façons escamotés par la machine administrative et policière du gouvernement en place.
Serigne Cheikh Mbacké, surnommé "Gaïndé Fatma", le "Lion de Fatma", a fait ouvertement campagne dans les rangs du BMS aux côtés de Cheikh Anta auxquels le lie, par ailleurs, une proche parenté. Cette attitude a créé une brouille durable entre Cheikh Mbacké et son oncle le Khalife Général de la confrérie mouride, El Hadj Falilou Mbacké. Il demeure certain, que devant les gages politiques et financiers (construction de la mosquée de Touba, construction de forages, puits et routes en milieu mouride, etc.) consentis par Senghor, les guides de la communauté mouride ont assuré l'Union Progressiste Sénégalaise de l'hégémonie politique en prime de celle garantie de toutes façons par l'impérialisme français.
Cheikh Anta a été souvent accusé de recevoir le soutien des militants mourides. Rien n'est plus éloigné de la vérité, car ce facteur religieux a plus été un handicap qu'un atout dans le parcours politique de Cheikh Anta. Pendant de très longues années, il a évité d'aller à Touba, capitale spirituelle et politique du mouridisme. En dépit de ses origines mourides très prononcées, Cheikh Anta s'est toujours opposé à la collaboration avec les chefs religieux sur une base politique. Il a toujours fermement cru en la laïcité des institutions républicaines. Il a adopté cette attitude de principe, fort de la conviction que la séparation des pouvoirs religieux et temporel est une condition essentielle de la démocratie et un progrès universel sur lequel il ne fallait pas revenir sous peine de placer la nation dans le chaos et en situation de sujétion devant les bourgeoisies réactionnaires du monde arabe. A l'appui de cette position il affirme dans son texte de 1952 que si la religion était "une condition nécessaire et suffisante pour former un seul gouvernement, l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Iran, l'Égypte, la Turquie, etc., ne formeraient aujourd'hui qu'un seul État au lieu de se retrouver seulement au sein d'une Ligue symbolique. L'Europe aussi ne formerait qu'un seul État chrétien”. "Le lien religieux, poursuit-il, est un prétexte qu'il faut soigneusement écarter pour éviter toute mystification".
Mais Cheikh Anta reconnaît le rôle non négligeable que peut jouer l'Islam en Afrique noire. "L'Islam, soutient-il plus tard dans l'organe d'information du RND, est une force qui n'a pas fini de développer toutes ses virtualités, en Afrique surtout. Les forces religieuses reposent, pour l'essentiel, sur la paysannerie et les travailleurs des villes, ouvriers, artisans, commerçants, travailleurs intellectuels. En tant que producteurs, essentiellement à la campagne, les chefs religieux subissent au même titre que les autres couches de production, l'exploitation du système néocolonial. Ils sont, en conséquence, comme ces couches, intéressés à la lutte de libération nationale et peuvent jouer un rôle important dans l'étape actuelle de la lutte pour l'édification d'un État national, démocratique et populaire" (cf. Taxaw, n° 8, avril 1978). A l'époque, des patriotes aux capacités d'analyse limitées voient dans cette prise de position une profession de foi en faveur de la "féodalité maraboutique", oubliant par-là que le produit et le procès du travail directement contrôlés par les chefs religieux sont soumis aux lois de la division internationale inégale du travail favorables, en particulier dans le contexte du Sénégal, à l'impérialisme dominant français. C'est pourquoi Cheikh Anta a eu raison de maintenir qu'à l'étape actuelle de la lutte de libération nationale, les chefs religieux peuvent, s'ils le désirent, être partie prenante de la lutte commune du peuple tout entier contre l'ennemi commun, en l'occurrence, l'impérialisme français et ses alliés internes et externes.
