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1 avril 2025
Par ABDU DIALY
APPEL A L'UNITE, A L'ELEGANCE ET A LA DIGNITE DES DEBATS POLITIQUES
Ah, vraiment, quelle merveilleuse démonstration de cynisme ! Vous êtes visiblement des experts en désinformation et en dénigrement systématique. Vos critiques des nouvelles autorités sénégalaises et de leur premier ministre, Mr Ousmane Sonko, frise ...
Ah, vraiment, quelle merveilleuse démonstration de cynisme !
Vous êtes visiblement des experts en désinformation et en dénigrement systématique. Vos critiques des nouvelles autorités sénégalaises et de leur premier ministre, Ousmane Sonko, frise le ridicule. La violence de vos propos et l’amalgame que vous faites entre le contexte politique et des attaques personnelles traduisent surtout un mépris pour les réalisations concrètes du gouvernement, et non un véritable désir de voir le pays progresser.
Vos portraits des dirigeants actuels, que vous réduisez à un défilé de prétendues « insultes » « embonpoint » et « voitures neuves », manquent cruellement d’objectivité et témoignent d’une animosité qui n’a pour but que de semer le doute et la division.
Vos recours à une représentation outrancière et animalisant, comme celle utilisée par certains « auteurs » de la place dans une série de récentes contributions sur une plateforme de la place, sont non seulement une stratégie rhétorique discutable, mais elles dénotent également une volonté manifeste de dénigrer, de dévaloriser et de manipuler l’opinion publique. L’image du loup s’adressant a des agneaux, qui pourrait sembler anecdotique au premier abord, est en réalité une projection des rapports de force dans le débat politique. Cette comparaison transforme une critique politique en une sorte de cauchemar allégorique, ou le parti PASTEF et ses sympathisants sont réduits à une « faune en colère », des créatures irrationnelles et dangereuses, sous l’emprise d’un certain sentiment de « haine ». Cela dénote un mécanisme psychologique de projection, ou les auteurs attribuent à leurs adversaires des émotions et comportements qu’ils attribuent eux-mêmes à des groupes qu’ils cherchent a discréditer.
Cette démarche vise à neutraliser le discours politique de la jeune garde aux affaires en leur attribuant des caractéristiques dévalorisantes.
Cette caricature binaire est loin de permettre une véritable analyse des enjeux politiques en jeu dans notre cher pays, le Sénégal. Et elle détourne le débat des problématiques essentielles, pour se concentrer sur une guerre symbolique.
Le Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands en 1923 utilisait des attributs animaliers à l’encontre des juifs et des Roms (Tziganes) pour justifier leur persécution. Cette représentation dégradante (comme des rats ou bêtes nuisibles) visait à les présenter comme non-humains.
Le parti Nationaliste Chrétien à la fin des années 1955-1959, en Afrique du Sud a aidé à mettre en place le régime de l’Apartheid (1948-1994). Les nationalistes chrétiens utilisaient des métaphores animales comme singe ou des bêtes sauvages pour justifier la ségrégation et les politiques discriminatoires.
Les adhérents d’Otzma Yehudit, un parti d’extrême droite israélienne, qui sont en faveur de l’annexion des territoires occupes, prône un sionisme maximaliste. Les défenseurs de cette politique ségrégationniste dépeignent les Palestiniens avec des attributs animaliers en les comparant à des chiens ou des bêtes sauvages.
Il est essentiel de maintenir la raison, particulièrement lorsqu’on se permet de juger quelqu’un en se basant sur des critères superficiels tels que la couleur de ses cheveux (blancs ou gris) ou son apparence physique, une démarche qui témoigne d’une pensée rétrograde et s’apparente à une forme flagrante de désinformation.
Ce type de discours tenus par certains intellectuels hostiles à l’avènement transformationnel du parti Pastef n’est pas seulement nuisible an tant que stratégie argumentative ; il crée également un climat de division qui dessert la qualité du débat démocratique. Plutôt que d’encourager la confrontation d’idées et de visions, il propulse l’opinion publique dans une dynamique de polarisation, ou l’ennemi est non seulement l’adversaire politique, mais devient également l’incarnation d’un danger irrationnel et déstabilisant. Ce discours est donc plus dangereux qu’il n’y parait, car il empêche la réflexion et instille une logique de confrontation permanente, qui est loin d’être propice à une évolution positive et constructive du pays.
Enfin, 12 mois sont très courts pour évaluer l’impact d’un « Projet » d’une telle envergure. Votre vision de la politique comme une prestation de spectacle, réduite à des postures et à des slogans, manque cruellement de profondeur et d’analyse. Si vous étiez réellement attaché à l’avenir de ce beau pays, le Sénégal, vous mettriez autant d’énergie à encourager l’engagement sincère de ceux qui gouvernent qu’à fustiger ceux qui essaient tant bien que mal, d’apporter des solutions.
LA MAISON DES ESCLAVES RENFORCE SA MISSON
Le secrétaire d’Etat à la Culture, aux Industries Créatives et au Patrimoine Historique, Bakary Sarr, a réceptionné officiellement deux statues sculptées offertes par l’artiste ivoirien Ibrahim Touré dit ‘’Massa Shula’’ à la maison des esclaves de Gorée.
Le secrétaire d’Etat à la Culture, aux Industries Créatives et au Patrimoine Historique, Bakary Sarr, a réceptionné officiellement deux statues sculptées offertes par l’artiste ivoirien Ibrahim Touré dit ‘’Massa Shula’’ à la maison des esclaves de Gorée.
La cérémonie de réception s’est déroulée, jeudi, sur l’île de Gorée en présence des corps diplomatiques, notamment l’ambassadrice de Cuba au Sénégal, les représentants des ambassadeurs du Cameroun, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, entre autres.
