A ABIDJAN, ALIOU CISSE ET SON GROUPE NE DEVRONT QUE GAGNER !
On ne peut pas aller remporter une si belle coupe au Cameroun et ne pas faire de même en Côte d’ivoire. La saine rivalité sportive ne nous laisse pas le choix : «Allez les Lions !»
La prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can), qui se tiendra en terre ivoirienne à compter du 13 janvier 2024, sera très disputée et constituera un important challenge pour l’Equipe nationale de football du Sénégal. Il faut se le prendre pour dit, le Sénégal sera attendu et n’aura pas droit à l’erreur. Mais aussi, nous avons acquis, après un long et douloureux apprentissage truffé de déroutes, la culture de la victoire et nous ne saurions envisager de retomber dans nos amères frustrations de naguère. L’esprit de la «gagne» a soufflé dans la Tanière et tous les Lions du football, toutes catégories et toutes générations confondues, se font plaisir à ce jeu. Après une campagne camerounaise couronnée par un sacre, et de constantes performances dans tous les rendez-vous qui ont suivi pour nos Lions, on ne peut imaginer une Can où nous ne pourrions tenir les premiers rôles. Il y a un statut et une reconnaissance que le football sénégalais a pu acquérir au fil des années, qui demandent leur contrepartie de travail, d’efforts et de sacrifices, pour rester dans le cercle des grands, ou la Cour des grands, comme l’ont chanté Youssou Ndour et Axelle Red.
J’ai la conviction qu’en Côte d’Ivoire, l’objectif des Lions ne doit être ni plus ni moins que d’aller jusqu’au bout. Cela, au niveau sportif, le Sénégal a les atouts qu’il faut avec des joueurs performants dans les meilleurs championnats et toujours prêts au dépassement de fonctions et au surplus d’efforts dès qu’ils enfilent le maillot national.
Le sélectionneur Aliou Cissé a pu, depuis le lendemain de l’élimination en huitième de finale de la Coupe du monde 2022 au Qatar, tester différents dispositifs, faire appel à de nouveaux joueurs, proposer la carte du rajeunissement à certaines positions et surtout garder un groupe discipliné, solidaire et conscient de l’attachement qu’ont les 18 millions de Sénégalais pour eux. Ayant l’occasion de suivre certains des matchs de nos Lions un peu partout, je peux attester d’un état d’esprit bon enfant, d’une atmosphère professionnelle à tous les regroupements des Lions. Ils s’érigent en ambassadeurs de notre pays et assument leurs missions avec concentration. Il ne peut manquer certains ratés, mais nous pouvons dire que nous avons un groupe de jeunes prêts à toujours mouiller le maillot et qui se transcendent à l’appel de la Patrie.
Le temps du Sénégal est encore là
Au lendemain du sacre à la finale de la Can 2021, je disais dans une chronique intitulée «Je veux croire que le temps du Sénégal est arrivé», tout le bien que je ressentais d’un tel sacre. Au-delà de sa dimension sportive, c’était une concrétisation de plusieurs efforts sportifs, administratifs et d’une volonté politique dont le Président Macky Sall était le premier militant. Il n’a pas hésité, en douze années de magistère, à casser la tirelire de l’Etat pour accompagner les équipes du Sénégal dans les compétitions où elles sont engagées. Il faut dire que son prédécesseur, Abdoulaye Wade, avait indiqué la voie, en mettant des moyens importants à la disposition de l’Equipe nationale de football en 2002 à la Can au Mali et à la Coupe du monde de football en Corée et au Japon. Il disait avec satisfaction à la tête de liesses populaires pour fêter les hauts faits d’armes des joueurs : «J’ai misé sur les Lions et j’ai gagné.»