Après la dissolution du BMS en 1963 par un décret présidentiel des plus arbitraires, Cheikh Anta crée ouvertement le FNS, dissous la même année par Senghor. Ces événements coïncident avec l'arrestation du vice-Président Mamadou Dia et son internement au camp de Kédougou, au Sénégal oriental. Dans le même temps, des élections législatives et présidentielles contestées par l'opposition, le Parti du Regroupement Africain, en particulier, occasionnent des troubles graves (on estime un nombre variant de 50 à 100 morts et de nombreux blessés). Des arrestations massives s'ensuivent et se concluent plus tard par des négociations entre l'UPS et le Parti du Regroupement Africain (PRA). Les chefs de file du PRA sont intégrés dans l’UPS. Et dans les rouages gouvernementaux.
Après cette période et l'arrestation arbitraire de militants restés fidèles à l'ancien vice-Président et dont certains ont rejoint entre temps les rangs du FNS, c'est l’arbitraire Je plus total. Le parti "unifié" monolithique marque la régression du jeu démocratique et le rejet par Senghor de toute création de partis politiques. Le Parti Africain de l'indépendance (PAI) qui fait profession de foi marxiste et essuie des revers tactiques catastrophiques à travers la tentative de création d'un "maquis" révolutionnaire est également frappé d'interdiction cependant que certains de ses leaders sont contraints à l'exil.
L'agitation syndicale et scolaire qui aboutit à la crise politique de 1968, sans doute l'une des plus graves qu'ait eu à essuyer le régime du Président Senghor, débouche sur la dissolution de l'Union Nationale des Travailleurs du Sénégal alors dirigée par Doudou Ngom qui trahira plus tard la classe ouvrière pour rejoindre le parti au pouvoir. L'Université de Dakar est saccagée par les Groupements Mobiles d'intervention qui investissent également la Bourse du Travail. Il y a des morts, plusieurs centaines de blessés et des emprisonnements massifs. En 1971, le caractère néocolonial prononcé de l'Université de Dakar suscite parmi les étudiants africains réunis au sein de l'Union des Étudiants de Dakar (UED) et parmi les étudiants sénégalais regroupés au sein de l'Union Démocratique des Étudiants Sénégalais (UDES) une atmosphère de fronde militante, sans doute exacerbée par les détachements du mouvement contrôlés par les partis politiques marxistes-léninistes pour la plupart. La tension aboutit au boycott des examens dits partiels à l'Université et l'arrestation de plusieurs dizaines d'étudiants (71). D'abord internés dans un camp militaire, les dirigeants du mouvement étudiant sont enrôlés de force dans l'armée. Al Ousseynou Cissé, un jeune étudiant de 23 ans est envoyé sans armes en même temps que plusieurs de ses camarades au front avancé Sud-casamançais où de fréquentes escarmouches opposent l'armée terroriste du Général Caetano en Guinée Bissao à l'armée sénégalaise. Le jeune Cissé est capturé, décapité et affreusement mutilé. L'Université s'embrase de nouveau. Dialo Blondin Diop et son jeune frère Mohammed sont accusés de vouloir jeter un cocktail molotov sur le cortège du Président Français Georges Pompidou venu apporter son soutien à son ami de Khagne Senghor. Les frères Diop sont emprisonnés à Kédougou où ils rejoignent Mamadou Dia et lbrahima Sarr. Leur frère aîné, Omar Blondin Diop, un brillant étudiant à l'École Normale Supérieure française, est intercepté au Mali, livré à la police sénégalaise, condamné à perpétuité en même temps que Dialo Diop et embastillé au cul-de-bassefosse de l'île de Gorée. Omar Blondin Diop est exécuté en prison par certains de ses géôliers qui le provoquent et lui assènent des coups mortels. L’assassinat d’Omar est maquillé en suicide, ce que les faits infirment par la suite. Il n'en faut pas plus pour embraser de nouveau Dakar et de nombreux centres urbains sénégalais. L'agitation scolaire et universitaire s'aggrave et se solde par la mort de plusieurs élèves. Le pays est au bord du chaos. Dans les campagnes, après les bastonnades et le saupoudrage au DDT dont ils ont été l'objet durant la campagne de 1968, les paysans observent une attitude de défiance ouverte à l'égard du régime. La crise agricole très grave que traverse le Sénégal est doublée d'une crise politique non moins grave.