Ces statues dénommées ‘’Negro Calciné” et ”Kunta Kinté’’, retracent les sombres souvenirs de la traite négrière en Afrique.
Grâce à cette donation ”symbolique”, l’artiste Massa Shula et le président de la fondation Ivoirienne ‘’Tano-Kora’’, qui l’accompagne, ont été tous deux élevés, au rang d’ambassadeur de pèlerin de Gorée par la mairie de cette commune.
‘’L’artiste Ivoirien Touré Ibrahim, que nous saluons chaleureusement, nous fait l’honneur d’offrir à l’Etat du Sénégal, une œuvre magistrale qui illustre un témoignage artistique puissant sur les mémoires de l’esclavage’’, indique le ministre secrétaire d’Etat, Bacary Sarr.
S’exprimant à l’occasion de ladite cérémonie, il souligne que cette donation vient renforcer le domaine privé artistique de l’Etat du Sénégal.
Une collection, rappelle-t-il, créée par le premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, dans le but d’assurer une réelle promotion du génie créateur national et africain, par l’acquisition d’œuvres d’art auprès d’artistes sénégalais et étrangers résidant au Sénégal.
Il note que cette dernière ‘’symbolise l’expression du devenir collectif de mémoire et de transmission aux générations futures des valeurs de solidarité et de paix’’.
‘’En donnant forme et matière à la mémoire, M. Shula nous rappelle que l’art est une voie essentielle pour interroger le passé, nourrir le présent et façonner l’avenir’’, fait-il valoir.
Pour le représentant de l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Sénégal, Iann Eponon, les arts visuels à travers ces deux statuettes, rappellent les sombres souvenirs de la traite négrière.
Selon lui, ces productions replongent dans ‘’le combat élitiste de la conscience collective des peuples noirs amenés pour s’affirmer et s’affranchir’’.
‘’Kunta Kinté et ”Le Négro calciné” sont des représentations tangibles de cette douloureuse et émouvante parenthèse de l’histoire racontée par Shula (…)’’, ajoute-t-il.
‘’Les deux œuvres sont quand même sombres. +Le Nègre calciné+ parle typiquement de la traite négrière, l’époque sombre de l’Afrique. Alors que celui que j’ai appelé +Kunta Kinté+ représente l’abolition de l’esclavage’’, a expliqué l’artiste Ibrahim Touré.
FADIGA, 76 ANS D'ISOLEMENT
Malgré son intégration comme quartier de Kédougou, ce village souffre d'un manque criant d'infrastructures de base. La pénurie d'eau constitue le problème le plus aigu, avec une borne-fontaine pour ses 1200 habitants
Le village de reclassement social de Fadiga, dans la commune de Kédougou (sud-est), souffre aujourd’hui de plusieurs maux, dont le manque d’infrastructures sociales de base, près de 76 ans après sa création en 1949, pour accueillir les populations atteintes de la lèpre, une maladie tropicale négligée.
Au départ, une partie de la population du village Fadiga, devenu un quartier de la commune de Kédougou, vivait de manière isolée à Woumbaré. Cette localité est située sur la route de Fongolimbi, à une quinzaine de kilomètres environ de la ville de Kédougou.
A Woumbaré où Alamouta Cissokho était le chef de village, les populations atteintes de la lèpre, en plus d’être isolées, étaient dépourvues de moyens de défense face aux attaques des hyènes.
Malgré leur handicap physique, elles ont élaboré des stratégies de lutte contre ce phénomène qui perdurait. Elles ont ainsi incendié leurs cases afin de pousser les autorités à prendre des décisions urgentes et adéquates à propos de leur situation.
Après cet évènement, ces populations furent déplacées de Woumbaré pour être installées sur un site du quartier Fadiga, à cheval entre l’aérodrome et la ville de Kédougou.
Deux versions pour expliquer l’origine du nom Fadiga
Selon la première version, Fadiga viendrait de “ifandinkha”, ce qui signifie en mandingue ‘’ta propre tombe’’. Cette appellation n’est pas fortuite, indique Boubacar Traoré, un notable du village. Elle fait référence à la souffrance que les personnes atteintes de la lèpre ont vécue à Woumbaré, leur premier site d’accueil, dit-il.
‘’Elles étaient laissées à la merci des hyènes dans un endroit sans aucune mesure de protection contre ces fauves et les autres prédateurs’’, fait-il savoir.
La seconde version, renseigne le notable Traoré, serait liée à leur recasement à plusieurs reprises vers d’autres sites. ‘’Fadiga, leur dernier site de recasement, est pour elles l’endroit où elles finiront leur dernier jour’’, dit-il.
Bambo Dramé, un autre notable du village de Fadiga, opte pour la deuxième version ‘’Fakhadiya’’ signifie en mandingue ‘’mourir facilement sans gêner personne’’, tente-t-il d’expliquer l’origine du village Fadiga.
‘’Les morts étaient enterrés hors du village et les défunts n’avaient pas droit aux rituels religieux, à savoir le lavage et la prière mortuaires, l’utilisation de linceul et l’inhumation’’, a-t-il rapporté.
Il indique que l’ancien chef de village de Fadiga, Nouhoun Sylla, a mis un terme à cette pratique, suite au décès de son frère à l’époque.
”Il a mobilisé la population du village pour dire non à cette injustice humaine. Depuis ce jour, les morts sont enterrés à Fadiga sans l’aide des habitants de Kédougou’’, a-t-il raconté.
Sur le plan démographique, le village de Fadiga a commencé à évoluer dans le temps, note pour sa part, le notable Djiguiba. Selon lui, 4 ans (1953) après sa création, le village de reclassement social ne comptait que 9 personnes atteintes de la lèpre.
