AMADOU BA, LE SACRE D’UNE LONGUE PATIENCE
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation
Qui pourrait être le futur président de la République du Sénégal ? Le président Macky Sall a déjà désigné l’actuel Premier ministre Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle au scrutin du 25 févier prochain. Donc si le peuple électoral, seul souverain, lui accorde la majorité de ses suffrages, Amadou Ba sera le 5e locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à Dakar
Figure emblématique de la vie politique nationale, icône de l’administration centrale et symbole de la diplomatie sénégalaise à l’international, le Premier ministre Amadou Ba a gravi tous les échelons pour s’imposer comme l’homme de la situation pour le camp présidentiel.
Après plus de deux ans de suspense et de tensions politiques, la déclaration du président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat sonne comme une délivrance. Une délivrance qui a provoqué un tournant décisif pour la vie et la survie de la mouvance présidentielle (Bby) et particulièrement de l’Alliance Pour la République (Apr). Parce qu’au lendemain du discours d’adieu du président Macky Sall, tous les regards des apéristes étaient tournés vers le portrait-robot du candidat qui prendrait le relais de ses mains pour parcourir la dernière ligne droite de la présidentielle. Et qui sait ? franchir le premier la ligne d’arrivée au soir du 25 février prochain. Finalement, après plusieurs mois de suspense, le président Macky Sall a rendu son oracle et désigné Amadou Ba qui sera son dauphin politique sur lequel la majorité présidentielle jouera plus que jamais sa survie politique. Et si le processus électoral était un championnat de football finissant, on aurait pu dire que l’Apr ou Bby joue le maintien au pouvoir. Un défi majeur qui ne peut être relevé que dans l’union et la solidarité. Il est vrai qu’en faisant inscrire dans le marbre de la Constitution de 2016 que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », le président Macky Sall n’imaginait sans doute pas que 2024, c’était demain ! Evidemment quand on s’amuse, le temps passe très vite…Un changement climatique « imprévisible » qui s’annonce hérissé d’embuches et de tiraillements entre les opportunistes, les fidèles, les traîtres, les saboteurs, les activistes, les taupes et caméléons de l’Apr. Face aux intempéries climatiques, l’heure n’est plus à la bagarre à bord de la barque si les passagers comptent arriver à bon port
Comme le disait le président Abdou Diouf, « rien ne sera plus comme avant ». Il est loin en tout cas le temps où le président de la République Macky Sall écartait voire limogeait ses proches collaborateurs et hauts cadres politiques qu’il soupçonnait à tort ou à raison de lorgner son fauteuil présidentiel en direction de 2024. Aujourd’hui, l’inévitable plan d’urgence qui s’impose au président sortant Macky Sall, c’est de créer une union sacrée autour du Premier ministre Amadou Ba, un candidat sérieux aux qualités techniques et politiques multidimensionnelles. Parce que Sa Majesté Macky II ne doit plus s’adonner à son éternel jeu paradoxal du diviser pour mieux régner, de couronner les perdants ou les médiocres pour mieux espérer des victoires futures dans des combats dont le champ offre des fronts sans répit
A bien des égards, comme nous l’avions déjà avancé dans ces colonnes, Amadou Ba semble être le mieux placé comme coach et capitaine d’équipe pour le maintien au pouvoir aussi bien de l’Apr que de Bby
Avant d’accéder à la fonction de Premier ministre, Amadou Ba a été (nous passons sur les autres fonctions antérieures!) successivement directeur des Impôts (2004), puis directeur général des Impôts et Domaines (2006), ministre de l’Economie et des Finances(2013), ministre de l’Economie, des Finances, du Plan et du Budget, puis ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (2019-2020). Assurément, Amadou Ba a marqué son passage à la tête du ministère de l’Economie et des Finances, une fonction dont il a été un des plus brillants titulaires. Un véritable forcené du travail ! Un vrai « guem » service. A preuve par ces six ans passés immeuble Peytavin où il était sur tous les fronts, se démultipliant en quatre, afin de renflouer les caisses de l’Etat. Une sorte de pêche aux fonds à l’échelle planétaire allant de conventions de financement à accords de partenariat en passant par des appuis budgétaires et autres subventions qui s’étaient traduites par les collectes — ou des promesses de financement — de plus de 5.000 milliards cfa à l’époque
Au-delà de son ancien statut d’argentier de l’Etat, l’actuel Premier ministre Amadou Ba est un poids lourd de la majorité présidentielle à Dakar, ville constituant un immense grenier électoral et où il a été de manière décisive le président de la République Macky Sall à inverser la tendance électorale grâce à son influence politique et sa force de frappe financière. Dakar où il a toujours évolué comme renfort de taille puisque le président Macky Sall ne l’y a jamais responsabilisé ou investi comme tête de liste. Pour les dernières élections locales et législatives, par exemple, le président Macky Sall et sa coalition Bby avaient misé sur Moussa Sy et Abdoulaye Diouf Sarr pour les Parcelles Assainies et Dakar, respectivement.
Après la Primature, enfin la Présidence ? En Amadou Ba, le président Macky Sall tient enfin son vrai dauphin en la personne d’Amadou Ba. Lequel est incontestablement l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour avoir fait ses preuves partout où il est passé. Le candidat de la majorité à la prochaine présidentielle est un homme à la fois calme, serein, discret et effacé. C’est aussi un technocrate doublé d’un fin politicien expérimenté, fédérateur et chevronné. Et surtout il est très bien introduit dans tous les foyers religieux, les mouvements de jeunesse et les associations sportives. Au sein de l’Apr, de nombreux observateurs et analystes s’accordent à reconnaitre qu’en dehors d’Amadou Ba, c’est le désert ! Certains ajouteront que son profil serait de nature à sauver l’Apr dans un contexte qui lui est défavorable.
Comme pour dire que l’heure a sonné pour Amadou Ba de frapper aux portes de la présidence de la République. Il en a les clés! Lui, le bon jockey doté d’un excellent « cheval » de bataille pour la survie de l’Apr et pour la continuité au pouvoir de l’actuelle majorité. L’autre atout d’Amadou Ba, c’est qu’il est un homme aux réseaux multiples reconnu pour son entregent et son efficacité en matière sociale. Encore, encore, Amadou Ba est un homme d’une courtoisie légendaire et d’une grande capacité d’écoute. Son seul et unique défaut, c’est qu’il est trop patient! Une patience définie comme l’aptitude d’un individu à se maîtriser face à une longue attente, à rester calme dans une situation de consécration ou de promotion. Ou alors face à des difficultés sociales, professionnelles et autres coups bas politiques. Certains philosophes et sociologues nous diront même que dans le monde des croyances, la patience est une vertu spirituelle voire une valeur morale. La patience, la longue patience serait mère de toutes les vertus. Donc la désignation d’Amadou Ba comme candidat de la mouvance présidentielle n’est autre que le sacre d’une longue patience.