Nous le disions déjà dans une chronique en date du 27 décembre 2021, intitulée «Au Cameroun, seule la victoire sera belle pour le Sénégal», que l’Etat du Sénégal a, comme à l’accoutumée depuis quelques années, cassé sa tirelire pour l’Equipe nationale. Pourtant, notre pays est loin d’être la plus riche des nations participantes, mais le Sénégal a doté en moyens son Equipe nationale, mieux qu’aucun autre pays participant à cette compétition qui vient de s’achever à Yaoundé. Même le pays-hôte, le Cameroun, n’a pas dépensé pour ses Lions indomptables autant que le Sénégal pour ses Lions de la Teranga. Nous avions donc tous les atouts pour présenter l’équipe la plus complète ; l’exploit a été au rendez-vous, facilité par les conditions favorables. Cette victoire est aussi celle de la résilience. Nous avions été frustrés par la défaite de 2019, en finale, face à l’Algérie (0-1). Nous avions cru qu’on ne nous y prendrait plus à deux fois et le Sénégal se fixera un objectif qu’il est encore, après l’Egypte, le seul pays à avoir réalisé en Afrique, celui de disputer deux finales consécutives de Can. Tels étaient mes mots annonciateurs de notre premier sacre continental. Certains n’avaient voulu y croire !
Il n’y a aucune honte à vouloir que notre pays réédite des exploits qui nous vaudront fierté. Aux plans sportif et administratif, le dispositif qui nous a valu des succès sera encore là et a pu être éprouvé par le temps. Il suffira d’aller sur les mêmes bases avec plus d’abnégation et de détermination pour décrocher une deuxième étoile
S’il y a une invite à faire à l’Etat, à la Fédération sénégalaise de football et à tous les partenaires accompagnant l’Equipe nationale du Sénégal, c’est de faciliter le déplacement des supporters sénégalais en Côte d’Ivoire. La compétition se joue dans un pays relativement proche avec une offre conséquente de moyens de transport. Permettre au plus grand nombre de Sénégalais d’être aux côtés de leur équipe, en plus de la forte communauté sénégalaise bien établie en Côte d’Ivoire, peut donner un supplément d’âme à une bande de jeunes prêts à défendre leur pays et à le sublimer, chaque fois que l’occasion s’offre à eux. On peut bien envisager de mettre en branle des caravanes par voie terrestre pour rallier la Côte d’ivoire à des centaines ou des milliers de supporters. C’est le moment idéal de faire travailler Afrique Dèm Dikk, la succursale de Dakar Dèm Dikk dont la vocation est de conquérir le transport sous-régional de passagers. Au plan maritime, les navires Aline Sitoë Diatta, Aguene et Djabone, entre autres navires et paquebots, peuvent desservir des lignes pour déverser des contingents de supporters à Abidjan. La compagnie nationale Air Sénégal ne devra pas être en reste. Un pont aérien efficace et accessible peut bien être lancé. L’Equipe du Sénégal devra se sentir à domicile à Abidjan. Seule la victoire sera belle. On ne peut pas aller remporter une si belle coupe au Cameroun et ne pas faire de même en Côte d’ivoire. La saine rivalité sportive ne nous laisse pas le choix : «Allez les Lions !»
Oui, tout cela est bien joli, mais à quoi peuvent bien servir les efforts de l’Etat, combinés à ceux de nos champions, pour que nous ramenions encore une fois le trophée continental ? Flatter l’orgueil national n’est pas une raison suffisante. D’autant que nous avons vu, au milieu de l’euphorie nationale, des grincheux cracher sur le trophée, sous prétexte que les priorités étaient ailleurs : le chômage des jeunes en particulier…
Justement, là est toute la magie du football : il est l’ascenseur social qui permet à tout laissé-pour-compte de gravir les échelons de la Nation ; il est capable de créer des richesses et de réconcilier la jeunesse avec le travail, l’effort permanent et l’estime de soi. Dans notre contexte, c’est presque un luxe insolent. Gageons qu’une deuxième victoire à la Can inspirera nos autorités à davantage d’investissements au plan local pour faire du football, et plus généralement du sport, l’un des premiers créateurs d’emplois en direction des jeunes, de pourvoyeur de richesses et d’ambassadeurs du label Sénégal.