Des maisons construites en briques de banco ou en dur, les rues au sol rouge : telle est la carte postale de ce village devenu un quartier de la ville de Kédougou en 2008.
La localité fait face à la route nationale (RN7) qui mène vers le département de Salémata. Pour y accéder, il faut passer par une petite descente qui conduit à la grande mosquée et à la place publique du village.
En ce samedi, il règne un calme dans ce quartier où la majorité des habitants parlent le mandingue. Dans les maisons, sauf le bruit des enfants jouant au football vient perturber ce silence.
Le manque d’infrastructures sociale de base déploré
Le quartier de Fadiga est confronté à d’énormes difficultés parmi lesquelles le manque de l’eau et d’infrastructures sociales de base.
La vente de charbon de bois était l’activité principale des habitants du village. Mais depuis l’interdiction de cette activité par les autorités locales, il n’y a pas de mesures d’accompagnement en leur faveur, déplore Boubacar Traore, un jeune.
Doura Keita, un habitant, déplore aussi le manque de mesures d’accompagnement depuis que Fadiga est devenu un quartier de la commune de Kédougou en 2008. ‘’Vraiment nos femmes sont fatiguées et nos enfants ne travaillent pas jusqu’à présent’’, dénonce-t-il.
Debout au milieu des périmètres maraîchers du village, les femmes observent l’horizon avec enthousiasme. Ici, les récoltes de choux, d’oignon, des feuilles d’oignon ou de salade sont prometteuses. Les populations vivent grâce au maraîchage qui se développe à un rythme effréné.
Selon Doura Keita, les femmes de Fadiga n’ont jamais bénéficié d’accompagnement technique et financier.
‘’Les femmes de Fadiga surtout celles qui travaillent au niveau du jardin n’ont pas bénéficié d’appuis économiques et sociaux de l’Etat du Sénégal. Pour conserver les légumes qu’elles vendent au marché, c’est un problème’’, a-t-il fustigé.
Il a invité l’Etat et les collectivités territoriales à prendre en charge la formation des jeunes, surtout des femmes du village de reclassement social de Fadiga.
‘’Nous voulons que les autorités nous aident avec des bons de formation pour insérer nos jeunes et on a constaté que beaucoup d’entre eux ne travaillent pas, malgré toutes les opportunités de la région de Kédougou’’, a-t-il dit.
Toutes les maisons impactées par la pénurie d’eau
Depuis 2008, la population fait face à un problème d’approvisionnement en eau potable. Le groupe ‘’Yellitare’’ de la famille Sall a installé une pompe solaire pour alimenter le village en liquide précieux.
Sur place, le visiteur est frappé par cette longue file de récipients, de baignoires qui attendent d’être remplies sous les yeux de leurs propriétaires, des hommes et des femmes, venus s’approvisionner en eau à l’unique borne fontaine du quartier.
‘’Le problème de l’eau se pose avec acuité à Fadiga et sincèrement nous sommes fatigués et surtout nos femmes. Elles sont complètement fatiguées et depuis de nombreuses années, elles font la queue pour avoir de l’eau’’, déplore Boubacar Traoré.
Ces derniers jours, c’est pratiquement tout le village qui fait face à cette pénurie en eau, parce que la pompe solaire ne peut pas satisfaire tout le monde, selon Traoré.
Selon la première version, Fadiga viendrait de “ifandinkha”, ce qui signifie en mandingue ‘’ta propre tombe’’. Cette appellation n’est pas fortuite, indique Boubacar Traoré, un notable du village. Elle fait référence à la souffrance que les personnes atteintes de la lèpre ont vécue à Woumbaré, leur premier site d’accueil, dit-il.
‘’Elles étaient laissées à la merci des hyènes, dans un endroit sans aucune mesure de protection contre ces fauves et les autres prédateurs’’, explique-t-il.
La seconde version, renseigne le notable, serait liée à leur recasement à plusieurs reprises sur d’autres sites. ‘’Fadiga, leur dernier site de recasement, est pour elles l’endroit où elles finiront leur dernier jour’’, dit-il.
Bambo Dramé, un autre notable du village de Fadiga, penchse pour la deuxième version, celle de ‘’Fakhadiya’’ qui signifie en mandingue ‘’mourir facilement sans gêner personne’’.
‘’Les morts étaient enterrés hors du village et les défunts n’avaient pas droit aux rituels religieux, à savoir le lavage et la prière mortuaires, l’utilisation de linceul et l’inhumation’’, raconte-t-il.
Il indique que l’ancien chef de village de Fadiga, Nouhoun Sylla, a mis un terme à cette pratique, suite au décès de son frère à l’époque.
”Il a mobilisé la population du village pour dire non à cette injustice humaine. Depuis ce jour, les morts sont enterrés à Fadiga sans l’aide des habitants de Kédougou’’, confie-t-il.
Sur le plan démographique, le village de Fadiga a commencé à évoluer dans le temps, indique Djiguiba, un de ses notables. Selon lui, quatre ans (1953) après sa création, le village de reclassement social ne comptait que neuf personnes atteintes de la lèpre.
Des maisons construites avec des briques en banco ou en dur, des rues au sol rouge : tel est le décor qu’offre ce village devenu un quartier de la ville de Kédougou, en 2008.
La localité fait face à la route nationale (RN7) qui mène vers le département de Salémata. Pour y accéder, il faut emprunter une petite descente menant à la grande mosquée et à la place publique du village.
En ce samedi, il règne un calme dans ce quartier où la majorité des habitants parlent le mandingue. Dans les maisons, seul le bruit des enfants jouant au football vient perturber ce silence.