Le ton mesuré de Cheikh Anta devant la nécessité de construire des barrages dans la sous-région, le rappel de ses prises de position dans les périodes antérieures.et surtout le style serein de ses réparties contre le néocolonialisme au Sénégal et les personnalités au pouvoir sont souvent utilisés malhonnêtement ou par immaturité par ses détracteurs comme les signes d'un culte de la personnalité et de la tendance à vouloir pactiser avec le parti au pouvoir.
Il faut remanier la Constitution. Senghor procède à une révision constitutionnelle hâtive et crée, à travers la loi des trois courants de pensée, une opposition sur mesure. Le Parti Démocratique Sénégalais est officiellement reconnu comme le représentant du courant libéral en 1974 à Mogadiscio lors d'une rencontre entre Senghor et le Secrétaire général de ce parti, cependant que le Parti Africain de l’Indépendance s'adjuge le titré usurpé à un parti déjà existant et se voit affecter le troisième courant de pensée marxiste-léniniste. Après avoir confisqué au profit de son parti l'étiquette « socialiste », Senghor boucle le verrou constitutionnel et déclare hors-la-loi toute tentative supplémentaire de créer un nouveau parti ou syndicat.
Durant toute cette période, Cheikh Anta Diop fait de la libération de Mamadou Dia un préalable à la formation d'un nouveau parti politique. Dès que Dia et ses amis sont libérés, Cheikh Anta les saisit du projet de création d'un nouveau parti politique. Devant les échecs successifs antérieurs de fronts politiques artificiels parce que laissant aux parties impliquées l'entière autonomie de leurs actions et de leur programme politique, Cheikh Anta et ses compagnons optent pour un parti de type monolithique dont les décisions engageraient toutes les parties qui en sont membres. A ses yeux, c'est à peu près la seule façon d'être sûr que, cédant une partie non négligeable de leur souveraineté et de leurs prérogatives, les partis et les personnalités politiques se verraient obligés d'œuvrer à la construction d'un véritable front de salut national ou, le cas échéant, d'être discrédités politiquement aux yeux des masses.
Devant les hésitations de Mamadou Dia qui crée entre temps une Internationale Africaine des Forces pour le Développement, sorte de firme de consultation à caractère régional, et devant le scepticisme ou les arrière-pensées politiques de partis encore confinés dans l'esprit de clandestinité prononcé ou le dogmatisme petit-bourgeois, Cheikh Anta Diop rend publique en février 1976 la création du Rassemblement National Démocratique (RND). Le Secrétariat Politique du RND est composé de sept membres prudemment choisis afin de refléter de façon satisfaisante les différentes composantes sociales et politiques du parti.
Anciens membres du BMS et du FNS se retrouvent dans les structures de direction et de base avec d'anciens membres dirigeants du Parti Africain de l'indépendance avant la scission intervenue dans ce parti en 1963, avec des sans-partis et de nombreux jeunes désabusés par l'activisme petit-bourgeois et sans conséquence des petits groupuscules marxisants très sectaires qui foisonnent alors dans les centres urbains.
Devant la pression politique ouverte du RND qui se refuse à la clandestinité ou à inscrire son action dans la mince marge de manœuvre à peine consentie par le pouvoir, Senghor est acculé et tente de déplacer la contradiction qui l'oppose à ce parti du niveau juridico-politique et constitutionnel au point de vue du dénigrement systématique et de la tentative de faire croire à l'opinion nationale et internationale que Cheikh Anta Diop est mû par des ambitions personnelles. C'est le temps des accusations contre une opposition prétendument "crypto-personnelle" qui jouit pourtant d'un immense capital de confiance auprès des masses sénégalaises.