Manque d’infrastructures sociale de base
Le quartier de Fadiga est confronté à d’énormes difficultés, parmi lesquelles le manque d’eau et d’infrastructures sociales de base.
La vente de charbon de bois était l’activité principale des habitants du village. Mais, depuis l’interdiction de cette activité par les autorités locales, il n’y a pas de mesures d’accompagnement en leur faveur, déplore Boubacar Traoré, un jeune.
Doura Keita, un habitant, déplore aussi le manque de mesures d’accompagnement depuis que Fadiga est devenu un quartier de la commune de Kédougou, en 2008. ‘’Vraiment nos femmes sont fatiguées et nos enfants ne travaillent pas jusqu’à présent’’, dénonce-t-il.
Debout au milieu des périmètres maraîchers du village, les femmes contemplent l’horizon, l’air visiblement enthousiastes. Ici, les récoltes de choux, d’oignon, de feuilles d’oignon ou de salade sont prometteuses. Les populations vivent grâce au maraîchage qui se développe à un rythme effréné.
Selon Doura Keita, les femmes de Fadiga n’ont jamais bénéficié d’accompagnement technique et financier.
‘’Les femmes de Fadiga, surtout celles qui travaillent au niveau du jardin, n’ont pas bénéficié d’appuis économiques et sociaux de l’Etat du Sénégal. Pour conserver les légumes qu’elles vendent au marché, c’est un problème’’, déplore-t-il.
Il invite l’Etat et les collectivités territoriales à prendre en charge la formation des jeunes, surtout des femmes du village de reclassement social de Fadiga.
‘’Nous voulons que les autorités nous aident avec des bons de formation pour insérer nos jeunes et on a constaté que beaucoup d’entre eux ne travaillent pas, malgré toutes les opportunités de la région de Kédougou’’, dit-il.
Toutes les maisons impactées par la pénurie d’eau
Depuis 2008, la population fait face à un problème d’approvisionnement en eau potable. Le groupe ‘’Yéllitaré’’ a installé une pompe solaire pour alimenter le village en liquide précieux.
Sur place, le visiteur est frappé par un long alignement de récipients qui attendent d’être remplis sous les yeux de leurs propriétaires, des hommes et des femmes, venus s’approvisionner en eau à l’unique borne-fontaine du quartier.
‘’Le problème de l’eau se pose avec acuité à Fadiga et sincèrement nous sommes fatigués, et surtout, nos femmes. Elles sont complètement fatiguées. Et depuis de nombreuses années, elles font la queue pour avoir de l’eau’’, déplore Boubacar Traoré.
Ces derniers jours, c’est pratiquement tout le village qui fait face à cette pénurie d’eau, car la pompe solaire ne peut pas satisfaire les besoins en eau de tout le quartier, explique-t-il.
‘’Vous avez vu les charrettes chargées des bidons de 20 litres ainsi que les femmes qui viennent avec des seaux et des baignoires vers un seul robinet. C’est pour vous dire le problème que nous vivons pendant des années, et les gens ne s’occupent plus de savoir si l’eau est potable ou pas’’, martèle-t-il.
En ce samedi, c’est la ruée vers le robinet public à cause du manque d’eau en cette période de forte chaleur, coïncidant avec le mois de ramadan. Dans cet espace communément appelé robinet ‘’Sall Sall’’, Mamita Camara attend patiemment, pour espérer remplir ses bassines.
Elle s’est réveillée sans la moindre goutte d’eau à domicile. Un foulard blanc sur la tête, un pagne autour des reins assorti d’un t-shirt blanc, la dame d’une trentaine d’année a fini par s’habituer à cette situation.
‘’La situation a toujours été comme ça et je ne pense pas que le problème de l’eau sera réglé à Fadiga’’, dit-elle sur un ton de désespoir.
Le maraîchage, principale activité des femmes
A Fadiga, 130 femmes regroupées autour de quatre groupements féminins issus des familles victimes de la lèpre, ont emblavé deux ha de périmètres maraîchers. Elles cultivent de la salade, de l’oignon, des carottes et d’autres légumes.
‘‘Nous avons un grand rendement, parce que c’est nous qui approvisionnons tous les jours une partie du marché central de Kédougou en légumes frais. Et nous mangeons l’autre partie, parce que nos maris ne travaillent plus. Ils s’activaient dans la vente du charbon, maintenant cette activité a été interdite’’, lance Mamy Camara, rencontrée dans le jardin maraîcher de Fadiga.
Elle déplore le manque d’eau et d’espace arable au niveau du jardin maraîcher des femmes de Fadiga.
‘’Notre grand problème ici, c’est l’eau. Pour arroser nos plantes, il faut que tu te réveilles à 5h du matin, car à midi les puits sont à sec. Nous voulons travailler, mais on n’a pas d’eau et d’espace pour cultiver’’, déplore-t-elle.
Mamy Camara plaide pour un financement en faveur du groupement afin que les femmes du village puissent agrandir leur périmètre maraîcher.
‘’On n’a jamais eu de financement ni bénéficié d’actions des autorités locales de Kédougou et on se débrouille avec les moyens du bord. Pourtant, on doit en bénéficier comme tout le monde, parce que nous faisons partie de la société’’, revendique-t-elle.
Pourtant, la direction générale de l’action sociale a initié un vaste programme d’accompagnement de ces populations victimes de lèpre, selon Mamadou Saliou Sall, directeur régional de l’action sociale de Kédougou.
‘’Nous les avons regroupées en association des personnes vivant avec la lèpre du village de reclassement de Fadiga. Et c’est une association très dynamique et très organisée qui, aujourd’hui, est en train de travailler pour améliorer les conditions de vie des populations victimes de la lèpre’’, assure-t-il.
Mamadou Saliou Sall ajoute que l’Etat du Sénégal a initié également le Programme pour l’autonomisation des personnes atteintes de lèpre et familles (PAPALF).
‘’Il s’agit de fonds qui sont destinés à subventionner des activités génératrices de revenus au profit des populations de Fadiga. On finance des petits commerces tels que l’aviculture et l’élevage’’, a-t-il détaillé.
Il signale que l’école élémentaire de Fadiga a bénéficié également de fournitures scolaires dans le cadre du programme PAPALF.
‘’Nous avons construit deux salles de classe au niveau de l’école élémentaire et réhabilité la case des tout-petits de Fadiga avec notre partenaire, la DAHW [l’association allemande de lutte contre la lèpre et la tuberculose]. Et nous choisissions chaque année des jeunes adolescents de Fadiga pour les inscrire dans les écoles de formation de métiers et de réinsertion’’, indique-t-il.
Il signale aussi que son service a initié un plateau de soins médicaux pour les personnes vivant avec la lèpre.
‘’Des gens ont été bien formés et sont en train de les accompagner sur place. Maintenant, quand le cas devient grave et nécessite une évacuation au niveau de l’hôpital régional, là aussi nous avons mis en place des fonds pour accompagner ces malades qui ont besoin des soins coûteux’’, poursuit-il.
Il précise que tous les lépreux du village de reclassement social de Fadiga sont bénéficiaires de la carte d’égalité des chances.
‘’L’avantage de cette carte, au-delà de l’identification, elle permet au bénéficiaire d’avoir la bourse de sécurité familiale. Et aussi d’être enrôlé pour la couverture maladie universelle, et cela va leur permettre d’accéder très facilement aux soins de santé’’, indique-t-il.
Le village compte aujourd’hui 1200 personnes, selon les statistiques de la Direction régionale de l’action sociale de Kédougou. Elle dit avoir recensé 54 personnes vivant avec la lèpre à Fadiga.
‘’Au total, 54 personnes vivant avec la lèpre se trouvent dans 48 ménages à Fadiga. (…), mais il se trouve que les enfants ne sont pas atteints de la maladie de la lèpre’’, explique-t-il.
Le directeur régional de l’action sociale de Kédougou invite les collectivités territoriales de Kédougou à appuyer le village de Fadiga pour la construction d’habitations et dans la fourniture d’eau et d’électricité.
LE PARI GAGNANT DE YÉRIM SOW EN CÔTE D’IVOIRE
Bridge Bank Group Côte d'Ivoire, créée en 2006 par l'homme d'affaires sénégalais s'impose comme une banque de niche hautement rentable en ciblant le haut de gamme et les PME performantes
(SenePlus) - L'entrepreneur sénégalais Yérim Sow a réussi à imposer sa vision singulière dans le paysage bancaire ouest-africain. Selon Jeune Afrique, le patron du groupe Teyliom a développé Bridge Bank Group Côte d'Ivoire (BBGCI) en suivant une stratégie à contre-courant des grands groupes panafricains, privilégiant "le confort et la rentabilité d'une niche plutôt que l'expansion à tous crins."
Fondée en 2006 par cet homme d'affaires visionnaire, BBGCI est devenue "le premier établissement privé n'appartenant pas à un groupe panafricain" dans la région. Sous sa direction, la banque a atteint un bilan impressionnant de 748 milliards de FCFA en 2023, la plaçant au 12e rang dans l'UEMOA.
La stratégie distincte de Yérim Sow repose sur un ciblage précis: services haut de gamme, agences soigneusement conçues et accompagnement personnalisé des PME les plus prometteuses. Cette approche lui a permis de dégager "près de 20 milliards de FCFA de bénéfices" en 2023, avec un coefficient d'exploitation remarquable de 45%.
"Nous sommes ravis d'accompagner la stratégie de croissance de BGWA avec des dirigeants de haut niveau, dont M. Yérim Sow, un véritable entrepreneur visionnaire, toujours à la recherche de projets percutants", expliquait Hichem Ghanmi d'AfricInvest, qui a détenu jusqu'à 30% du capital.
Contrairement à ses concurrents, Yérim Sow a opté pour une expansion mesurée. En 2022, il a simplement ouvert une succursale au Sénégal, son pays d'origine. Cette "régionalisation modérée" lui permet de bénéficier des synergies avec son groupe Teyliom, présent dans 16 pays africains.
Sa vision a convaincu des bailleurs de fonds prestigieux comme la Société financière internationale (40 millions de dollars) et la Banque africaine de développement (30 millions d'euros), confirmant la pertinence de son modèle alternatif dans un secteur en pleine mutation.
LA JOURNEE DU THEATRE CELEBREE EN PRISON
La compagnie de théâtre ”Fam” dirigée par le comédien et metteur en scène Ibrahima Mbaye dit “Sopé” a célébré, jeudi, la Journée mondiale du théâtre aux côtés des détenues de la maison d’arrêt et de correction pour femmes de Rufisque.
La compagnie de théâtre ”Fam” dirigée par le comédien et metteur en scène Ibrahima Mbaye dit “Sopé” a célébré, jeudi, la Journée mondiale du théâtre aux côtés des détenues de la maison d’arrêt et de correction pour femmes de Rufisque.
Elle a offert un spectacle et des instants de partage aux pensionnaires répondant ainsi à sa mission dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes.
”Mon objectif principal a toujours été de redonner le sourire aux femmes. Aujourd’hui, en ce 27 mars [Journée mondiale du théâtre], je suis heureux d’être ici pour célébrer le théâtre avec elles”, a-t-il déclaré. Fidèle à son engagement, l’artiste, qui intervient régulièrement dans les établissements pénitentiaires, a encouragé les détenues à participer aux activités théâtrales.
“Nous venons ici chaque année, et au-delà de jouer pour elles, nous les impliquons dans nos créations. Mon rêve est de voir un jour des troupes de théâtre se former dans chaque prison pour aider les femmes à se ressaisir et à se réinsérer dans la société”, a-t-il confié.
Au-delà du divertissement, l’acteur a rappelé les missions fondamentales du théâtre : informer, sensibiliser et dénoncer les maux qui gangrènent la société.
“Le théâtre ne se résume pas à des captations ou des vidéos. Il a un rôle puissant à jouer dans la construction sociale”, a-t-il affirmé, plaidant pour une meilleure reconnaissance de cette discipline.
Cette célébration a été marquée par des prestations artistiques, avec la participation d’autres comédiens et de chanteurs religieux, devant un public enthousiaste.
Des cadeaux ont également été offerts aux détenues, rendant cette journée encore plus spéciale.
UN AN APRÈS L’ALTERNANCE, LE G7 DÉNONCE DES DYSFONCTIONNEMENTS DANS L’ÉDUCATION
Un an après le changement de pouvoir, les syndicats du G7 tirent la sonnette d’alarme sur la gestion du secteur éducatif. Ils pointent l’absence de dialogue social, le retard des réformes et la non-application des accords signés.
Un an après la troisième alternance politique, les syndicats du G7 déplorent un manque de rigueur dans la gestion des dossiers de l’éducation et de la formation. Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi, ils ont pointé une série de dysfonctionnements compromettant la stabilité du secteur.
Le principal grief soulevé concerne le gel du dialogue social. Les syndicats rappellent que l’arrêté 17094, régissant les élections de représentativité syndicale, est resté lettre morte. En témoigne l’absence de réponse à leur demande d’audience avec le président de la République, ainsi que la non-effectivité d’une rencontre avec le Premier ministre annoncée par le MFPFSP.
Autre point de tension : le retard dans la mise en œuvre des réformes structurelles. Cet immobilisme, selon le G7, freine une transformation qualitative du système éducatif. Les syndicats s’alarment également des lenteurs dans l’application des accords signés, notamment sur la revalorisation salariale des enseignants, toujours marquée par des inégalités.
Dans ce contexte tendu, la méthode du gouvernement est pointée du doigt. Le G7 dénonce une tentative d’exclusion des syndicats lors de la Grande Rencontre Tripartite du 27 février 2025, ainsi que l’absence des ministères concernés lors des rencontres sectorielles. Ces évictions sont perçues comme un mépris envers les acteurs de l’éducation et un frein à la pacification du climat scolaire.
Face à ces manquements, les syndicats annoncent le boycott de la rencontre prévue ce vendredi 28 mars, estimant qu’elle ne serait qu’un énième exercice dilatoire du gouvernement. Ils exigent des préalables clairs pour reprendre les discussions, notamment :
Le respect des dispositions sur les élections de représentativité syndicale ;
L’intégration des revendications éducatives dans l’agenda des rencontres ;
La participation effective des ministères concernés aux discussions sectorielles ;
L’implication des organisations de la société civile dans le dialogue.
Le G7 rappelle enfin que seul le respect des protocoles d’accord signés avec l’État et l’ouverture de négociations sur les nouvelles revendications garantiront la stabilité du secteur de l’éducation.
LE PRÉSIDENT FAYE ANNULE LA CONCESSION MINIÈRE DES CIMENTS DU SAHEL
Deux jours après l’élection présidentielle de 2024, l’ancien chef de l’État, Macky Sall, avait renouvelé l’autorisation d’exploitation d’argile à Tchiky.
Le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a annulé la concession minière pour l’exploitation de l’argile à Tchiky, aux Ciments du Sahel. Cette concession avait été renouvelée par Macky Sall durant la période de transition, seulement deux jours après l’élection présidentielle.
Selon une publication récente du Journal Officiel, le Président Bassirou Diomaye Faye a pris la décision d’annuler la concession minière octroyée aux Ciments du Sahel pour l’exploitation de l’argile à Tchiky.
Cette concession avait été renouvelée par l’ancien Président Macky Sall dans les tout derniers jours de son mandat, précisément deux jours après l’élection présidentielle de mars 2024, alors que la transition démocratique était en cours.
La décision d’annulation prise par le Président Faye s’inscrit dans une démarche de réévaluation des contrats miniers et de gestion transparente des ressources naturelles du pays. Elle marque également une volonté de réaffirmation de la souveraineté nationale sur l’exploitation des ressources stratégiques.
L’annulation de cette concession pourrait avoir des répercussions économiques et juridiques, notamment pour l’entreprise concernée et les acteurs du secteur.
HAUSSE DE 5,5 MILLIARDS FCFA POUR LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
Cette mesure vise à renforcer les ressources locales et à préparer des réformes pour un financement plus efficace du développement territorial.
Lors de la réunion du Conseil national de développement des collectivités territoriales, présidée hier par le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires, Moussa Bala Fofana, une importante décision a été annoncée concernant les fonds dédiés à la décentralisation. Le ministre a révélé une augmentation de 5,5 milliards de FCFA des fonds de dotation pour la décentralisation et l’équipement des collectivités territoriales, malgré la conjoncture économique difficile.
Cette mesure, qui témoigne de l’engagement de l’État sénégalais pour une meilleure décentralisation, vise à renforcer les ressources allouées aux communes et départements. « L’État du Sénégal a respecté son engagement en cette période complexe, avec une hausse de 5,5 milliards FCFA », a souligné le ministre.
Moussa Bala Fofana a par ailleurs annoncé des réformes futures pour améliorer la fiscalité locale et le financement des collectivités. Il a précisé que bien que les ressources actuelles demeurent insuffisantes, l’État reste déterminé à assurer un financement adéquat pour le développement local. « Nous allons entreprendre une réforme globale de la décentralisation, revoir la fiscalité et explorer de nouvelles sources de financement pour permettre à nos collectivités de mettre en œuvre des politiques de proximité », a-t-il ajouté.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de renforcer la gestion locale et le développement au niveau des collectivités, afin de mieux répondre aux besoins des populations.
LE GOUVERNEMENT STRUCTURE SA POLITIQUE NATIONALE DE L’EMPLOI
L'Etat ambitionne de mettre en place un cadre réglementaire rénové, favorisant une insertion professionnelle accrue et le développement d’emplois décents pour les jeunes, les femmes et les hommes du Sénégal.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, Abass Fall, a présidé ce Jeudi la réunion du comité de pilotage du projet d’Appui à l’amélioration du dispositif d’insertion des jeunes femmes et hommes et à la formalisation des entreprises au Sénégal (Adijefe). Cette initiative s’inscrit dans une volonté gouvernementale de structurer une véritable politique nationale de l’emploi.
Un engagement fort pour l’emploi des jeunes
L’emploi des jeunes constitue un défi majeur pour le Sénégal. Selon les données du quatrième trimestre 2024, le taux de chômage des personnes âgées de 15 ans et plus s’élève à 20,3 %, avec un impact encore plus marqué sur les jeunes sans emploi, sans éducation ni formation, qui représentent 34,1 % de cette tranche. Face à cette réalité, le gouvernement entend renforcer les dispositifs existants pour favoriser l’insertion professionnelle et la création d’emplois décents.
« Nous avons trouvé en place de nombreux projets et programmes que nous mettons en cohérence afin de bâtir une véritable politique nationale de l’emploi », a déclaré Abass Fall. Il a précisé que cette orientation s’aligne sur les directives du Président de la République, qui a instruit la mise en place d’un cadre structurant pour une meilleure prise en charge des défis liés à l’emploi.
Une approche dynamique et innovante
Le projet Adijefe s’inscrit pleinement dans les priorités définies par la Vision Sénégal 2050. Il vise à établir une nouvelle convention État-employeur et à opérationnaliser le statut de l’entreprenant. « L’objectif est de promouvoir un marché du travail plus inclusif et d’encourager la formalisation des entreprises afin de garantir aux travailleurs des conditions dignes », a souligné le ministre.
Dans cette optique, une révision de la convention nationale État-employeur, qui date de 1985, est en cours. « Plusieurs recommandations ont été formulées pour moderniser cette convention et l’adapter aux exigences actuelles du marché du travail », a précisé Abass Fall.
Le gouvernement ambitionne ainsi de mettre en place un cadre réglementaire rénové, favorisant une insertion professionnelle accrue et le développement d’emplois décents pour les jeunes, les femmes et les hommes du Sénégal.
KORITÉ, TAMBA EN MANQUE DE VOLAILLE
A quelques jours de la fête de l’Aïd el-Fitr ou korité, marquant la fin du mois de ramadan, les aviculteurs de la région de Tambacounda, peinent à approvisionner correctement le marché local. Ils pointent des difficultés à mener cette activité...
A quelques jours de la fête de l’Aïd el-Fitr ou korité, marquant la fin du mois de ramadan, les aviculteurs de la région de Tambacounda, peinent à approvisionner correctement le marché local. Ils pointent des difficultés à mener cette activité du fait de la canicule qui sévit dans cette partie orientale du pays, des maladies qui affectent les poussins, de l’absence de couveuses pour l’incubation des œufs, mais également d’usines de fabrication d’aliments de volailles.
Jeudi, 28 mars et 26e jour du mois de ramadan, la fête de korité est dans tous les esprits dans toute la région de Tambacounda, où beaucoup de jeunes entrepreneurs ont jeté leur dévolu sur l’élevage de la volaille, un secteur, pourtant, à haut risque, disent beaucoup d’entre eux.
Aboubacar Tamega est le président de l’Association régionale de la promotion de l’aviculture à Tambacounda. Ce presque quinquagénaire s’active depuis 20 ans dans cette activité. Marié à deux épouses et père de 7 enfants, Tamega, passionné d’aviculture réside dans le quartier Sarré Guilèle. Il est propriétaire de trois poulaillers d’une superficie totale de 250 mètres carrés à Afia, sur la route de Goudiry, à la sortie de la commune de Tambacounda.
‘’J’ai trois grands bâtiments. J’élève dans le premier des pondeuses et dans les autres bâtiments, des poulets de chair. Pour la korité, la situation n’est pas favorable à Tambacounda. Depuis près de six mois, il y a un manque criant d’œufs hachés et d’œufs à couver’’, dit-il.
Pour ne rien arranger à la chose, un déficit de poussins au niveau national, qui se répercute sur la production locale, vient encore plus désoler le président de l’Association régionale de la promotion de l’aviculture.
A l’origine du mal : la difficulté à trouver des poussins
‘’Les accouveuses ne peuvent pas satisfaire la demande en termes de poussins’’ Il y a quelques mois, s’en procurer relevait presque d’une mission impossible, soutient-il.
Se contentant du peu de poussins qu’il y avait sur le marché, beaucoup d’aviculteurs de la région n’ont pas eu la quantité voulue. ‘’Je connais des avicultures qui faisaient entrer jusqu’à 2 500 poussins pour la korité mais cette fois-ci ils n’ont pu avoir que 1 000 poussins’’, déclare Aboubacar Tamega.
Pour la korité, il n’a ‘’pas fait d’entrée pour des raisons personnelles’’, mais il constate que le marché n’est pas bien approvisionné en poulets, comparé à la même période, l’année dernière.
Sur la route de Kandery, à la sortie de la ville de Tambacounda, la chaleur est à son apogée en cette fin de matinée. Mais, c’est là que Valda Fall a implanté son poulailler. Des températures en hausse n’ont pas d’emprise sur cette femme, qui combine passion et business.
Teint clair, taille imposante, Valda, du haut de ses douze ans d’expérience dans l’aviculture, a dû revoir sa production à la baisse, pour éviter certaines pertes dues aux conditions climatiques, entre autres.
Le prix du poulet varie entre 3 000 et 4 000 francs CFA
‘’Il arrive qu’on élève nos poulets jusqu’à 25 jours et puis, un matin, un virus les attaque, bonjour les dégâts !’’, relate-t-elle, se souvenant d’une mésaventure qui lui est arrivée. Cela lui a coûté une perte de presque 400 000 francs CFA et des prêts bancaires, pour des investissements à perte, à rembourser.
‘’Tous les aviculteurs de Tambacounda vivent la même situation. Nous ne comprenons pas ce qui se passe, pourtant nous sollicitons régulièrement les vétérinaires…’’ dit l’avicultrice qui ne termine sa phrase.
Avec les coups de production élevés, Valda pense qu’il est difficile pour un jeune entrepreneur tambacoundois, qui investit dans l’aviculture, de s’en sortir.
‘’Actuellement, on achète le carton de poussins entre 32 000 et 35 000 francs CFA, le sac d’aliment à 18 500 francs CFA. Sans compter le prix du transport et la paie de l’employé, qui gère le poulailler…’’, détaille la jeune dame. Et le prix du poulet, au marché central de Tambacounda, qui varie entre 3000 et parfois 4 000 francs CFA ne permet pas de rapidement rentabiliser les investissements, selon elle.
Ici, le tohu-bohu est à son comble. Il est 17 heures, et tout le monde est empressé, entre derniers achats, avant l’heure de la rupture du jeûne, en ce jour qui correspond à la Nuit du destin (marque la révélation du Coran au Prophète Mahomet (PSL) par l’ange Gabriel), selon la tradition islamique.
Dans ce marché, non loin du à côté du tribunal de Tambacounda, Aliou Diallo tient depuis plus 10 ans un magasin de vente d’aliments de volailles, d’œufs, de poulets et divers produits avicoles.
Plaidoyer pour des couvoirs et une usine de fabrication d’aliments de volailles
Allongé entre les sacs remplis, Aliou discute au téléphone avec son fournisseur, qui doit lui assurer une livraison de mille poulets depuis Dakar, pour la fête de Korité.
”Je suis obligé de le faire, parce que la production locale de poulets ne suffira à combler la demande, à cause de la forte chaleur qui sévit à Tambacounda. Les aviculteurs souffrent à cause de cette chaleur. C’est difficile d’avoir à Tambacounda un poulet avec un poids +normal+’’, dit-il, sans quitter du regard l’engouement qui prévaut dans son magasin.
Dans la région de Tambacounda, l’aviculture est mise à rude épreuve par l’absence d’usine de fabrication d’aliments de volailles et de couveuses suffisantes pour la production des poussins.
Ces difficultés rencontrées par les éleveurs font craindre au président de l’Association de la promotion de l’aviculture à Tambacounda une hausse du prix du poulet à l’approche de la korité.
‘’Dès l’instant que le produit manque, certains font de la spéculation pour avoir le maximum de bénéfices. Ce qui est injuste’’, condamne Aboubacar Tamega, estimant qu’il existe dans la zone une réelle opportunité pour le développement de l’aviculture, du fait notamment des zones aurifères de la région frontalière de Kédougou.
Il milite pour l’implantation d’une usine d’aliments de volailles et de couvoirs dans la région, pour la production de poussins. ‘’Les poussins achetés à Dakar arrivent à Tambacounda fatigués. Ce qui entraîne des pertes pour les éleveurs’’, indique-t-il, en plus de la canicule.
Ingéniosité et résilience
Pour déjouer cette forte chaleur, le président de l’Association des aviculteurs de Tambacounda trouvé une idée ingénieuse : aménager des palissades qu’il refroidit grâce à un système d’arrosage, afin d’offrir à ses pondeuses un microclimat.
”J’invite mes collègues aviculteurs à être professionnels. On peut élever à tout moment à Tambacounda. Il suffit juste créer son propre microclimat pour atténuer à chaleur. A titre individuel, même au mois d’avril, j’élève jusqu’à 2 000 poulets avec zéro mortalité’’, dit-il fièrement.
Mais il n’y a pas que la forte chaleur, qui impacte négativement sur l’élevage de volailles. Certaines maladies qui les affectent ‘fatiguent’’ les éleveurs.
‘’Aux mois de janvier et février dernier, nous avons souffert car elles ont fait des ravages. Les aviculteurs de la région ont enregistré des pertes énormes. Une solution des autorités pour trouver une solution à ce problème, qui survient souvent au mois de janvier et février, ne serait pas de trop’’, lance Aboubacar Tamega.
Valda Fall, elle, insiste pour un plus grand l’accès au crédit et au financement des femmes entrepreneures, de plus en plus présentes dans le secteur avicole, à Tambacounda.
Face à toutes ces difficultés, les aviculteurs de cette région oriental du Sénégal font preuve de résilience et d’adaptation. A quelques jours de korité, ils font tant bien que mal à satisfaire la demande pressante des populations, qui espèrent se procurer les poulets nécessaires pour passer en famille une belle fête.